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19 février 2011 6 19 /02 /février /2011 12:08

Des rives du Potomac à celles du Rhin, du Cap Nord à Athènes (restons dans l’Occident libre et ouvert à tous les fantasmes…) un vent d’espoir non dissimulé s’est levé quand les grands du monde, BHO le premier, ont décidé de ne pas sauver le soldat Moubarak. Les uns parce qu’ils croyaient (ils croient encore …) qu’enfin, la démocratie avait rendez-vous avec l’islam en terre arabe. D’autres, parce qu’ils prenaient une revanche sur ceux dont les intérêts les avaient, pendant des décennies, fait admettre une relation forte avec des autocrates plus ou moins fréquentables.


Et pour que la démocratie s’installe dans le pays de pharaons « on » a décidé de confier une mission d’accompagnement et de surveillance à …l’armée égyptienne. Cela ne vous rappelle rien ? Révolté par le déclin de son pays, déclin imputé à l’islam, Kemal Atatürk a pris la tête de la renaissance de la Turquie en s’attaquant à son mal endémique, la religion : « Depuis plus de 500 ans, les règles et les théories d’un vieux Sheikh arabe et les interprétations abusives de générations de prêtres crasseux et ignares ont fixés, en Turquie, tous les détails de la loi civile et criminelle. Elles ont réglé la forme de la constitution, les moindres faits et gestes de la vie de chaque citoyen, sa nourriture, ses heures de veille et de sommeil, la coupe de ses vêtements, ce qu’il apprend à l’école, ses coutumes, ses habitudes et jusqu’à ses pensées les plus intimes. L’islam, cette théologie absurde d’un bédouin immoral, est un cadavre putréfié qui empoisonne nos vies » Et pour s’assurer que l’on ne reviendrait pas en arrière il a confié la mission de surveillance de la démocratie naissante à … l’armée turque. Pendant 60 ans après la 2èmeguerre mondiale, cette armée s’est mise sous la tutelle du gendarme du monde (les Etats Unis) qui lui faisait confiance. « Fast forward » : lui faisant miroiter une admission éventuelle dans leur club, les dirigeants européens ont imposé des reformes à la Turquie dont, la principale, la sortie de l’armée de la vie politique du pays. Cela tombait bien (tombe bien) car un « parti islamique modéré » (pourtant allié des Frères Musulmanq) a pris le pouvoir dans ce pays et le ramène, 80 ans après Atatürk, dans son alma mater, l’islam. En Egypte, l’armée se trouve depuis plus de 30 ans sous la coupe du même gardien du monde qui la subventionne et lui fourni des matériels de guerre.1Certes, l’histoire ne se répète jamais. Sauf, de temps en temps. Il suffit de réfléchir aux années 30 en Europe et à ce qui a suivi pour se demander si ce qui se passe aujourd’hui n’est pas de la même nature : l’ordre nouveau voulu par les nazis, après le monde sans classes voulu par les communistes, n’a comme équivalent que la quête de domination mondiale de l’islam. Alors … ceux qui saluent la « démocratie naissante » en Egypte en confiant la mission d’accompagnement à l’armée (comme, auparavant, en Turquie) devraient, peut-être, se demander si les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets.


Mais commençons par le commencement. Ce qui s’est passé en Egypte, ce pourquoi un million d’égyptiens (sur les 84 millions d’habitants) se sont soulevés contre le régime en place a comme raison essentielle la faim. Moins de 5% des terres d’Egypte, seulement, sont des terres cultivées (environ 35.000 km2pour une superficie totale de plus d’un million de km2). Pour l’agriculture, la terre et l’eau sont les deux ingrédients essentiels : l’eau du Nil a suffi pendant des millénaires, ce n’est plus la cas. En amont, des pays africains commencent à s’attaquer au monopole de l’Egypte sur l’eau du fleuve, en aval, le sel de la Méditerranée avance et rend son eau impropre aux cultures. L’explosion démographique a fait le reste : en 50 ans ce pays à multiplié par trois sa population en la faisant passer de 28 millions à 84 millions …. Un des effets pervers de cette explosion est l’effet divergent sur la capacité du pays à se nourrir : les maigres lopins de terre cultivés par des paysans, pratiquement, sans moyens mécaniques, se partagent à la mort du propriétaire entre ses multiples enfants qui en héritent des lopins encore plus petits … Cet effet est cumulatif et … aujourd’hui l’Egypte est le plus grand importateur de blé au monde.


