Avec la permission de GATESTONE INSTITUTE © 2018 Gatestone Institute.
Bruce Bawer, PhD, ancien rédacteur de New York Times, établi en Norvège depuis 1999 ; auteur de « While Europe slept », « Surrender », « Stealing Jesus » « The Alhambra »
SUEDE
Chaque jour depuis qu'il s’est présenté à l’élection présidentielle, les médias internationaux ont écumé les déclarations et les actions de Donald Trump à la recherche de quelque chose que l’on pouvait moquer. Un jour de février dernier, ils se sont attachés à une remarque improvisée qu'il a faite lors d'un rassemblement en Floride. "Nous devons garder notre pays en sécurité", a-t-il déclaré à la foule. "Vous regardez ce qui se passe en Allemagne, vous regardez ce qui s’est passé la nuit dernière en Suède. La Suède, qui le croirait? Suède. Ils ont pris un grand nombre. Ils ont des problèmes comme ils n'auraient jamais cru possible. »
Trump a poursuivi en mentionnant Bruxelles, Nice et Paris, les sites des récents attentats terroristes. Mais les médias ont ciblé la Suède, parce que Trump avait laissé entendre que quelque chose de spécifique et terrible, un acte de terrorisme ou un crime de gangs musulmans ou quelque chose de ce genre, s'était produit dans ce pays la nuit précédente. Ce n'était pas le cas. "Il y a eu des questions", a titré The Guardian, "à propos de savoir si Trump avait confondu la Suède avec Sehwan au Pakistan, où plus de 85 personnes ont été tuées dans un attentat suicide au sanctuaire soufi jeudi." The Guardian a également cité des statistiques suédoises (douteuses) montrant que les niveaux de criminalité en Suède étaient stables depuis longtemps.
En fait, Trump faisait allusion à une apparition dans le programme Fox News de Tucker Carlson du cinéaste Ari Horowitz, qui avait parlé de son documentaire concernant l'impact dévastateur de l'immigration musulmane de masse sur la Suède. Mais personne dans les médias traditionnels ne voulait en parler. Non, on préférait profiter de l'occasion pour présenter Trump comme désemparé et irresponsable. Le New York Times a publié des articles deux jours de suite à propos de sa prétendue gaffe, et a affirmé que tout le monde en Suède avait été "stupéfait" par cela. Les fonctionnaires et les journaux suédois ont eu une excellente occasion pour le rejeter. L'ancien Premier ministre Carl Bildt a tweeté: « Suède? Attaque terroriste? Qu'a-t-il fumé? » Le journal Aftonbladet a fourni, en plaisantant, une liste d'événements pas vraiment terribles qui ont eu lieu en Suède la nuit en question. Par exemple: "En raison du mauvais temps dans le nord de la Suède, la route E10 a été fermée entre Katterjakk et Riksgransen."
Comme indiqué, Trump a fait son commentaire sur la Suède en février dernier. Parmi ceux qui ne voulaient pas l'oublier, il y avait un groupe de grands photographes suédois qui, sept mois plus tard, a sorti un livre intitulé «Quoi d'autre? Last Night in Sweden ». Dans un journal de Stockholm, The Local, Lee Roden a applaudi les photographes pour avoir défié «l'hystérie concernant le pays provoquée par des gens comme le président américain Donald Trump». Les auteurs ont envoyé le premier exemplaire à Trump. Comme je l'écrivais à l'époque, les images du livre représentaient un homme sur un motoneige, un gars jouant du tuba, un vieux couple jouant avec leur chien et d'autres sujets anodins. Il y avait aussi des photos montrant les immigrants sous un jour positif - par exemple, un somalien poussant une vieille Suédoise dans son fauteuil roulant. Le message n'aurait pas pu être plus clair: la Suède se débrouille très bien, merci, et les musulmans se sont avérés être une aide merveilleusement intégrée à la société suédoise.
