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20 décembre 2009 7 20 /12 /décembre /2009 13:06
 

« Si nous devions échouer, chacun connaît l'alternative

catastrophique devant laquelle nous serions placés...

la bombe iranienne ou le bombardement de l'Iran »

N. Sarkozy, le 29.08.08


Un faisceau d’indices concordants semble montrer, de plus en plus clairement, que c’est le deuxième terme de l’alternative qui se prépare.


Du côté de l’Iran, l’accélération des travaux nécessaires pour entrer dans le club nucléaire est évidente. En effet, trois composants sont nécessaires (et suffisants) pour disposer d’un arme nucléaire (ou arriver au seuil de la détention sans la réaliser mais en obtenant les mêmes prérogatives sauf celle de l’utiliser). Ces trois composants sont la disponibilité d’une quantité d’uranium enrichi à plus de 95%, les connaissances nécessaires pour une « mise à feu » (dispositif pyrotechnique pour initier la réaction en chaîne) et la disponibilité d’un vecteur de transport de l’arme.


L’accélération est évidente (ou, à tout le moins, la diffusion des nouvelles concernant le sujet conduit à croire cela) :


- le volume total d’uranium faiblement enrichi par l’Iran avoisine les deux tonnes et il est fort probable qu’un enrichissement au delà de 20% a déjà commencé dans un site inconnu (comme celui de Qom « découvert » en septembre),

- les essais d’un « détonateur » comportant un initiateur neutronique (l’AIEA avait découvert depuis bientôt trois années des plans/schémas/dessins mais n’a jamais obtenu des explications de l’Iran autres qu’ils « étudiaient le déclenchement par explosif des airbags ») semblent avoir été couronnés de succès (Times – décembre 2009) et

- l’essai réussi d’un missile balistique Sejil-2 d’une portée de plus de 1.500 km.

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L’AIEA enquêtant sérieusement sur le programme nucléaire de l’Iran

Jusqu’ici, l’Iran, en utilisant la technique « un mensonge après un autre » a réussi à mener en bateau les « 5+1 » pays avec lesquels ils négocient depuis des années. En s’approchant du seuil souhaité il lui est de plus en plus difficile de continuer à compter sur la naïveté (apparente) des grandes puissances. De plus, traversant une zone de turbulences sérieuses suite aux élections truquées de cet été, le régime des mollahs est convaincu de pouvoir utiliser « le nucléaire » comme facteur d’unification des masses, fières comme elles devraient être d’avoir, contre vents et marées, vu leur pays obtenir le rang de puissance nucléaire.


Bref, l’Iran sait que les occidentaux savent ce qu’il est en train de faire. De plus, tout en concentrant les discussions sur l’enrichissement de l’uranium, il a occulté autant que faire se pouvait ses travaux sur le réacteur à eau lourde d’Arak qui produira, plus facilement et plus rapidement, du plutonium, lui aussi destiné aux applications militaires. Sauf de croire le Vice Président de leur Académie de Médecine qui jurait ses grands Dieux « qu’en Occident on traite le cancer en donnant à boire aux malades un verre d’eau lourde » ou un autre « savant » qui explique que le réacteur est destiné à produire des isotopes radioactifs pour utilisation médicale.


Arrivé, cependant, à ce point de sa marche vers la bombe, l’Iran commence à croire que quelque chose se passera à brève échéance. Ceci l'a conduit à décider, toutes affaires cessantes, de (a) essayer d’obtenir de la part de la Syrie un engagement formel quant à son entrée en action contre Israël si l’Iran est attaqué (pacte d’assistance militaire signé en décembre 2009 par une grande délégation iranienne à Damas), (b) convoquer à Téhéran ses supplétifs le Hezbollah et le Hamas pour les enrôler dans des réactions immédiates contre Israël en cas de besoin et (c) fixer les ressources militaires de l’Arabie Saoudite (et une partie des troupes américaines stationnées dans le Golfe) dans un conflit secondaire au Yémen pour leur interdire toute défense sérieuse dans le cas d’une réaction iranienne.

