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31 janvier 2010 7 31 /01 /janvier /2010 18:23

Titre d’un ouvrage de Lénine, (1902) réponse du même, « Un pas en avant, deux pas en arrière » (1904, lettre à Rosa Luxembourg). Naturellement, il ne s’agit pas de sortir de la naphtaline (ou des « poubelles de l’histoire ») des écrits dont l’essentiel se référait à la création de l’état socialiste. Mais, rien ne semble plus intéressant que de regarder la situation dans laquelle se trouve Israël aujourd’hui en se posant la question « que faire ? »


Résumons. Depuis 2005 (désengagement de Gaza, voulu et organisé par Ariel Sharon – devenu, à l’époque, immédiatement fréquentable par tous ceux qui le considéraient auparavant comme d’extrême droite et comme « le boucher de Sabra & Chatila), quatre événements majeurs ont changés, totalement, les données du conflit israélo-palestinien.


Tout d’abord, la prise de pouvoir par un surrogat de coup d’état (sanglant, néanmoins) par le Hamas qui, par la même, a éliminé le contrôle de l’Autorité Palestinienne sur la moitié des populations et, grosso modo, un tiers des territoires destinés à la création d’un état. A la suite de quoi, Gaza a été transformé (avec la complicité passive de l’Egypte et celle active de l’Iran et/ou l’Arabie Saoudite) en mini « état taliban » visant deux objectifs majeurs : transformer le territoire en califat (en appliquant la charia) et se dédier à la destruction d’Israël. Et depuis le désengagement (2005) jusqu’en décembre 2008 le Hamas a tiré plus de 8.000 fusées (artisanales ...) contre le Sud d’Israël et a kidnappé un soldat détenu, maintenant, depuis plus de 1.000 jours. La fameuse (et toute puissante) communauté internationale n’a rien trouvé de répréhensible tout en s’accordant le droit de ne pas considérer le Hamas comme interlocuteur valable. Pas tellement parce que cette organisation veut la destruction d’Israël mais, surtout, parce qu’elle avait affecté le monopole de la puissance de l’Autorité Palestinienne.


Ensuite le déclenchement de la deuxième guerre au Liban (2006) par l’Iran et la Syrie via le Hezbollah. Une réponse, probablement mal préparée par Israël, a conduit néanmoins à la destruction d’un quart des infrastructures de l’état libanais et d'une très grande partie des réserves d’armement du Hezbollah. Cette guerre a aussi permis de comprendre trois choses : (a) l’état libanais, à l’encontre des résolutions contraignantes du Conseil de Sécurité, était pour l’essentiel contrôlé par le Hezbollah, (b) l’Iran et la Syrie pouvaient utiliser ce supplétif pour déclencher, à un moment d’eux choisi, toute action contre Israël prévenant aussi toute démarche vers une solution pacifique du conflit israélo-palestinien et (c) Israël n’était pas disposé à faire la différence entre le Hezbollah et l’état libanais.


Le troisième événement a été la réponse d’Israël aux tirs de fusées en provenance de Gaza en décembre 2008/janvier 2009. Réponse « disproportionnée » selon la communauté internationale qui, sous l’influence du lobby pro-arabe sur la Commission des Droits de l’Homme a fait établir un rapport (Goldstone) accusant surtout Israël de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Le tout fondé sur des témoignages glanés sur place en présence des accompagnateurs du Hamas ... Depuis, Gaza est un territoire bloqué par Israël et par l’Egypte mais, naturellement, on en vilipende uniquement Israël qui pourtant assure la survie de plus d’un million d’êtres pour éviter une catastrophe humanitaire annoncée cependant tous les mois par tous ceux qui veulent du bien aux pauvres palestiniens.


Le quatrième événement, peu connu dans le monde, a été la reprise par Ehud Olmert et Tzipi Livni des offres faites par Ehud Barak à Yasser Arafat au Camp David en 2000 et refusées par ce dernier sans aucune contreproposition. En réalité, non seulement une reprise des offres mais une amélioration substantielle de ce que l’on avait appelé à l’époque « les paramètres Clinton » Mais comme Arafat, l’actuel « raïs » palestinien (M. Abbas) a traîné des pieds et les a refusées jusqu’au moment où des élections ont rendu le pouvoir à une coalition de centre-droit dirigée par B. Netanyahou. Nouveau gouvernement beaucoup moins enclin que le précédent pour continuer des discussions sans fin avec une Autorité Palestinienne qui ne contrôle rien, sérieusement, séparée d’un Hamas qui aura la possibilité de faire capoter tout éventuel arrangement.


