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23 avril 2022 6 23 /04 /avril /2022 12:51

 Semaine de Pâques pour tous mais, la guerre de M. Poutine ne s’arrête pas bien que le Pape lui ait demandé, gentiment, une pause pour célébrer Pessah, Pâques et/ou le Ramadan. Elle ne s’arrête pas mais deux choses concomitantes ajoutent une grande inconnue quant à son devenir : l’incapacité de l’armée russe à atteindre les objectifs de guerre que M. Poutine lui a assignée, d’un côté et le réveil (un peu tardif, mais) de l’Occident qui met à la disposition de l’Ukraine, en quantités massives, les armes (légères ou lourdes, avions, tanks, radars, canons, drones…) en gros ce de quoi elle a besoin pour transformer en cauchemar le rêve russe de conquête de l’Ukraine, d'un autre côté.

 

Semaine de Pâques. Il y a 80 ans (1942) plus de 33.000 juifs furent assassinés par balles par des troupes allemandes et enterrés à Baby Yar (près de Kiev). Evgheni Evtouchenko, poète, à l’origine de la reconnaissance, 30 ans plus tard, du massacre de juifs de Baby Yar écrivait en 1961 son fameux poème (Je n’ai pas une goutte de sang juif., Mais, détesté d’une haine endurcie, je suis juif pour tout antisémite.). Reconnaissance que le régime soviétique ne voulait prononcer car il ne s’agissait que de juifs… Mais Evtouchenko a écrit, aussi :

 

Les Russes veulent-ils la guerre ?
Demandez-le au silence régnant

au-dessus des labours et des champs,
près des bouleaux et des peupliers.
Demandez-le à ces soldats
gisant sous les bouleaux,
que leurs fils vous disent
si les Russes veulent la guerre.

 

Et à la question, à caractère rhétorique, que me posent certains lecteurs, « si 83% des russes, selon une enquête d’opinion (crédible), soutiennent M. Poutine, le concept « démocratie » n’est-il pas une justification suffisante ? » je me dois de répondre : 83 % des Russes soutiennent M. Poutine ? Une seule réponse possible, celle de Vassily Grossman (Vie et Destin) « Il y a des gens dont l’âme vient de se flétrir, des gens qui sont prêts à accepter n’importe quoi de mauvais - n’importe quoi pour ne pas être soupçonnés d’être en désaccord avec celui qui est au pouvoir »

 

L’armée russe, retirée sur des positions proches de la frontière Ukraine-Russie, en pays russophone (Sud du Donbass) est en train de « déterminer les nouvelles cibles d’une offensive imminente » selon la déclaration de son commandement général. Analysant la situation, au jour le jour, ISW (Institut for the Study of the War) conclut pour le 22.04.22 « La réduction par le Kremlin du rythme des opérations à Marioupol est peu susceptible de permettre le déploiement d’une puissance de combat importante pour soutenir d’autres opérations offensives dans les jours et les semaines à venir. Les forces russes seront certainement en mesure de redéployer certaines unités de Marioupol pour des opérations offensives ailleurs, mais les forces ukrainiennes ont réussi à immobiliser et à dégrader une force russe substantielle et la déclaration de victoire du Kremlin n’a pas libéré en soi 12 BTG (Batalion Tactical Group – MB) de puissance de combat pour d’autres opérations

 

Ce qui veut dire, nonobstant les informations souvent alarmistes quant à l’impossibilité pour les ukrainiens de résister aux russes au Donbass - et, donc, à l’impossibilité de garder le territoire en Ukraine - que de surprises sont en cours de mijoter et qu’elles risquent de nous surprendre – comme le fait qu’après deux mois l’aventure de la soldatesque russe (qui devait mettre à genoux l’Ukraine en trois jours) pourrait ne pas avoir l’issue prévue par M. Poutine. Regardons la carte du Sud Est de l’Ukraine :

En résumé : les troupes russes retirées du Nord après l’échec de la conquête de Kiev + se trouvent dans le Donbass (flèches rouges - les deux républiques fantoches) mais, selon des évaluations diverses (vu qu’elles ont eu plus de 20.000 morts soit entre 40 et 60.000 soldats indisponibles sur le 150.000 qui se trouvaient derrière la frontière avant le 24.02.22) ils ne sont plus que 80 à 90.000 (y compris les éventuelles nouvelles recrues -conscrits, des syriens, des tchétchènes, des libyens). En face d’elles se trouvent (en terrain connu depuis 2014) quelques 80.000 soldats ukrainiens aguerris, fer de lance de cette armée qui surprend le monde depuis deux mois (segments bleus). « L’art de la guerre » considère qu’une armée attaquante devrait avoir trois fois plus de troupes que l’armée défendant un territoire. Autant dire que, pour l’instant, l’issue probable de la tentative de M. Poutine de conquérir le Donbass et détruire l’armée ukrainienne est loin d’être favorable à l’armée russe. Et ISW de conclure :

  • Il est peu probable que la déclaration de victoire du Kremlin à Marioupol permette le déploiement d’une puissance de combat importante pour renforcer les opérations offensives dans l’est de l’Ukraine au cours des prochains jours ou des prochaines semaines
  • Les forces russes impliquées dans la bataille de Marioupol sont probablement lourdement endommagées car les forces ukrainiennes ont réussi à immobiliser et à dégrader une force russe substantielle.
  • Les forces russes ont poursuivi leurs opérations offensives dans l’est de l’Ukraine, mais n’ont réalisé que des gains marginaux.
  • Les forces ukrainiennes ont continué de stopper les attaques russes autour d’Izyum.

 

Certes, l’armée russe continue à faire ce qu’elle fait depuis le début, à savoir utiliser l’artillerie lourde et les fusées détruisant toutes structures immobilières et rasant des villes. Remarquez, elle n’utilise plus les bombardements aériens car elle a perdu jusqu’ici 177 avions ! Quant à l’artillerie, dès que les fameux César français (canons « radarisés » pour répondre, avec précision, à tout tir de canon adverse jusqu’à 40 km !) que la France est en train de faire parvenir à l’Ukraine, la situation changera du tout au tout. Pour avoir une idée de ce que les russes ont perdu en six jours de « calme » regardez le tableau fait pour les principaux équipements (en partant de la situation au 17.04 qui indique les nombres depuis le 24.02 - j’ai laissé de coté les camions d’essence, les radars, les batteries de fusées sol-air, etc.,)

Pour avoir une idée plus précise de ce dont il est question, j’ai reproduit quatre graphiques qui couvrent les équipements de toute nature, les tanks, les avions et le bilan pertes/gains qui en résulte :

Ce qui est poignant c’est que par rapport au commencement de la guerre l’Ukraine a, aujourd’hui, plus de tanks et d’avions (la même chose est valable pour les autres équipements) car elle a récupéré les équipements abandonnés par les troupes russes en détresse ou ceux ne fonctionnant plus en les réparant car les équipements des deux armées sont, pratiquement pour l’essentiel, interchangeables puisque de même origine.

Mais pour montrer qu’elle est active, l’armée russe utilise ses missiles pour détruire également les champs où l’Ukraine produit du maïs et du blé pour le monde entier : un tiers des besoins mondiaux en céréales sont menacés. L’ONU commence à se demander ce qu’on peut encore faire pour mettre fin à ce qui sera à un désastre de la faim de dimension mondiale.

 

Monsieur Guttierez, son Secrétaire Général, aussi, va voir M. Poutine, comme auparavant MM Macron, Scholz, Erdogan, Benett et autres. En espérant un succès là où tous ceux qui ont essayé se sont trouvés devant le mur autistique d’un assassin solitaire qui veut refaire le monde à l’image de ce qu’il était il y a 40 ans. Après avoir réussi à installer un régime autoritaire mais qui a pour lui la deuxième production mondiale de pétrole et de gaz et 145 millions d’habitants qui, dit-on, à 83% supportent ses agissements. Comment est-il possible, vous demandez-vous ? J’ajoute un deuxième extrait de Vassily Grossman : « L’extrême violence des systèmes totalitaires s’est avérée capable de paralyser l’esprit humain sur des continents entiers » et j’ajouterais : notamment dans la Russie de M. Poutine ; le peuple russe est responsable d’avoir créé, pratiquement, chaque siècle un monstre. Regardez l’histoire, depuis Ivan le Terrible à nos jours, où nous avons hérité de vivre avec le dernier.

 

Pourtant, pratiquement, tout le monde en Russie doit avoir une vision suffisamment claire de la guerre et voir que c’est un désastre, que cela coûte des milliers de vies de jeunes russes, qu’elle détruit l’économie russe et poussera en pauvreté des millions, qu’elle unifie et renforce l’OTAN (le contraire de la condition avancée par la Russie pour ne pas lancer sa guerre) qui pourrait fort bien se trouver élargi, qu’il exacerbe le nationalisme ukrainien et qu’il a fait de Volodymyr Zelensky une légende. A tel point que NYT (19.04.22) publie sous la signature de Brett Stephens un texte dithyrambique à sa gloire :

 

« Nous l’admirons parce que, face à l’inégalité des chances, le président de l’Ukraine tient bon. Parce qu’il prouve la vérité de l’adage qu’un homme courageux fait la majorité. Parce qu’il montre que l’honneur et l’amour du pays sont des vertus que nous abandonnons à nos risques et périls. Parce qu’il montre le pouvoir de l’exemple personnel et de la présence physique. Parce qu’il sait comment les mots peuvent inspirer les actes — leur donner forme et but — afin que les actes puissent, à leur tour, confirmer le sens des mots. Nous admirons Zelensky parce qu’il nous rappelle à quel point ces traits sont devenus rares chez nos propres politiciens. Zelensky était un acteur qui a utilisé sa célébrité pour devenir un homme d’État. La politique occidentale est envahie par des gens qui se font passer pour des hommes d’État pour devenir des célébrités (MB).

 

Les russes. M. Poutine a réussi à ce que le monde entier les déteste comme étant des brutes désinformées et incompétentes sur la scène mondiale. Tous ceux qui ont accès à des renseignements fiables en Russie, pourtant, peuvent voir qu’une victoire éclatante pour leur pays n’est pas à portée de main, et que le scénario le plus optimiste est un scénario long, difficile et sanglant qui pourrait, éventuellement, au maximum, consolider certains gains dans l’est de l’Ukraine. La conquête de Kiev ou la division de l’Ukraine ne sont pas plausibles et encore moins réalistes. Même les serviteurs de l’Etat russe (surtout eux) ou qui travaillent dans les médias d’État, doivent commencer à se demander pourquoi cette « opération militaire spéciale » contre une bande de soi-disant nazis toxicomanes (juifs de surcroît) en est à son deuxième mois, pourquoi Kiev n’a pas été conquise et pourquoi le navire amiral le Moskva a été coulé. Même si sur les 510 marins à bord il n’y aurait eu qu’UN mort selon le ministère russe de la défense.

 

Cela étant, les ressources maléfiques de M. Poutine peuvent nous réserver d’autres surprises. Surtout si son aventure en Ukraine se solde par un échec. Il faudrait se souvenir des paroles de W. Churchill « Ce voyage étrange » est un voyage dans l’inconnu, comme toutes les guerres ». Le mieux que l’Occident puisse faire est de se préparer au pire.

 

 

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17 avril 2022 7 17 /04 /avril /2022 08:05

Presque deux mois depuis que M Poutine a lancé la soldatesque russe dans une aventure pour laquelle toutes les hypothèses de départ (blitzkrieg de 3 jours, fuite du gouvernement du juif nazi Zelenski, « libération » souhaitée par le peuple russophone/ukrainien, conquête de Kiev immédiate, inaction des occidentaux, effets minimes d’éventuelles sanctions) se sont révélées inexactes. Et devant l’étendue de ce qui pourrait se révéler une catastrophe il ne fait qu’escalader vers des sommets qui pourraient être encore plus dangereux que ce l’on a déjà vu.

Recommençons. La guerre, commencée le 24 février pour déloger le gouvernement du « juif nazi Zelenski » de l’Ukraine devait durer trois jours, au maximum. C’était la première phase de « l’opération militaire spéciale » lancée par M. Poutine. Ne réussissant pas, elle s’est prolongée par une tentative de conquérir, sinon toute l’Ukraine, au moins sa moitié à l’Est mais y compris sa capitale, Kiev. Ne réussissant pas mieux pendant, presque trois semaines, les troupes russes faisant face à des immenses pertes de personnel et de matériel se sont retirées vers le Sud-Est pour se regrouper, réparer ce qui pouvait l’être, refaire des stocks de munitions et logistiques diverses et incorporer de nouvelles recrues, d’évidence mal formées, de la vraie « chair à canon » Un nouveau commandant a été nommé et… on attend le recommencement de la guerre, phase finale selon les stratèges en fauteuil qui sont encore éberlués par la résistance de l’armée et du peuple ukrainien. Stratèges qui devraient accepter le fait que les Ukrainiens sont maintenant les experts mondiaux de la lutte contre les Russes - pas eux. Ils ont prouvé, grâce à leurs compétences et à leurs succès, qu’ils peuvent faire beaucoup plus que ce dont on les créditait.