Caricature Al-Shark al-Awshat 

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L’Iran marchant sur le Hezbollah, le Hamas et les Houtties

En quelque sorte, l’Iran se prépare au pire tout en ne renonçant à aucune de ses visées clairement explicitées : empêcher par tous moyens un règlement israélo-arabe, utiliser le Hezbollah et le Hamas pour affaiblir Israël et obtenir une hégémonie évidente dans un Proche Orient jusqu’ici dirigé par des pays arabes « modérés » mais ... sunnites.


Du côté de l’Occident certains commencent à se souvenir d’un discours de Churchill, en 1948, avant que la Russie Soviétique n'ait la bombe « Nous ne devrions pas aller de l’avant d’une manière imprévoyante et incompétente en attendant voir ce qui va se passer, c’est-à-dire quelque chose de mauvais pour nous » La suggestion implicite de Churchill était évidente, il ne fallait pas laisser le Russie Soviétique disposer de la bombe.


Depuis 2006 quand le dossier iranien a été transmis au Conseil de Sécurité pour la première fois, ce dernier a pris cinq résolutions (1696, 1737, 1747, 1803 et 1835, toutes contraignantes -chapitre VII de la Charte des Nations Unies permettant l’usage de la force en cas de besoin- et toutes demandant à l’Iran l’arrêt vérifiable de l’enrichissement de l’uranium). Aucune de ces résolutions n’a été suivie d’effet et aucune sanction (pas seulement à cause de l’opposition de la Russie et de la Chine mais aussi à cause de l’attitude de certains pays européens) sérieuse n’a été appliquée.


L’arrivée de l’Administration Obama (dont les démarches internationales sont caractérisées par un degré de naïveté irresponsable qu’aucun Clausewitz n’aurait pu imaginer pour une super-puissance) n’a rien changé : en mars 2009 on a fait savoir que l’on attendait le résultat des élections de juin pour savoir avec qui discuter, en juin on a fixé un ultimatum à l’Iran pour la date de la tenue de l’Assemblée Générale de l’Onu début septembre qui a été prolongé jusqu’à la tenue du G20 à fin septembre et puis jusqu’à la fin de l’année 2009. Si l’on ajoute l’expression de la velléité américaine actuelle de vivre « dans un monde sans armes nucléaires » qui a attiré la réponse cinglante de N. Sarkozy «certains devraient vivre dans le monde réel » on comprend que les Occidentaux sont en train de se réveiller sans savoir encore s’ils s’habillent en civil ou en militaire ... Mais, sachant qu’elle ne peut plus (sauf à perdre tout crédit et une bonne partie de ses alliés surtout du Proche Orient) l’Administration américaine commence à utiliser un argument qui fait peur : aucun gouvernement israélien ne pourra accepter un Iran au seuil de ou avec la bombe. En conséquence de quoi, BHO fait savoir aux chinois qu’il ne pourrait pas s’opposer encore longtemps à une décision israélienne en la matière.


D’un autre côté, le 16 décembre le Wall Street Journal publie un texte d’Olivier Debouzy (un proche de N. Sarkozy mais ... qui parle en son nom propre ...) qui ne mâche pas ses mots : « Il est maintenant nécessaire, par conséquent, de planifier le pire - une certaine forme de contrainte militaire sur l'Iran. Il est urgent que les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France, de concert avec Israël, si possible, (d'une manière discrète et contestable, bien sûr), recueillent les informations nécessaires et essayent de parvenir à un accord sur la façon de mettre fin au programme nucléaire de l'Iran militairement. Ces trois membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU ne doivent pas se laisser intimider par l'argument -qui a déjà été utilisé à plusieurs reprises par les défenseurs de l’Iran et par les idiots utiles- c’est-à-dire qu’une telle entreprise reviendrait à avoir l'Occident contre le reste du monde. En réalité ils exerceraient effectivement un mandat implicite au nom de tous les États qui ont renoncé aux armes nucléaires et qui ne veulent pas accepter d'être menacés et intimidés par des voyous. » Ne cherchez pas ce texte dans les journaux français, aucun n’en a fait état. Curieux ?


