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18 janvier 2010 1 18 /01 /janvier /2010 12:08


   On est toujours sûr de tomber, au hasard des journées, sur un Français,

souvent intelligent par ailleurs, et qui vous dit que les Juifs exagèrent vraiment. …

Quant aux millions de Juifs qui ont été torturés et brûlés, l’interlocuteur n’approuve pas ces façons, loin de là.

Simplement, il trouve que les Juifs exagèrent et qu’ils ont tort de se soutenir les uns les autres,

même si cette solidarité leur a été enseignée par le camp de concentration."

(Albert Camus, 1947)


Depuis un bon moment, la question centrale de la politique internationale n’est autre que le conflit israélo-arabe, ou plutôt, l’existence de l’Etat d'Israël, état peuplé de juifs et qui, tout le monde en convient, exagère …. Non pas la guerre, évidente, de l’islam contre l’Occident qui n’est rien d’autre qu’une guerre de civilisations. Et un des moyens pour faire disparaître Israël n’est autre que l’opposition du « droit international » à la capacité de ce dernier de se défendre. Qui le fait par tous les moyens, nonobstant  les    30 % de toutes les résolutions du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU qui lui sont consacrées pour le condamner, les appels au boycotte ou les « rapports Goldstone ».


Mais tout esprit avisé se rend compte, même après une analyse sommaire des faits historiques connus, que détruire Israël fait partie de prolégomènes beaucoup plus étendus et qui se réfèrent à la destruction de l’Occident ou de ce que l’on s’est habitué à nommer « le système de valeurs judéo-chrétien ».


Défendre l’Occident contre les tentatives de subjugation de deux totalitarismes, brun et rouge, a été la tâche que le monde libre avait « sous-traité » aux Etats Unis, seuls se montrant capables de relever le flambeau du droit et de la liberté. Il se trouve que les Etats Unis sont entrés par l’effet de la dernière élection présidentielle dans une sorte « d’isolationnisme » dont une des caractéristiques visibles peut être appelée schizophrénie. Un premier exemple pour illustrer cette affirmation : l’Afghânistân. Tout en ayant annoncé, en mars 2009, avoir défini une stratégie pour cette guerre (« guerre nécessaire, guerre à gagner », à la différence de la guerre en Irak considérée par le futur président des Etats Unis comme une guerre « choisie »), dans les trois derniers mois de 2009 -pressé par ses militaires et par les pays alliés- BHO décide d’envoyer 30.000 soldats mais annonce ... qu’il commencera à les retirer en juin 2011. Schizophrénie car, d’un côté, il accepte ce que les militaires lui demandent mais, d’un autre côté, il vide de sens la décision prise.


Comme président des Etats Unis (ce qui lui confère la position de leader du monde occidental) il a pris, tout au long de l’année 2009 des décisions, non seulement contestables mais qui s’apparentent à celles que prendrait un individu frappé du complexe de dédoublement. Jugeons-en.


Souhaitant élever le niveau de sécurité des Etats Unis, il décide de changer sa politique étrangère. Il est en train de se dégager du seul allié fiable au Proche Orient (Israël) mais il cajole les despotes de la région en commençant par celui de l’Arabie Saoudite et en allant jusqu’à oublier les ultimatums servis à répétition à l’Iran. La conclusion ne se fait pas attendre, Al-Qaida s’installe avec l’aide de l’Iran sur une partie du territoire saoudien et du Yémen et un apprenti à l’homicide par suicide entrainé là, essaye de faire exploser un avion avec trois cents passagers en route vers Detroit. Il refuse, cependant, de souligner (ou au moins de l’admettre) les racines islamiques d’Al-Qaida (comme du Hamas, du Hezbollah, des Frères Musulmans, du Fatah et encore de dizaines d’autres « fers de lances » du jihad mondial). Schizophrénie quand on veut « défendre » les Etats Unis mais quand on ne veut pas nommer ces ennemis. Schizophrénie quand on veut défendre les Etats Unis mais quand on se précipite pour conseiller de ne pas « tirer de conclusions hâtives » quand il s’agit de l’auteur du massacre de Fort Hood ou parler « d’extrémistes isolés » à propos de l’apprenti nigérien.


BHO n’a pas retenu les leçons de l’histoire. Pendant ses deux premiers mandats Roosevelt (seul président à en avoir obtenu quatre ...) a essayé par tous les moyens d’éviter une confrontation avec l’Allemagne ou le Japon. Le résultat ? La guerre ayant fait le plus grand nombre de morts. Non seulement il n’a pas retenu les leçons de l’histoire mais il semble mal les interpréter. C’est vrai, Nixon a décidé (pas seulement pour des raisons liées à la guerre au Vietnam) de tendre la main à Mao en pleine révolution culturelle (70 millions de morts ?). Serait-ce l’exemple qu’il veut suivre avec l’Iran ?


