Émancipation, extermination, expulsion
Une semaine pendant laquelle on s’est occupé un peu moins des Gilets Jaunes. Deux évènements marquants en France et un à Sharm el Sheik, en Egypte.
En France, tout d’abord, notre Président est allé voir les SDF. En jean et blouson cuir (Hermès ? Mc Douglas ?). Remarquez, Giscard d’Estaing a fait venir des éboueurs pour prendre le petit-déjeuner à l’Elysée.
Alors… Peu probable, cependant, que les factieux de samedi apprécieraient. Ils continueront à crier « Macron démission » tout en sachant que cela aura autant d’influence sur notre vie politique que les éclipses de lune sur les indiens du Mato Grosso. Mais, si cela est, peut-être (se disent-ils) s’en prendre aux juifs pourrait changer quelque chose.
Et on a eu un échantillon, statistiquement valide (car on en a vu d’autres) à travers l’ignoble attaque d’une plèbe chauffée à bloc contre Alain Finkielkraut. En réalité, contre les juifs de France (ou les français juifs) et contre un intellectuel. Dans le pays qui a connu Rachi de Troyes, un autre homme de lettres juif, que d’aucuns considèrent comme « l’un des inventeurs de la France », l'un de ceux qui ont donné le « coup d'envoi » du processus qui permettra à la langue française de se substituer au latin et de créer sa propre culture. (B-H.L)
Le deuxième événement, le discours de notre Président au diner du CRIF. Rien à redire à ce qu’il a dit. Tout ce qu’il a exprimé, avec une émotion sans doute sincère, de ce qu’il pense quant au sujet vieux de deux millénaires (ou plus), le sort des juifs dans des pays dont ils sont citoyens mais, sournoisement, pas comme les autres. En particulier en France. Sous la feuille de vigne appelée « antisionisme » ce qui donne bonne conscience à tous ceux qui, autrement, l’auraient mauvaise. Il y a plus de 50 ans (en 1965), Habib Bourguiba a eu le courage de dire « Dans le cas de la Palestine, cette haine conduit à confondre l'antisionisme avec l'antisémitisme ce qui engendre [...] un fanatisme qui sera dangereux le jour où il faudra négocier » tandis que le Roi du Maroc, feu Hassan II, disait « le Sionisme et Israël sont l’aphrodisiaque des peuples arabes »
Remarquez, chez nous, plus de 30 ans après que la pratique se soit installée, on en arrive à être d’accord avec Vladimir Jankélévitch (l’Imprescriptible – 1986) « L’antisionisme est une introuvable aubaine, car il nous donne la permission et même le droit et même le devoir d'être antisémite au nom de la démocratie ! L'antisionisme est l'antisémitisme justifié, mis enfin à la portée de tous. Il est la permission d'être démocratiquement antisémite. » Et avec Pierre-André Taguieff « L’antisionisme radical représente aujourd’hui la seule idéologie raciste non seulement acceptable, mais encore intellectuellement respectable. (Le Nouvel Economiste, 22.10.2010). Donc, la classe politique (moins M. Mélenchon…), les autorités de l’état, les grands media, bref, tout ce qui grouille, grenouille et scribouille (comme disait le Général), la main sur le cœur, annoncent « l’antisionisme no passaran » car ce n’est qu’une forme de l’antisémitisme. Pourquoi ne pas les croire ? C’est tellement évident, que la France a voté toutes les résolutions de l’ONU qui nient la liaison historique des juifs avec Jérusalem et ses lieux saints. C’est tellement évident que chaque fois que l’Europe (et la France) a l’occasion de dire ou de faire quelque chose qui pourrait mettre en danger l’état juif (sioniste) elle le fait. Franchement, comment pourrait-elle faire autrement ? L’Europe a fait partir, en fumée, par les cheminées d’Auschwitz, Birkenau et d’ailleurs plus de six millions de juifs européens et s’est retrouvée face à un état dans lequel il y en a presque sept millions : l’antisémitisme devait se transformer en antisionisme, c’était écrit sur les murs. Allez, je n’ai pas le culot de faire un procès d’intention à notre Président. Il dit ce qu’il y a à dire, comme l’ont fait tous les présidents qui l’ont précédé. Avec des nuances, mais le fond est le même : puisque après la Shoah il est interdit d’être antisémite, faisons semblant que notre opposition au seul état juif qui existe n’est pas de l’antisionisme (attention à la circonvolution) car ce serait un antisémitisme déguisé. Mais on ne va pas être d’accord avec sa politique, Dieu verra si cela le met en danger ou pas. Exemple, le troisième événement, en Égypte, à Sharm el Sheik.