Bon. Pour l’instant l’invasion de l’Ukraine par la Russie stagne et ses forces se tournent vers le champ de bataille à l’Est (pour conquérir le Donbass). La guerre entre dans une nouvelle phase, que l’on considère plus dangereuse. Marioupol est l’exemple de ce que l’armée russe sait faire : une ville rasée à terre (comme Grozny, premier succès de M. Poutine), 24.000 morts (selon des données crédibles) et plus de 250.000 réfugiés ayant fuit l’endroit. Marioupol, Guernica de notre temps, nous est offert par la grâce de M. Poutine. Car la guerre en Ukraine est maintenant, sans équivoque la guerre de Poutine qu’il ne peut pas perdre, sans risquer son régime et même sa vie. Réfléchissez à la conclusion logique de ce que vous venez de lire : les combats continuant, s’il est poussé à choisir entre une retraite ignominieuse ou escalader le niveau de violence, il faudrait nous préparer au pire. Il l’a déjà dit, il a rappelé que la Russie est une puissance nucléaire.

Mais un événement d’importance insoupçonnée vient de se produire : la destruction du navire amiral Moskva par deux missiles de fabrication ukrainienne.

Pourquoi était-il vital de détruire Moskva pour la puissance aérienne ukrainienne dans le Sud et la mer Noire ? Regardez la carte :

Moskva était dotée de 64 fusées pour le système S-300, et constituait, essentiellement un atout de déni massif pour l’aviation ukrainienne dans le Sud. En clair, l’interdiction de voler dans la région ! Moskva commandait la flotte russe en Mer Noire, sa destruction (on ne sait pas exactement ce qui s’est passé avec les 510 marins à son bord…) et sa disparition empêche (a) les autres bateaux de tenter un débarquement de troupes (elles étaient préparées à cela, pour prendre Odessa, principal port de l’Ukraine en Mer Noire) et (b) empêche l’aviation russe d’évoluer sans riposte possible dans le Sud-Est de l’Ukraine qu’elle doit bombarder pour rendre possible l’occupation du Donbass par l’armée russe. La perte du navire est un coup difficile à supporter pour la Russie : Moskva a été conçu pour transporter des ogives nucléaires qui pourraient s’insérer dans le nez de ses missiles supersoniques P-1000 – conçus pour éliminer les porte-avions américains, (Dailywire.com, Sidharth Kaushal, chercheur en énergie maritime au Royal United Services Institute, un groupe de réflexion basé à Londres). « C’est important parce que pour le genre d’opération pour laquelle la flotte de la mer Noire est conçue, le Moskva a la capacité de rester en retrait et de créer une défense aérienne pour le reste de la flotte, tout en assurant le commandement et le contrôle. » Bloomberg 14.04.22

Alors ? La stratégie militaire russe prévoit aussi un autre concept : « escalader pour dé-escalader ». Malheureusement pour M. Poutine, ce concept se trouve contraire au mur (qui commence à devenir infranchissable) de la destruction de l’économie russe. L’économie russe croule sous le coût de la guerre et des sanctions : l’inflation devrait dépasser 20%, elle devrait se contracter de 11,2% cette année SI la guerre s’arrête maintenant, (Banque Mondiale, Reuters.com, 12.04.22), les actions russes négociées à Londres sont en baisse de plus de 90%. L’effet des sanctions très sévères et très globales imposées à la Russie par la plupart des grandes puissances économiques du monde ne fera qu’augmenter avec le temps. La réduction des livraisons de gaz et pétrole (3 millions de barils/jour de moins, soit plus de 200 millions de $/jour) commence à être significative). Certains analystes, prenant en charge l’hypothèse d’une guerre ne finissant pas avant la fin de l’année, tablent sur une perte de PIB de l’ordre de 50% avec une inflation, probablement, de 24%, la plus grande depuis 1999 !

Alors ? L’armée russe qui s’est révélée incompétente sur le plan tactique, peu imaginative sur le plan de la conception opérationnelle, obtuse sur le plan de la stratégie et incompétente pour la logistique et l’entretien de base ne peut faire que deux choses : utiliser l’artillerie lourde et sa puissance de feu contre les objectifs, premièrement, civils et faire partir la population, au besoin en commençant par la massacrer. C’est ce qu’elle fait et ce qu’elle prépare. Malheureusement, si « Poutine trouve que son armée subit une terrible défaite sur le champ de bataille conventionnel, par exemple, on ne peut exclure qu’il puisse tenter de forcer le président ukrainien Volodymyr Zelensky à se rendre, en utilisant une arme nucléaire tactique - avec des conséquences néanmoins dévastatrices - sur l’une des plus petites villes d’Ukraine. Et si les États-Unis devaient réagir de la même façon, nous pourrions assister à un jeu de « poulets nucléaires » encore plus dangereux que la confrontation sur Cuba de Kennedy/Hrusciov. (Foreign Policy, 05.04.22 - MB)

Et le peuple russe, dont les bonnes âmes à l’Ouest n’arrêtent pas de considérer comme non responsable de ce que leur pays fait ? Les « citoyens russes » qui ont « élu » M. Poutine dans toutes les « élections » depuis 22 ans, qui acceptent ses politiques nationale et étrangère, qui ne luttent pas pour leur droit ou pour les droits de l’homme en général. [Je l’ai déjà écrit… les Allemands après 1945] ils font semblant de ne rien savoir. Car la population russe croit dur comme fer (83% soutenant M. Poutine) savoir pourquoi la Russie se bat : soi-disant, pour sa propre sécurité face à l’agression occidentale, et contre le nazisme.

Le peuple russe devrait savoir qu’il est le premier responsable de ce que son armée fait. Il devrait savoir que There is no free lunch, dit l’adage américain.

Ils devrait, au moins savoir, que les pertes russes au 15.04.22 sont : 19.500 morts (multipliez par 2 ou 3 pour le nombre de blessés), 154 avions/drones, 137 hélicoptères, 725 tanks, 1.923 véhicules blindés, 347 systèmes d’artillerie, 11 lanceurs multi-roquettes, 55 systèmes anti-aériens, 4 fusées balistiques courte distance (Yeni Shafak, Turquie). Si les données (fournies par le Commandement Général Ukrainien) sont véridiques, l’armée de 200.000 soldats massés derrière la frontière ukrainienne avant le déclenchement de la guerre aurait été amputée d’au moins 35%, sinon plus. Et l’arrivée du « boucher de la Syrie », le général qui vient de prendre la commande des troupes russes, ne changera rien. Sauf la destruction méthodique des infrastructures, surtout, civiles et l’augmentation du flot de réfugiés, aujourd’hui de presque 5 millions.

La Russie échouera (échoue) dans sa tentative d’occuper l’Ukraine. Ce faisant, la Russie subit des pertes incommensurables sur le plan de sa capacité militaire, de sa force économique et de sa réputation internationale. Il est maintenant clair que la Russie n’est pas une grande puissance dans la même ligue que les États-Unis et la Chine. Et que l’aphorisme de John Mc Cain est toujours de rigueur : « La Russie est une station d’essence qui prétend être un pays » (Le Point 27.08.18). Etrange transformation quand on pense à son passé de pays instruit et cultivé et de sa contribution, majeure, à l’histoire et à la culture de l’Europe.

 

 

 

 

 

 

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10 avril 2022 7 10 /04 /avril /2022 12:02
Le 26 février, à peine deux jours après le début de la guerre, l’agence de presse d’État russe RIA Novosti a publié un article d’opinion intitulé « The Coming of Russia and of the New World  (MB) ». Son auteur, sans aucune trace d’ironie, loue le président russe Vladimir Poutine pour la « solution opportune de la question ukrainienne ». Quelques heures plus tard, l’article a été supprimé et n’est maintenant disponible que dans les archives web. Lire l’article, qui supposait que la victoire allait venir sous quelques jours, permet de comprendre mieux à quoi il eût fallu s’attendre si elle était là.
 
Mais la guerre continue …
 

Petr Akopov

A new world is being born before our eyes. Russia’s military operation in Ukraine has ushered in a new era – and in three dimensions at once. And of course, in the fourth, internal Russian. Here begins a new period both in ideology and in the very model of our socio-economic system – but this is worth talking about separately a little later.

Russia is restoring its unity – the tragedy of 1991, this terrible catastrophe in our history, its unnatural dislocation, has been overcome. Yes, at a great cost, yes, through the tragic events of a virtual civil war, because now brothers, separated by belonging to the Russian and Ukrainian armies, are still shooting at each other, but there will be no more Ukraine as anti-Russia. Russia is restoring its historical fullness, gathering the Russian world, the Russian people together – in its entirety of Great Russians, Belarusians and Little Russians. If we had abandoned this, if we had allowed the temporary division to take hold for centuries, then we would not only betray the memory of our ancestors, but would also be cursed by our descendants for allowing the disintegration of the Russian land.

Vladimir Putin has assumed, without a drop of exaggeration, a historic responsibility by deciding not to leave the solution of the Ukrainian question to future generations. After all, the need to solve it would always remain the main problem for Russia – for two key reasons. And the issue of national security, that is, the creation of anti-Russia from Ukraine and an outpost for the West to put pressure on us, is only the second most important among them.


The first would always be the complex of a divided people, the complex of national humiliation – when the Russian house first lost part of its foundation (Kiev), and then was forced to come to terms with the existence of two states, not one, but two peoples. That is, either to abandon their history, agreeing with the insane versions that “only Ukraine is the real Russia,” or to gnash one’s teeth helplessly, remembering the times when “we lost Ukraine.” Returning Ukraine, that is, turning it back to Russia, would be more and more difficult with every decade – recoding, de-Russification of Russians and inciting Ukrainian Little Russians against Russians would gain momentum. Now this problem is gone – Ukraine has returned to Russia.

This does not mean that its statehood will be liquidated, but it will be reorganized, re-established and returned to its natural state of part of the Russian world. In what borders, in what form will the alliance with Russia be fixed (through the CSTO and the Eurasian Union or the Union State of Russia and Belarus)? This will be decided after the end is put in the history of Ukraine as anti-Russia. In any case, the period of the split of the Russian people is coming to an end.

And here begins the second dimension of the coming new era – it concerns Russia’s relations with the West. Not only Russia, but the Russian world, that is, three states, Russia, Belarus and Ukraine, acting in geopolitical terms as a single whole.

These relations have entered a new stage – the West sees the return of Russia to its historical borders in Europe. And it is loudly indignant at this, although in the depths of its soul he must admit to itself that it could not be otherwise.
Did someone in the old European capitals, in Paris and Berlin, seriously believe that Moscow would give up Kiev ? That the Russians will forever be a divided people? And at the same time when Europe is uniting, when the German and French elites are trying to seize control of European integration from the Anglo-Saxons and assemble a united Europe? Forgetting that the unification of Europe became possible only thanks to the unificati-on of Germany, which happened according to the good Russian (albeit not very smart) will. To swipe after that also on Russian lands is not even the height of ingratitude, but of ge-opolitical stupidity. The W-est as a whole, and even m-ore so Europe in particular, did not have the strength to keep Ukraine in its sphere of influence, and even more so to take Ukraine for itself. In order not to understand this, one had to be just geopolitical fools.

More precisely, there was only one option: to bet on the further collapse of Russia, that is, the Russian Federation. But the fact that it did not work should have been clear twenty years ago. And already fifteen years ago, after Putin’s Munich speech, even the deaf could hear – Russia is returning.
Now the West is trying to punish Russia for the fact that it returned, for not justifying its plans to profit at its expense, for not allowing the expansion of the western space to the east. Seeking to punish us, the West thinks that relations with it are of vital importance to us. But this has not been the case for a long ti-me – the world has changed, and this is well understood not only by Europeans, but also by the Anglo-Saxons who rule the West.

No amount of Western pressure on Russia will lead to anything. There will be losses from the sublimation of confrontation on both sides, but Russia is ready for them morally and geopolitically. But for the West itself, an increase in the degree of confrontation incurs huge costs – and the main ones are not at all economic.
Europe, as part of the West, wanted autonomy – the German project of European integration does not make strategic sense while maintaining the Anglo-Saxon ideological, military and geopolitical control over the Old World. Yes, and it cannot be successful, because the Anglo-Saxons need a controlled Europe.
But Europe needs autonomy for another reason as well — in case the States go into self-isolation (as a result of growing internal conflicts and contradictions) or focus on the Pacific region, where the geopolitical center of gravity is moving.
But the confrontation with Russia, into which the Anglo-Saxons are dragging Europe, deprives the Europeans of even the chance of independence – not to mention the fact that in the same way Europe is trying to impose a break with China. If now the Atlanticists are happy that the “Russian threat” will unite the Western bloc, then in Berlin and Paris they cannot fail to understand that, having lost hope for autonomy, the European project will simply collapse in the medium term.

