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25 janvier 2010 1 25 /01 /janvier /2010 22:28

Son, this world is rough

And if a man's gonna make it, he's gotta be tough

(Johnny Cash)


 

Dans deux jours, BHO va lire sur son téléprompteur le discours traditionnel consacré à l’Etat de la Nation. Il est fort probable qu’il ne parlera que des succès, selon lui, remarquables, obtenus pendant la première année de son mandat. Il n’est, dès lors, pas inintéressant de faire le contraire et de lister l’essentiel des ambitions affichées pendant sa campagne électorale (pour laquelle il a reçu le Prix Nobel …) ou à l’occasion de son investiture. Regardons les choses de plus près, tout d’abord, au plan national.

Guantanamo – le symbole était fort : premier acte de l’Administration Obama a été de signer un décret exécutif concernant la fermeture du camp de détention de Guantanamo Bay. Un an après, non seulement les États-Unis non pas fermé Guantanamo, mais le nombre de détenus a été très discrètement augmenté. En effet, aucune solution autre n’est encore disponible pour des individus devant être considérés comme « combattants ennemis » mais dont les lois nationales ou internationales n’en pipent mot car … pour les uns « combattants ou militants » et pour d’autres « terroristes ». Le seul dénominateur commun des gens s’y trouvant à Cuba c’est qu’ils sont tous musulmans. Mais ce qui crée un obstacle pour qu’ils soient acceptés soit sur le territoire des Etats Unis soit dans des pays de l’Europe ou de l’Asie. D’autant plus que la moitié (au moins) ceux qui ont fait l’objet d’une libération … se sont retrouvés dans les rangs des « militants » d’Al-Qaida ou autres entités terroristes.


Nationalisation (virtuelle) de l’industrie automobile – l’objectif déclaré était la réduction du chômage et, surtout, la croissance de l’emploi. Deux constructeurs ont été « sauvés » (General Motors et Chrysler) par un dépôt de bilan tandis que le troisième (Ford) refusait l’aide du gouvernement. Neuf mois après, les deux premiers ont réduit leurs effectifs de plus de 40.000 et se battent pour survivre tandis que Ford affiche des résultats (ventes et profits) correspondant à ceux de ses années (presque) normales. Extrapolés à l’économie américaine, la prévision (objectif) de l’Administration de faire descendre le chômage sous la barre des 8% s’est vue irréalisable, il dépasse maintenant (pour la première fois depuis des décennies) le seuil de 10%. On va dire que la crise est encore là mais … c’est parce qu’il y a avait la crise que l’Administration a lancé plan après plan pour « aider l’industrie » …


Contrôle des banques – après avoir marché dans les pas de l’Administration Bush (sauvetage des banques, réservoir pour ce faire un pactole de 700 milliards de $) l’Administration a pris, pratiquement, en nommant un « tzar » des banques (fonction inexistante auparavant et sans aucun contrôle du Congrès ou du Sénat) leur contrôle. Il a accepté de participer à un G20 dont le but était « la moralisation du capitalisme financier » en général et l’encadrement des bonus des banquiers, en particulier. Six mois après, les principales banques américaines retrouvant la voie des profits (en se gérant comme naguère) ont remboursé les aides de l’état pour se libérer de sa tutelle et annoncent de bonus qui ne sont en rien moindres que ceux d’avant la crise. L’Administration est en train d’essayer de trouver des moyens légaux pour contourner les contrats existant de longue date pour les personnels des banques. Dans un pays où la notion de contrat est consubstantielle à ses tréfonds.


Jeux Olympiques à Chicago – une gifle a été obtenue comme seule récompense pour la candidature de Chicago au Jeux Olympiques de 2016 ; elle a été destinée directement à BHO qui, sans mesurer les risques de cette candidature par rapport aux pays qui concouraient, s’est présenté à Copenhague fort de … sa personne et de son aura de « président qui va tout changer ».


Reforme du système de santé – annoncée à grands coups de tambour elles devait être mise en place avant les vacances d’été 2009. Rien ne paraissait certain, cependant encore en décembre et les dernières tribulations électorales (perte de la majorité absolue au Sénat) font penser que les jours de cette réforme sont comptés. Car elle ne correspond pas vraiment aux valeurs fondamentales de la société américaine qui ne comprend pas pourquoi il faut prendre à ceux qui produisent pour donner à ceux qui ne le font pas. Par delà la « générosité » il s’agit, en fait du vieux adage (repris par la Russie communiste dès ses premières années d’existence) et se trouvant dans les chants révolutionnaires italiens « qui non lavora non mangera ».

Pour avoir voulu faire avaler aux américains une potion « socialiste » (ou socialisante) BHO se retrouve avec 47% de ses concitoyens adversaires de sa réforme.

Quant au plan international les choses se présentent encore moins bien. Deux pays « voyous » devaient faire l’objet d’une approche différente de l’Administration Obama la Corée du Nord et l’Iran.