Evolution-population-Egypte.png 

 

Evolution démographique Egypte

Ceux qui ont mis le feu aux poudres de la révolte ont assigné, à tort, au régime en place la responsabilité de leurs malheurs. La vraie responsabilité incombe à la religion dominante dont un des piliers est la croissance des populations : «  « Un jour, des millions d'hommes quitteront l'hémisphère sud pour aller dans l'hémisphère nord. Et ils n'iront pas là-bas en tant qu'amis. Parce qu'ils iront là-bas pour le conquérir. Et ils le conquerront en le peuplant avec leurs fils. C'est le ventre de nos femmes qui nous donnera la victoire » - Houari Boumediene, discours à l’ONU, 1974.

 

Aujourd’hui ce n’est pas la démocratie que les masses égyptiennes ont comme étendard, c’est de n’avoir rien d’autre que la faim qui les fait agir et comme elles ne peuvent pas s’en prendre à elles-mêmes, elles s’en sont prises à ceux qui en avaient (en confisquant une partie, néanmoins, infime, des ressources du pays). Il ne s’agit pas de défendre un régime qui ne laissait que trop peu de libertés à son peuple. Il s’agit de comprendre qu’en terre d’islam on ne peut pas faire ce que la Chine a fait pour arrêter la croissance de ses populations.


Mais par delà toutes ces considérations voilà les grands de notre monde qui se sont donnés le mot : il ne faut pas sauver le soldat Moubarak. L’état de confusion de la Maison Blanche pendant les trois dernières semaines n’était pas du au hasard : BHO devait naviguer entre sa volonté d’avoir les musulmans du monde entier de son côté et les intérêts géostratégiques des Etats Unis. La valse hésitation qui s’en est suivie n’a été que le résultat de sa schizophrénie idéologique et politique. Mais d’ici à le voir suggérer que « des acteurs non laïques égyptiens participent au processus démocratique » (P. Crowley, porte parole Maison Blanche) il y a quand même une certaine distance. Car le plus connu de ces acteurs non laïques, l’idéologue des Frères Musulmans, Qaradawi (que d’aucuns, dans l’Occident libre et ouvert, considèrent comme « modéré »), rentré au pays après en avoir été banni par le régime précédent, vient de déclarer « il est urgent que des musulmans s’installent en Occident. Il ne faut pas laisser cet univers sous l’influence uniquement des juifs. Le monde musulman, pour survivre, doit s’attaquer aux sionistes, aux Croisés, aux non croyants … » Et les Frères Musulmans (« Allah c’est notre but, le Prophète est notre guide, le Coran est notre loi, le jihad est notre voie et mourir pour Allah est notre vœu le plus fort ») seule entité organisée, disciplinée, prête à tout, de l’Egypte ne peuvent qu’être ravis de la voie que leur ouvre maintenant BHO pour conquérir, à terme, le pays. Se souvient-on, encore, que BHO a invité les Frères Musulmans, au Caire, quand il a prononcé le fameux discours proposant à l’islam un nouvel commencement ? Et ceux qui, aveuglés par la lumière éblouissante de la « révolution démocratique » de l’Egypte vous disent que ce qui s’est passé dans ce pays en 2011 n’a rien à voir avec ce qui s’est passé en Iran en 1979 (le Shah ? Khomeiny ? Carter et Giscard d’Estaing ?) devraient écouter les paroles du même Qaradawi : « les islamistes doivent toujours participer aux élections car, tôt ou tard, ils les gagneront ». Et si ce qui s’est passé à Gaza (Hamas en 2006) ou ce qui se passe actuellement, loin des feux de l’actualité, au Liban (Hezbollah)2 ou l’arrivée au pouvoir en Turquie en 2003 du parti islamique « modéré » ne leur suffi pas pour imaginer ce qui pourrait se passer en Egypte c’est qu’il jouent à la roulette russe mais avec un petit changement : on met cinq balles dans le barillet avant d’appuyer sur la détente.