Pourtant, au fil des mois, des observateurs plus consciencieux trouvèrent d'autres raisons de rappeler la remarque passagère de Trump. En avril, après qu'un terroriste ait écrasé des piétons avec un camion sur Drottninggatan à Stockholm, The Telegraph (Royaume-Uni) a publié un article de Hayley Dixon dont le titre posait explicitement la question de savoir si Trump n’avait peut-être pas raison. "Un peu plus de six semaines après que Donald Trump ait été raillé à travers le monde pour avoir suggéré que la Suède pouvait être victime d'une attaque terroriste", écrit Dixon, "au moins trois personnes sont mortes quand un camion détourné a écrasé des piétons". The Telegraph donnait un aperçu - étonnamment honnête par rapport aux médias traditionnels - des niveaux d'immigration suédois, des problèmes d'intégration et des zones interdites.
Oui, certains d'entre nous ont écrit sur ces choses depuis longtemps. Mais nous l'avons fait dans des médias non conventionnels, sur des sites Web «alternatifs», et nos reportages ont été régulièrement considérés, par les organes d'information établis, comme exagérés, hystériques, apocryphes, racistes et/ou islamophobes. Nous pouvions souhaiter que ce qu’écrivaient le New York Times, le Washington Post, CNN et les divisions de nouvelles de CBS, NBC et ABC - et leurs équivalents à l'étranger - n'ait pas d'importance. Mais ce n’est pas le cas. Pour des millions de personnes qui achètent encore des journaux, pour lesquels il faut commencer par abattre des arbres, ou allument la télé à l'heure du dîner pour avoir leurs nouvelles, ces sources d'information traditionnelles, aussi porteuses qu'elles soient de fausses nouvelles, restent leurs fenêtres sur le monde. Et quand un journal comme The Telegraph publie un article qui commence, au moins, à dire la vérité sur la Suède, c'est un gros problème. Pour beaucoup de lecteurs, ce sera la première fois qu'ils découvrent que la Suède n'est pas un paradis sur terre.
Le mois dernier, même le New York Times est entré en scène. En quelque sorte.... Le 10 décembre, il a rapporté qu’un cocktail Molotov a été jeté sur une synagogue de Göteborg. Bien sûr, s’agissant du Times, il n’a pas eu de mal pour éviter les mots musulmans et islam, même si c'était clair: "une dizaine de jeunes ... ont commencé à incendier des objets et à les jeter sur la synagogue"; les policiers "ont arrêté trois hommes d’une vingtaine d’années"; cela faisait suite à une manifestation anti-israélienne au cours de laquelle les participants brandissaient des drapeaux palestiniens et «criaient qu'ils allaient tuer les Juifs» et menaçaient d’une «Intifada» comme celle de Malmö (le tout) en arabe.
Quatre jours après son reportage sur l'attentat de la synagogue, le Times publiait un op-ed intitulé "La vérité inconfortable sur l'antisémitisme suédois" dans lequel l'écrivaine suédoise Paulina Neuding mettait en perspective l’agression, notant que son pays subissait un tsunami violent d’attaques contre des cibles juives. Le Times a en effet permis à Neuding de mentionner, au neuvième paragraphe du texte, que les auteurs de ces attaques étaient des musulmans. En lisant les premières centaines de mots, je ne pus m'empêcher de penser que certains rédacteurs du Times avaient réduit au minimum les références islamiques du texte. Notez la façon magistrale dont un paragraphe situé près du sommet de l'éditorial de Neuding contourne à plusieurs reprises le genre de précision que le journalisme est supposé respecter:
... Ces deux attaques récentes ont suivi des jours d'incitation [par qui?] contre les Juifs. Vendredi dernier, 200 personnes [quel genre de personnes?] ont protesté à Malmö contre la décision du président Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël. Les manifestants [encore une fois: quel genre de manifestants?] ont appelé à une Intifada et ont promis "Nous allons tuer les Juifs." Un jour plus tard, lors d'une manifestation à Stockholm, un orateur [quel genre de conférencier? Ne connaît-on pas son nom?] a appelé les Juifs "des singes et des cochons." Comme je suis quelqu'un qui a écrit des éditoriaux sur des sujets "sensibles" pour la Dame Grise (NYT), je suis tout à fait certain qu’éviter les mots musulman et islam était le résultat d'une forte correction éditoriale.
Pourtant, pour le Times, l'article de Göteborg et l'éditorial de Neuding ont été étonnamment honnêtes en ce qui concerne les faits sur lesquels le Newspaper of Record avait précédemment maintenu un discret silence.
