« Les faits sont têtus » disait le camarade Lénine (Lettre aux camarades, novembre 1917)…
En voilà une sélection, non exhaustive, qui justifie le titre du texte mis en ligne il y a quelques jours.
La presse française : Egypte : la France fait pression sur le Qatar et l'Arabie saoudite pour régler la crise.
Décryptage : le Ministre des Affaires Etrangères de l’Arabie Saoudite, Saoud Al-Faiçal, venu à Paris a été reçu dimanche, en urgence, par François Hollande. Langage simple et clair : « Vous arrêtez tout de suite de soutenir les Frères Musulmans et/ou de menacer via Bruxelles les militaires égyptiens ou vous renoncez à tous les contrats civils et/ou militaires conclus ou à conclure avec l’Arabie Saoudite et les Pays du Golfe » Notre président a, bien sûr, obtempéré et a accepté même de faire une déclaration commune adéquate sur le parvis de l’Elysée. Deux conséquences immédiates : (a) Laurent Fabius a mangé son chapeau et ne demande plus « la libération immédiate de M. Morsi » et (b) la France qui a imposé une réunion à Bruxelles (aujourd’hui) pour « revoir les modalités de l’arrêt de l’aide à l’Egypte » fait machine arrière et devra convaincre l’Europe de ne rien faire … C’est-y pas beau ? Mais ne cherchez pas un reflet de tout cela dans la presse française, vous n’en trouverez pas !
Restaurer la démocratie en Egypte : c’est ce que la « communauté internationale » (moins la Russie et la Chine) a demandé aux généraux égyptiens sous la menace de diverses sanctions.
Résultat : (i) dans la longue histoire de plus de 6.000 années, l’Egypte n’a jamais connu la démocratie ; (ii) assimiler les élections qui ont permis aux Frères Musulmans d'usurper tous les rouages de l’état égyptien à une démocratie est une sinistre plaisanterie ; (iii) redonner le pouvoir à M. Morsi conduirait (par delà les vengeances sanglantes qui suivraient comme dans tout bon pays arabe) à la transformation de l’Egypte en état islamiste peut-être plus vite que ce que l’on voit en Turquie1 . Parler de démocratie, via les élections, pour les pays arabes comporte un vice de fond que l’Occident ne veut pas intégrer dans son jugement : dans ces pays les élections amènent, inexorablement, les islamistes au pouvoir ce qui est le contraire de ce que les cerveaux d’acier européens (ou américains) voudraient … En d’autres mots : la démocratie ici porte en elle, comme les nuages la pluie, les résultats que l’on ne veut pas …
BHO et l’Egypte : après avoir « forcé » M. Moubarak de quitter le pouvoir, après s’être acoquiné avec les Frères Musulmans (« organisation modérée et largement laïque » J. Clapper – Director of National Intelligence déclaration devant le Congrès Américain en mars 2011), après s’être abstenu de dire quoi que ce soit pendant la main mise des frères sur l’état égyptien et de leur totale incompétence économique, le voilà qu’il demande aux généraux égyptiens de « restaurer le gouvernement civil en incluant les Frères Musulmans ». Et comme il n’est pas entendu, suprême effort, il interrompe un parcours de golf pendant ses vacances pour annoncer qu’un exercice militaire anodin prévu pour le mois de septembre sera annulé … Pas un mot pour les 57 églises coptes incendiées et détruites par les meutes d’islamistes partisans de M. Morsi …
Se souvient-on de son discours au Caire en 2009 ? « Je suis venu pour chercher un nouveau départ entre les Etats-Unis et les musulmans du monde entier, fondé sur l'intérêt mutuel et le respect mutuel, et reposant sur le postulat selon lequel l'Amérique et l'islam ne s'excluent pas, et ne doivent pas être en concurrence. Au lieu de cela, ils se joignent et partagent des principes communs -des principes de justice et de progrès, la tolérance et la dignité de tous les êtres humains » La tolérance et la dignité pour tous les êtres humains, sauf pour les Juifs, les Chrétiens et autres infidèles, sans oublier les femmes, les homosexuels, et ceux qui ont été réduits en esclavage par les musulmans. En dehors d'eux, plein de tolérance et de dignité !
