Un document confidentiel est réalisé tous les mois par le secrétariat général du ministère de l'Intérieur et adressé aux plus hautes autorités de l'État, l'Élysée y compris. Il compile les observations des grands commis de l’Etat que sont les préfets, dans chacun des 101 départements français. Voilà quelques extraits de la note datée 25 octobre 2013 que des journaux ont publié à fin novembre 2013 :
Partout sur le territoire, les préfets dressent le même constat d'une société « en proie à la crispation, à l'exaspération et à la colère ». … dénonçant la “volatilité et la lourdeur des règles fiscales qui freinent le développement des entreprises, la fiscalité étant devenue le principal moteur de la contestation de l’action gouvernementale", le tout créant un «climat douloureux et même un sentiment d'accablement qui empêchent de se projeter dans un avenir meilleur» ce climat de pessimisme et de défiance alimente le discours des extrêmes sur l'impuissance des pouvoirs publics et « C’est sur ce terreau que prospèrent les ferments d’une éventuelle explosion sociale »
Le constat est amer, il est indiscutable. Et le « moi, président », prenant la mesure de ce qui attend la France vient d’impulser plusieurs reformes. Tout d’abord les plus importantes : les « sociétales ». Car il y eu urgence que la loi sur l’IVG soit changée pour ne plus restreindre son champ d’actions qu’aux « femmes en détresse » : elles n’auront plus besoin d’être en détresse pour bénéficier de l’IVG. Ensuite vient une loi qui va changer dans le Code Civil le libellé « en bon père de famille » car avec la loi du mariage pour tous il n’y a plus nécessairement de pères dans les familles et de toute manière pourquoi se référer uniquement aux pères et pas aussi aux mères ? Et puis, sous l’impulsion du ministre de l’Education Nationale, changer la langue. Il vient de déclarer « Il revient à l'école française de contribuer à bâtir du commun » tandis que le fameux rapport sur l’intégration (maintenant un peu dénigré et mis de côté car municipales obligent …) parle du « le nous inclusif et solidaire » (traduction=société française) avant de noter que les couples homosexuels qui ne sont plus dans l’impossibilité de procréer sont confrontés à « l’infertilité sociale ». Le volapuk de gauche est là pour « confusionner » le peuple auquel il sera dès lors plus facile de comprendre ce que l’on fait pour son bonheur …
Ensuite tout ce qui touche à l’école car, n’est-ce pas, on manque de moyens et il faut embaucher 60.000 enseignants pendant le mandat de cinq ans. Qui se souvient du fait que l’engagement financier de la France -si le programme est réalisé- représentera (avec une charge annuelle -salaire et charges sociales- d’environ 50.000€/enseignant, 12.000 chaque année et une carrière de, mettons, 36 ans plus une retraite d’encore, mettons 17 ans – en prenant l’âge d’entrée en fonction à 26, la retraite à 62 ans et l’espérance de vie à 83 ans) 180 Milliards d’euros d’aujourd’hui -presque le budget annuel de la France, sans compter l’inflation pour l'avenir) ? Mais, comme chaque ministre de l’éducation doit faire « sa » reforme, M. Peillon a commencé par chambouler la vie des parents et les finances des communes avec le changement de rythme scolaire. Reforme absolument urgente car … l’excellence de l’école française est en question.
Regardons, premièrement les universités. Le classement « Shanghai » fait maintenant référence bien qu’il ne s'agit que d'un classement selon des critères que les pays développés sont disposés à prendre en compte (d’aucuns pensent que les critères avantagent les pays anglo-saxons). Naturellement, les critères étant les mêmes pour tous, la comparaison est possible et, donc, fiable. Certes, aurait-on choisi d'autres critères, la comparaison aurait donné d'autres résultats. Mais ... que faire ? "L'exception culturelle française" oblige de récuser lesdits critères car la France n'inscrit parmi les 100 premières universités que trois (Pierre et Marie Curie - 37, Normale Sup - 71, et Strasbourg -97) : à égalité avec le petit Israël (Hebrew University - 59, Technion - 77 et Weizmann - 92). Dans les 100 premières universités il y en a 33 qui ne sont pas anglo-saxonnes et on peut trouver des suisses, des suédoises, des allemandes, etc., devant les françaises. Un universitaire distingué de mes amis vient de me dire « les "gogos" seulement suivent ce type de classement » : l’arrogance du commentaire en dit long du mépris pour ceux, tellement nombreux, qui prennent des décisions à caractère économique ou autre et qui se fient à ce classement aussi. Un aspect important du travail des universités étant la recherche (fondamentale ou appliquée), trop souvent, on monte en épingle je ne sais quel « projet » français et tout d’un coup on instille l’idée que la recherche française est (si non la meilleure du monde) parmi les meilleurs du monde. Peut-être.