La Corée du Nord – ce pays a continué de poursuivre ses objectifs sans relâche en faisant exploser une arme nucléaire et en lançant des missiles à longue portée. Elle s’est retirée de l'accord d'armistice de 1953 avec la Corée du Sud et a déclaré qu’elle continuerait à augmenter ses stocks de plutonium. Bonne fille, l’Administration Obama tout en apostrophant gentiment ce pays ou règne un des derniers totalitarismes (communistes) a accepté sans aucune contrepartie les demandes nord-coréennes de longue date pour des entretiens bilatéraux. Il y a des mois, déjà, que BHO a envoyé une lettre accommodante au dictateur nord-coréen qui, naturellement, n’a pas trouvé nécessaire de faire de réponse. La Corée du Nord continue son armement nucléaire et ce échappant à tout contrôle quant à sa destination.


L’Iran – de main tendu en ultimatums (au moins quatre, tous restés sans suite) l’Administration n’a obtenu rien de ce qu’elle annonçait vouloir mettre en place : des sanctions fortes si l’Iran n’abandonnait pas, ce que les pays occidentaux croient être, leur programme nucléaire militaire (la France, par la bouche de N. Sarkozy, vient de dire au premier ministre libanais « nous avons la preuve que le programme nucléaire iranien est militaire »). Que ce soit parce que ses alliés (l’Europe, pour l’essentiel) n’ont rien voulu faire sans que les Etats Unis se mettent en avant, que ce soit parce que dans la Weltanschaung de l’Administration Obama un Iran nucléaire peut être accepté comme tel ou parce que arrêter les mollahs sur la voie de l’Armageddon annoncé (pour Israël …) suppose commencer une troisième guerre, ou pour d’autres raisons, les Etats Unis restent inactifs sur ce plan. Et assiste, sans lever le doigt, au trafic d’armes entre la Corée du Nord et l’Iran dont le dernier exemple montre l’étendue de la collusion de pays aussi différentes que  la Thaïlande, Abu Dhabi, Azerbaïdjan,  Ukraine ou Monténégro (ce dernier postulant pour son entrée dans l’Union Européenne …).


      Itinéraire d’un transport d’armes de la Corée du Nord à l’Iran


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Europe – en prévenant les intéressés la veille de son annonce, l’Administration Obama a fait une surprise, gratuite, à Moscou en abandonnant le système de défense antimissile qui devait être déployé en Pologne et en Tchéquie et contre lequel Moscou avait bataillé pendant les deux dernières années de l’Administration Bush. Ce faisant, BHO a fait comprendre aux européens de l’Est (mais aussi aux autres ...) qu’il les abandonnait aux bons soins de celui qui les a dominés pendant soixante longues années et à Moscou qu’elle ne devait pas, vraiment, le prendre au sérieux. Car, ce qu’il attendait comme geste réciproque des russes (franchement, peut-on être naïf à ce point quand on est en charge de la seule super puissance mondiale ?) c’est de les voir se rallier à une attitude ferme contre l’Iran. Il a dû constater, pas très longtemps après, qu’il prenait ses rêves pour des réalités. Et, accessoirement, il a fait comprendre aux russes et à d’autres qu’il n’avaient rien à craindre de ce novice en relations internationales.


Le monde musulman – quelques mois après avoir entamé sa présidence, BHO est allé au Caire et s’est adressé au « monde » musulman en lui demandant des excuses pour les humiliations que les états Unis lui ont fait subir. Et, en citant 15 fois le « Saint Coran » (!?) il leur a demandé de penser aux autres, aussi. A Israël, en comparant la Shoah aux souffrances du peuple palestinien ( ?!). Et de faire des gestes qui pourraient conforter ceux qui visent la création d’un état palestinien vivant en paix à côté d’Israël. Discours enflammé, rhétorique impeccable, humilité sans égale pour une puissance impériale ... tout y était. Sauf la réponse du « monde » musulman ... qui, fort de sa décision de rejeter Israël et les juifs, n’a souhaité faire de geste aucun. Et le ministre des affaires étrangères de l’Arabie Saoudite a ridiculisé, en conférence de presse, en présence de l’intéressée la politique américaine au Proche Orient de BHO et de Mme Clinton. Tandis que l’ancien premier ministre de la Malaisie, Monsieur Mahatir déclare, il y a quelques jours à une conférence pour la défense des droits des palestiniens « Il y a des preuves fortes qui montrent que le 11 septembre 2001 a été organisé par les Etats Unis car si ce pays a réussi à produire le film Avatar ... il est capable d’avoir organisé l’attaque de 2001. Et quant aux juifs, ils ont toujours créé des problèmes en Europe ce qui a fait qu’ils devaient être « ghettoïsés » et massacrés périodiquement. Même après leur massacre par les Nazis en Allemagne ils ont survécu et continuent à être une source de difficultés pour le monde»


Copenhague, le réchauffement de la planète – il a accepté de « jouer le jeu » avec les pays qui sont préoccupés par ce qui va arriver dans cinquante ans. Et il s’est fait ridiculiser par les deux principaux pollueurs de la planète, la Chine et l’Inde, qui n’entendent pas voir brider leur développement car ils ont des centaines de millions d’habitants à amener à un niveau de vie décent. Mais, tiers monde oblige ... il est reparti vers Washington la queue basse ...


