Le 1er janvier 1999, l’euro devenait la monnaie officielle de onze Etats européens. Dix ans plus tard, la zone euro compte 16 Etats membres, le dernier état entré étant Slovaquie le 1er janvier 2009. Les pièces et les billets sont mis en circulation en 2002 et l’euro remplace définitivement les monnaies nationales des pays de la zone euro. Sept années auparavant, les pays qui ont souhaité constituer la « zone euro » ont adopté les « critères de Maastricht » dont le sérieux et l’ambition étaient consubstantiels à la future création d’une monnaie unique.
Trois catégories de paramètres se voyaient « fixés dans le marbre » : la stabilité des prix (l’inflation d’un état membre ne devait dépasser de plus de 1,5 points celui de la moyenne des trois états ayant l’inflation la plus faible), interdiction d’un déficit public (état + sécurité sociale) supérieur à 3% du PIB couplé à l’interdiction d’avoir une dette supérieure à 60% du PIB et le taux d’intérêt à long terme qui ne devait dépasser de plus de 2 points celui de la moyenne des trois états ayant l’inflation la plus basse. Les seuils de 3% pour le déficit et de 60% pour la dette publique ont constitués des conditions sine qua non imposées par la France, l’Allemagne les ayant acceptées.
Le monde entier avait salué les décisions européennes comme historiques car elles consolidaient un ensemble de plusieurs centaines de millions d’habitants et créaient un bloc économique de la taille des Etats Unis. Certains s’interrogeaient sur la capacité d’états aussi différents que la Grèce, Chypre ou Malte par rapport à l’Allemagne ou la France de se « couler dans le moule » qui venait d’être crée. Mais … l’euphorie de la création balayait les réserves des économistes et/ou politiques qui, par ailleurs, ne croyaient pas à la capacité des pays de l’Europe de se doter des institutions qui pouvaient permettre qu’ils disposent d’une politique étrangère commune, d’une monnaie unique et d’une gouvernance économique commune. Un vrai rêve pour cette Europe pacifiée, « plus jamais la guerre », vouée à l’intégration des pays de l’Est sortis, enfin, du joug russe et/ou communiste
L’Europe … c’est grand et, de plus, par des étapes successives s’est encore agrandie pour comprendre aujourd’hui 27 états. Alors, au lieu de parler Europe, parlons France.
Dernière année avant la crise financière de 2008, la France avait un déficit public supérieur de presque 5 fois à celui de la moyenne européenne. En trente années, depuis 1978, la dette publique de la France a été multipliée par 3,4.
Que s’est-il passé depuis 1978 ? A mon sens, trois facteurs, interconnectés, ont mis notre pays sur la voie de son déclin économique.
Tout d’abord, l’état providence. La vulgate dominante de gauche ayant dominé le paysage français depuis la libération, couplée à la générosité connue des français et à leur sens inné de la justice (mais aussi de la fronde) a fait que l’on a considéré normal de vouloir donner tout, tout de suite à tout le monde. Et on a assisté à l’intrusion dans l’économie du pays, à partir de 1974, de programmes destinés, surtout, à aider les plus défavorisés mais dont l’effet a été l’augmentation du chômage car pendant des années on s’en sortait mieux en étant chômeur que travailleur au SMIG. Ces programmes nécessitaient beaucoup d’argent et comme la création de valeur s’estompait on a eu recours à l’endettement. Mais en même temps, en voulant réorganiser l’état (pour que tout ce qui se faisait soit géré, encadré, contrôlé « sur le terrain ») on a été obligé d’embaucher des cohortes de fonctionnaires, tant et si bien qu’en 2009 les personnels émargeant au budget de l’Etat, des collectivités territoriales ou aux entreprises semi étatiques représentaient plus de 6,0 millions de personnes soit plus de 25% de la force de travail du pays. Et on est arrivé voir notre pays se modeler d’une manière curieuse, car le nombre de fonctionnaires est arrivé à dépasser, presque, le nombre des travailleurs de l’industrie. De plus, la France, état providence, s’est trouvée assurer à tous ceux qui se trouvent sur son territoire une couverture universelle pour les maladies, l’enseignement gratuit, le droit au logement, bref, tout (ou presque) ce qu’il faut pour « favoriser les plus faibles ». Cela a un prix, on a fait semblant de ne pas le comprendre car … on empruntait ce dont on avait besoin pour couvrir les dépenses.
Ensuite, l’immigration. Les études sont maintenant légion qui démontrent que la contribution de l’immigration (pour l'essentiel non intégrée, cherchez la responsabilité du côté de l'enseignement et du "droit à la différence", "l'égalité des cultures", etc.,) à la richesse nationale est largement, structurellement, négative. Mais, état providence oblige, générosités par rapport aux plus faibles aussi, notre pays n’a pas su (n’a pas voulu) arrêter (ou limiter) les flots successifs d’immigrés venant chercher en France l’endroit où il fait bon vivre surtout … aux frais de la princesse. De 1974 à 2008 une moyenne de 130.000 immigrés s’est ajouté, année après année, pas tellement aux forces vives de la nation qu’aux bénéficiaires des largesses de l’état providence. Comment cela aurait-il pu être différent ? Il s’agissait des plus faibles, des plus démunis et, tout ce qu’il y a de plus noble, généreux (et totalement irresponsable) dans la nation a sonné le branle bas de combat pour « ne pas laisser sur le bord de la route les plus faibles ». Mais cela avait un prix, on a fait semblant de ne pas le comprendre car … on empruntait ce dont on avait besoin pour couvrir les dépenses.