La différence, importante quand même, vient du fait que la Chine de Mao n’avait pas de politique à caractère messianique et, concentrée sur elle-même, n’envisageait aucunement la conquête du monde. L’Iran ? D’un côté, ce pays attend le 12ème imam et prépare pour cela un « Armageddon » initialement destiné à Israël. D’un autre côté, quand on s’aperçoit que dans deux ou trois décades la population de l’Europe comportera 25/30 % de musulmans et que, pendant la même époque, 10 % des musulmans du monde vivront dans les pays à référence « judéo-chrétienne » on réalise la profonde schizophrénie de la politique étrangère actuelle des Etats Unis. Et aussi que l’Iran se soucie comme d’une guigne de ce que BHO fait, dit ou dit vouloir faire.


Ce qu’il y a de plus préoccupant c’est le substrat entièrement faux mais destructeur de la philosophie de l’action promue par BHO. Le discours du Caire en avril 2009 en a donné la pleine mesure par la mise en exergue de deux concepts, pour lui, essentiels pour comprendre le monde actuel et ses difficultés : la pauvreté conduit une partie du monde musulman au terrorisme et la souffrance des palestiniens, qui doit être arrêtée, n’a d’égale que la destruction des juifs pendant la deuxième guerre mondiale.


Pour ce qui est du premier concept, mis en épingle par tout islamiste que se respecte, on sait qu’il est totalement faux : ni au Bangladesh ni dans les états pauvres de l’Inde, à aucun moment, on n’a pas trouvé des organisations terroristes. Au contraire, on peut dire que l’essentiel des cadres de l’islam terroriste se recrute dans les catégories sociales élevées. Comme pour le fascisme ou le communisme en leur temps, l’islam terroriste attire de jeunes de familles aisées, presque toujours disposant d’un cursus universitaire correcte (souvenons-nous des auteurs de l’attentat du 11 septembre 2001 ou de l’apprenti nigérien d’il y a trois semaines). Pourtant l’Amérique d’aujourd’hui met en avant ce concept : est-il un hasard que cela arrive quand son président, élevé dans l’islam jusqu’à ses six ans et sous l’influence de mentors communistes dans les années soixante à Hawaï (lieu de retraite de pas mal de communistes de Chicago pendant les années de leur persécution pour des « activités anti-américaines »)? Application immédiate : des centaines de millions de $ sont accordés à une Autorité Palestinienne (inefficace et corrompue) pour réduire le nombre de prétendants au titre de martyre (et au bonheur des 72 vierges qui les attendent au paradis de ceux qui exécutent des homicides par suicide). N’est-il pas curieux de penser que seule une situation matérielle améliorée réduit la haine de l’autre ? Ce que l’argent américain (ou européen) fait en réalité c’est d’augmenter les ressources des palestiniens pour qu’ils continuent leur lutte pour la destruction d’Israël. Regardez Gaza : à part les visites guidés aux nouveaux « villages Potemkine » (pour montrer les destructions dont Israël est responsable) et les annonces répétées quant à la catastrophe humanitaire imminente, en réalité le Hamas dispose (en partie) de tout ce que le monde donne aux palestiniens pour … amasser des quantités inimaginables d’armes. En se désengageant de Gaza, il y a cinq ans Israël (et le monde entier, reconnaissons-le) croyait que ce territoire allait devenir un nouveau Hong Kong. Même l’ancien président de la Banque Mondiale J. Wolfensohn (pour montrer sa confiance) y avait investi 500.000 $ ... Gaza est devenue un mini « état taliban »


Pour ce qui est du deuxième concept, à part son ignominie intrinsèque – comparer la destruction de plus de 6 millions de juifs en Europe avec les « souffrances » de 650.000 palestiniens qui avaient fui (ou avaient été forcés à fuir, selon les narratives connues) cela dépasse l’entendement. Mais si ce concept a été exposé aux musulmans du monde au Caire pour les caresser dans le sens du poil ... BHO n’a rien obtenu en échange. Si ce n’est pas de la schizophrénie que de penser que les Etats Unis seront plus en sécurité parce que les musulmans verraient que l’Amérique adopte leur version du conflit israélo-arabe on voit mal ce que cela pourrait être. Car en même temps BHO proteste de son amitié pour Israël et de sa détermination à assurer sa sécurité ... Comme il l’a fait pour deux pays de l’Est européen (Pologne et Tchéquie) tout en renonçant, pour faire plaisir à la Russie au bouclier anti-missile qui aurait dû y être construit. Garantir la sécurité de ces deux pays (OTAN) et décider la non construction du bouclier anti-missile, la même personne ... n’est-ce pas de la schizophrénie ? On pourrait multiplier les exemples an Afrique (Soudan) ou en Amérique Latine (Honduras, Venezuela et autres).