La recherche scientifique est concentrée dans deux entités : le CNRS qui compte plus de 25.000 salariés (à vie ... jusqu'à la retraite ce qui n'est pas incitatif pour de jeunes chercheurs …) et l'INSERM plus de 5.000 salariés disposant d'un budget de presque 1.000 millions d'euros en 2012 (200.000 €/salarié, tout compris mais … ils manquent de moyens …) et on peut continuer comme cela pour, à la fin, comprendre que les rigidités du système français sont peut-être plus responsables de ce que l'on ne crée pas que "les moyens" financiers ou autres. Mais les "moyens" sont toujours mis en avance, pour l'éducation nationale, pour la SNCF et la RATP et ... souvent aussi pour la recherche scientifique.
Cependant, il faut se souvenir que les chercheurs qualifiés d'aujourd'hui (dans la force de l'âge, entre 35 à 55 ans) sont entrés à l'école 28 à 48 ans auparavant. Deux choses sont dès lors d'importance : (a) y a-t-il eu dérive (vers le bas) ces dernières dizaines d'années pour ce qui est des études primaires, secondaires et universitaires ou non et (b) les générations récentes produiront-elles des chercheurs de la même qualité que ceux d'aujourd'hui, d'ici 20 ou 30 années ? Pour ce qui est de la première question la dérive est connue car évidente. A-t-elle été causée par le fait que "l'élève" n'a plus été au centre du système d'enseignement (cogestion partis politiques/syndicats, reformes à l'arrivée de tout nouveau ministre, déqualification des enseignants, taux d'absentéisme deux fois plus grand -6,8%- que pour le reste des populations au travail, etc.,) ? Peut importe, le résultat est là. Mais il y a plus grave.
Avec un taux d'alphabétisation 93% en 2012 (il était de 99% en 89 et de 95+ en 2009 la France occupe le 40ème rang sur 200 pays, elle a perdu 8 places entre 2010 et 2012 ; la « méthode globale » pour apprendre à lire et celle des « ensembles » pour apprendre les maths quand elles ont été utilisées ont fait que plusieurs générations de gosses sont incapables d’écrire correctement ou de faire du calcul mental ou des maths de première nécessité (une règle de trois par exemple). Voilà le détail des 140.000 gosses qui sortent sans rien du « machin » appelé "l'éducation nationale":
7% de la population française qui ne sait ni écrire ni compter : environ 4,5 millions d’individus dont on ne veut pas connaître l’origine mais qui sont les bien venus pour voter à gauche …
Et pour l'avenir ? Le constat de PISA donne froid dans le dos car, d'évidence les choses ne changeront pas.
Le classement PISA fait par l'OCDE (la France fait partie des 35 pays qui le constitue) est le résultat de l’étude d’une population de 510.000 élèves d’Europe d’un âge de 15 ans et trois mois et 16 ans et trois mois, échantillon d’une population de 28 millions : il n'y que sept pays sur les 65 du classement où l'origine socio-économique conditionne autant les destins scolaires (plus de 20 %). Un chiffre qui vaut à la France la triste réputation de pays le plus inégalitaire de l'OCDE. Son système en laisse beaucoup sur le bord de la route, puisque seuls 22 % des jeunes les plus défavorisés « confinent à l'excellence », contre 26 % en moyenne dans l'OCDE, et contre plus de la moitié dans les pays asiatiques. Certains pays – Allemagne, Italie, Pologne, Turquie … – ont su, en dix ans, améliorer l'équité sociale de leur système scolaire. La France pas. Ce qui fait que, bon an, mal an, 140.000 gosses sortent de l'enseignement sans rien. En France (nous sommes plus intelligents que tous les autres), on préfère avoir 90% des étudiants inscrits en universités qui font des études de sociologie ou autres "humanités" et seulement 10% qui font des études techniques (d'ingénieur) : rapport excellent pour reconstruire l'industrie productive française, non ? Il faut se souvenir que l'on a toujours méprisé en France "l'apprentissage" d'un métier. Mais nous avons les meilleures élites : sait-on qu'un patron de Daimler Benz (Mercedes +) a commencé comme apprenti chez Mercedes ? Le drame de nos élites : ils vivent dans un monde en déni de la réalité et qu'ils voudraient, à tout moment, façonner selon leurs schémas appris à l'ENA (en même temps que le précis de marxisme et la sociologie de Bourdieu ...).
