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28 mars 2011 1 28 /03 /mars /2011 18:58

 

Cela devient une habitude : à peine un texte est mis en ligne sur le blog que … des lecteurs fidèles commencent à faire des commentaires et/ou poser des questions. Mon devoir, donc … c’est de répondre !

 

Pourquoi la France et l’Angleterre, les premières, ont elle considéré comme une obligation essentielle de « sauver les habitants de Benghazi du massacre préparé par le Colonel » ? Bien malin celui qui pourrait répondre d’une manière précise et exhaustive.

 

L’Angleterre de M. Cameron … peut-être pour montrer qu’elle ne se chauffe pas du même bois que celui de Tony Blair et George Brown qui ont plié devant la menace du Colonel (chantage pour la libération du condamné libyen pour l’attentat de Lockerbie contre contrats pétroliers). Je dis « peut-être » car on ne voit, vraiment pas pourquoi un pays qui se lance dans une sérieuse cure d’austérité envoie trois frégates, quinze avions et tire deux tiers de son inventaire de missiles de croisière Tomahawk (450.000 € pièce …) le tout pour une dépense qui dépasse  déjà plus de 250 Millions d’euros … avec une probabilité non nulle d’aller vers le Milliard d’euros …

 

La France de Nicolas ? Vraiment, sauf d’accepter les justificatifs « droithommistes » on ne voit vraiment pas pourquoi on s’est lancé dans cette aventure. Et qui de plus, consomme pas mal d’euros qui pourraient être mieux utilisés … Pensez-y : 13.500 € l’heure de vol d’un avion Rafale, on approche déjà les 500 heures dans le ciel de la Lybie … et si l’on compte les fusées air-sol et les bombes au laser cela met la sortie dans une fourchette allant de 150 à 650.000 euros. Quant au « cher » Charles de Gaulle (le porte-avions, pas le Général …) à 50.000 € l’heure d’intervention cela fait plus d’un million d’euros la journée rien que pour croiser en Méditerranée. D’ici à voir que l’aventure libyenne coûte ce que les armées françaises avaient comme objectif de réduction des dépenses (3,5 Milliards d’euros) vu la crise … on n’est pas loin. Mais cela ne représente que 1.000 € par chômeur en France …

 

Bon, « le cœur a des raisons que la raison ignore » dit le proverbe. La France (en délicatesse avec les agences de notation de sa dette) et l’Angleterre qui n’a plus le sou ont décidé de venir en aide aux "rebelles" de Lybie qui défendent la démocratie et le peuple libyen. Mais quand on les regarde à la loupe ces défenseurs des libertés démocratiques, on n’arrive pas à croire qu’ils représentent l’avenir d’un peuple qui, entre nous soit dit, ne demandait rien.

 

A supposer que les frappes aériennes réussissent à faire partir le Colonel, que se passera-t-il ensuite en Lybie ?

 

Deux exemples permettent d’envisager l’avenir de ce pays sans risque de se tromper : l’Irak et l’Afghanistan. En effet, dans les deux cas les coalitions qui ont participé aux guerres lancées par les Etats Unis ont dû, à leur cœur défendant, assister aux dépenses démesurées nécessaires pour faire venir les populations à un semblant de démocratie. Ce n’est pas encore le cas mais … Ainsi, le coût de la guerre de l’Irak se trouverait (P. Stieglitz, Prix Nobel Economie) entre 1.000 et 2.000 Milliards de dollars, certains auteurs allant jusqu’à 3.000 milliards de dollars. Et pour l’Afghanistan, rien que la France dépense environ 500 Millions d’euros annuellement … Alors, pour la Lybie, deux possibilités : la coalition des volontaires se retire illico après le départ (espéré) du Colonel ; dans ce cas, il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que le pays soit tombera entre les mains d’islamistes plus ou moins « extrémistes » (pour utiliser un langage politiquement correct) soit sera démembré au profit des 8 ou 9 tribus qui le composent. Le cumul, d’ailleurs, n’étant pas impossible … où, alors, elle va « aider » les démocrates libyens à construire leur pays pour un coût qui (voir les deux références) sera … de 500 à 1.000 Milliards de $, compte tenu de la géographie du pays, de la densité de sa population, de ses infrastructures actuelles (en très grande partie détruites par ceux qui devront payer pour les reconstruire …). Mais tout cela ne fait pas peur à la France car … ce n’est pas son argent, c’est celui qu’elle se fait prêter tant que les agences de notation ne commencent pas à regimber. D’ici à voir notre pays, un jour, demandant un moratoire pour ses dettes ou refuser de les honorer (l’Argentine …), on peut tout imaginer.