Et, à la fin, la désindustrialisation. Un état providence qui promeut le chômage au détriment de l’emploi, qui généralise des procédures d’aide affichées ou occultes, qui crée les conditions d’une « vie associative » (1.100.000 d’associations dont 90% « humanitaires, culturelles ou sportives » subventionnées pour l’essentiel par l’état ou les collectivités territoriales et qui emploient 2 millions de personnes) qui nécessite des subventions sans nombre, toutes ou presque visant « une meilleure solidarité sociale » (à ce titre, les dépenses de la Mairie de Paris ont augmenté de plus de 70% entre 2001 et 2007) est condamné à augmenter les prélèvements et, surtout, à augmenter les charges sociales (patronales ou salariales) qui frappent le travail. Cette démarche, constante, depuis une trentaine d’années à conduit à l’enchérissement des produits manufacturés ce qui a conduit, ipso facto, soit à des délocalisations soit à l’abandon des productions industrielles en faveur d’importations significativement moins chères. Tant et si bien qu’en 2009 75% des produits manufacturés commercialisés en France viennent de Chine, d’Inde ou d’autre pays disposant de main-d’œuvre qualifiée mais … bon marché. En se gargarisant avec le « haut niveau des productions industrielles du pays » (les Airbus ou l’industrie militaire) notre pays est devenu un désert industriel en train de se transformer en un énorme « Disney Land », première destination touristique de la planète. La Lorraine ? L’Alsace ? Le Nord ou Centre de la France ? On peut toujours chercher les grandes industries auparavant présentes, on n’en trouve plus grande chose. En détruisant son industrie en faveur des bienfaits que l’état providence a assuré à tous ceux présents sur son territoire notre pays s’est interdit la possibilité d’une renaissance car ne produisant plus des biens à grande valeur ajoutée (pour l’export surtout) il s’est condamné à une déchéance à terme. Mais cela avait un prix, on a fait semblant de ne pas le comprendre car … on empruntait ce dont on avait besoin pour couvrir les dépenses.
Trois catégories de paramètres ont amené notre pays sur la voie du déclin. L’état providence pour les « indigènes » ayant créé l’appel pour l’immigration (on n’a quand même pas accueilli « toute la misère du monde » M. Rocard) et les deux ayant conduit à la désindustrialisation du pays. Et on laisse de côté l’invention des 35 heures par les socialistes, invention qui devait créer des centaines de milliers d’emplois car « on allait partager le travail et donner du mieux vivre au peuple ». Certes, chez nous, on n’a pas trafiqué les comptes (comme en Grèce), certes chez nous tout un chacun paye ses impôts (pas comme en Grèce …). Mais cela ne fait qu’aggraver notre situation car on ne voit pas comment on pourrait augmenter nos impôts (l’état providence absorbe 56% du PIB, champion toutes catégories de l’Europe) ni comment on pourrait recommencer à faire de l’industrie un fer de lance (quand on a autant de fonctionnaires que des travailleurs industriels … il y a quelque chose de pourri dans le royaume …). Et, cerise sur le gâteau, la population du pays prend de l’âge, les retraites sont financées par l’endettement (la CNAV indique s’endetter pour payer un mois sur 12) et on est arrivé à ce que le système par répartition soit sur le point d’imploser : 3,8 personnes qui travaillaient pour une à la retraite en 1978, 1,4 personnes pour un retraité en 2009. Naturellement, nos dirigeants actuels (laissant les socialistes à leurs vieilles lunes « faut taxer les riches, il y a des ressources, il faut une autre croissance » et d’autres ejusdem farinae), la main sur le cœur nous assurent que nous pouvons nous en sortir, que la France se porte mieux que les autres pays de l’Europe et … que l’avenir sera rose. En faisant un peu d’effort sans que cela s’appelle rigueur. Fichtre …
Il ne reste qu’à ajouter le carcan des critères de Maastricht (d’ailleurs pas respectés …) et une monnaie unique qui empêche toute dévaluation (en d’autres temps panacée pour se sortir d’une difficulté économique) pour réaliser que le rêve de l’Europe (fondé sur l’avènement de l’état providence) s’est transformé en cauchemar. Et la France se trouve en Europe …
Bien sûr, la France a connu d’autres périodes difficiles. Fût un temps (de Mac Mahon jusqu’à De Gaulle en passant par Clémenceau ou d’autres) pendant lequel un « sauveur de la patrie » avait le courage et la capacité de remettre le pays sur les rails. Plus maintenant car, d’évidence, ce que l’état providence a fait c’est d’avoir permis au plus grand nombre (et à l’état le premier) de vivre au-dessus de ses moyens en vivant à crédit. On peut toujours s’en prendre aux riches ou aux spéculateurs … car on n’a pas le courage de dire que c’est « le peuple » qui en a profité. Endormi, enivré, anesthésié par une gestion absconse du pays par des gouvernements irresponsables mais soumis à la dictature de la vulgate de gauche … ce « peuple » a laissé faire car cela lui convenait bien. Les reformes ? Encore des billevesées bonnes à endormir « le peuple » qui manifeste contre. En attendant leurs résultats, la France devra emprunter presque 300 milliards d’euros cette année. Manque de chance, les prêteurs commencent à se faire rares. Il ne reste à nos dirigeants, s’ils veulent changer les choses, de suivre la boutade de Bertolt Brecht « puisque le peuple n'est pas d'accord avec le Comité Central, le Comité Central a décidé de changer le peuple ». Vaste programme …