Que faire ? Annoncée avec moult tambours et trompettes, une conférence de presse de notre « moi, président » allait « fixer le cap, décider la méthode pour y parvenir et, par cela même, faire avancer la France sur le chemin de son renouveau ». Sabotée par la publication des aventures amoureuses rocambolesques de notre « président normal » elle a réunit selon la formule régalienne « le roi parle, les sujets écoutent » (des journalistes triés par un « majordome » qui distribuait les micros, sans droit de suite pour les questions posées) le gouvernement dans sa totalité et 600 journalistes venus du monde entier. On croyait rêver, mais non : (a) on nous a appris que le président était un « social-démocrate » (b) qu’il voulait « une économie de l’offre » et (c) que pour, enfin régler le problème douloureux du chômage, il allait instaurer un « pacte de responsabilité ». Devant les yeux hagards de l’assistance il a fait son « outing » : 58 ans après les allemands et leur Bad-Godesberg il a eu le courage de se déclarer social-démocrate. Cela tombe bien, plus personne n’en parle de la « social-démocratie » car les changements mondiaux intervenus (en particulier la mondialisation) l’ont rendue caduque. La seule chose qui distingue maintenant les états est l’acceptation (avec toutes ses contraintes) de l’économie de marché ou son refus. Pour ce qui est de l’économie de l’offre (traduite par les partenaires sociaux en « cadeaux aux patrons » car elle vise la réduction des charges affectant le coût du travail) on ne voit pas comment la France pourrait s’opposer à l’invasion en cours des produits industriels venant de partout et produits avec des coûts 5 à dix fois inférieurs aux nôtres. Certes, il y avait eu une idée « la TVA » dite sociale (augmentation jouant surtout sur les produits d’importation) mais elle a été passée à la trappe car ayant été proposée par le gouvernement Sarkozy. D’un autre côté, pour ne pas perdre ses troupes (bien que M. Melenchon et ses camarades communistes s’y emploient), il a annoncé que le « pacte de responsabilité » comportera des contreparties à assurer par les « patrons ». Faut-il ignorer, d’une manière crasse, le b.a.-ba de l’économie de marché pour s’imaginer que si réduction de charges (transfert des cotisations familiales) il y a, il y aura des engagements de création d’emplois … Aucun entrepreneur (ou société fût-elle anonyme ou à responsabilité limitée ou autre) quand il décide de mettre de l’argent dans le commerce ne le fait dans une autre optique que de gagner de l’argent. Si pour cela il faut, à un moment ou à un autre, créer des emplois il le fera mais uniquement pour cela. Des lors le « marché » du président est doublement un marché de dupes :
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(d) il ne donne rien aux « patrons », il leur en prends moins – ce qui n’est pas du tout la même chose et de plus, il leur en prend moins car le taux de prélèvement français est les plus élevé de l’Europe, conséquence directe de trois facteurs –la boursouflure de l’état, l’impossibilité pour les élites qui nous gouvernent depuis 40 ans de « gérer » l’économie du pays comme elles l’auraient fait du temps de Colbert et l’impossible maîtrise des flux migratoires avec leur cortège d’inconvénients pernicieux (intégration, éducation, contribution nette au produit national brut, etc.,) ;
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(e) il veut faire croire au peuple que s’il donne quelque chose il obtiendra quelque chose en retour … dans un pays ou 90% de la population (sondages ...) ne croient pas un mot de ce qu'on leur raconte mais ... dont 64% (sondages ...) considèrent que Dieudonné M'Bala M'Bala les fait rire ...
Oui, il a aussi mentionné le fait que « sans les entreprises on ne s’en sortira pas » - d’où la nécessité de créer un environnement propice pour que tous ces salauds de (« riches ») patrons investissent et créent des emplois pour qu’enfin le chômage soit réglé.
Ceux qui sont aptes à investir regardent de près si l’on se trouve dans un pays de liberté économique. Et les décisions sont prise à l’aune d’un examen sérieux qui comporte des critères (mon ami universitaire français, voudra bien m’en excuser …) qui sont, en substance l’état de droit, un gouvernement limité (liberté fiscale, dépenses de l’état), liberté d’entreprendre (affaires, travail, monétaire) et marchés ouverts (liberté d’investir, de commercer et financière). Tous les ans on publie l’index de la liberté économique pour 200 pays. Regardez le graphique de la France comparé avec celui de l'Allemagne : depuis 1997 et jusqu’à ce jour l’indice pour la France touche la catégorie « MOSTLY UNFREE » tandis que son premier partenaire, l’Allemagne est depuis le même moment: « MOSTLY FREE ».
Deux critères placent la France dans des positions peu recommandées quand il s’agit d’y créer de nouvelles activités (industrielles ou de service) :
130ème pays pour la liberté du travail (code du travail comportant 3.200 pages auxquelles on ajoute, en moyenne, une page tous les jours …) 168ème pays pour la fiscalité et 171ème pays pour la liberté fiscale … « Pacte de responsabilité » entre des entrepreneurs proches de leurs sous et des irresponsables qui pensent « gouverner » l’économie comme bon leur semble … Quelle galéjade !
oooo
On m’a déjà fait le reproche de ne voir que ce qui va mal. Le jour quand on me montrera ce qui va bien … j’écrirai autre chose. Mais déprécier la critique ("cracher sur ce qui se fait chez nous") n'est pas, il me semble, le meilleur moyen de faire prendre conscience à ceux qui peuvent faire quelque chose pour changer ce qui ne va pas.
J’avais écrit que la fameuse conférence de notre « président normal » a été sabotée. On se demande pourquoi la publication par Closer de photos compromettantes a fait un tel bruit. Regardez la photo parue dans The Times en 2011 et le commentaire (auteur inconnu) qui va avec.
Pauvre président … il n’a comme excuse que d'être l’héritier d’une longue lignée d’hommes politiques français libidineux …