S’il y a un journal dans le monde qui jouit d'un plus grand crédit parmi l'élite culturelle que le New York Times, c'est le Sunday Times de Londres. Le 21 janvier, il a publié son propre article sur la Suède, titré: "Les adolescents errent dans les rues. »(Sous-titre:« L'armée pourrait être appelée pour stopper une vague de gangs dans les zones d'immigration. ») Oui, le journaliste Bojan Pancevski, en écrivant de Malmö, ressentit le besoin d'équilibrer l'image de cocagne "La Suède compte parmi les pays les plus sûrs, les plus riches et les plus prospères du monde, connaissant une croissance régulière et un emploi en hausse". Mais cette tentative de rassurer a été démentie par son portrait scrupuleux de la Suède d'aujourd'hui. La vague de fusillades de gangs, d'attentats à la bombe et d'agressions sexuelles, "la police" débordée ", et les efforts de longue date de l'establishment suédois pour nier la réalité sont devenus plus que visibles.
"L'école principale de Rosengård, qui comptait des élèves de près de 200 origines ethniques différentes, a été fermée à cause des tensions sociales", a rapporté Pancevski. Il a cité un policier de Stockholm, Ted Eriksson, qui, lors d'un récent «rassemblement pro-réfugiés», avait été «poignardé par un demandeur d'asile afghan» qui «voulait tuer un policier». Pancevski s’est également rendu à Rinkeby, une banlieue d’immigrants de Stockholm, où «un groupe de jeunes en survêtements m’ont demandé agressivement pourquoi j'étais dans leur quartier», pour devenir «plus respectueux» quand je leur ai dit que j’étais «des Balkans » (la patrie de nombreux barons criminels locaux)». A Rinkeby, un policier a déclaré à Pancevski: "Détester la police fait partie de la culture de ces enfants." Regardons les choses en face - la haine de nous tous fait partie de la culture de ces enfants.
Pancevski n'a pas mentionné la remarque de Trump «la nuit dernière en Suède», mais il a évoqué la ministre norvégien de l'immigration, Sylvi Listhaug, qui a visité Rinkeby l'année dernière, disant qu'elle était là pour apprendre les conséquences d'une «immigration non contrôlée et d'une mauvaise intégration». La remarque de Listhaug, rappelle Pancevski, a créé un incident international. Karin Wanngard, maire de Stockholm, a rejeté la description de Rinkeby par Listhaug, qualifiant ce quartier de «beau quartier» «plein de vitalité». En Suède et en Norvège, les médias ont dénigré Listhaug, la décrivant à la fois comme mauvaise diplomate et islamophobe. Puis, des voix influentes ont exigé qu'elle soit virée. Depuis lors, cependant, a noté Pancevski, la situation à Rinkeby est devenue si terrible que Wanngard a été forcé... de changer de chanson». En d'autres termes, Listhaug avait raison - tout comme Trump avait raison.
Pancevski cite également les observations de Neuding selon lesquelles la Suède subit une «crise d'agression sexuelle» en raison de l'immigration d'«hommes issus de cultures extrêmement patriarcales» et du «gouvernement féministe» autoproclamé de la Suède qui a «tranquillement abandonné les femmes». Mais Pancevski s'est interdit, hélas, d'utiliser le mot «Islam»; son article ne faisait même pas allusion au fait que la plupart des problèmes qui sévissent dans les quartiers comme Rosengård et Rinkeby peuvent être directement attribués aux enseignements islamiques sur le califat, le djihad, la jizya, les relations entre les croyants et les infidèles, etc.,
Mais on ne peut pas tout attendre, des médias traditionnels, en même temps.
BELGIQUE
• Le journaliste français Éric Zemmour a facétieusement suggéré que la France arrête de bombarder Raqqa et devrait plutôt bombarder Molenbeek.
• Même le New York Times, c’est à signaler, a diffusé un exposé sur l'inefficacité des efforts antiterroristes de la Belgique, en soulignant le laxisme chronique, le renvoi de responsabilité et les confusions qui caractérisent chaque niveau de son gouvernement.
• Tais-toi. Ferme ta bouche. C'est une façon pathétique et lâche de répondre à la réalité, mais c'est, hélas, un comportement répandu en Europe occidentale aujourd'hui - mais dans certains milieux de la pauvre Belgique a presque été érigé en saint sacrement.