Alors ? Serait-ce le sens de l’histoire ? Dira-t-on comment on a dit pour le communisme pendant les années trente (1930 ...) « c’est de cette mare de boue et de sang que sortira l’avenir du monde ? »


Puisque la question centrale du monde aujourd’hui (même après le tremblement de terre de Haïti et de ses destructions) est Israël, ne doit-on pas comprendre pourquoi ? Pour ce faire, le « Test d’Israël » (George Guilder, 2009) est instructif. L’auteur considère que les réponses à trois questions : (a) votre attitude par rapport à ceux qui réussissent des choses exceptionnelles, (b) aspirez-vous à faire de même ou cela vous pose problème ? (c) admirez-vous les réalisations exceptionnelles ou cherchez-vous à les combattre et à les faire disparaître ? Les réponses permettent de classer le monde en deux catégories -et deux catégories seulement- pas uniquement en ce qui concerne Israël mais, surtout, pour ce qui concerne l’avenir du monde tel que nous le connaissons. Car Israël, peuplé de juifs, c’est quelque chose d’exceptionnel. En soixante années ce pays a transformé des déserts en terres cultivables, est devenu auto-suffisant pour les besoins alimentaires d’une population dont le nombre a été multiplié par six pendant la même période, a intégré des millions d’immigrants venus de dizaines de pays différents et a construit, ex nihilo, une économie, aujourd’hui, postindustrielle sans équivalent au monde. Mais par delà Israël, comment comprendre que les juifs qui ne sont que 0,2% de la population mondiale ont obtenu un quart de tous les prix Nobel accordés ... Quant à Israël, ce pays dépense en recherche et développement plus (per capita) que tous les autres pays du monde. Tout en ayant supporté plus de guerres que n’importe quel autre pays depuis sa renaissance. Le résultat ? En 2008 seulement Israël a enregistré plus de brevets (1.166) que tous les pays arabes pendant toute leur histoire. Et a assuré ainsi sa place, de choix, parmi les premières nations du monde. Téléphone portable, microprocesseurs Intel (Centrino), robots, casques de pilotes pour commander le tir des avions, drones, les inventions « made in Israël » sont légions et se trouvent dans notre univers quotidien. On trouve dans ce pays 140 ingénieurs par 10.000 habitants, presque le double du même nombre en Allemagne (87). L'essor de ses industries de technologie de pointe se traduit par des chiffres inconnus ailleurs : en 1965, elles représentaient 37 % de la production industrielle du pays pour arriver à 58 % en 1985 et voisiner les 75 % en 2008. Bien que les gauches européennes appellent au boycotte des produits israéliens (en envoyant des E-Mails avec leurs ordinateurs portables qui ne marcheraient pas sans les contributions technologiques israéliennes ...).


Le monde musulman ne passe pas le « Test Israël ». Mais beaucoup de pays (de l’Europe aussi) non plus, la Russie étant un exemple évident. Peut-être la Chine ... Alors, doit-on envisager pour l’avenir un monde sous domination musulmane mais dont le phare serait la Chine ? Voilà, peut-être, l’avenir radieux que notre monde se prépare. Hypothèse d’autant plus plausible que l’Europe continuera son déclin (y compris à cause de sa colonisation par des masses musulmanes) et que l’administration actuelle des Etats Unis a pris la voie de la social-démocratie européenne.


Pourquoi citer Albert Camus (par delà l’anniversaire récemment fêté) ? Parce que la permanence de l’antisémitisme a fait que celui-ci a mué en antisionisme, c’est-à-dire en une opposition totale et inextinguible au dessein national ayant fait renaître le seul état dont les juifs sont les citoyens majoritaires, Israël. Et la schizophrénie de la politique étrangère américaine, pernicieuse par ailleurs ? Se dire attaché à la sécurité de ce pays, vilipendé par le monde entier et oeuvrer, constamment depuis janvier 2009 à l’érosion de ses capacités de se défendre ou de s’assurer la place qui lui revient parmi les nations du monde.


 

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