That is why independent-minded Europeans are now completely uninterested in building a new iron curtain on their eastern borders – realizing that it will turn into a corral for Europe.

Whose century (more precisely, half a millennium) of global leadership is over in any case – but various options for its future are still possible.
Because the construction of a new world order – and this is the third dimension of current events – is accelerating, and its contours are more and more clearly visible through the spreading cover of Anglo-Saxon globalization.
A multipolar world has finally become a reality – the operation in Ukraine is not capable of rallying anyone but the West against Russia.
Because the rest of the world sees and understands perfectly well – this is a conflict between Russia and the West, this is a response to the geopolitical expansion of the Atlanticists, this is Russia’s return of its historical space and its place in the world.

China and India, Latin America and Africa, the Islamic world and Southeast Asia – no one believes that the West leads the world order, much less sets the rules of the game. Russia has not only challenged the West, it has shown that the era of Western global domination can be considered completely and finally over.
The new world will be built by all civilizations and centers of power, naturally, together with the West (united or not) – but not on its terms and not according to its rules.

 

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5 avril 2022 2 05 /04 /avril /2022 08:45

Peu d’entre nous pensaient que la guerre en Ukraine allait durer aussi longtemps qu’elle dure. On acceptait, d’une manière subliminale, volens-nolens, la victoire de l’armée russe car c’est la deuxième armée du monde, puissance nucléaire (plus de 6.000 engins capables de détruire plusieurs fois la planète) tout en lui cherchant des circonstances atténuantes pour ce qu’elle annonçait vouloir faire. Le cas de l’OTAN, le comportement des Etats Unis, le démembrement de l’URSS, bref, on regrettait le sort de l’Ukraine mais la Russie …

Mais M.Poutine sait, maintenant, cinq semaines après le lancement de son opération spéciale qui devait durer quelques jours, que même s’il arrivait à écraser l’Ukraine et/ou à déporter toute sa population, il ne peut pas gagner cette guerre. Négocier ? Quoi ? C’est une autre paire de manches. Mais comment est-on arrivé là ?

 

Depuis le premier texte consacré à « l’opération spéciale » russe en Ukraine (elle s’appelait initialement « opération militaire spéciale » pour éviter d’utiliser le mot « guerre ») je n’arrête pas de dire que M. Poutine va perdre la guerre. Un faisceau d’indices concordants laissait voir, assez clairement, et de plus en plus vérifiable, l’issue de l’aventure de M. Poutine.

 L’annonce, la semaine dernière, par la Russie du déplacement de ses opérations offensives vers l’est de l’Ukraine – pour « libérer le Donbass » vient de prouver que M.  Poutine a admis qu’il ne peut pas gagner la guerre dans les termes  qu’il avait énoncés lors de son ouverture : prendre Kiev en 24 heures, faire partir le gouvernement « nazi » du juif Zelinsky, dénazifier et démilitariser le pays, rendre la « liberté » aux ukrainiens russophones de deux républiques fantoches au Donbass, entériner la conquête de la Crimée. Avant d’aller plus loin, il me semble utile de rappeler les « tenants » pour mieux comprendre « les aboutissants » de l’aventure de M. Poutine. Plantons le décor.

Après l’éclatement du Pacte de Varsovie (1990) et le démembrement de l’Union soviétique (1991), les anciennes républiques de l’URSS ont officiellement reconnu l’indépendance de l’Ukraine – comme cette dernière a fait de même pour les 14 autres sœurs. Un traité russo-ukrainien (1990 ) garantissait les frontières existantes entre la Russie et l’Ukraine. Ensuite, l’Accord de Minsk (1991) a obligé la Russie/l’Ukraine/la Biélorussie à reconnaître et à respecter l’intégrité territoriale de l’autre et l’inviolabilité des frontières existantes. Mais l’Ukraine était le troisième plus grand pays du monde pour les armes nucléaires (plus de 2.500 engins, chacun plus dangereux que les autres). Trois pays -le Royaume-Uni, les États-Unis et la Russie- ont signé le Mémorandum de Budapest en 1994, garantissant de respecter la souveraineté territoriale de l’Ukraine en échange de l’abandon de ses armes nucléaires données à la Russie.  Ensuite, un Traité d’amitié russe/ukrainien (1998) a fixé les principes d’un partenariat stratégique, l’inviolabilité des frontières existantes et le respect de l’intégrité territoriale. Clair ? M. Poutine, en lançant sa guerre a fait fi de 30 ans d’histoire. Pensait-il que les autres pays, l’Ukraine y compris, allaient rester cois ? C’est le temps long.

Mais il y a eu un temps court aussi. Au début de novembre 2021, quelques mois avant le début de la guerre, le directeur de la CIA, William Burns, s’est rendu à Moscou pour lancer un avertissement : « Les États-Unis croient que le président russe Vladimir Poutine se prépare à envahir l’Ukraine. S’il allait de l’avant, il allait faire face à des sanctions paralysantes de la part d’un Occident uni. »

M. Burns était connecté sur un téléphone sécurisé du Kremlin avec M. Poutine, qui était à Sotchi (station balnéaire de la mer Noire - MB), isolé de tous sauf quelques confidents. Le Président russe n’a fait aucun effort pour nier l’accusation de M. Burns. Au lieu de cela, il a récité calmement une liste de griefs sur la façon dont les États-Unis avaient pendant des années ignorés les préoccupations de la Russie en matière de sécurité. WSJ 01.04.22.

Souvenons-nous, à l’époque personne ne voulait croire que M. Poutine allait envahir l’Ukraine SAUF les Etats Unis dont le manque de crédibilité, pour le monde entier, n’était plus à démontrer (armes de destruction massive en Irak, ligne rouge en Syrie, débandade pour quitter l’Afghanistan, etc.,). Personne ne voulait croire que la Russie lancerait la plus grande offensive militaire en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, tellement l’idée semblait irréelle. Les chars massés du côté russe de la frontière allaient s’emparent du territoire ? C’est anachronique, disaient les sceptiques. Bombarder la population des villes ? Que diable, nous sommes dans le 21ème siècle, en Europe.

Pourtant … il a lancé une guerre « conventionnelle » et tous les stratèges de l’Occident ont supputé non pas l’issue de la guerre mais la durée de la résistance de l’Ukraine : trois jours ? une semaine ? deux ? Cela semblait tellement peu probable que l’Ukraine résiste aux 200.000 soldats massés derrière la frontière ou aux 1.300 chars et aux centaines de pièces d’artillerie.

Et il n’a pas hésité à utiliser de nouveaux armements : fusées ultra rapides, munitions « thermobariques», lanceurs de mines …  Les forces russes ont utilisé  le système de pose de mines ISDM Zemledeliye en Ukraine, marquant les débuts du système au combat. La vidéo qui circule sur les réseaux sociaux depuis le 27 mars montre deux véhicules lançant chacun une salve complète de 50 roquettes chargées de mines. ) La séquence a été prise dans l’oblast de Kharkiv.) Janes.com 30.03.22

L’armée russe a déployé ses forces et ses actions selon sa « stratégie » (Berlin, Groznyï, Syrie) pour détruire les villes, faire fuir la population et provoquer, sciemment, une vague de réfugiés dont la dimension est inconnue depuis la fin de la 2ème guerre mondiale. Ensuite, occuper le terrain.

Regardez le tableau du Service Suisse de l’Immigration (au 29.03.22) :

Et pourtant … Un mois plus tard, la situation est radicalement différente. Les troupes russes n’étaient pas bien préparées, les soldats pensaient se trouver en entrainement, l’armement était inadéquat ou dans un mauvais état, le commandement, pour le moins, en deçà de ce qui est normal et la logistique pour tout dire absente. En revanche, les Ukrainiens se sont découverts aptes à se battre, non pas pour résister mais pour gagner ! Utilisant des armes antichars et antiaériennes fournies par les États-Unis et certains  pays européens (pas encore la France …), ils ont réussi  non seulement à freiner l’avancée russe mais, pour tout dire, obliger l’armée russe d’opérer une retraite, certes honteuse, mais nécessaire. Mais pas seulement.

Au cours de la dernière semaine, le sort des armes semble avoir tourné. Les Ukrainiens ont pu prendre l’offensive et reprendre les villes au nord de Kiev, près de Marioupol dans le Sud, et proches de Kharkiv dans l’Est. Et on apprend (en partie vérifié par ORYX) que depuis le début de la guerre, la Russie aurait perdu environ 17.200 soldats, 597 chars, 1.710 véhicules blindés de combat, 303 systèmes d’artillerie, 96 systèmes de roquettes à lancements multiples, 127 avions et drones et 129 hélicoptères et sept navires (Ministère de la Défense de l’Ukraine).

Bon, même si les choses ne se passent pas aussi bien pour les ukrainiens (selon des calculs savants leur PIB de l’année sera de 45% inférieur à celui de l’année dernière et les destructions opérées par l’armée russe -routes, infrastructures, immobilier, équipements privés ou publics, etc.,- sont évaluées à 500 milliards d’euros) on doit s’arrêter une seconde et se demander « que s’est-il passé » ?

Trois aspects à regarder de près :

  • on a remarqué que parmi les plus de 4 millions de réfugiés ayant quitté l’Ukraine il n’y avait, pratiquement, pas des hommes en âge de se battre ; la démographie nous indique que, probablement 1,2 à 1,5 millions d’hommes sont restés et en armes ; sans doute avec des entrainements sommaires au combat et au maniement des armes mais, à la fin, il y aurait -avec l’armée officielle de 200.000 hommes- quelques 1,5 millions de « soldats » qui s’opposent aux environ 150.000 soldats russes restant valides – à 10 contre un, avec des armes d’une utilisation plus que facile (viser-tirer, « fire and forget ») devant une armée en terrain étranger – ceci explique, en partie, cela ;
  •  
  • les armes – les systèmes anti-char (Javelin, NLAW, Strela) tirent des missiles dont le prix va de plusieurs centaines d’euros (Strela ou des RPG) à 150.000$ -Javelin – les ukrainiens en ont reçus des milliers et détruisent des chars qui valent entre 2 et 3 millions d’euros ou des systèmes d’artillerie, de communication, de transport valant aussi des millions d’euros ; l’armée russe a été obligée, forcée, de battre en retraite car elle commençait à manquer de tout (hommes, armes, munitions) (SALON 02.04.22) ;
  •  
  • la troisième raison pour laquelle M.Poutine ne peut pas gagner la guerre est économique – on sait, la moitié des réserves russes (env. 330 milliards d’euros) se trouve dans des banques occidentales ; non seulement (sanctions) la Russie ne peut pas avoir accès à ces réserves mais il est certain que, la paix arrivée (?!) elles seront gagées pour payer les destructions en Ukraine ; mais il y a mieux – la réduction des ventes de gaz et pétrole arrivant (si l’Occident et l’Allemagne sont sérieux) la Russie aura du mal à rembourser les prêts venant à échéance (environ 20% du PIB) et, certainement, encore plus de mal à pouvoir obtenir des prêts sur le marché vu son état de paria ; l’économie russe qui était déjà flageolante avant la guerre sera incapable de faire face à ses charges habituelles.

Alors ? D’un côté, la Russie devenue un état paria (pour de très longues années) - changement de moeurs, technologies nouvelles, concepts scientifiques, échanges artistiques, économiques, etc., devenus impossibles (450 très grandes sociétés mondiales s’en sont déjà retirées du marché russe). D’un autre côté, sous la propagande unique de l’état on constate que « on peut mentir sur tout, à tout le monde, tout le temps » ! Et la société russe (comme celles d’autres pays “autoritaires” (totalitaires ?) comme Cuba, Venezuela, par exemple, se recroqueville et - l’instinct de conservation jouant son rôle - vit selon ce qu’on lui permet/demande. C’est déjà le cas pour les 75% des russes qui approuvent ce que l’on fait en Ukraine et qui supportent VVP à 83% !

