Nous sommes en janvier 2012, pendant la campagne pour l’élection présidentielle (je devrais dire pendant la campagne anti-Sarkozy …) quand l'heureux bénéficiaire des tombereaux d’insultes, récriminations et critiques déversés par la presse française sur le Président encore en fonction (et donc à l’encontre de la France) montait, comme un coq, sur ses ergots (rapport à sa taille …) pour dire haut et fort ce qu’il pensait de la perte de la note française annoncée par Standard & Poor. "La dégradation de la note française…………. Cette sanction signe l'échec de son quinquennat. … Le plus grave, c'est que notre position en Europe va s'en trouver affaiblie. C'est la première fois, depuis que les Etats sont notés, que la France décroche par rapport à l'Allemagne. Nous ne sommes plus en première division." (FH 16.01.12). S&P avait retiré le AAA à la France pour lui laisser, un cran de moins, le AA+.
La même S&P vient d’annoncer le retrait de la note AA+ pour laisser à la France, un cran de moins, cette fois-ci le AA. Sur la route du déclin il ne s’agit, au bout de 18 mois de gouvernance socialiste, que d’une griffure équivalente à celle de 2012. Mais … les ténors de la majorité, et en premier lieu le premier ministre, se sont répandus partout dans la presse écrite, parlé ou télévisuelle pour dire, en substance, « nous sommes parmi les meilleurs, S&P n’a pas tenu compte de toutes les réformes que nous faisons et, comme le coût de la dette n’augmente pas (beaucoup …) il n’y a pas lieu de s’affoler). Certes, le FMI, la Commission de Bruxelles et l’OCDE (un rapport fait à la demande de la France sera publié cette semaine) ainsi qu’une pléthore d’économistes distingués considèrent que la France va dans le mur : aucune réforme structurelle permettant de réduire les dépenses d’un état de plus en plus dispendieux, une utilisation massive et pernicieuse de l’arme fiscale conduisant à accélérer le déclin économique (investissements productifs, recherche et développement dans l’industrie privée, etc.,) le tout ayant comme résultat des … jacqueries d’un autre temps mais servant (au peuple ?) de soupape de pression.
Qu’à cela ne tienne, la France a trouvé un défenseur de grand calibre, le Prix Nobel Paul Krugman. Oublions pour l’instant ses penchants socialisants, oublions que certains de ses concepts pourraient même faire Keynes se retourner dans sa tombe. Oublions que ses compétences sont relatives au commerce international et à la « concurrence imparfaite ». Il s’agit d’un Prix Nobel … Mais d’un Prix Nobel qui depuis le commencement de la crise économique actuelle (2008) n’a pas arrêté de donner des conseils à l’Europe et aux états qui constituent l’Union Européenne. Conseils … tous faux ! Que l’on en juge :
- - Niall Ferguson (Harvard Business School) rappelle que Krugman a écrit au moins onze fois entre Avril 2010 et Juillet 2012 au sujet de la prochaine « débâcle de l'euro » Cela n'est pas arrivé. Non seulement la zone euro est-elle restée intacte, mais depuis 2009 deux autres pays l’ont rejoint (Slovaquie et Estonie) et un troisième va la rejoindre en janvier 2014 (la Lettonie).
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- Monsieur Krugman a constamment prôné l’augmentation des impôts et des déficits budgétaires (ou leur plus lente réduction). Mais les pays qui ont suivi ses conseils et augmenté leurs déficits (les pays de l’Europe du Sud, tous en crise y compris la France) ont fait bien pire en termes de croissance économique et d’emploi que les pays du Nord (en particulier les pays baltes) qui ont promu une politique budgétaire responsable (exemple la Lettonie : trois quarts des réductions des déficits ont été obtenus par des réductions des dépenses, un quart seulement, par augmentation des impôts).
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- entre octobre 2008 et septembre 2013, huit gouvernements de l'UE - Estonie, Finlande, l'Allemagne, Lettonie, Luxembourg, Pays-Bas, Pologne et Suède - ont été réélus nonobstant la crise économique. Ces gouvernements sont ceux qui ont poursuivi des politiques budgétaires responsables (souvent appelées « austérité »), contrairement aux politiques recommandées par le Professeur Krugman. En 2012, le déficit budgétaire moyen de ces huit pays a été de 1,6 % du PIB à comparer avec 4,8 % des 19 pays où les gouvernements ont été changés (la France y compris).
