Le 7 décembre 2009, le blog affichait un texte « Aujourd’hui, le 6 juin 2010 » qui se voulait prémonitoire : après avoir attendu des années pour que les grandes puissances, les Etats Unis en premier, se décident d’arrêter la marche de l’Iran vers la bombe, Israël aura (aurait …) agi. Depuis, à plusieurs reprises, des lecteurs du blog m’engagent à fournir des explications pouvant montrer que la marche d’Israël vers une action contre l’armement nucléaire de l’Iran est inexorable.
Programme militaire occulté pendant 18 ans, négociations sans aucun résultat pendant bientôt huit ans, tolérance admirative du responsable de l’Agence de Vienne (car fidèle musulman lui aussi …), évaluations successives et convergentes des « services » de plusieurs pays, tout démontre que l’Iran veut la bombe. Et ceux qui croient encore que des « sanctions » y feront quelque chose n’ont qu’à regarder ce que le Conseil de Sécurité de l’ONU a fait depuis que le dossier de l’Iran lui a été transmis par l’Agence de Vienne :
En observant que (a) il n’y a eu qu’une voix contre et une abstention – les deux exprimant la position de deux pays musulmans et (b) que depuis l’avènement de l’Administration Obama aucune réunion du Conseil de Sécurité n’a traité du cas de l’Iran.
Le Directeur du « National Intelligence » des Etats Unis avait défini la capacité de disposer d’une arme nucléaire comme la somme de trois éléments : disposer d’une production de matériau fissile (Uranium enrichi), disposer d’un concept testé de « militarisation » d’une tête nucléaire et disposer d’un vecteur de livraison. Pendant des années, on s’est occupé de la capacité de l’Iran d’enrichir de l’Uranium. Ce pays dispose maintenant de 2000 à 4000 kg (selon les évaluations des Inspecteurs de Vienne) d’Uranium enrichi à 5% et vient d’annoncer le début d’un enrichissement à 20% (soidisant pour pouvoir alimenter un réacteur de recherche pour pouvoir produire des isotopes radioactifs à utiliser en médecine). La voie vers l’enrichissement à plus de 90% (seuil pour une arme nucléaire) est ouverte avec la complicité des grandes puissances : elles savaient (et on fait savoir en septembre 2009) que l’Iran disposait d’un deuxième site d’enrichissement (Qom) dont les dimensions et les agencements intérieurs ne pouvaient être utiles qu’à l’enrichissement en vue d’obtenir le matériau fissile pour une arme nucléaire.
Il y a deux ans, en mars 2008, au cours d’une réunion d’information technique pour des diplomates, l’Agence de Vienne a relaté les efforts faits par l’Iran pour la militarisation d’une tête nucléaire. En effet, plusieurs « services » ont mis à la disposition de l’Agence des preuves corroborant le fait que l’Iran avait «un programme sophistiqué de recherche pour les technologies nécessaires pour construire et véhiculer une bombe ». Depuis, le Guardian (novembre 2009) a fait savoir urbi et orbi (fuite à l’Agence de Vienne) que l’Iran a testé la technologie « d’implosion à double impact » en utilisant des produits hautement explosifs et qui n’a d’intérêt que pour initier une réaction en chaîne pour une arme nucléaire. A moins de croire les iraniens qui expliquent la recherche comme nécessaire pour produire des airbags …
Restait le véhicule porteur. Au vu et au su du monde entier l'Iran poursuit actuellement un programme visant des systèmes de missiles de portée et de conception permettant de véhiculer une ogive nucléaire. Les responsables iraniens prétendent que les missiles balistiques de l'Iran sont des moyens de dissuasion défensive et ne sont pas liées à son programme nucléaire. Mais les missiles balistiques comme le Shahab-3, avec une portée d’environ 2.000 km, peuvent transporter une charge utile de 1.000 kg et, potentiellement, de transporter des armes nucléaires. Parmi ce qui a été raconté aux diplomates par l’Agence de Vienne il y a aussi le fait que « l’Iran a poursuivi des études pour modifier le missile Shahab en vue de son utilisation pour transporter une ogive nucléaire qui pourrait exploser à environ 600 m. au-dessus de sa cible »
Aujourd’hui, plus personne ne conteste la volonté de l’Iran d’avoir une bombe. Et quand on a entendu celle qui est devenue le ministre des affaires étrangères des Etats Unis dire « les Etats Unis vont assurer un parapluie à ses alliés au Proche Orient contre les missiles de l’Iran » elle ne s’attendait pas à se voir rétorquer qu’en matière de parapluies … l’histoire en a été pourvue …
Depuis elle prône des sanctions (?!) jusqu’à se faire rabrouer par le ministre des affaires étrangères de l’Arabie Saoudite, Saud al Faisal, qui lui dit, en conférence de presse commune « la menace posée par les ambitions nucléaires de l'Iran appelle une solution plus immédiate que des sanctions »
Devant un faisceau d’indices concordants laissant voir que les Etats Unis se sont résignés à vivre avec un Iran nucléaire (ou se trouvant au seuil), Israël n’a pas d’autre alternative (pour paraphraser N. Sarkozy) que « bombarder l’Iran ou se faire bombarder par l’Iran ». En effet, les menaces à répétition du clown de Téhéran quant à la destruction définitive d’Israël ne peuvent pas laisser indifférents les dirigeants de ce pays. Israël a été fondé par un peuple qui s’est acharné à survivre en dépit des persécutions, des pogroms et d’un génocide. Les dirigeants israéliens ont non seulement le droit mais l'obligation historique de prendre pour argent comptant les menaces d'un illuminé religieux qui attend avec impatience un second Holocauste en niant que le premier s'était passé.
