Supposons que vous avez eu la patience de suivre la dernière prestation de notre Président, prestation destinée à faire croire aux français qu’il y a un pilote dans l’avion et que l’aéroport de destination est connu. Et que le voyage se passera dans des conditions de justice totale entourées du patriotisme légendaire du peuple français. Supposons.
Commençons par la fin. D’ici deux ans, en 2014, le Président aura redressé la France. Pour ceux qui, comme nous, assistent depuis plus de trente années au déclin industriel du pays (sur fond de déclin culturel induit par le « multiculturalisme » béni par la gauche …), qui n’ont pas vu un seul budget en équilibre depuis mais qui ont vu le pays dégringoler vers un état de sous-développement agrémenté d’une augmentation constante (devenue insupportable) de populations assistées dont la contribution majeure n’a été que l’augmentation des naissances, pour nous tous, il s’agit d’une galéjade. Soyons justes, il a promis de revenir à l’équilibre des comptes annuels mais, certes, il n’a pipé mot de la dette faramineuse de plus de 1.700 milliards d’euros (sauriez-vous écrire ce montant en francs ?).
Pour redresser le pays, une recette simple : augmenter les impôts et taxes diverses et les justifier par le besoin naturel de justice et l’expression d’un patriotisme exhumé des archives de la gauche. Justice et patriotisme, voilà les deux mamelles du Président (si l’on peut dire ainsi …). Et pour faire sérieux il a détaillé ce qui sera trouvé, où : la vieille recette des syndicalistes français « faut prendre l’argent là où il est ». 10 milliards d’ici, 10 milliards de là et puisqu’il faut arriver à plus de 30 milliards pour tenir le critère de Maastricht on prendra encore 10 milliards en 2013 d’ailleurs, sous entendu l’Etat … Pauvre de lui : la croissance de 2012 n’étant pas celle espérée et celle de 2013 rabotée de moitié, ce n’est pas 30 milliards mais, probablement, 40 qui seront nécessaires pour tenir la promesse. Naturellement, un flou artistique pour les (éventuelles) réductions des dépenses.
Pourtant, depuis des lustres, on sait que c’est là où il faut porter le fer (rouge …). Un bref aperçu de ce que la France dépense maintenant et qui pourrait être mis en cause :
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les dépenses de fonctionnement = 160 milliards d’euros ; l’ancien gouvernement réduisait le nombre de fonctionnaires tous les ans d’environ 5.000 mais … l’augmentation des salaires effaçait la réduction de la dépense ! Le Président nous a dit « pas un euro de plus pour les dépenses de l’état en 2013 par rapport à 2012 » tout en maintenant les effectifs à l’identique - d’évidence il s’agit d’une contrevérité patente ;
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le budget de la formation, en grande partie maîtrisé par les syndicats (ou des entités directement ou indirectement liées aux syndicats) soit environ 25 milliards d’euros est (comme l’indemnisation des « intermittents du spectacle ») caractérisé par des détournements massifs ;
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les dépenses « sociales » de la France dépassent aujourd’hui 600 milliards d’euros – aucune évaluation n’est faite quant à leur efficacité économique selon la Cour des Comptes ; les deux grandes idées de notre Président s’appellent « emploi d’avenir » et « contrat de génération » ; pour la première catégorie il s’agit, ni moins, ni plus d’emplois du secteur public soi-disant pour des « jeunes en difficulté » en oubliant les deux effets pervers : (a) quand le chômage des jeunes dépasse 25% les premiers candidats à ces emplois « assistés » seront les plus « diplômés », donc pas les « djeunes » des banlieues défavorisées, (b) les emplois offerts n’auront de qualification possible que dans le secteur public – constitution d’un réservoir pour augmenter le nombre de fonctionnaires à terme ! Quant aux « contrats de génération » il faut ne jamais avoir travaillé dans une entreprise du secteur marchand pour imaginer, comme du temps de l’introduction des 35 heures, qu’à part des effets d’annonce, ce système pourrait produire des emplois. Mais … ceux qui les tenteront bénéficieront d’une réduction des charges sociales !
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L’Etat a un budget annuel de 350 Milliards d’euros : quelle famille, devant des difficultés graves (et sans avoir la possibilité de vivre à crédit) ne peut faire 5/10% d’économies sur ses dépenses en attendant mieux ? Sauf l’état français qui, par la voix du Président annonce que l’état fera des économies de 2 ,7% !