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- un des problèmes de fond de l’Europe est constitué par les dépenses des états, pour l’essentiel, improductives. Monsieur Krugman s’est trompé en suggérant que l’on pouvait continuer à en dépenser plus sans trop tenir compte de l’augmentation de la dette, ce qu’il a conseillé à pas mal de pays et encore, aujourd’hui, à la France. Le fait que le coût de la dette n’est pas (encore …) prohibitif ne constitue pas moins une sorte de bombe à retardement : que les marchés (non pas S&P) commencent un jour à prendre peur de l’augmentation faramineuse de la dette française et notre pays aura du mal et a supporter le coût de la dette et à trouver de nouveaux financements.
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- un autre problème de fond de l’Europe (surtout de la France) c’est la structure des marchés du travail et des services : manque d’élasticité, contraintes légales et/ou réglementaires, permanence des « avantages acquis » sont autant de facteurs contribuant au déclin économique des pays en cause. Pourtant, en France, son seul Prix Nobel (économie), Maurice Allais, a prôné jusqu’à sa mort (2010) la flexibilité des salaires, l'allégement des contraintes du marché du travail et la réduction des indemnités de chômage pour assurer le plein-emploi. Ce qui ne l’empêchait pas de se considérer comme « libéral » pour l’efficacité économique (économie de marché) et « socialiste » pour la redistribution des résultats. En même temps, il pourfendait la multiplicité d’impôts et taxes considérant que seuls trois impôts devraient être perçus par un état normal, la TVA, l’impôt sur le capital fixe et l’impôt sur les produits des opérations financières. Monsieur Krugman, et avec lui nos gouvernants (qui auraient mieux fait de prendre leur inspiration chez Maurice Allais …), se trompe encore quand il considère qu’augmenter les impôts n’est pas pernicieux pour l’économie d’un pays (en l’occurrence, la France).
On a les conseillers que l’on mérite … surtout quand ils sont gratuits et quand ils ne prennent aucun risque en suggérant ceci ou cela. Mais pour ce qui concerne notre pays, la « coupe » est tellement pleine qu’une « étincelle » (l’écotaxe, pourtant un impôt entièrement justifié …) peut mettre le feu aux poudres.
Que "l’homme à la marinière" qualifie les agences de notation de "garçons en culottes courtes" c’est une chose, il ne mérite pas attention. Que le gouvernement actuel ne veuille pas prendre acte de l'échec de la politique qu’il mène c’est beaucoup plus grave. Et peu importe les encouragements de Monsieur Krugman pour continuer dans la même voie. Il est loin, lui, et tout ce qu’il nous suggère ne lui fera de l’ombre d’aucune manière sous le parapluie de son Prix Nobel.
Le vrai problème de notre pays est celui de créer des richesses et d’arrêter de dilapider ce dont on dispose encore. Mais, avec une gouvernement socialiste … créer des richesses c’est comme demander à un requin de ne se contenter que d’algues !
Au lieu d’écouter Winston Churchill « Le socialisme est la philosophie de l’échec, une croyance de l'ignorance et l'évangile de l'envie, sa vertu inhérente étant le partage égal de la misère» et arrêter d’utiliser la méthode Coué quand il parle aux français de l’avenir de la France, le locataire de l’Elysée et avec lui tous ceux qui grouillent, grenouillent et scribouillent s’occupent de « reformes sociétales » ayant assigné la mission de cornac à la très gentille (mais tellement dangereuse) Madame Taubira. Et comme on a besoin d’argent … on augmente les impôts.
Oui, nous sommes parmi les meilleurs … savoir, mieux lotis que l’Espagne, l’Italie, le Portugal pour ne pas parler de la Grèce, de l’Irlande ou de Malte … quelle galéjade ! Quant au deuxième décrochage par rapport à l’Allemagne … qui se souvient encore de ce que notre « moi, président » disait en janvier 2012 …