Sommet Europe-Ligue Arabe (24/25.02.19). L’Europe s’associe aux pays arabes les plus réactionnaires pour considérer que le « conflit israélo-palestinien » est le facteur central du désordre du Proche Orient. Pas l’Iran dont les agissements on fait, in fine, plus de 500.000 morts en Syrie et des dizaines de milliers au Yémen. Un extrait de la déclaration finale, approuvée par l’Union Européenne (et la France présente) : … Nous avons réaffirmé notre engagement à rechercher une solution à deux États sur la base de toutes les résolutions pertinentes de l'ONU, en tant que seul moyen réaliste de mettre fin à l'occupation qui a débuté en 1967, y compris à Jérusalem-Est, et de parvenir à une paix juste, durable et globale entre Israéliens et Palestiniens par le biais de négociations directes entre les parties traitant de toutes les questions relatives au statut final. »
Deux états (on oublie qu’un existe déjà), résolutions pertinentes de l‘ONU (par exemple la 242, après la guerre de six jours qui stipule « a. Retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés au cours du récent conflit ; b. Fin de toute revendication ou de tout état de belligérance, respect et reconnaissance de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de l'indépendance politique de chaque État de la région et de son droit de vivre en paix à l'intérieur de frontières sûres et reconnues, à l'abri de menaces ou d'actes de violence.» ; Israël s’est retirée de Gaza et du Sinaï – quand b. sera en vue il se retirera, probablement, (selon a.), négociations directes (les palestiniens refusent toute négociation (sans le préalable de la satisfaction de toutes leurs demandes), statut final (parlons en) : Abu Hamza, porte-parole des Brigades Al-Quds, branche militaire de l'organisation du Jihad islamique (deuxième acteur de Gaza avec le Hamas) financée par l'Iran, vient de déclarer« Il n'y a pas de place pour l'ennemi sioniste sur la terre de Palestine", "Soit ils quittent cette terre bénie, soit ils subiront une frappe douloureuse après l'autre. » (Bassam Tawill, 26.02.19 – gatestoneinstitute.org). En voilà pour la fin de l’occupation et la conclusion des « négociations directes ». Pas besoin d’un doctorat en sciences politiques pour comprendre que tout plan de paix au Moyen-Orient (y compris celui annoncé par M. Trump) qui ignore les propos du Hamas et du Jihad islamique est voué à l'échec. De plus, ignorer ce que veulent les deux groupes de Gaza (et, aussi, le terroriste Hezbollah du Liban) constituerait une menace suicidaire (si acceptée) pour la sécurité et la stabilité d’Israël et de la région. Car que se passera-t-il le lendemain de la création d'un État palestinien? La réponse, selon le Hamas et le Jihad islamique (et d'autres Palestiniens), est qu’ils utiliseront cet État pour poursuivre la "lutte armée" jusqu'à la libération des villes occupées de Tel-Aviv, Nazareth, Tibériade, Jaffa et Haïfa. En voilà pour « la fin de toute revendication ou de tout état de belligérance » Dans les circonstances actuelles, un État palestinien constituera un danger existentiel clair et ouvertement exprimé pour Israël.
Alors ? Mme Merkel qui était présente à Sharm el Sheikh, M. Le Drian qui représentait la France, ignorent-ils ce qui précède ? Peu probable. Ce qui est plus que probable c’est que, consciemment ou pas, l’Europe fait preuve d’une pusillanimité pathétique qui dérive du fait, aujourd’hui patent, appelé Eurabia (Bat Yé’Or, 2005). Il s’agit de l’existence d’un syndrome autodestructeur de l’Europe : « S’allier avec celui dont la mission théologique est votre destruction, est suicidaire». Et cela est lié, d’une certaine manière à la Shoah et à Israël. «Le plan européen de destruction d’Israël, reflète en effet son propre désir de destruction et de mort. Et c’est son auto-anéantissement, parfois inconsciemment, que l’Europe a préparé en planifiant la fin d’Israël, car les deux processus sont corrélés. L’Europe veut détruire l’ancien monde pour renaître dans une nouvelle métamorphose, l’islamo-christianisme et l’utopie planétaire de la paix». (Correspondance privée).
Mais… pendant que tout ce monde s’agite… Israël est devenu une puissance économique, technologique et militaire majeure. Mais non seulement. 3ème pays le mieux éduqué au monde (OCDE), 11ème pays le plus heureux au monde (ONU, World Happiness Report 2018), 10ème pays au monde (Bloomberg Healthiest Country Index 2019) ayant le meilleur système de santé, pays de la plus forte croissance soutenue parmi ceux de l’OCDE, un PIB/habitant (presque) identique à celui de la France. J’étais sur le point d’oublier : 4ème pays au monde (seuls les USA, la Russie et la Chine ont réussi) visant le dépôt d’un automate (Beresheet – Génésis) sur la Lune (si tout se passe bien après le lancement réussi le 22.02.19).
C’est comment, déjà, le proverbe avec « les chiens ... et…. la caravane » ?
Et ce qui est le plus important : lire « La France sans les juifs », Danny Trom PUF, 02.19 » - sur 104 pages une démonstration implacable pour arriver à la conclusion que les juifs d’Europe (de France) non seulement partent mais qu’ils doivent partir : « Le départ des juifs clôt discrètement une longue séquence historique déjà entérinée en Europe » Et ils partent où ? La grande majorité en Israël.