Quant aux sociétés occidentales « Quelle preuve existe-t-il que Xi Jin Ping et l’ayatollah Khamenei sont moins attachés à leurs idéologies diaboliques que Vladimir Poutine? Pourquoi devrions-nous nous inquiéter moins de l’invasion chinoise de Taïwan ou de l’attaque iranienne contre Israël que des desseins de Poutine en Ukraine? Lorsque les hommes forts vous disent qu’ils sont sur le point de semer le chaos, ne fermez pas vos oreilles. Ce qu’ils disent pourrait sembler improbable. Cela pourrait vous sembler hors de ce monde. Ce n’est pas le cas. Ne rejetez pas les dirigeants des États voyous. Ne doutez pas d’eux. Croyez-les. » Commentary, Avril 2022

Et pourquoi ne pas faire nôtre le précepte de la Torah : Si quelqu’un vient te tuer, lève-toi plus tôt que lui, pour le tuer ?

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25 mars 2022 5 25 /03 /mars /2022 21:33

Un mois et un jour se sont écoulés et « l’opération spéciale » de M. Poutine qui devait prendre moins de trois jours continue. Avec son cortège de morts, de blessés, de villes détruites et de menaces de faire pire si…

Le pire, selon les spécialistes des affaires militaires : continuer l’escalade jusqu’à la destruction de l’Ukraine par des moyens conventionnels ou utiliser le nucléaire tactique pour obtenir la même chose mais plus rapidement. Quelle belle alternative !

 

Les réunions et les voyages des grands de ce monde continuent à nous faire penser à l’empreinte « carbone » de tout cela mais comme il s’agit d’une bonne cause, on l’accepte. Bonne cause ? Sommes-nous sûrs de cela ?

 

Sans tenter de faire un bilan exhaustif du mois passé depuis que M. Poutine à lancé sa guerre pour envahir l’Ukraine force nous est de reconnaître que :

a. l’armée russe ayant perdu l’avantage de la surprise, une (grande ?) partie de sa capacité de mobilité, une partie de ses équipements lourds et une partie significative de ses forces premièrement engagées (robustes, aguerries – forces spéciales, etc.,) en est réduite depuis quinze jours à utiliser essentiellement les bombardements aériens, l’artillerie lourde et les missiles de croisière ; les outils utilisés à part, elle est en train de faire une guerre du 17ème siècle (villes assiégées, population sans nourriture ou eau, en fuite ou déportée) et on voit le résultat (drones ou satellites) à Marioupol ou Mykolaïv en attendant de voir la même chose à Odessa ou Kiev ;

b. l’armée ukrainienne (et « le peuple en armes ») que tous les spécialistes en fauteuil considéraient comme incapable de résister à l’armée russe, non seulement font le contraire mais lui impose l’inconvénient de la station sans mobilité, obtenant l’avantage de détruire ses équipements comme au tir aux pigeons dans les foires des villages ; elle a imposé à l’armée russe les éléments d’une guerre asymétrique avec les avantages du « faible vis-à-vis du fort », communément appelé l’effet David vs Goliath.

Les deux paragraphes précédents sont le reflet de ce qui s’est passé depuis 28 jours. En effet, l’armée russe qui n’avance plus au pas de courses est en proie à l’incompétence, au manque d’approvisionnement, à la corruption, au bas moral des troupes, aux mauvaises tactiques et à une cause à laquelle ses soldats ne croient pas. Ayant perdu une partie des ses forces qualifiées dans les premiers jours de la guerre et réduite maintenant à utiliser des soldats de conscription (19/21 ans, mal formés et ne sachant pas ce qu’ils sont en train de faire là). Elle en est réduite à utiliser des réservistes mais… les réservistes russes ne sont pas comme les Israéliens, ou les Finlandais ou comme la Garde Nationale américaine : ils sont mal équipés et ne s’entraînent pas.

Ce que l’on vient de voir c’est qu’avec suffisamment d’armes, biens choisies, les Ukrainiens peuvent briser les envahisseurs. Ce que les Ukrainiens ont, à part la décision (semblant unanime) des hommes du pays de repousser l’envahisseur, « ils ont derrière eux les industries militaires de pays comme les États-Unis, la Suède, la Turquie et la République tchèque. Chaque jour, des milliers d’armes de pointe arrivent en Ukraine : les meilleurs missiles antichars et antiaériens au monde, ainsi que des drones, des fusils de sniper et tout le matériel de guerre ». (The Atlantic, 21.03.22).

J’ai résumé, dans le tableau qui suit, les pertes de l’armée russe telles que déterminées (identités, photos, endroits) par le portail Oryx (https://www.oryxspioenkop.com/2022/02/attack-on-europe-documenting-equipment.html :

Le portail consultancy.eu a tenté une évaluation du coût de la guerre pour la Russie pour une première période de 100 heurs (4 jours, champ de bataille + pertes humaines) :

Juste pour ne pas l’oublier, on compte entre 2,5 et 3,0 millions de $ pour un tank (et quand il est détruit il est rare que les trois servants - au moins - sortent vivants), 80 à 90 millions de $ pour un avion et, par exemple, 500.000$ pour des véhicules de transport de troupes (blindés). Et on comprend pourquoi on considère que le coût de la guerre (champ de bataille, équipements, vies humaines, dépréciation monnaie, pertes boursières, etc.,) se situe quelque part entre 5 et 20 milliards de $ /jour !

Les pertes de chars ont, en réalité, changé le cours de la guerre en faveur des soldats ukrainiens. On se souvient de la colonne de 56 chars « tchétchènes » détruits en totalité avec le général les commandant. Bien entendu, les pertes ukrainiennes sont importantes aussi mais, selon le même portail, elles ne dépassent pas le tiers des pertes russes. Et puis les pertes humaines : selon le même portail (corroboré par l’OTAN et, même, par une info publiée - et retirée rapidement - par Komsomolskaya Pravda, 21.03.22, journal pro-Poutine) elles seraient de plus de 15.000 morts pour l’armée russe et, compte tenu des indices militaires (2/3 blessés pour un mort), au moins 30.000 blessés. Autant dire que l’Armées russe doit faire face à une réduction de ses forces initiales (200.000 hommes) de l’ordre de 20/25%. Et on apprend qu’elle est en train de faire venir des soldats tchétchènes ou… 40.000 syriens ! D’évidence, dans les conditions actuelles, de la « chair à canon » (Le Parisien, 15.03.22).

Pour comprendre mieux l’échelle des évènements auxquels nous assistons de loin, on a comparé les pertes de l’armée russe pendant dix ans en Afghanistan (1979 à 1989) avec celles d’Ukraine pendant moins d’un mois :

La colonne de gauche Afghanistan, celle de droite Ukraine. Même plus de généraux (6) perdus en Ukraine (El Pais 23.03.22).

Je n’arrête pas, depuis les premiers jours de la guerre de dire que M. Poutine a (ou aura) perdu la guerre. « Les preuves que l’Ukraine est en train de gagner cette guerre sont abondantes, si l’on regarde de près les données disponibles. L’absence de progrès de la Russie sur les lignes de front n’est que la moitié du tableau, obscurci par des cartes montrant de grosses taches rouges, qui ne reflètent pas ce que les Russes contrôlent mais les zones qu’ils ont traversées. L’échec de presque tous les assauts aéroportés de la Russie, son incapacité à détruire l’aviation ukrainienne et le système de défense aérienne, et la paralysie de plusieurs semaines de la colonne d’approvisionnement de 40 miles au nord de Kiev sont suggestifs. ». (The Atlantic, 21.03.22)

Naturellement, on se demande comment tout cela va finir. On doit se souvenir de Clausewitz (comme toujours quand il y a une guerre) « Si une partie utilise la force sans scrupules, sans se laisser influencer par l’effusion de sang qu’elle implique, tandis que l’autre s’abstient, la première prendra le dessus ». On sait, M. Poutine se fiche comme de sa première chemise du fait qu’un quart de la population ukrainienne (plus de 10 millions !) est déplacée avec une partie (3 à 4 millions) réfugiés. Donc, il continuera.

J’avais évoqué dans un texte précédent la responsabilité (ou l’irresponsabilité) des gouvernants du monde occidental. En commençant avec ceux d’Allemagne auxquels depuis Bush (le père) jusqu’à (et y compris) M. Trump les Etats Unis avaient conseillé un désengagement des fournitures russes de gaz et pétrole :

Au sommet de l'OTAN, Trump accuse l'Allemagne d'être        "totalement contrôlée" par la Russie.

Faisant référence au projet de gazoduc Nord Stream 2, qui doit relier la Russie à l'Allemagne via la Baltique, un projet qui inquiète Washington, le président américain a profité du sommet de l'OTAN pour fustiger l'Allemagne déclarant qu'il était "très inapproprié" que les Etats-Unis payent pour la défense des Européens contre la Russie, tandis que la riche Allemagne négocie des contrats gaziers avec Moscou… La Tribune (11.07.2018)

Cette fois-ci je me permets d’incriminer le « pauvre peuple russe ». Les bonnes âmes, généreuses, du monde occidental promeuvent une attitude « morale » vis-à-vis des habitants de la Russie : les sanctions (tu parles, rien pour le gaz et le pétrole, soit des rentrées pour M. Poutine de, peu ou prou, 1 milliard de $ par jour !) ne doivent pas faire souffrir le peuple russe ! Mais, ce peuple semble approuver à plus de 60% la guerre que M. Poutine a lancée en son nom. Un juste retour des choses serait que ce peuple subisse les conséquences de son adhésion à la politique de M. Poutine. Comme les allemands on subi les conséquences de leur adhésion pendant 12 ans (1933-45) à la politique des nazis.

 

 

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15 mars 2022 2 15 /03 /mars /2022 17:42

Cela fait trois semaines que le tonnerre manipulé par Monsieur Poutine a fait exploser la paix en Europe à coup de destructions barbares, avec leur cortège de réfugiés, dans un pays qui se croyait encore il y a un mois dans un état souverain de tranquillité (j’exagère à peine). Le criminel : M. Poutine – les complices, avant et après le déclenchement des hostilités, les dirigeants de l’Europe, premièrement, mais ceux d’Amérique aussi, bien sûr. Vous ne le croyez pas ? Regardez :

 

Qu’il me soit permis de paraphraser Erich Maria Remarque – A l’est rien de nouveau. Sauf que la Russie de M. Poutine a ressorti les livres de stratégie de l’armée russe et applique, mot à mot, ses préceptes. En clair, les avions et l’artillerie lourde, comme les missiles de croisière détruisent systématiquement tout ce qu’ils peuvent dans les villes de l’Ukraine. On cite souvent ce qui s’est passé à Grozny (Tchétchénie) rasée jusqu’à la terre. Mais l’illustration réelle de ce qu’est la vulgate permanente de la Russie pour la conquête d’un objectif, est sa capacité de destruction à Berlin, en 1945. 1.100 cannons en batteries (j’en sais quelque chose car un de mes beaux-frères en commandait une – il n’avait que 19 ans mais connaissait sa géométrie, pour régler le tir) ont tiré 1.800.000 obus sur la ville en dix jours ; … un million de civils terrés dans des caves... « La Chute de Berlin », Antony Beevor.c7 nov. 2002. Je reviendrai.

Si, si, quelque chose de nouveau, inimaginable il y a quelques années : l’ancien paria des Etats, Israël, parle aux deux principaux protagonistes qui, selon des déclarations officielles des intéressés, auraient donné leur accord pour que, le moment venu, la conclusion d’une paix se fasse à Jérusalem. Le Quai d’Orsay n’en revient pas et vous aurez du mal à trouver ce genre de nouvelles dans la presse française.

Israël. Je viens d’y passer quelques jours, premier séjour après la pandémie. Cela a été, toutes proportions gardées, un stage de rajeunissement et d’optimisme. Tout d’abord concernant le pays : profondément changé par rapport à mon dernier passage, une myriade de routes nouvelles (une seule payante) équipées comme en Suisse (!), des tours d’immeubles dans les grandes villes (Tel Aviv et Haiffa, mais pas seulement) et des banlieues, bijoux de propreté, de calme et de bien-être visible, des projets (réalisés) écologiques à profusion. Le tout disant clairement que les impôts collectés sont utilisés par l’Etat à bon escient, pour le bonheur, actuel ou futur, du plus grand nombre. Pays dont le PIB/habitant (44.945$ en 2022) est supérieur à la moyenne européenne (42.751$) et égal à celui de la France (44.770$). (Countryeconomy.com). Certes, Israël se trouve parmi les 5 pays les plus inégalitaires de l’OCDE, montrant un coefficient de Gini de 0,35 (0,3 pour la France) MAIS, le vieux fond social(iste) est toujours là et l’éducation est gratuite, la santé itou, le salaire minimum garanti est de presque 1.500 € net (1.481!) et les gens âgés, aidés de multiples manières, ne sont pas abandonnés. Conséquence de l’arrivée à la première position au monde « startup nation » qui (high tech, et services) emploie une population surtout jeune. Pays qui dépense presque 6% de son PIB pour sa défense (moyenne Europe 1,2%) depuis des années. Armée de conscription - école essentielle pour la formation intellectuelle, morale, civique. Bref, ce qui précède n’est que l’illustration de ce que ce pays est devenu et de son standing actuel dans le monde. Autant dire, « ce n’est pas par hasard qu’il peut parler, en étant pris au sérieux, aux deux belligérants »

Bien sûr, on n’est pas encore à faire la paix. L’armée russe déroule le manuel de son état-majeur, détruit tout ce qu’elle peut détruire sans distinction entre les russophones de l’Est du pays et les ukrainiens de l’Ouest. Sauf que « l’opération de police » lancée pour dénazifier et démilitariser l’Ukraine « I’m waging war to protect Russian-speaking people in Ukraine and bombing only military targets (M. Poutine, 09.03.22) qui aurait dû prendre 3 jours au maximum, entre dans la troisième semaine au grand dam de ce dernier. Et pourtant c’était le premier objectif assigné à l’armée russe. Le deuxième objectif était de démontrer les capacités et le professionnalisme de l’armée russe pour dissuader davantage les tentations des pays limitrophes ou plus lointains, en accroissant l’influence régionale de la Russie. Les deux objectifs étaient imbriqués. Pour le moment, en d’autres termes, il semble que Poutine ait fait une double erreur de calcul. Sa courte guerre victorieuse planifiée se transforme en un bourbier sanglant qui a scandalisé le monde, et sa fameuse forteresse économique de la Russie semble se diriger vers une dépression. Paul Krugman (Prix Nobel d’Economie) NYT, déjà le 04.03.22.

