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Vous avez reconnu le titre : il paraphrase celui du livre de René Dumont "L'Afrique Noire est mal partie" (1962). Il y a plus de 50 ans, un des premiers écologistes français a lancé au monde un cri d’alarme : après la décolonisation, les tentatives d’installer en Afrique des républiques populaires et socialistes gouvernées par des partis uniques, ne pouvaient que se révéler, toutes, désastreuses. Et il a mis en garde autant l’Afrique que l’Occident que ce qui attendait ce continent était la famine ou l’état de mendiant de l’aide internationale. Il n’a pas eu tort, l’Afrique de 222 Millions d’habitants en 1950 voit sa population augmenter, depuis, de presque 5 fois (1,03 Milliard en 2011).
Ce n’est pas de l’Afrique, en sa totalité, qu’il est question depuis deux semaines mais de l’Afrique du Sud et de la nouvelle icône du monde occidental, le coryphée de la lutte contre l’apartheid, de l’éthique sociale et de la paix, vous l’avez reconnu, Nelson Mandela. Le culte de la personnalité y relatif ne sera en rien affecté par la description de parties cachées (occultées à dessein) de sa vie ou par ce qu’il a légué au pays qui l’as vu naître.
J’ai connu l’Afrique du Sud au début des années 70 et je l'ai visitée au moins une fois par décennie depuis. J’ai vu l’apartheid, j’ai vu sa disparition au début des années 90 et j’ai vu la transformation du pays en état criminogène pendant les deux douzaines d’années qui ont suivii.
Nelson Mandela ? Après des études de droit, un cabinet d’avocats juifs lui a donné sa chance. Il a été embauché et cela a fait que pendant sa longue vie il a gardé une relation amicale avec la communauté juive d’Afrique du Sud. Au moment de son élection comme président du pays il a demandé au rabbin de Pretoria de donner sa bénédiction comme il l’a demandé aux représentants d’autres religions.
Fast forward … depuis deux semaines on voit tous ceux qui ont la possibilité de se faire entendre et de « laver les cerveaux » de l’humanité entière, insister sur le fait majeur de la vie de NM, que je résume : il n’est pas devenu un autre Mugabe. Comme si les africains sont tentés uniquement par le despotisme. Tentation ou pas, le despotisme domine l’échiquier politique de l’Afrique et ce sans commune mesure avec ce qui se passe dans d’autres continents.
Fast back … le récipiendaire du prix Nobel de 1993 a été, sa vie durant, membre du Parti Communiste Sud Africain, même si, souvent, il a prétendu le contraire (« Mandela & Communism – Prof. Stephen Ellis, Août 2013). C’est le Parti Communiste qui avait initié la « lutte armée » contre le régime sud-africain, de conserve avec l’ANC, en prenant des leçons de l’IRA et en se formant militairement auprès de la STASI Est Allemande de triste mémoire. En 1962 quand, à la suite d’un attentat ayant fait des morts, il est emprisonné après procès, il nie être membre du parti. Mais, le jour de sa mort, le Parti Communiste d’Afrique du Sud publie un communiqué : « Lors de son arrestation, en Août 1962, Nelson Mandela était non seulement un membre du Parti Communiste sud-africain alors clandestin, mais a également été membre du Comité central de notre Parti. Après sa sortie de prison en 1990, le Camarade Madiba est resté un grand et un ami proche des communistes jusqu'à ses derniers jours ".
Personne n’était dupe, car il avait commis au début des années 60 un petit livre (resté manuscrit) « Comment être un bon communiste » inspiré (c’était l’époque …) par les discours de Liu-Shao-qi, camarade de Mao et président de la Chine pendant neuf ans avant d’être limogé quelques années après. Avant d’être membre du parti (et en parallèle avec ses activités) il avait créé et dirigé une organisation terroriste (Umkhonto we Sizwe = La Lance de la Nation). Au moment de son procès, Amnesty International (créée une année plutôt) n’a pas voulu s’associer à sa défense car il ne s’agissait pas d’un « prisonnier politique » mais de quelqu’un poursuivi pour des actes de violence. Et, ensuite, quand la justice sud-africaine (via le Premier Ministre Botha) lui a proposé « la liberté à condition de renoncer à la violence » sa réponse a été « que M. Botha renonce, lui, à la violence ».
Fast forward …il a été élu président. Il a dirigé le pays pendant deux mandats, il a légué le pays au parti unique (ANC) et a assisté à tout ce qui s’y est passé depuis. Regardons de plus près les faits majeurs de cette république qui est, encore, (pour combien de temps ?) montée au pinacle comme exemple de transition réussie de la domination des blancs à la démocratie des noirs.