Vient l’Administration Obama. Un an après, ceux qui se sont pâmés devant le « black, socialiste et tiers-mondiste » qui devait apporter la paix céleste aux peuples meurtris par son prédécesseur ont déchanté. Ils ont remarqué que ce qui touche Barack Obama ne se transforme pas tout en or, que souvent ça rouille et peut disparaître rapidement. Quand Obama décide qu'il va imposer la paix au Proche-Orient en tordant les poignets d’Israël et en faisant de la repentance devant les musulmans, on constate que sa naïveté et sa méconnaissance du sujet n’ont fait qu’aggraver les choses. Et quand cette administration a voulu convaincre (se convaincre) qu’une fois le conflit israélo-palestinien réglé l’Iran abandonnerait sa marche vers la bombe, elle a réussi à se ridiculiser devant tous ses alliés au Proche Orient, en Europe ou en Asie. A la grande satisfaction de la Russie, de l’Iran et de ses supplétifs fussent-ils syriens, du Hezbollah ou du Hamas. Qui ont compris qu’ils n’avaient rien à craindre de l’actuel locataire de la Maison Blanche. Son prédécesseur a été accusé d’avoir voulu exporter de démocratie. Obama, jusqu’ici n’a exporté que des échecs … Et pour ce qui est de l’Iran, souvenons-nous des mots de N. Sarkozy : « les propos de BO concernant le monde sans armes nucléaires n’ont apporté, jusqu’ici que plus d’Uranium enrichi et des déclarations des dirigeants de l’Iran quant à la destruction d’un état membre de l’Onu »
Pendant que l’Administration tergiverse Israël sait qu’elle doit agir. Elle sait aussi que le « jour d’après » ne sera pas simple : le Golfe va exploser ; le pétrole à 400 $ le baril sera une aubaine. Les troupes américaines en Irak, en Arabie Saoudite, partout dans le Golfe seront sous menace. L'économie mondiale, pas encore sortie de la crise de 2008/9 sera sérieusement touchée. Et, de toutes façons, les Etats Unis devront répondre aux menaces iraniennes pendant que l’Europe comptera les points et la chute des revenus du commerce avec l’Iran. Tout cela parce que pendant deux décennies l’Occident, par couardise, par intérêt économique, par espoir qu’Israël disparaîtra et que les problèmes du monde fussent-ils en Afghanistan, au Cachemire, au Sri Lanka, en Thaïlande et dans les autres endroits où des musulmans tuent d’autres musulmans ... seront réglés.
Sachant tout cela l’Administration Obama veut s’assurer qu’Israël ne fera rien. En moins d’un mois elle a envoyé en Israël des sous-secrétaires des affaires étrangères pour une « révision de la stratégie des deux pays », le Chef d’Etat Major des trois armées américaines (l’Amiral M. Mullen), le général responsable du Conseil de Sécurité américain (J. Jones), le président de la commission pour les affaires étrangères du Sénat (J. Kerry qui avait essayé d’aller en Iran mais a trouvé porte fermée ...) et ... à partir de lundi le Vice-Président Jo Biden. Réputé ami d’Israël. En oubliant qu’avant de devenir Vice-Président il a été, au Sénat américain, un des ceux qui ont voté le plus souvent contre l’application de sanctions à l’Iran. Et qui disait « comprendre la quête de l’Iran pour la bombe » en suggérant aux Etats Unis de signer un pacte de non agression avec l’Iran ... Le dernier pacte connu, celui entre Hitler et Staline a eu comme conséquence le démembrement de la Pologne et une guerre qui a fait 60 millions de morts. Les paris sont ouverts pour déterminer qui aurait pu être la Pologne si un tel pacte avait vu le jour ... Jo Biden qui avait menacé George Bush d’initier une procédure de « impeachment » s’il bombardait l’Iran ...
Mais le ballet de hauts responsables américains en Israël ne pourra rien changer. Alea jacta est disait Jules César en faisant traverser le Rubicon à ses troupes. Adepte du fameux « si vis pacem, para bellum » s’agissant cette fois-ci non pas de paix (pas uniquement) Israël n’attendra pas le « smoking gun » (l’essai nucléaire auquel l’Iran voudra procéder dès qu’il aura la bombe, comme la Corée du Nord »).
Et un ancien conseiller de N. Sarkozy pour des problèmes géopolitiques d’écrire (Wall Street Journal, décembre 2009) : « Il est maintenant nécessaire de prévoir le pire et dès lors de planifier une forme d’action militaire contre l’Iran. Il est urgent que les Etats Unis, l’Angleterre et la France, avec Israël si possible (selon des modalités discrètes mais pouvant être déniées, naturellement) recherchent et arrivent à un accord quant à la manière d’arrêter le programme nucléaire iranien par des moyens militaires » (O. Debouzy).
Faire confiance aux trois pays qui l’ont trahi à répétition ? L’Angleterre dès sa renaissance en armant l’armée jordanienne pour attaquer Israël dès le vote de partage de la Palestine par l’ONU ? Les Etats Unis qui ont forcé Israël de rendre à l’Egypte, une première fois, le Sinaï en 1956 ? La France qui lui a appliqué un embargo sur des avions achetés (et payés) en pleine guerre de six jours en 1967 ?
Il n’est pas interdit d’espérer ... mais il n’y a plus que 93 jours avant que le communiqué du gouvernement israélien réveille les grands de ce monde, BHO le premier. Car à la différence du monde occidental qui est prêt à toutes les compromissions avec les régimes dictatoriaux car il ne croît pas à sa capacité d’être victorieux, Israël y croit et sait que pour réussir il faut persévérer ...