Deux choses sautent aux yeux : la première qu’il s’agit d’une menace directe appelant deux autres membres du Conseil de Sécurité à arrêter les atermoiements et la deuxième que l’on veut bien utiliser Israël mais ... sans qu’il y ait collusion. Cette deuxième condition rappelle furieusement la « collusion anglo-franco-israélienne » de 1956 quand Israël se voyait interdire la passage par le Canal de Suez qui venait d’être nationalisé par Nasser en spoliant les actionnaires français et anglais ... En quelques jours Israël occupait le Sinaï et arrivait sur la rive Est du Canal, quand l’Amérique (Eisenhower) menaçait la France et l’Angleterre de rétorsions militaires et économiques si ces pays ne se retiraient pas de l’Egypte. L’affaire a fini en queue de poisson et ... Israël a rendu, une première fois, le Sinaï à l’Egypte. Mais quant à faire confiance à la France et à l’Angleterre (vu ce qui s’est passé depuis 54 ans) il est peu probable qu’Israël consente. Saura-t-elle, voudra-t-elle, suivre le conseil de N. Sarkozy (Juillet 2009) « une attaque israélienne sera une catastrophe absolue ; Israël doit savoir qu’elle n’est pas seule et suivre ce qui va se passer calmement » Comme si on connaît dans l’histoire un pays attendant, calmement, à être rayé de la carte par des illuminés qui attendent, eux, le 13ème imam ...

Mais, par delà peut-être une conviction profonde sincère de N. Sarkozy que l’on ne doit pas laisser l’Iran arriver à ses buts (nucléaires) ou parce qu’il a promis aux pays du Golfe (surtout à l’Arabie Saoudite) que l’Iran ne disputera pas leur hégémonie, nous voilà au seuil d’un décision lourde de conséquences : laisser faire Israël et la faire condamner par le monde entier ou prendre la tête du mouvement en partageant la responsabilité avec l’Angleterre et les Etats Unis. Ce qui rappelle la première guerre du Golfe faite pour faire sortir Saddam Hussein du Koweït quand, aussi, on a demandé à Israël de ne rien faire mais on a vu la France de Mitterrand s’associer à l’Amérique de Bush (père).


La difficulté pour N. Sarkozy vient aussi de l’Europe. En effet, regardons deux pays de plus près : l’Italie de son ami Berlusconi est devenue le premier fournisseur européen de l’Iran avec plus de 8 Milliards d’euros en 2008 (exploitation gaz et pétrole, industries mécaniques et construction de voitures, coopération avec le système bancaire italien – à l’encontre des résolutions spécifiques du Conseil de Sécurité, etc.,) et l’Allemagne de Madame Merkel qui, année après année, réalise plus de 5 Milliards d’euros de transactions avec l’Iran où sont installées plus de 1.500 firmes allemandes (complexes pétrochimiques, raffineries de pétrole, traitement de gisements de gaz, etc.,). Deux autres pays (la Suède – qui attend à être payée de détour pour avoir parrainé la candidature de l’Iran à l’Organisation du Commerce Mondial et l’Espagne) attendent aux portes pour prendre la place de celui qui déciderait de réduire ses activités en Iran. Ou la Suisse qui a signé (Mme Calmy-Rey, bien couverte par un foulard en rencontrant Ahmedinejad) un contrat gazier pour une vingtaine d’années ...

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Micheline Calmy-Rey à Téhéran en 2008

Alors ? « La bombe ou le bombardement » disait N. Sarkozy.

D’évidence on va vers le moment où l’Iran aura, peut-être, la bombe mais sûrement le bombardement.

« De même, aucun président américain (en particulier un doté d'un prix Nobel) ne pourrait échapper au blâme d’avoir laissé l'Iran devenir un Etat doté d'armes nucléaires en sous-estimant systématiquement sa capacité à dissimuler ses préparatifs. La crédibilité de la communauté du renseignement serait dévastée, et l'indécision des administrations successives (Clinton, Bush et maintenant Obama) à faire arrêter un programme qui a été soupçonné pendant 15 ans et ouvertement reconnu depuis sept ans seraient considérés comme un échec de grande envergure » (O. Debouzy).


Si vis pacem, para bellum ... n’a jamais été de plus grande actualité. Quand ? Il semblerait que BHO ait obtenu d’Israël en novembre de ne rien faire pendant encore six mois. Le lecteur pourrait lire les deux textes mis en ligne le 6 et le 10 décembre sur ce même blog. Bonne lecture ...



 

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