Et nous voilà arrivés à une situation surréaliste. Une nouvelle administration américaine (dont le moins que l’on puisse en dire) pas très favorable à Israël se propose, dès son premier jour de gouvernement, de régler le conflit israélo-arabe. Un nouveau gouvernement israélien, élu sur une plateforme qui tient compte de l’échec de toutes les tentatives pour arriver à un accord depuis Oslo (1993), sensible (en partie) aux désidérata de l’allié américain, accepte le principe (aujourd’hui honni par la majorité des israéliens) de « deux états pour deux peuples » et, en se reniant par rapport aux promesses qui l’ont fait élire, accepte de « geler » les constructions dans des blocs d’habitation en Cisjordanie (qui, dans tout éventuel possible arrangement, resteraient sous contrôle israélien suite à un échange de territoires). L’administration américaine, ignorant les réalités politiques israéliennes, essaie d’obtenir plus d’Israël et tout ce qu’elle obtient c’est d’unir 96% des israéliens dans la conviction que BHO n’est pas un ami du pays.


Pourtant dans cette curieuse situation où, d’un côté, on s’efforce d’obtenir la création d’un état avec l’aide d’une administration américaine qui se détache d’Israël pour prendre fait et cause pour la « souffrance des palestiniens » on voit, d’un autre côté, le leadership palestinien refuser (cette fois-ci non pas des offres) d’entrer en négociations avec Israël pour un règlement final du conflit. Ubu Roi, celui qui a le plus à gagner refuse de parler à celui qui a le plus à perdre. Il est instructif d’apprendre, dix ans après, par un écrit de Shlomo Ben-Ami (ministre des affaires étrangères du gouvernement Barak et protagoniste des discussions du Camp David et, ensuite, Taba) ce qui s’est passé réellement à l’époque.


« Israël a agi, en réalité, en vertu de conceptions erronées quant aux intentions de l'autre partie ... Oslo avait constitué un méga camouflage derrière lequel Arafat a exercé des pressions politiques et employé des méthodes terroristes prévues pour saper la notion même d'une solution à deux États. Pendant qu’Israël passait en retraite d'une «ligne rouge» à une autre, acceptant de céder finalement à peu près tout ce que les Palestiniens souhaitaient, y compris une grande partie de Jérusalem, à aucun moment les Palestiniens n’ont fait de contreproposition. Cela a été le nœud de la question. La partie israélienne se trouve toujours devant un dilemme: ou bien arrêter les discussions parce que cette bande n'est pas disposée à proposer quoi que ce soit, ou nous devons faire une concession de plus, en espérant qu’elle sera la bonne. A la fin, toutefois, même la personne la plus modérée arrive à un point quand  elle admet que l'autre ne souhaite pas la fin des discussions. Demande après demande, ils ne sont jamais satisfaits. Et ils souhaitent, en réalité, que la discussion ne se termine jamais. En réalité, plus que leur état, les Palestiniens veulent condamner le nôtre ... Ils veulent laisser ouverte, pour toujours, la possibilité qu’à un moment donné quelqu'un trouverait le moyen de détruire l'Etat juif  » Le témoignage de quelqu’un qui a plaidé plus que tant d’autres pour la solution « deux états pour deux peuples » est décisif pour la compréhension de la situation : les palestiniens ne veulent pas d’un état, ils attendent la destruction d’Israël tout en bénéficiant d’une aura de victimes et de la compassion de la communauté internationale qui, depuis 1948, a contribué à leurs survie avec plus de 1.000 milliards de $ en créant une « race » nouvelle de refugiés « de père en fils, où qu’ils se trouvent et sans limite pour le nombre de générations depuis leur création ». Unique au monde, occupant des dizaines de milliers de fonctionnaires de l’ONU et fournissant la matière pour transformer Israël en état paria.


Les palestiniens ne veulent pas, vraiment, avoir un état. On se perd en conjectures quand on constate que le ban et l’arrière ban de la communauté internationale fait semblant de ne pas admettre cela et met en accusation Israël pour les « souffrances des palestiniens ». Et quand cela devient évident pour une administration américaine qui se trouve incapable de comprendre que la raison pour laquelle les palestiniens ne veulent pas « négocier » n’est autre que la volonté de maintenir le status quo actuel qui leur est parfaitement favorable : ressources pratiquement illimitées, aucune responsabilité internationale, fin de partie espérée (même si reportée dans le temps) correspondant à ce qu’ils souhaitent : la destruction d’Israël.