Naturellement, Monsieur Poutine veut terminer le travail qu’il a commencé en 2014 mais dont le résultat inattendu a été d’unir la société ukrainienne et renforcer son identité nationale. Il pensait que personne n’aller sonner le glas mais il oublia que « l’on ne peut pas se baigner deux fois dans la même rivière » (Héraclius). Comme il n’a pas intégré le fait qu’une éventuelle difficulté à obtenir ce qu’il souhaitait allait conduire à des coûts humains énormes et que des éventuelles sanctions qui seront appliquées par divers pays, affaibliront son régime de bas en haut et de l’intérieur et de l’extérieur. La Russie peut occuper l’Ukraine à grands frais humains mais aucun régime fantoche qu’elle installerait ne sera légitime ou stable. L’isolement international et la crise intérieure de la Russie s’intensifieront.

Alors ? Eh bien, il a choisi l’escalade.

Mais chaque fois qu’un échec se précise (durée, pertes chars d’assaut, avions, hélicoptères, soldats, etc.,) en Ukraine, l’escalade est à la fois la solution la plus risquée et elle laisse la Russie dans une situation pire. C’est cela qui a amené            M. Poutine à lancer une menace nucléaire à peine voilée contre une participation extérieure au conflit. Je l’ai écrit depuis le commencement de la guerre, la Russie a perdu sa guerre en Ukraine même, et surtout, si elle occupe la totalité des grandes villes. Au plan militaire, en montrant au monde son impréparation logistique et tactique (compensée par le bombardement d’artillerie et/ou missiles de croisière ou autre type détruisant, surtout des cibles civiles), son incapacité économique à faire face à des sanctions inédites par leur diversité et profondeur, sa mise au ban du monde civilisé face à l’autoritarisme totalitaire qu’elle a laissé à son président. Peut-être, qu’après avoir détruit la majorité des villes ukrainiennes et fait fuir plusieurs millions d’habitants devenus des réfugiés du jour au lendemain, peut-être, elle s’arrêtera en se trouvant en situation d’occupant mais qui sera confronté à une guérilla urbaine. Le bon sens montre que pour tenir une ville on a besoin d’un soldat occupant pour sept habitants. Faites un calcul sachant que la population des 20 premières villes d’Ukraine (Wikipédia - villes avec plus de 300.000 habitants) est de 13,5 millions. Monsieur Poutine aura besoin, peu ou prou, de 2 millions de soldats occupants ! De plus, il n’est pas possible de soutenir une occupation dans un pays où l’occupant a bombardé des villes et des villages car une grande partie de la population sera contre. De plus, le « nazi juif » Zelensky n’a pas fui, il ne s’est pas rendu, et comme le combat se poursuit, le moral et la résistance des ukrainiens ne font que croître. Ils ont fait un effort patriotique national pour l’Ukraine et la résistance ne fera qu’augmenter. De plus, la Russie essaye de cacher la guerre à sa propre population et, ce faisant, elle a cédé l’avantage d’une information libre ce qui a permis à l’Ukraine de galvaniser le soutien occidental dans sa propre population. Beaucoup de gens en Russie commencent à se rendre compte qu’on leur a menti, et, à mesure que les cercueils commenceront à retourner dans les villes et villages russes, quelque chose se passera contre le régime. Ne l’oublions pas - M. Poutine a construit sa légitimité autour de l’idée de rétablir la stabilité, la prospérité et la position mondiale de la Russie. Il menace, actuellement, les trois aspects, la guerre en Ukraine est le plus grand test de son régime à ce jour.

La Russie a (aura) perdu la guerre. Mais, elle aura gagné la haine et le mépris des 45 millions d’ukrainiens pour les décennies à venir.

Et Monsieur Poutine constatera que même dans son régime autoritaire construit de manière telle à ce que personne ne puisse l’atteindre, il y aura un Brutus ou une révolte impossible de maîtriser. Et ce sera sa fin.

Cela étant posé, je ne veux pas occulter la responsabilité (ou l’irresponsabilité) des gouvernants du monde occidental. Non pas pour la promesse, jamais faite, de ne pas admettre une extension de l’OTAN à l’Est (comme il l’invente) mais pour l’irresponsabilité qui a été la leur quant aux relations avec la Russie. On nous bassine avec le concept « Europe jusqu’à l’Oural » évoqué dans un contexte totalement différent il y a soixante années. Comme avec le paradigme « une géographie commune, une histoire commune » Depuis des lustres, les politiciens de l’Ouest méprisent ceux de Pologne et des pays baltes chaque fois qu’ils sonnent l’alarme au sujet de la menace expansionniste posée par Monsieur Poutine. Ils se rendent maintenant compte qu’ils auraient dû écouter les pays qui connaissent beaucoup mieux le Kremlin et qui ont une amère mémoire historique de la violence que Moscou est prête à déclencher pour atteindre ses objectifs. (POLITICO Europe 09.03.22)

Ne nous cachons pas la vérité, l’Europe et ses principaux pays, ont adopté la voie de l’apaisement commercial et politique de M. Poutine, le tout sous la direction (autorité) (commandé par les intérêts de l’Allemagne) de Mme Merkel. Que ce soit l’Allemagne ou la France ou l’Italie ou Bruxelles, le partage de la responsabilité de la guerre portée par M. Poutine en Ukraine (comme auparavant en Géorgie, en Ossétie du Sud, en Crimée) leur revient comme un boomerang. Et ce ne sont pas les soi-disant sanctions « extrêmes » qui l’attenue. D’autant plus qu’en examinant lesdites sanctions on constate qu’elle n’entament en rien ni les achats de pétrole ou gaz ni les banques par lesquelles les transactions idoines sont faites. Et selon des calculs savants cela représente 60% du total des échanges commerciaux entre l’Europe et la Russie. Bravo, l’Allemagne ! Regardez : Les annonces faites à la suite du sommet européen vendredi à Versailles sont à titre particulièrement éclairantes : pas une restriction sur les importations de pétrole ou de gaz russes, ce qui signifie que Moscou conservera un confortable flux financier à même de financer beaucoup de choses. La seule nouvelle mesure économique annoncée par l'UE est une fin des exportations des produits de luxe vers la Russie ! Il faut relativiser l'importance de la mesure, étant donné que plusieurs groupes de luxe avaient déjà annoncé la fermeture de leurs points de vente. Mais sur le fond, ce sont la France et l'Italie qui en supporteront le coût, alors que l'Allemagne n'a pas annoncé la moindre restriction à la vente de ses machines-outils, bien plus liées à l'effort de guerre russe… Et c'est une mesure positive économiquement pour la Russie puisque cela limitera ses importations et améliorera sa balance des paiements. Le Figaro 15.03.22

Pauvre Monsieur Poutine… lui qui se croyait le nouveau Pierre le Grand, lui qui a envoyé ses armées ou ses mercenaires au Proche Orient, en Afrique, en Amérique du Sud comme ses prédécesseurs communistes qui voulaient faire la révolution partout dans le monde, avec les résultats connus il est, déjà, sujet aux caricatures les plus cruelles :

 

 

 

 

 

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4 mars 2022 5 04 /03 /mars /2022 20:45

When planning his invasion of Ukraine, Putin could count on many known facts. He knew that militarily Russia dwarfs Ukraine. He knew that NATO would not send troops to help Ukraine. He knew that European dependence on Russian oil and gas would make countries like Germany hesitate about imposing stiff sanctions. Based on these known facts, his plan was to hit Ukraine hard and fast, decapitate its government, establish a puppet regime in Kyiv, and ride out the western sanctionsBut there was one big unknown about this plan. As the Americans learned in Iraq and the Soviets learned in Afghanistan, it is much easier to conquer a country than to hold it. (Yuval Harari –Sapiens- Guardian, 28.02.22). Et, j’ajoute – il n’imaginait pas “l’énorme” réaction de l’Europe et du monde entier.

Notre Président qui cause toujours au Dr. Folamour vient de lui parler encore pour une heure et demie, hier. Sa conclusion : « le pire est à venir ».

Peu importe le déroulement de la guerre en Ukraine, Poutine perd. Même si les forces russes prévalent sur le terrain et dans les airs, il perd. Même s’il prend Kiev demain, il perd. La Russie n’a pas les forces (et peut-être la volonté) pour occuper l’Ukraine face à une société civile et à un mouvement de guérilla. Et cela s’ajouterait au fait d’avoir déjà renforcé l’OTAN, réveillé l’Europe, isolé son pays, ruiné son économie et aliéné de nombreux Russes, y compris ses « amis ». La suite des choses dépend moins de l’issue militaire du conflit que d’autres facteurs qu’il a déjà mis en branle et qui l’affecteront davantage. (Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, War on Rocks 02.03.22).

Dans mon dernier texte j’ai utilisé l’anaphore « Oui, Mister Poutine a perdu son pari ». C’est manifestement vrai, mais il reste Dr. Folamour. J’y reviendrai.

Vous avez, peut-être, remarqué qu’il est impossible d’ouvrir la télé (les chaînes d’information) sans trouver des « stratèges en fauteuil, des journalistes « spécialisés » en géopolitique, commentateurs et politologues » (dont la moitié ou les trois quarts sont incapables de vous montrer où se trouve le Donbass sur une carte de l’Europe) qui, insidieusement, promeuvent une vulgate qui laisse rêveur. Naturellement, avec la totale assurance que leur confère leur (presque) complète ignorance du sujet. Certes, ils commencent par dire que, bien sûr, Poutine est coupable, c’est un criminel. Mais (il y a toujours un MAIS) il faut savoir comment on est arrivé à la guerre d’aujourd’hui. Rassurez-vous, si vous ne le savez pas ils vous diront en insistant sur deux « vérités ». La première, dit que les Ukrainiens ont bombardé depuis 2008 les russophones du Donbass et Luhansk en faisant 14.000 morts. Sans noter que les russophones faisaient de même et que les morts étaient et russes et ukrainiens. Ni que les russophones étaient « épaulés » par les troupes russes. Et ils semblent oublier les deux missiles tirés par une unité de l’armée russe qui ont détruit en vol le MH370 avec 239 personnes à bord au dessus de l’Ukraine. Ensuite, « le responsable c’est l’Occident - Américains surtout - qui n’a pas respecté la promesse faite à M. Gorbatchev au moment de la prise de décision concernant la réunification de l’Allemagne » Quelle promesse ? L’OTAN ne se développera pas vers l’Est. Qui ? Jim Baker (Secrétaire d’Etat de M. Bush-père) en 1989. À force de répétition, le mythe d’une promesse violée en ce qui concerne l’élargissement de l’OTAN est devenu un mythe fondateur de la politique étrangère de la Fédération russe actuelle. (Mark Kramer, Le Mythe d’une promesse de non-élargissement de l’OTAN – CAIRN 02.03.22). Jim Baker a lui-même définitivement démenti avoir fait une telle promesse. D’ailleurs, M. Gorbatchev lui-même a levé ses réserves à l’égard d’un élargissement de l’OTAN pour donner son accord à l’intégration d’une Allemagne unifiée au sein de l’OTAN ( [11] Asmus, Opening NATO’s Door)

 Qu’importe, la Russie prétend justifier ses demandes concernant l’adhésion des pays de l’ancien Pacte de Varsovie à l’OTAN par ce mensonge répété tant de fois qu’elle en arrive elle-même à y croire. Et, donc, puisque l’Occident n’a pas respecté sa promesse, la Russie se croit en droit de faire une guerre pour « démilitariser » (accessoirement « dénazifier » un gouvernement dont le Président est juif) l’Ukraine qui pourrait avoir envie de joindre un jour l’OTAN.