Les égyptiens, pacifiques et attendrissants, qui manifestaient place Tahrir peut-être voulaient-ils, non seulement avoir à manger à leur faim mais aussi la « démocratie ». Vox populi, vox Dei, soit. Mais, si de l’Atlantique au Pakistan en passant par le Golfe et l’Iran, les mêmes auront comme objectif la destruction du Grand Satan (les Etats Unis) et du petit Satan (Israël) à part BHO qui est prêt à leur obéir, l’Occident doit-il admettre le résultat de la volonté « démocratique » de ces peuples ? Et si l’on dit que « la grande majorité des musulmans n’est pas constituée d’extrémistes » peut-on se souvenir qu’une enquête d’opinion PEW dans 57 pays musulmans constatait que 7% des populations soutenaient Al Qaida ce qui sur les 1,5 Milliard d’êtres représente quand même, 100 millions disposés au jihad visant la conquête du monde ? Et qu'en Egypte, en route vers la démocratie, son peuple soutient la ségrégation homme/femme, la lapidation pour les femmes adultères, couper la main des voleurs et la peine de mort pour apostasie avec des pourcentages allant de 75 à 95%. It’s a long way to Tipperary …


Tandis qu’une autre enquête PEW (2009) constate que 95% des égyptiens, 97% des jordaniens et 98% des libanais, des peuples voisins d’Israël, expriment des opinions défavorables aux juifs … Mais ils ne sont que 75% à exprimer les mêmes opinions parmi les turcs, les pakistanais ou les indonésiens …


Ce qui nous amène à Israël : seul pays au monde dont l’existence est mise en question, occupant 0,5% des territoires du monde arabe, seul parmi 23 pays arabes et 57 pays musulmans dont le seul facteur de cohésion, à part l’islam, est la haine du juif. Rassurez-vous, l’Occident va pleurer toutes les larmes de son corps une fois qu’Israël aura disparu … Si toutefois …


Tout cela n’a pas l’air de préoccuper BHO, la seule chose qui a pu retenir son attention pendant deux années a été la volonté d’Israël de construire quelques appartements à Jérusalem, lieu de mémoire du peuple juif depuis quelques 4.000 ans … Pour réaliser, in fine, que due aux palestiniens, en particulier, et au monde arabe, en général, le conflit israélo-arabe n’est qu’une variante du mythe de Sisyphe.


Et si l’Egypte suit la voie de la Turquie, de l’Iran, de Gaza et du Liban, les Etats Unis l’aidera. Si toutefois BHO est encore en charge de ce pays dans deux ans.

 

 

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1 Depuis la signature du traité de paix avec Israël en 1979, la doctrine militaire de cette armée la prépare à l’affrontement avec l’ennemi le plus probable … Israël.

2 La France, en particulier, elle qui s’est érigée en défenseur du Liban et de ses chrétiens, s’est opposée et s’oppose toujours à considérer le Hezbollah comme une organisation terroriste. Elle le considère comme « un parti politique légitime ayant une aile militaire » Par delà l’incongruité et l’illogisme de l’appréciation, la France ne veut pas admettre qu’il s’agit en réalité, « d’une organisation militaire qui a aussi une branche politique ». En 2000 quand Israël s’est retiré du Liban la France l’assurait « qu’une fois que la retraite sera effective le Hezbollah perdra sa raison d’être militaire et deviendra un parti politique … » Onze ans après le Hezbollah dispose de plus de 14.000 combattants et de plus de 40.000 fusées et autres armes fournies par l’Iran et la Syrie.

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