La situation actuelle est surréaliste, aussi, pour des raisons géopolitiques. L’Iran. Prétendant à une hégémonie chiite sur le Proche et Moyen Orient, dépensant sans compter les énormes revenus du pétrole pour asseoir  sa domination de l’Inde jusqu’à l’Atlantique en utilisant les insurgés en Afghanistan et les terroristes en Irak, le Hezbollah au Liban, le Hamas à Gaza, en s’installant au Soudan et dans la Corne de l’Afrique, en créant des têtes de pont dans l’hinterland américain (Amérique du Sud – Venezuela, Bolivie, Nicaragua) l’Iran défie le monde entier avec son programme nucléaire que plus personne ne croit être uniquement civil. L’administration américaine l’a très bien compris mais comme elle voulait «faire d’une pierre, deux coups » elle a tenu (R. Emmanuel, avril 2009) un discours simple à Israël : « occupez-vous des palestiniens, nous nous occuperons de l’Iran ». Situation surréaliste ? Les Etats Unis se sont ridiculisés avec les ultimatums successifs prodigués à l’Iran, avec de menaces de sanctions impossibles à décréter par l’ONU (opposition Russie et Chine) et inopérantes (l’Europe  est partie prenante à un commerce de plus de 50 Milliards de $ avec l’Iran) et tout en ayant obtenu d’Israël de nouvelles concessions ... ils n’arrivent pas à convaincre les palestiniens qu’il est temps de mettre une fin au conflit. Et que trouve BHO à dire ? Une nouvelle équivalence moralement ignoble entre les gestes qu’Israël n’aurait pas le courage de faire et l’incapacité des palestiniens (partagés entre l’Autorité palestinienne et le Hamas). Même l’Egypte s’est décidé de « sauter le pas » et faire en sorte que son blocage de Gaza devienne hermétique.


Un pas en avant, deux pas en arrière. Un gouvernement de centre-droit en Israël accepte la création d’un état palestinien et, comme mesure pouvant créer une ambiance propice aux négociations, accepte de suspendre pendant dix mois toute construction en Cisjordanie. Un pas (énorme ...) en avant.


L’Autorité Palestinienne, pour travestir son refus d’arriver à un accord final (aussi parce que le Hamas qu’elle ne contrôle pas n’en voudra jamais) conditionne d’éventuelles négociations à l’obtention de réponses  à des demandes comminatoires qu’elle n’a jamais mis en avant dans toutes les négociations depuis Oslo. Deux pas en arrière.


Une année seulement s’est écoulée depuis que l’homme qui a mis fin à la tyrannie de Saddam Hussein (au grand désespoir de tous les pacifistes qui n’avaient rien à faire des souffrances infligées par ce dictateur aux kurdes ou à d’autres populations de l’Irak) a quitté le pouvoir à Washington. Et une année s’est écoulée depuis que l’Amérique s’est retirée de tous les fronts importants des affaires internationales. L’Europe de l’Est (bouclier anti-missiles en Pologne et Tchéquie), l’Irak où l’annonce du départ des troupes américaines fait attendre les terroristes sunnites subventionnés par l’Iran et la Syrie, l’Afghanistan où après avoir attendu dix mois pour faire justice aux demandes des militaires pour de nouvelles troupes on annonce qu’elles quitteront le terrain en juin 2011 (elles ne sont pas encore arrivées ...), le Pakistan qui risque de tomber entre les mains des talibans locaux (qui deviendraient les maître des armes nucléaires du pays), les pays d’Amérique Latine où on laisse champ libre aux nouveaux révolutionnaires (Chavez, Morales, Noriega) et où on s’aliène un pays démocratique, le Honduras, pour soutenir un apprenti dictateur qui visait une élection à vie ... Les Etats Unis, puissance impériale est en train de revivre l’isolationnisme d’un Woodrow Wilson ou de F.D. Roosvelt avant d’être attaqué par le japon. Que faire ? Qui, pas uniquement Israël, peut leur faire encore confiance ?


Situation surréaliste : pendant ce temps, un état peuplé par un pour mille de la population mondiale se hisse aux premières places de la planète. Premier constructeur de drones au monde, micro satellites largables d’avion, radars à aperture synthétique permettant de voir d’une distance de 500 km des objets de 70 cm., découvertes valant des prix Nobel, spécialisation en nanotechnologies, quatrième industrie d’armement du monde, fournisseur de munitions intelligentes et télécommandables (mortiers ou autres), la liste est longue de ce qu’Israël a été obligé d’inventer pour avoir l’avance technique et technologique nécessaire pour compenser les ressources humaines et matérielles des ennemis ayant juré sa perte. Tout en ayant construit une économie robuste qui est sortie de la dernière crise financière avant tous les autres pays, qui annonce un PIB/capita parmi les plus élevés du monde, entièrement autosuffisant pour ses besoins alimentaires (cas unique dans l’histoire des nouveaux pays après la deuxième guerre mondiale) et tout cela en ayant supporté cinq guerres pendant lesquelles ses ennemis voulaient sa totale destruction.


Comment croire que ce pays dont la rage de vivre n’a d’égale que celle de ceux qui on survécu à la destruction des juifs en Europe, comment croire que ce pays puisse être dupe des intentions réelles de ses ennemis ou de certains de ses « amis ». Et que doit-il tirer comme conclusions de l’incapacité d’agir efficacement (ou le manque de volonté car ayant changé de concept politique quant aux affaires du monde) d’un pays, toujours le plus puissant du monde mais dirigé par un président dont le cursus, les affinités et l’environnement intellectuel et politique l’ont toujours gardé éloigné de tout attachement à la démocratie israélienne, nourrit comme il a été par ses lectures de Frantz Fanon qui l’ont attaché aux « damnés de la terre »


Que faire quand l’Amérique ne fait pas un pas en avant mais deux en arrière ?

 

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