Alors ? Nos spécialistes en géopolitique ne peuvent-ils faire un peu de travail de recherche pour commencer à comprendre qu’ils se trompent ? Non, ils ne le feront pas car il y a en France toujours une propension, sorte de volonté de se reprocher (surtout reprocher aux américains) les pêchés d’Israël (so to speak).

Bon revenons à ce qui se passe aujourd’hui. Dr Folamour continue son aventure et ses actions laissent la Russie politiquement isolée, économiquement dévastée et militairement contestée par une armée (ukrainienne) qui, paraît-il n’en est pas une. Confirmé par l’Angleterre, les forces armées ukrainiennes ont affirmé jeudi 03.03.22 avoir tué environ 9.000 soldats russes et détruit 217 chars d’assaut, 11 systèmes antiaériens, 30 avions, 31 hélicoptères et trois UAV. Et la Croix Rouge, avec le sens de la litote habituel, vient de déclarer « Le Comité international de la Croix-Rouge dit être au courant des demandes de l’ambassadeur de l’Ukraine à l’ONU et d’autres pour rapatrier des milliers de corps des soldats russes tués au combat » Les cercueils plombés commenceront à gagner Moscou et autres villes russes et, peut-être, comme pendant la guerre d’Afghanistan, les mères russes commenceront à se faire entendre par Dr Folamour.

En attendant, Dr Folamour, voyant des nazis partout, utilise l’aviation, les tanks et des soldats tchétchènes qui tuent en criant « Allahu Akbar » pour détruire tout ce qui vit, de préférence, dans les villes ukrainiennes. Et il ne se gène pas d’utiliser des bombes à fragmentations ou des munitions thermobariques, deux munitions mises hors la loi par le droit international.
Lanceur thermobarique perdu dans la boue par manque de combustible (!)
 Et les cerveaux d’acier qui gouvernent le monde n’arrivent à comprendre pourquoi l’invasion de Poutine qui coûte (presque) 18 milliards d’euros par jour (?!) n’a pas l’air de réussir pour l’instant : le chef du MI6 (UK) avertit que la guerre est « impossible d’être gagnée » et l’ancien Ministre de la Défense dit que la Russie va manquer d’argent et d’armes si Kiev tient bon pendant 10 jours. Et pendant ce temps Moscou assiste bouche bée à l’oblitération d’un convoi de 56 chars, de l’armée tchétchène et du général Magomed Tuhaev qui les commandait, par des drones armés que la Turquie amie de la Russie a mis à la disposition des ukrainiens. Résumons.
 
• L’invasion de Vladimir Poutine en Ukraine ne se déroule pas comme prévu en raison de l’excès de confiance du Kremlin à l’égard des objectifs de guerre.
• Le chef du MI6 a transmis à ses 130.000 followers samedi dernier un article (Lawrence Freedman, A Reckless Gamble, King’s College London) affirmant que la guerre de la Russie est "impossible à gagner" en raison de la résilience de l’Ukraine et des erreurs du Dr Folamour ;
• Les services de renseignement ukrainiens affirment que la Russie est à court d’argent, d’armes et de ressources ;
• Si Kiev peut retarder l’avance de la Russie sur Kiev pendant 10 jours, le Kremlin pourrait devoir entamer des négociations. Dans un tel cas, bien que l’Ukraine n’aura pas gagné, la crise actuelle se déplacera, plus forte, en Russie.
Alors ? Notre président (il a raison) continue de parler au Dr Folamour. Il l’a fait encore hier, pendant une heure et demi, et il a fait dire après « le pire est à venir ». Le pire ? Le couplet Poutine-Le Drian concernant l’existence d’armes nucléaires des deux côtés a laissé des traces. Le Ministre Lavrov est revenu dessus pour prétendre que « un ministre français parle d’utiliser l’arme nucléaire » Et le résultat immédiat, pour nous, c’est de voir de nos concitoyens chercher, déjà, dans les pharmacies, des capsules d’iode… si des retombées radioactives nous arrivaient.

Nous assistons, médusés, à ce qui se passe en essayant d’imaginer ce qui pourrait se passer. Pendant ce temps, Dr Folamour qui, d’un côté, considère que l’Ukraine est une fiction en tant que nation, car russe, (en oubliant que Kiev existait en 988 – christianisation- quand Moscou n’était pas encore un village) continue, d’un autre côté, a détruire, méthodiquement, des villes ukrainiennes en faisant des milliers de morts russes et ukrainiens, également. Au vu et au su du monde entier qui, pour la première fois depuis que l’ONU existe, vient de condamner la Russie pour son agression (141 voix contre cinq). Et je paraphrase Cicérone (que diable !) Quousque tandem abutere, Poutine, patientia nostra?

 

 

 

 

 

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26 février 2022 6 26 /02 /février /2022 20:54

Dans le dernier texte mis en ligne j’avais écrit « Mais, une incursion russe en Ukraine pourrait, de manière perverse, sauver l'ordre européen actuel. L'OTAN (que notre Président considérait « en état de mort cérébrale ») n'aurait d'autre choix que de réagir avec fermeté, en imposant des sanctions sévères et en agissant dans une unité décisive. Plusieurs lecteurs (verba volant, scripta manent) me demandent si je n’ai pas changé d’avis. Oui, l’incursion russe en Ukraine en étant à son troisième jour, il est grand temps de regarder ce qui se passe pour imaginer ce qui pourrait advenir.

Donc, c’est la Russie de M. Poutine qui est sortie du Zugzwang. J’écrivais « Entre conflit armé ou retraite humiliante, il voit désormais sa marge de manœuvre se réduire à néant. Il pourrait envahir et risquer la défaite, ou il pourrait reculer et n'avoir rien à montrer pour sa gloire. L’avenir n’est pas écrit sur les murs mais, une chose est claire : le pari de M. Poutine semble avoir échoué. » M. Poutine a choisi le conflit armé là où il pensait tout obtenir simplement en montrant 150.000 soldats russes autour de l’Ukraine. Et son pari est perdu car, en un rien de temps, son pays se trouve au ban des nations, cible à des sanctions qui graduellement feront de plus en plus mal même si les crédules, naïfs, jean-foutres qui gouvernent le « monde libre » ont, pour l’instant peur de leur ombre. A tel point que, Ben Wallace, le ministre de la Défense britannique a comparé les efforts diplomatiques occidentaux pour empêcher une invasion russe de l’Ukraine à l’apaisement de l’Allemagne nazie avant la Seconde Guerre mondiale (Twitter, 24.02.22). Regardez : les sanctions les plus dures déjà mises en place, immédiatement, sont l’exclusion de l’Eurovision et l’annulation de la finale de la Ligue de football à Saint Petersburg. Et j’ai oublié le déplacement du Pape à l’Ambassade de la Russie à Rome pour porter la bonne parole.

Souvenons-nous de ce que chantait Boris Vian :

Sachant proche le résultat
Tous les grands chefs d'État lui ont rendu visite
Il les reçut et s'excusa
De ce que sa cagna était aussi petite

Mais sitôt qu'ils sont tous entrés
Il les a enfermés, en disant soyez sages
Et, quand la bombe a explosé
De tous ces personnages, il n'est plus rien resté

Pourquoi ? Tout d’abord parce que, pour la première fois dans l’histoire depuis 75 ans, un chef d’état laisse entendre que ses forces nucléaires sont en alerte et, donc, qu’il pourrait les utiliser. « La Russie d’aujourd’hui reste un des États nucléaires les plus puissants » dit Mister Poutine, façon de menacer ses adversaires de conséquences inimaginables. En faisant ce qu’il a fait il a déjà confié au monde éberlué son éventuelle, possible, décision de faire sauter la planète. Dr. Folamour, vous dis-je. Soit. On le croyait rationnel, il est d’évidence paranoïaque (R. Girard, Le Figaro 24.02.22). Là où les choses se compliquent, c’est quand on entend un ministre français rappeler vendredi sur France Inter, à Vladimir Poutine, que « l’OTAN aussi était une alliance nucléaire » Je vous le dis, les paroles de Boris Vian étaient prémonitoires, on ne devrait pas les oublier.

Mais, au fait, tout ça pourquoi ? Parce que Moscou veut un veto sur l’adhésion à l’OTAN et la politique étrangère de Washington. Il veut également interdire les missiles stratégiques et balistiques et les équipements moins sophistiqués, sur tout le territoire de l’ex-Union soviétique et de l’ancien pacte de Varsovie. En tout quelques 14 pays qui devraient changer leur statut actuel - et leur protection via l’OTAN - en faveur d’une « finlandisation » souhaitée par la Russie. Et il veut contrôler l’Ukraine de 45 millions d’habitants car la démocratie là-bas peut infecter le régime poutinien en Russie (pas la même chose en Géorgie, Biélorussie ou Kazakhstan où il l’a déjà fait). Naturellement, en laissant de côté le droit de tout peuple/nation/pays de disposer de lui-même. Et aussi que les états en question, lors de l’effondrement de l’Union Soviétique qui les dominait, se sont trouvés libres pour la première fois, pour certains, depuis des siècles. Mais attaquer un pays voisin qui ne l’a pas provoqué ? Pourquoi risque-t-il le sang de ses propres soldats? Pourquoi risquerait-il des sanctions, et peut-être une crise économique, pour finir? Et s’il n’est pas vraiment prêt à risquer ces choses, alors pourquoi joue-t-il à ce jeu complexe? Ce faisant, la Russie viole le Mémorandum de Budapest, signé en 1994, garantissant la sécurité de l’Ukraine qui renonçait à son armement nucléaire. Avez-vous déjà entendu Poutine ou l’Occident en parler? Bien sûr que non. La raison ? Pour Poutine qui ment comme il respire, aucune raison de l’évoquer. Pour les Biden, Johnson, Macron, Borell, Scholz – le mentionner demanderait soit la solidarité économique/militaire avec l’Ukraine soit l’admission de leur irresponsable couardise complice de Poutine.

Certes, on ne connaît pas le résultat de l’invasion. On sait seulement qu’elle paraît moins rapide que prévu car les ukrainiens se défendent. Les fusées anti-char, les JAVELIN américains, les NLAW suédois, les SWINGFIRE anglais (pas les MILAN français car nous, nous préférons plutôt parler que de donner des armes aux ukrainiens) posent de sérieux problèmes au colonnes de tanks russes. Et quand on entend Mister Poutine, dans un discours télévisé (25.02.22), exhorter l’armée ukrainienne à « prendre le pouvoir dans ses propres mains » et ajouter « Il me semble qu’il sera plus facile pour nous d’être d’accord avec vous qu’avec cette bande de toxicomanes et de néo-nazis », en faisant référence à la direction de Kiev sous le président Volodymyr Zelensky, qui est juif on a, confusément, le sentiment qu’il y aurait comme un grain de sable dans l’avance de l’armée russe vers Kiev. Car ce que Mister Poutine planifia c’était un « blitz krieg » Mais Mister Poutine n’est plus en train d’orchestrer un coup d’État sans effusion

de sang en Ukraine. Il tente plutôt de devenir une force d’occupation bien que pour l’instant il n’ait occupé aucune grande ville. Cela est une attitude beaucoup plus difficile pour un pays, même grand et riche — vous n’avez pas besoin de regarder beaucoup plus loin que l’Afghanistan pour voir le problème avec les forces extérieures (qui, à terme, devront rentrer chez eux), essayer d’imposer des idéologies ou des gouvernements à un peuple qui n’en veut pas. Ajoutez à cela des sanctions paralysantes, et vous vous retrouvez face à une longue bataille qui n’est pas facile à gagner.

Oui, Mister Poutine a perdu son pari. Occuper ou pas l’Ukraine devient secondaire par rapport à ce que la Russie perd sur le plan mondial. Certes, tout un chacun commence à regarder si, des fois, les sanctions contre la Russie ne risquent pas de coûter trop cher. Pourtant depuis 40 ans les présidents américains avertissent l’Europe (l’Allemagne en premier lieu) sur la dépendance gazière face à la Russie. Ce qui était imaginé (prévu) arrive et… « Olaf Scholz, pour l’Allemagne, tire le frein à main et demande que l'arme Swift ne soit déclenchée qu'en dernier recours » (Marianne, 25.02.22). Ultime recours ? Quand la Russie utilisera une arme nucléaire ? Ne sont-ils pas ces dirigeants qui dirigent le monde vers sa perte hors de la réalité ?