La population sud-africaine, selon les statistiques internationales (mais qui appréhendent mal les « immigrés clandestins » venus des pays environnants et qui sont évalués à plus de 5 millions) évolue (voir le graphique qui suit) d’environ 17 Millions en 1960 à plus de 53 millions en 2015 (60 si l’on tient compte des clandestins). Elle a été multipliée par env. 3,5. Pendant la même période, la production alimentaire du pays évolue (base 100 pour 1985) de 62,5 à 155 soit une multiplication par 2,5 : pas besoin de sortir de Saint Cyr pour comprendre qu’il y a déjà un problème. Monsieur Mandela est devenu président en 1994. Quand le pays avait 40 millions d’habitants (4,0 millions de blancs) et en 2015 (d’ici un an) il en aura au moins 60 (+50%) tandis que la production alimentaire n’augmenterait dans la même période que de 30%. C’est l’héritage laissé par M. Mandela et ses successeurs – un pays où la famine s’installe et où plus de la moitié (53% en 1995, 63% selon un rapport récent) de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté, calculé pour ce pays à 2 $/jour (1,5 €).
ll n’est dès lors pas anormal que l’espérance de vie à la naissance soit une des plus faibles dans le monde (rang du pays -183 sur 191 …). Le graphique qui suit est flatteur en indiquant 54 ans en 2010 : selon des études démographiques récentes l’espérance de vie est inférieure à 45 ans pour les hommes (les données CIA 2007 indiquaient déjà 43,5 ans …). Mais regardez bien le graphique : à partir de quand l’espérance de vie a-t-elle commencé à décroître ? 1994 – la prise du pouvoir par Monsieur Mandela.
L’espérance de vie est passée de 62 ans en 1990 à 50 ans en 2007 ; elle a chuté encore en 2011, à 48 ans pour les hommes et 51 ans pour les femmes, selon le rapport annuel de l’Institut sud-africain de la population. Les auteurs notent que parmi les 37 pays développés et/ou en développement, l’Afrique du Sud est l’un des six pays où l’espérance de vie a chuté entre 1990 et 2007, seul le Zimbabwe affichant un déclin plus rapide. Et pour faire bonne mesure, la mortalité infantile est de 46 décès pour 1000 (15 fois plus qu’en France). Comparez l’Afrique du Sud avec ce qui s’est passé dans le monde :
Ce qui a contribué, en particulier, à réduire l’espérance de vie, fait caché pendant longtemps, c’est l’influence de la pandémie SIDA. Thabo Mbeki, qui a secondé comme vice-président Mandela, devenu à son tour président (1999-2008), a atterré les scientifiques du monde en mettant en doute l'origine virale du sida. La Ministre de la Santé de l’époque, le docteur Manto Tshabala-Msimang recommandait aux malades de SIDA de manger des pommes. Elle est morte en 2009 de complications hépatiques suite à une cirrhose d'origine alcoolique, ceci explique, peut-être cela. L’épidémie de VIH/SIDA a contribué à une réduction de 43 pour cent de la croissance démographique entre 2001 et 2008 – le pays en est revenu à ce qui se passait au 14ème siècle … quand la peste décimait des populations entières. Les cyniques disent, « heureusement, autrement la population aurait dépassé 100 millions d’habitants en 2015 » C’est l’héritage laissé par M. Mandela et ses successeurs – un pays où plus de 50 millions d’hommes et de femmes ne peuvent avoir d’espoir aucun pour eux ou pour la vie de leurs enfants.
Le petit livre de Nelson Mandela (évoqué auparavant) disait, en conclusion finale, littéralement, «Sous un gouvernement du Parti communiste l’Afrique du Sud deviendra une terre de lait et de miel. Les droits politiques, économiques et sociaux cesseront d'être appréciés par les seuls Blancs. Ils seront partagés à parts égales par les Blancs et non-Blancs. Il y aura suffisamment de terres et maisons pour tous. Il n'y aura pas de chômage, pas de famine ni de maladie. »
Mandela avec Joe Slovo un autre fondateur du PC Sud Africain
L’ANC a gagné les premières élections démocratiques en Afrique du Sud (« un homme, un vote ») avec un programme clair : nationalisation des grandes sociétés, des banques et des mines. Mais une fois au gouvernement, et c’est peut-être le seul mérite de Mandela (car la liquidation de l’apartheid a été l’œuvre de De Klerk - Premier Ministre- aussi), il a compris que détruire l’économie de marché pour la remplacer par une économie « planifiée » c’eut été détruire, à brève échéance le pays. Mais, si ceux qui le pleurent veulent rester fidèles à ce qu’ils croient être l'héritage de Mandela, ils devraient oublier les larmes de crocodile de la célébration mortuaire et se concentrer sur les promesses non tenues auxquels son leadership a donné lieu. Tout en n’oubliant pas que le vrai problème est que Mandela, en dehors de sa personnalité éminemment sympathique, n’a atteint à peu près rien dans sa carrière politique par rapport à ce qu’il voulait pour le pays dans lequel « il allait couler le lait et le miel sous gouvernance communiste » C’est pendant sa présidence que l'Afrique du Sud a accédé au statut de pays le plus violent du monde.