Mais qu’attendre d’un président qui reçoit un Prix Nobel dix jours après son intronisation à Washington et qui croit qu'il pourrait amadouer les Iraniens pour qu’ils renoncent à leurs ambitions nucléaires et que la pression américaine sur Israël pouvait magiquement créer la paix avec les Palestiniens. Et qui cinq années après il s’efforce toujours d’obtenir des « concessions » d’Israël pour une paix avec des palestiniens qui, de paix, ils n’en veulent pas …
Qu’à cela ne tienne, il a nommé un Secrétaire d’Etat qui, il y a deux ans avait décrit Bashar el Assad comme un « modéré » et qui a été contaminé par une maladie chronique, faire la paix entre Israéliens et Palestiniens … Vous vous souvenez des gars qui, pour faire une bonne action, font traverser la rue à une vieille dame qui, elle, n’en veut pas …
L’Irak s'effondre sous la double pression de l’Iran qui en est le vrai patron et des attentats journaliers qui font 1.000/1.500 morts tous les mois, l'Égypte dont le chaos sanglant n’augure rien de bon, la Syrie dans une guerre sans fin, la Jordanie suffoquée par le poids d'un demi-million de nouveaux réfugiés, le Qatar qui finance, avec des millions, la prochaine génération d'Al-Qaïda et les islamistes en train de conquérir Afrique du Nord. La réponse? Un secrétaire d'Etat qui court après un prix Nobel comme récompense pour avoir fait la paix entre israéliens et palestiniens … On croit rêver …
Cerise sur le gâteau, l’Egypte. L’incompréhensible attitude de BHO pour ce qui est de la Libye, la Syrie et ses 200.000 morts dont une partie par les armes chimiques d’Assad et maintenant pour ce qui est de l’Egypte, en disent long sur la confiance qu’Israël (mais aussi la Jordanie et, par extension, les pays du Golfe et l’Arabie Saoudite) peut lui faire en cas de conflit avec l’Iran.
Mais les choses sont compliquées et difficiles pour BHO -notre François national a moins de scrupules pour passer, sous la menace du « tout contre les militaires » à « faut suivre la feuille de route des militaires » … Compliquées et difficiles car, pour le moment, c’est l’armée égyptienne qui fait le sale boulot que l’Amérique ne veut pas faire -supprimer un mouvement islamiste violemment antimoderne, antisémite et antioccidental dont le chef, M. Morsi traitait, il y a moins de deux ans, les juifs, de « descendants des porcs et des singes » Mais gardons présent à l’esprit qu’il faisait cela avec le soutien enthousiaste de plusieurs dizaines de millions d'Egyptiens qui, maintenant, sont descendus dans les rues pour appuyer l'armée contre le même M.Morsi …. Comprenne qui pourra ?
Allez, de toute manière, son « ami avec lequel il a établi de relations de confiance » (RT Erdogan …) vient de tirer la conclusion de ce qui s’est passé en Egypte : « Israël est derrière le coup militaire, nous en avons la preuve »
Paraphrasons Cicérone - quousque tandem abutere Catilina patentia nostra ? En remplaçant Catilina par « le monde islamique » actuellement un épigone fossilisé d’une civilisation en faillite. Sauf le respect dû à ceux qui nous rabâchent une vérité qui n’en est pas une, « l’islam c’est une chance pour la France » …
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1 « La démocratie n'est que le train pour atteindre notre destination » (RT Erdogan). En clair, "on va descendre à la gare de la charria" - loin d'une civilisation de liberté et d'égalité. C’est pour cela que le dicton « un homme, une voix, une fois » a cours dans les pays où l’Occident a imposé des élections pour faire semblant que l’on installait la démocratie … Certes c'est un moyen moins brutal que le djihad violent, mais un moyen pour la même fin : la charria.