Oui, Mister Poutine a perdu son pari. Mais, ce qui se passe est moche et va le devenir encore plus. Dr. Folamour ne va pas s’arrêter de sitôt. On ne lance pas une attaque militaire à grande échelle contre un autre pays pour que, trois jours plus tard, on puisse se dire : « Je pense que j’ai fait valoir mon point de vue », et rentrer chez soi. Il n’a jamais été intéressé par les négociations (demandez à notre Président qui a fait tout ce qu’il pouvait faire y compris promettre d’obtenir la garantie que l’Ukraine n’entrera jamais dans l’OTAN), il n’a jamais été ouvert à la discussion, il a mis en marche une invasion préparée de longue date qui va se dérouler jusqu’au point où dans dans sa tête il pourra dire qu’il a gagné.


Oui, Mister Poutine a perdu son pari. Nous ne sommes plus pendant la décennie commencée en 1979 quand il fallait voir arriver les innombrables cercueils d’Afghanistan pour comprendre que la guerre, là-bas, était perdue. Aujourd’hui, même les russes partisans de Mister Poutine ont accès via leurs smart phones au Facebook, Twitter, Tik-Tok et autres réseaux. Et ils ont commencé de voir des tanks détruits sachant que dans chacun il y avait au moins deux soldats.

Et pour tous les russes beaucoup de choses changeront. L’élite dirigeante russe n’a peut-être pas peur des sanctions. Elle n’a rien à craindre, mais le niveau de vie des Russes ordinaires risque de se dégrader considérablement, de même que leur mode de vie, leur psychologie, leur éducation et leur compréhension du bien et du mal. Les Russes sont maintenant complètement identifiés aux yeux du monde avec le Kremlin. Discrédités par le Kremlin. Ils sont maintenant du côté du mal, et si leur psychologie nationale leur permet de justifier la guerre, cela va gâter la nation, la rendre dysfonctionnelle, non structurante, non créatrice.


La guerre et sa justification marquent la dégradation d’une nation, une dégradation qui est avant tout spirituelle, mais aussi sociale et économique. Dr Folamour ou Mister Poutine a opposé sa nation au monde entier, transformant les citoyens russes en otages d’idées difficiles à imaginer au XXIe siècle. Dans sa folie hyperbolique   Dr Folamour s’est fixé de grands objectifs mais peut-être irréalisables. C’est vrai, l’Union Soviétique dont Mister Poutine a dit un jour que l’effondrement est la plus grande catastrophe du 20ème siècle (pas les dizaines de millions de morts de la première guerre mondiale, ni ceux de la deuxième, ni les 100 millions de victimes du communisme européen ou asiatique) s’était fixé aussi de grands objectifs -la victoire du communisme dans tous les pays du monde- irréalisables. Lénine, Staline et leurs épigones voulaient créer une révolution internationale, soumettre le monde entier à la dictature soviétique du prolétariat. En fin de compte, ils ont échoué, mais ils ont fait beaucoup de dégâts en essayant. Mister Poutine échouera aussi, et lui aussi va faire beaucoup de dégâts en essayant. Pas seulement en Ukraine, en premier lieu dans sa Russie.

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12 février 2022 6 12 /02 /février /2022 19:51

Pour une fois c’est de la géopolitique (un des titres du blog) car plusieurs lecteurs semblent surpris par mon silence sur ce qui se passe aux confins de l’Europe pendant que chez nous - élection présidentielle oblige - les gens sont interpellés par le décalage entre ce que l’on nous raconte et ce qui se passe, tout en suivant le progrès des convois de la liberté vers Paris et Bruxelles. Pourquoi faire ?

Peut-être parce qu’ils « sentent confusément » que nos lendemains ne chanteront pas.

Le gambit du Président

Commençons par le commencement. L’effondrement de l’Union Soviétique, en décembre 1991, a laissé plusieurs républiques constitutives en possession d’inventaires énormes de moyens militaires et, surtout, nucléaires. Effrayés par l’éventuelle dissémination d’armes nucléaires, les Etats Unis tout en participant à leur démembrement (bombes, fusées, sous-marins, etc.,) ont réussi à négocier, en 1994, un accord appelé « Mémorandum de Budapest » sur les garanties de sécurité à l’abri desquelles l'Ukraine acceptait de renoncer à ses armes nucléaires (plus de 2.000 qualifiées de « stratégiques ») ainsi qu'à ses missiles balistiques intercontinentaux et à ses bombardiers stratégiques. En échange, la Russie s'est engagée à "s'abstenir de recourir à la menace ou à l'usage de la force contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique de l'Ukraine", tandis que les États-Unis et la Grande-Bretagne ont promis « de fournir une assistance à l'Ukraine... si l'Ukraine devait être victime d'un acte d’agression »

Nous sommes en 2014, M. Poutine envahit l'Ukraine, annexe la Crimée et met en place une occupation par procuration de deux régions de l'Est de l'Ukraine, alimentée par l'argent russe, dirigée par des responsables russes et soutenue par des militaires et des services de renseignement russes. Le Président américain est M. Obama, il laisse faire, constitue des « sanctions » auxquelles l’Europe s’associe, qui ne servent à rien et… vogue la galère. Les garanties des Grandes Puissancestu parles !

Maintenant, M. Poutine, en paraphrasant W. Churchill « un rebus enveloppé de mystère au sein d’une énigme » semble sur le point de revenir pour prendre une autre bouchée, encore plus grande, de l'Ukraine. Pourquoi ne le referait-il pas ? Les Etats Unis ont comme président un vieillard cacochyme, dont l’intellect semble en perte de vitesse, marionnette de son entourage (tous, anciens collaborateurs de l’Administration Obama) qui le font regarder uniquement vers la Chine et qui sont en train de passer l’Europe par pertes et profits. Puisque les 27 pays qui la forment n’ont pas réussi à faire autre chose que créer une bureaucratie autonome qui les pousse vers des horizons indéfinis mais progressifs et inclusifs loin de ce qu’il était - presque - le but initial, l’union fondée sur l’héritage judéo-chrétien de sa civilisation.

Ce faisant, M. Poutine, que d’aucuns prennent pour un grand joueur d’échecs et non pas pour ce qu’il est - un prédateur opportuniste avec une mission auto-assignée - qui à défaut de ressusciter l’Union Soviétique, veut recréer la géopolitique de la Russie via ses anciennes zones d’influence et, éventuellement, le contrôle des anciennes républiques soviétiques (déjà la Géorgie, Abkhazie, le Kazakhstan, la Biélorussie, la Crimée) réussit à imposer au monde occidental un Zugzwang : quelque soit leur prochain mouvement il rendra leur posture pire. En effet, 40% de la consommation de gaz en Europe vient de Russie (Nord Stream 1 et 2) comme plus de 60% de celles de l’Allemagne et de l’Italie. A bon entendeur ... Et si quelqu’un avait des velléités de participation militaire à la défense de l’Ukraine… il vient de rappeler utilement que la Russie est une puissance nucléaire.

Considérant le moment utile pour faire avancer son projet, en décembre 2021 le Kremlin avait demandé un ensemble de garanties « à toute épreuve, étanches et à l'épreuve des balles », selon les mots de Sergei Ryabkov, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, comme la promesse de ne pas étendre l'OTAN plus à l'Est et de retirer les infrastructures militaires étrangères du territoire de quatorze pays d'Europe Centrale et Orientale qui ont rejoint l'OTAN après 1997. (newyorker.com 03.02.22).

 Les demandes russes contenaient un degré de culot éhonté qui exposait le peu de chances qu'elles avaient d'être acceptées. Ce qui est clair, c'est que les exigences que la Russie a avancées et qualifiées d'impératives ne peuvent pas être acceptées ni par l’Europe ni par les Etats Unis. Néanmoins, pour montrer de quel bois il se chauffe, M. Poutine installe plus de 100.000 soldats sur la frontière Est de l’Ukraine et encore 30.000 au Nord-Est, en Biélorussie. Pourquoi, out of the blue se fait-il fauteur de guerre ? Une explication, pertinente, par la voix d’un Général-Colonel à la retraite L. Ivashov (deuxième grade le plus élevé dans l’hiérarchie militaire russe) publiée par Echo-Moskvy : Pour être clair, Ivashov pense que l'OTAN est une puissance hostile, mais son expérience lui a appris que la menace OTAN/États-Unis est maîtrisée et aucune menace extérieure n'est imminente de la part des puissances occidentales. L'accumulation massive de troupes russes aux frontières de l'Ukraine et de la Biélorussie n'est donc pas destinée à faire face à une menace de l'Occident. Il s'agit plutôt de détourner l'attention de la santé interne, des défis démographiques, de l'effondrement du niveau de vie et de la corruption généralisée dont souffrent les citoyens russes sous la mauvaise gestion du régime incompétent de Poutine. The Hill, 11.02.22

Mais, une incursion russe en Ukraine pourrait, de manière perverse, sauver l'ordre européen actuel. L'OTAN (que notre Président considérait « en état de mort cérébrale ») n'aurait d'autre choix que de réagir avec fermeté, en imposant des sanctions sévères et en agissant dans une unité décisive. En durcissant le conflit, M. Poutine pourrait rallier ses adversaires. Car alors qu'aucun nouvel état ne pourrait rejoindre l'OTAN voilà que la Finlande et la Suède, deux récalcitrants, envisageraient de rejoindre l'alliance. En clair, voilà le boomerang : en menaçant la souveraineté de l’Ukraine M. Poutine est en train de faire ce que les Etats Unis n’ont pas réussi : unifier l’Europe sous le drapeau de l’OTAN.

N’ayant pas encore envahi l’Ukraine (hésiterait-il ?) il a laissé du temps au monde occidental pour ne rien faire (seule possibilité pour sortir du Zugzwang). Se retenir, en revanche, pourrait avoir l'effet inverse : la politique de pression maximale, à moins d'une invasion, pourrait finir par diviser et paralyser l'OTAN.

Que faire (vieille question russe, le titre même d’un livre écrit par Vladimir Ilitch) ? Entre conflit armé ou retraite humiliante, il voit désormais sa marge de manœuvre se réduire à néant. Il pourrait envahir et risquer la défaite, ou il pourrait reculer et n'avoir rien à montrer pour sa gloire. L’avenir n’est pas écrit sur les murs mais, une chose est claire : le pari de M. Poutine semble avoir échoué.

Dans les dernières semaines de la Première Guerre mondiale, un général allemand a envoyé un télégramme à ses alliés autrichiens résumant la situation. C'était, écrivait-il, "grave, mais pas catastrophique". La réponse est revenue : "Ici la situation est catastrophique, mais pas grave." C’est ce que l’Ukraine a l’air de dire tant elle ne croit pas à l’invasion russe qu’elle considère comme un bluff que les européens ne saisissent pas. Et nous en arrivons au gambit de M. Macron.

Aussi super-intelligent qu’il soit, il est difficile d'accepter l'idée qu'il pourrait résoudre l'impasse en concevant une position de négociation plus nuancée que le reste du monde n’a pas encore trouvé. Parce que si M. Poutine n'est qu'un prédateur opportuniste violent, des stratagèmes raffinés ont peu de chances de fonctionner. La recherche d'un ensemble complexe de mesures - conciliantes, radicales ou les deux - qui contrecarreraient M. Poutine ou répondraient à ses multiples motivations est probablement futile. Alors ? Pourquoi est-il allé à Moscou (comme d’autres à Canossa) en se parant et du titre de Président de la France et de celui octroyé par la présidence de la France de l’Union Européenne pendant six mois ?

Arrivé à Moscou, au grand plaisir de M. Poutine qui allait parler uniquement à la France et à son Président (l’Europe il ne connaît pas, il n’est pas le seul…) M. Macron a dû accepter une distanciation sociale

après qu’il ait refusé de passer un test PCR administré par la Russie (pour ne pas laisser connaître son ADN à la Russie), a déclaré vendredi le Kremlin. MM. Poutine et Macron ont parlé, pendant cinq heures, en étant assis aux extrémités opposées d'une table de 13 mètres de long au Kremlin, le président français espérant convaincre M. Poutine de prendre des mesures pour désamorcer la crise actuelle Russie - l'Ukraine. (11.02.22 – Moscow Times).

M. Poutine est bloqué (comme ses 130.000 soldats, chars d’assaut, canons, fusées, avions) sur les frontières de l’Ukraine. M. Macron (la France) est bloquée sans solution pour sa sortie au Mali depuis que la Russie se mêle des affaires de ce pays. Et, bien que tous les spécialistes en géopolitique ne soient pas d’accord sur l’explication, elle reste plus que plausible.