Mais, pour nous montrer combien il est capable de « montrer le cap et fixer le rythme » notre Président insiste sur deux choses : la priorité à l’éducation, cause majeure de sa présidence et rendez-vous en 2014 quand on pourra dire « on vit mieux qu’en 2012 ». Soit.
Pour ce qui est du rendez-vous ce que l’on sait pour l’instant c’est qu’avec une croissance nulle en 2013 (voir le FMI) on risque, peut-être, de se trouver en récession en 2014. Laissons cette promesse de côté, on sait que demain on rase gratis …
Pour ce qui est de la grande cause, l’éducation, regardons la chose d’un peu plus près.
L’Institut Thomas More (suffisamment connu pour ne pas avoir à détailler ses références …) vient de publier une comparaison concernant les dépenses pour l’éducation primaire et secondaire de l’Allemagne et de la France. Elle mérite que l’on s’y arrête :
Commençons par constater que les places de l’Allemagne et de la France dans le classement PISA (OCDE) en 2009 étaient pratiquement équivalentes. Malheureusement, en trois années la France (2012) a perdu 5 places par rapport à l’Allemagne en sciences (24ème vs 19ème). Mais ce qui ressort de la comparaison (chiffres 2009, ils sont encore moins avantageux en 2012 …) c’est que :
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le nombre moyen d’élèves /enseignant est de 14,8 pour la France et de 15,3 pour l’Allemagne ; pourtant, on nous dit qu’en France il n’y a pas assez d’enseignants – c’est peut-être vrai car Claude Allègre avait constaté (en 1997 !) qu’il y a avait en permanence 12% des enseignants absents soit environ 100.000 !
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le nombre d’établissements est inférieur en Allemagne de presque 50% - on peut imaginer les économies sur tous les plans par rapport à la France ;
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avec une dépense par élève inférieure de 15% la rémunération des enseignants allemands est supérieure de 50 % à celles de leurs collègues français !
Il y aurait, à la lecture de cette comparaison comme un soupçon quant à la véracité des hypothèses faites par notre Président pour justifier sa décision d’embaucher encore 60.000 enseignants pendant son mandat. Certes, on sait que le million d’enseignants français (primaire, secondaire et supérieur) est le terreau du bien être de la gauche et que cela se paye. Mais, convenons-en, le vrai problème du système d’éducation français, cassé à coups de marteaux idéologiques depuis mai 68, système en autogestion (les syndicats de gauche y faisant la loi), système qui produit, bon an, mal an, plus de 100.000 analphabètes (26% des écoliers entrant en sixième ne savent pas lire ou calculer …), n’est ni le nombre d’enseignants ni « le manque de moyens ». Le mal est ailleurs, pas besoin de sortir de Saint Cyr pour s’en rendre compte.
Quo vadis ? Les sondeurs sondent … Après la prestation du Président, 79,3 % des gens qui écoutent Radio Luxembourg, 79% des lecteurs du Parisien, 81 % de ceux qui écoutent ou regardent BFM-TV et 86,7% des lecteurs du Figaro n’ont pas trouvé convaincant notre Président. Deux remarques : les pourcentages dépassent le double de ceux qui n’on pas voté pour lui et … l’enquête n’a pas pris en considération les lecteurs de l’Huma … mais ils en disent long sur la confiance que le pays accorde à des gens qui ont passé leur temps à critiquer tout ce qui a été fait pendant les dix dernières années et quand ils sont arrivés au pouvoir …. ils sont partis en vacances pour revenir, bien bronzés, pour nous dire qu’ils on fait un programme pour les deux années à venir!
Redresser la France en deux ans ? N’importe quoi. Pendant ces deux années on appauvrira encore le pays car tant que la moitié des foyers fiscaux sont exemptés de payer quoi que ce soit (mais on parlera de patriotisme aux autres …) détruisant ainsi le lien entre le citoyen et la société, tant qu’il y aura dans le pays plus de 4 millions d’assistés et plus de 2 millions de personnes émargeant aux budgets d’associations (presque, exclusivement de gauche …) tant qu’il y aura 12% d’absents permanents à l’Education Nationale ou le tiers des employés de certaines entreprises (voir les services piste et/ou bagages de l’Aéroport de Paris) qui se portent pales pendant le ramadan mais prennent leurs vacances ensuite … tant que le service de la dette absorbe le total de l’impôt sur le revenu …
Bon courage Monsieur le Président normal, nous nous verrons en 2014. Quand vous nous direz que l’héritage de Nicolas et les circonstances ont fait que …