L’Afrique du Sud n’est pas pauvre par la faute de la richesse des riches. La pauvreté et la famine n'ont rien à voir avec la redistribution du revenu du pays. Elles découlent, l'une et l'autre, de l'ineptie et de la rapacité des gouvernements mis en place par l’ANC de Monsieur Mandela. Certes ce n’est pas « politiquement correct » de le dire. Mais quand l’actuel président Jacob Zuma, qui est en train de « négocier » l’acquisition de sa sixième femme, se fait construire un palais dont le coût est de plus de 30 millions d’euros que peut-on dire ? Sauf, naturellement que pour ses six femmes et ses 20 enfants (pour l’instant …) il a besoin de plus qu’un F5 ! Mais ce qui vient du haut se propage vers le bas … L’Afrique du Sud se place dans les deux tiers des pays les plus corrompus (Indice Transparency International). Le niveau de corruption lui aussi augmente depuis les années 90 ( courbe inversée, pays les moins corrompus, indice proche du 10 – France 7,1), c’est-à-dire depuis que Monsieur Mandela a pris le pouvoir et l’a laissé à ses compagnons, tous aussi corrompus, les uns plus que les autres.
Et regardez l’indice du développement humain : stagnant depuis l’arrivée du régime « Mandela », déclinant sur la dernière décennie, semblant bouger un peu vers le haut depuis 2010. A comparer avec la courbe de la France. Inconvenant ? Non, si on avait cru les prévisions optimistes de Nelson Mandela.
Mais laissons de côté l’héritage Sud-Africain de Nelson Mandela. Ceux qui l’ont révéré la semaine dernière, socialistes comme « Moi, Président » ou crypto communistes (n’ayons pas peur des mots, BHO) ne s’en faisaient pas de son passé politique. Ses meilleurs amis ont été des communistes et des dictateurs comme Fidel Castro, Mouammar Kadhafi, Yasser Arafat ou Saddam Hussein. En visite en Lybie il a loué les réalisations du colonel pour ce qui était «Son engagement dans la lutte pour la paix et les droits de l’homme dans le monde » C’est peut être pour cela que BHO a « conduit de l'arrière » l’éviction de Kadhafi … Pour ce qui est de Cuba il avait déclaré, urbi et orbi, « S’il y a une chose où ce pays dépasse de la tête et des épaules les autres, c'est dans son amour pour les droits de l’homme et de la liberté. »
BHO a dû le croire, lui qui a trouvé bon, en souriant, de serrer la main du dictateur actuel de Cuba, le frère de Fidel.
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Pendant ce temps -l’éradication des noirs chrétiens ou animistes au Soudan, les pogroms contre les chrétiens noirs au Niger, la guerre de la Somalie musulmane contre l’Ethiopie chrétienne, les djihadistes au Mali, les « islamistes » en Centre Afrique- l’Islam avance à pas de géant sur le continent africain. Dans l’indifférence des grands de ce monde qui se sont précipités à Johannesburg pour saluer la mémoire d’un ancien terroriste, communiste toute sa vie et qui tout en ayant réussi la transition, sans verser de sang, de l’apartheid au règne d’un parti unique, noir, a gâché les chances d’un pays fantastique à devenir ce qu’il aurait mérité sans Nelson Mandela et surtout sans ses épigones.
i Interpol indique qu’il y aurait 54.000 homicides par an. Le viol est d’une banalité extrême - on estime qu’il s’en produit un toutes les sept minutes (un rapport différent indiquant une fréquence de 26 secondes). Le niveau de la criminalité violente est constant à 5 – niveau maximum (Global Peace Index Perspectives Monde). La plupart des crimes sont noir contre noir, mais les propriétaires terriens blancs ne sont pas épargnés. Un million de Sud-Africains blancs ont fui le pays depuis la fin de l’apartheid.