Retirez les « Wagner » (supplétifs mercenaires de l’Armée Russe) du Mali, et je vous trouve une solution pour l’Ukrainepar exemple la finlandisation aurait-il dit à M. Poutine. M. Poutine discute avec la France tandis que EM veut lui faire croire qu’il parle au nom de l’Europe. Comme si VVP ne savait pas qu’il y a trois groupes en Europe : ceux qui s’opposent à la Russie, ceux qui penchent du côté de la Russie et ceux qui se taisent. Et qu’obtenir une position commune tient à trouver le PPDC (le plus petit dénominateur commun), tâche souvent impossible.

Nous voilà au seuil du moment quand un des deux adversaires devrait « cligner » le premier. Le monde occidental est sorti, pour l’instant du Zugzwang, c’est la Russie qui s’y trouve. Les paris sont ouverts, les bookmakers de Londres donnent la Russie perdante à 3 contre 1. Et, vous lecteur, qu’en pensez-vous ?

 

 

 

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20 janvier 2022 4 20 /01 /janvier /2022 15:22

La description sommaire de l’état d’Israël à la fin de 2021 a conduit certains des lecteurs du blog à suggérer que j’en fasse autant pour la France, en ce début d’année 2022. Début d’année différent de tant d’autres car l’élection présidentielle forme, déjà, la ligne bleue des Vosges – limite de l’horizon pour le réel actuel, le reste (l’avenir) n’étant fait que des supputations prétentieuses des différents candidats, chacun se distançant des autres par la teneur de promesses impossibles de tenir. Mais ce n’est pas la première fois que cela nous arrive, j’ai vu le film huit fois ces 40 dernières années.

 

Tout indique malheureusement que la France est en train de décrocher des pays cœur de la zone euro. Notre pays est engagé dans une sorte de fuite en avant. Il est devenu celui qui dépense le plus, taxe le plus, emprunte le plus sans pour autant parvenir à faire baisser durablement la pauvreté, le chômage ou encore le sentiment d’insécurité qui mine le quotidien des Français - Agnès Verdier-Molinié - Le Figaro 15.01.22 (interview avant la sortie du livre Le vrai état de la France).

Naturellement, si l’on accepte le constat de l’auteurE (!) - sévère, mais incontestable, tout ce qui nous reste, si l’on veut échapper à l’inéluctable déclin, il faut essayer de comprendre où le bât blesse. Bref, on va faire l’inventaire de ce qui est occulté soit pour de ne pas désespérer Billancourt (J-P. Sartre serait surpris d’entendre qu’il n’y a plus d’ouvriers, depuis longtemps, à Billancourt…) soit parce que nos dirigeants, vivant dans leur monde à eux, se convainquent eux-mêmes du contraire. Certes, un quidam quelconque qui paye la baguette 1,15 € (soit en francs d’il y a vingt ans 7,54 Francs - le double de ce qu’elle coutait jadis) et les entend dire (comme notre Président pendant deux heures il y a deux semaines) que tout va bien et que nous faisons, tout, mieux que nos voisins proches ou lointains… a du mal à les croire. Il n’est pas le seul, c’est pour cela, sans doute, que 68% des français (dont 5% d’indécis) ne sont pas contents de leur Président (dont la cote de popularité baisse en accéléré, étant maintenant de 32%).

Pour ce qui est du Président, vu que dans la 5ème république tout découle de ses décisions, monarque républicain, il y a la forme et le fond, comme d’habitude. La forme, exemplaire avec « l’envie d’emmerder les non vaccinés » Entendons-nous bien, ce n’est pas l’utilisation d’un mot couramment présent dans le langage des français, encore que « un Président de ne devrait pas dire ça » qui pose problème. Selon moi, ce qui pose problème c’est d’avoir parlé de l’envie de faire quelque chose : son bon plaisir. En oubliant que nul ne peut être puni (emmerdé) s’il ne transgresse pas une loi. Pour la loi, il a craint de rendre la vaccination obligatoire pour le Covid-19 comme elle est pour onze maladies pour les enfants à leur naissance ! Pour la forme aussi, il a en réalité souligné - ce que l’on savait déjà- qu’il n’y a que deux personnes qui ont le pouvoir absolu dans notre pays : lui et le Secrétaire Général de l’Élysée, Alexis Kohler.

Et il y a le fond : essentiellement des mensonges, par omission ou directs, un quinquennat pendant lequel rien (ou presque) de ce pourquoi il a été élu n’a été réalisé. Ce qui ne l’a jamais empêché de discourir sur les succès obtenus, sur le fait que chez nous c’est mieux que chez les voisins et que l’avenir sera rose car conduit d’une main de maître par lui-même. Mais il n’a jamais tenté d’expliquer sa décision « quoi qu’il en coûte » tout en sachant que sa gestion avant la pandémie et celle y relative ont ajouté à la dette du pays plus de 650 milliards d’euros (presque 500 milliards à fin 2020) – on (il) a oublié une des promesses phares  de la campagne de 2016 de réduire la dette du pays :

      Et quand lui (ou son Ministre des finances) nous abreuve de moult mensonges selon lesquels, chez nous c’est mieux que chez les autres, regardez quatre aspects fondamentaux pour l’avenir immédiat du pays :

- la balance commerciale d’une partie des pays de l’Europe :

notre pays, encore la 6ème puissance économique mondiale, qui avait un solde positif de sa balance commerciale en 2002 (plus de 2 Milliards €) est devenu la lanterne rouge de l’Union Européenne : 83 milliards de déficit commercial quand l’Allemagne affiche un solde positif de 183 milliards €. En n’avoir rien fait pour une (modeste, même) réindustrialisation du pays, le quinquennat de M. Macron n’a fait que prolonger l’incapacité de réagir de son prédécesseur : résultat direct de l’approche idéologique de cette nouvelle gauche « un pays sans usines » Et, accessoirement, de plus, sans (ou avec moins d’) ouvriers-classe populaire (l’ancien prolétariat) qui ne font plus bien dans le paysage car, de toute manière, ils ne correspondaient pas au profil nécessaire pour les grandes transformations (homme-femme, procréation, « wokisme » et écriture inclusive et autre ejusdem farinae) qui se dessinaient à l’horizon.

- et le PIB brut par habitant :

puisque le blog s’appelle « France-Israël » j’ai ajouté les données pour ce pays aussi : pourrait-il nous expliquer pourquoi le PIB/ habitant israélien était (à fin 2020) supérieur de 12% à celui français quand dix ans auparavant il était inférieur de 25% ? D’une certaine manière (encore que) ce sont les évolutions qui sont plus importantes que les valeurs absolues : à part un échec majeur de gestion du pays que peut-on retenir du quinquennat de M. Macron ?

- et l’éducation – la France est le pays européen qui dépense le plus pour l’éducation (en valeur absolue et en pourcentage du PIB) ; pourtant, on le sait via tous les classements PISA ou OCDE, que nous nous classons derniers ou avant derniers dans l’Union Européenne pour ce qui est des résultats des dépenses consentis - selon les statistiques de l’armée (Service National Universel) seulement 3/4 des jeunes de 15 à 17 ans qui se présentent sont des lecteurs efficaces et un sur quatre (env. 25%) ... médiocres, très faibles ou ayant des difficultés sévères :

Pays avec le plus grand ministère de l’éducation du monde (plus d’un million de personnes employées), qui paye ses enseignants (en moyenne) moitié que l’Allemagne, est incapable d’assurer une éducation correcte à sa jeunesse. En créant ainsi un handicap insurmontable pour son développement positif au cours de leur vie. Pourtant, souvenez-vous, l’éducation a été un des objectifs principaux -vantés comme tels- des promesses de M. Macron en 2016.

- et je reprends la phrase « notre pays est devenu celui qui dépense le plus, taxe le plus, emprunte le plus». Emprunte le plus : la dette actuelle est de 2.950 milliards d’euros (il faudrait ajouter la dette de l’Etat "hors bilan" pour les retraites à verser aux fonctionnaires, soit encore, env. 1.000 milliards…). On peut gloser sur la chose en suggérant que cette dette ne sera jamais acquittée mais si le taux d’intérêt à 10 ans des Emprunts d’État se retrouve à 4% l’an, le service de la dette atteindrait en 8 ans environ 80 milliards d’euros en devenant proprement in-finançable. (Le Figaro, idem)

Cela étant, en laissant de côté la situation réelle du pays et même les visées européennes de notre Président il me semble que l’on doit se poser la seule question qui vaille : y a-t-il une possibilité réelle pour notre pays de retrouver son aura d’antan ? On s’évertue à nous convaincre que cela sera possible uniquement dans le cadre Européen. Peut-être. Ce que l’on voit de l’Europe (depuis pas mal de temps déjà) conduit quand même à un questionnement essentiel : Vladimir Boukovski (ancien dissident de l’URSS) nous a avertit en 2005 (après le tour de passe-passe du référendum constitutionnel de l’Europe) d’une manière prémonitoire de ce qui se voit, déjà, au jour le jour : J’ai vécu dans votre futur, et ça n’a pas marché. Lisez son texte et réfléchissez à la future élection présidentielle.

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L’Union européenne : la nouvelle Union soviétique

Il est étonnant qu’après avoir enterré un monstre, l’URSS, on en construise un tout autre semblable, l’Union Européenne. Qu’est-ce, au juste, que l’Union Européenne ? Nous le saurons peut-être en examinant sa version soviétique.

L’URSS était gouvernée par quinze personnes non-élues qui se cooptaient mutuellement et n’avaient à répondre à personne. L’Union Européenne est gouvernée par deux douzaines de gens cooptés qui se réunissent à huis clos, ne répondent à personne et ne sont pas limogeables. On pourrait dire que l’UE a un parlement élu.

L’URSS aussi avait une espèce de parlement, le Soviet Suprême. Nous avalisions sans discussion les décisions du Politburo, tout comme le Parlement Européen, où le temps de parole de chaque groupe est rationné et souvent se limite à une minute par intervention. À l’UE, il y a des centaines de milliers d’eurocrates, avec leurs émoluments énormes, leur personnel, leurs larbins, leurs bonus, leurs privilèges, leur immunité judiciaire à vie, simplement transférés d’un poste à un autre, quoi qu’ils fassent, bien ou mal. N’est-ce pas l’URSS tout crachée ?

L’URSS fut créée par la contrainte, très souvent avec occupation armée. On est en train de créer l’UE, pas par la force armée, non, mais par la contrainte et la terreur économique. Pour continuer d’exister, l’URSS s’est étendue toujours plus loin. Dès qu’elle a cessé de s’étendre, elle a commencé à s’écrouler. Je soupçonne qu’il en sera de même pour l’UE.

On nous avait dit que le but de l’URSS était de créer une nouvelle entité historique, le Peuple Soviétique. Il fallait oublier nos nationalités, nos traditions et nos coutumes. Même chose avec l’UE, semble-t-il. Ils ne veulent pas que vous soyez anglais ou français, ils veulent faire de vous tous une nouvelle entité, des européens, réprimer vos sentiments nationaux, vous forcer à vivre en communauté multinationale. 73 ans de ce système en URSS se sont soldés par plus de conflits ethniques que nulle part ailleurs au monde.

Un des buts grandioses de l’URSS était de détruire les états-nations. C’est exactement ce que nous voyons en Europe aujourd’hui. Bruxelles a l’intention de phagocyter les états-nations pour qu’ils cessent d’exister.

Le système soviétique était corrompu du haut jusqu’en bas. C’est la même chose pour l’UE. Les activités antidémocratiques que nous voyions en URSS, fleurissent en Union Européenne. Ceux qui s’y opposent ou les dénoncent sont bâillonnés ou punis.

Rien n’a changé.

En URSS nous avions le goulag. Je crois qu’on l’a aussi dans l’UE. Un goulag intellectuel, nommé « politiquement correct ». Essayez de dire ce que vous pensez sur des questions de race ou de sexualité, et si vos opinions ne sont pas bonnes, vous serez ostracisés. C’est le commencement du goulag. C’est le commencement de la perte de votre liberté.

En URSS, on pensait que seul un état fédéral éviterait la guerre. On vous raconte exactement la même chose dans l’UE.

Bref, c’est la même idéologie dans les deux systèmes. L’UE est le vieux modèle soviétique habillé à l’occidentale. Mais, comme l’URSS, l’Union Européenne porte en elle les germes de sa propre perte. Hélas, quand elle s’écroulera, car elle s’écroulera, elle laissera derrière elle une immense destruction et de gigantesques problèmes économiques et ethniques. l’ancien système soviétique était irréformable. De même, l’Union Européenne.

Mais il y a une alternative à être gouvernés par deux douzaines de ronds-de-cuir à Bruxelles. L’indépendance. Vous n’êtes pas forcés d’accepter ce qu’ils vous réservent. On ne vous a jamais demandé si vous vouliez vous joindre à eux.

J’ai vécu dans votre futur, et ça n’a pas marché. Vladimir Boukovski (2005)

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