 

Mais, comme en Serbie pour le Kossovo, les frappes aériennes, seules, n’arriveront pas à faire partir le Colonel. En attendant, le coût de la « zone d’interdiction aérienne » est une perte de substance journalière qui rendra l’enthousiasme des partis politiques occidentaux de moins en moins marqué. Dès maintenant, on dépense des milles et des cents pour interdire de voler à des avions qui ne volent pas, soit disant pour qu’ils ne « massacrent » pas le peuple libyen … Mais comme cela ne suffit pas à la victoire des rebelles qui doivent parcourir mille km d’Est en Ouest (pour conquérir Tripoli) … on bombarde à tout va. Et si, ensuite, on veut aider les démocrates à reconstruire leur pays … il faudra dépenser des sommes folles pour le faire.

 

Bref, que ce soit une branche ou l’autre de l’alternative, la Lybie va vivre en parasite de l’économie occidentale comme tant de pays « socialistes » (l’Union Soviétique la première) l’ont fait pendant le siècle du communisme triomphant. Et les chômeurs de l’Europe, que les états providence ne pourront plus faire vivre, leur sauront gré, sans doute. Accessoirement, en France, ils voteront pour la Marine …

 

Mais si on aide la Libye pour se défaire de son tyran, pourquoi deux poids, deux mesures par rapport au Bahreïn et Yémen ?

 

Pas de réponse mais un prolongement sous forme de question subsidiaire : si on avait laissé le Colonel « massacrer » son peuple, y aurait-il eu plus de morts qu’au Congo, en Côte d’Ivoire ou au Soudan ? Difficile à dire et encore plus difficile, donc, de comprendre pourquoi la France et l’Angleterre ont choisi la Lybie pour montrer leur force et volonté à défendre les peuples à un pays du tiers monde. Et pourquoi n’a-t-on pas compris que la présence d’un dictateur pourrait être préférable à celles d’islamistes modèle Al-Qaeda ou similaires ? Car c’est bien ce que l’on accepte pour le Yémen ou, encore mieux, pour l’Arabie Saoudite, n’est-ce-pas ?

 

Il se pourrait qu’un des facteurs majeurs qui ont influencé la décision (on espère rationnelle de nos gouvernants …) ait pu être le chantage permanent auquel l’Europe a eu à faire face : le Colonel a demandé (et obtenu) 5 Milliards de $ annuellement pour arrêter (ou limiter) l’immigration massive d’africains vers l’Europe. Sinon … « l’Europe deviendra noire » disait-il à Rome en 2010. Pratiquement à la même époque, on apprenait que Nicolas Sarkozy avait « renouvelé l’appui de la France aux efforts continus du dirigeant (Mouammar Kadhafi)en faveur de l’unité de l’Afrique et pour la création des Etats-Unis d’Afrique »et qu’il a soulignéson« souci particulier de renforcer les relations entre la France et la Libye dans tous les secteurs »

 

Si cela est, sauf d'nstaller en Lybie (voir plus haut) des gouvernants venant des pays de l’Europe et en premier lieu représentant la France, l’Italie, l’Espagne (le même socialiste Zapatero qui a retiré les troupes espagnoles de l’Irak n’a pas hésité une seconde pour faire participer son pays, qui traverse aujourd’hui une crise économique majeure, à l’aventure libyenne) n’échapperont pas à la menace du Colonel qu’il soit là ou parti. Et s’il n’est plus là, on ne devra pas s’étonner si on voit apparaître une Somalie sur la Méditerranée.

 

Quo vadis ? On a beau croire que nos gouvernants (et ceux des autres pays qui se sont lancés avec joie dans l’aventure libyenne) savaient ce qu’ils faisaient. On a beau croire mais … comme on est, généralement, agnostique … on n’y croit pas ! C’est, donc, à des lendemains qui ne chanteront pas que nous serons confrontés. Nous, pas les allemands ou autres pays de l’Est qui ont eu la sagesse de s’abstenir de ce qui ne peut être qu’une aventure sans fin mais … extrêmement coûteuse. Mais qui parle d’argent quand il s’agit des droits de l’homme … et quand on ne l’a pas …

 

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