Israël – dès le premier jour de sa présidence, BHO a annoncé, haut et fort, sa décision de faire de la solution du conflit israélo-arabe (ou palestinien) un sujet prioritaire de sa présidence. Et il a nommé un vieux sénateur (américain d’origine libanaise), nimbé du succès obtenu dans le règlement du conflit irlandais, pour pousser à la création d’un état palestinien et ipso facto à la paix. Nourri par les concepts tiers mondistes de la gauche américaine (pour rester sur les cimes ...) BHO ne pouvait voir que la responsabilité d’Israël dans les souffrances des palestiniens. Et puisqu’il ne comprenait rien à la structure de la société civile israélienne, il a cru (ou son entourage lui a fait croire) qu’il suffisait tordre les poignets du premier ministre de ce pays pour obtenir des concessions qu’Israël n’a pas fait pendant les quinze dernières années (car, la droite et la gauche, avaient compris que ce que les palestiniens voulaient n’était pas tellement « leur » état mais, surtout la disparition d’Israël). Au bout d’une année, il n’a rien obtenu sauf de faire adopter et expliciter aux palestiniens une position simple : pas de négociations tant qu’Israël n’aurait accepter leurs exigences (d’évidence inacceptables par Israël). Et aujourd’hui il voudrait que les deux parties commencent à négocier. Mais le vrai problème ce n’est pas de commencer des négociations. C’est de savoir s’ils peuvent les finir car, s’il ne le sait pas il l’apprendra : le maximum de ce qu’Israël peut accepter est moins que ce que les palestiniens veulent accepter. Le résultat ? Non, de la part d’Israël pour mettre en question sa souveraineté sur Israël ; Non, de la part des pays arabes pour faire quelque geste que ce soit en direction d’Israël ; Non, de la part des palestiniens pour négocier quoi que ce soit.


oooooooo


Il serait difficile de trouver un sujet pour lequel, sans l’ombre d’un doute, BHO pourrait dire « voilà ce que j’ai fait ». C’est vrai, il a reçu le Prix Nobel mais ... on se demande encore pourquoi.


Ce que la nouvelle administration a réussi c’est, au plan intérieur, d’aggraver les effets de la crise en s’occupant d’une réforme qui n’est pas acceptée par les américains et, au plan extérieur, renoncer d’une manière irresponsable au statut de première puissance du monde. En faisant « repentance » pour les pêchés de l’état américain, en donnant satisfaction sans contrepartie au nouveau dictateur russe, en tolérant les agissements de la Corée du Nord, en permettant à l’Iran de gagner encore une année dans sa marche vers la bombe, BHO a obtenu un statut inespéré : le chef d’état le moins respecté du monde par les dictateurs de l’Est, du Sud ou d’ailleurs. Personne en Europe, au Moyen Orient en Russie ou en Chine ne croit plus à ce qu’il dit. Ils ont été émus par ses discours, mais une fois qu'ils ont compris qu'il n'y avait aucune substance pour eux, il a perdu toute crédibilité à leurs yeux.


Et pendant ce temps, son pays a deux guerres sur ses bras, celle qui a conduit à la disparition de la dictature de Saddam Hussein (et que lui, BHO, a condamné) et celle de l’Afghanistan, qu’il considère comme nécessaire mais à laquelle il a refusé des moyens demandés par ses militaires pendant neuf mois et quand, enfin, il s’est décidé de le faire ... il a annoncé le retrait des troupes en juin 2011...


Se souvient-on du délire européen pendant les voyages de BHO en 2008 ? Des centaines de milliers de gens à Berlin, en France, à Londres ou ailleurs, lui ont fait des réceptions dignes d’un sauveur du monde. Car il était perçu come cela. Et aujourd’hui ? Avec beaucoup de gène les élites de gauche (mais pas seulement) commencent à se dire que, oui, bien sûr, mais .... Car ils voient que les Turks oppressent toujours les Kurdes, les Egyptiens persécutent les Coptes (qui ne sont pas musulmans mais chrétiens ...), le génocide au Darfour continue et que la colonisation musulmane de l’Europe avance à grands pas. Et ailleurs, en Amérique Latine il donne l’impression d’être plus près de Cuba, Nicaragua et Venezuela tout en contestant le droit du peuple du Honduras de se choisir une autre président que celui qui a voulu passer en force une réforme de la constitution du pays pour lui permettre de devenir président à vie ... Comme le clown Chavez a essayé aussi et comme Evo Morales est en voie de le faire.


BHO semble avoir mis ses pas dans ceux de Jimmy Carter, un des présidents les plus mauvais de l’histoire récente des Etats Unis. Il se pourrait qu’il ne fasse, lui non plus, qu’un seul mandat. Et qu’il comprenne que le monde est difficile et que ce n’est pas en faisant le beau que l’on réussit. Avec l’espoir que les Etats Unis redeviennent le pays phare qu’ils ont toujours été pour pouvoir sauver les autres quand, d’aventure, ils auront encore besoin.











 

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