Au cours des 15 années qui ont suivi les guerres napoléoniennes, une série d'événements désordonnés - conférences internationales, échanges de terres entre les grandes puissances, signature de traités, émeutes, escarmouches militaires et, ensuite, une brève révolution - ont abouti à un redécoupage des frontières du continent et à la fixation des frontières des Pays Bas et l'établissement d'un nouveau pays appelé la Belgique. Même dans le meilleur des cas, ce n'était guère un pays, fatalement divisé en un Sud francophone et un Nord flamand, dont les habitants n’avaient pas vraiment de sentiment d'identité partagée. Si, lorsque l'Union européenne est arrivée, les Belges ont embrassé l'idée si ardemment - et se sont félicités de la transformation de leur propre capitale dans la capitale de l'UE - c'était en grande partie parce qu'ils avaient moins le sens de la nation. Les voisins européens estimaient, ou espéraient, que l'UE leur fournirait artificiellement quelque chose d'ineffable que leur propre histoire et leur culture n'avaient pas réussi à leur donner.
Même maintenant, après que les citoyens de nombreux pays d'Europe occidentale furent élevés pour avoir honte de leurs drapeaux nationaux, certains de ces Européens, au moins, montrent encore des signes intermittents de fierté nationale: témoin les foules à travers le Royaume-Uni qui, chaque année, chantent "God Save the Queen", "Jerusalem", et "Land of Hope and Glory" lors de la diffusion de la Nuit des Proms, ou le spectacle du Parlement français chantant spontanément "La Marseillaise" après le massacre de Charlie Hebdo. De telles manifestations sont rares en Belgique. Cela mérite d’être rappelé qu’alors que les proportions officielles du drapeau belge sont de 13x15, la plupart des drapeaux qui survolent des bâtiments gouvernementaux sont 2x3. En d'autres termes, ils ne se donnent même pas la peine de respecter les proportions de leur propre drapeau.
On a souvent fait remarquer que si les musulmans d'Occident sont plus passionnément dévoués à leur propre religion, culture et valeurs que les infidèles occidentaux aux principes qui sous-tendent leur propre civilisation, alors cette civilisation est vouée à l'échec. Face à la menace islamique, bien sûr, il y a des raisons de s'inquiéter pour presque toutes les nations d'Europe occidentale; mais compte tenu de l'étrange absence de l'identité belge, la Belgique est un lieu d'intérêt particulier. Ce n'est pas seulement l'emplacement du siège de l'UE; c'est, pour citer le titre d'un article du 23 mars 2016 de Soeren Kern pour Gatestone Institute, «Pourquoi la Belgique est-elle un Ground Zéro pour les djihadistes européens»? En l'occurrence, l'article de Kern a été publié le lendemain de l'attentat suicide perpétré par des membres de l'Etat islamique à Bruxelles, tuant 32 personnes (sans compter trois terroristes) et en blessant plus de 300 autres.
Quatre mois auparavant, 137 personnes avaient perdu la vie dans des attaques terroristes contre le théâtre Bataclan et d'autres cibles à Paris. Les auteurs ont été rapidement reliés à Molenbeek, un quartier majoritairement musulman à Bruxelles. "Il y a presque toujours un lien avec Molenbeek", a commenté le Premier ministre belge Charles Michel. Stefan Frank a noté que Molenbeek "est considéré comme l'usine terroriste de l'Europe". Et le journaliste français Éric Zemmour a facétieusement suggéré que la France au lieu de bombarder Raqqa devrait plutôt bombarder Molenbeek.
Même le New York Times, cela mérite d’être signalé, a diffusé un exposé sur l'inefficacité des efforts antiterroristes de la Belgique, en soulignant le laxisme chronique, le renvoi de responsabilité et les confusions qui caractérisent chaque niveau de son gouvernement.
Bien sûr, le terrorisme n'est que l'aspect le plus sensationnel de l'afflux islamique en Belgique. En décembre, l'auteur belge Drieu Godefridi a décrit Bruxelles comme une ville «descendant rapidement dans le chaos et l'anarchie». Le mois de novembre a vu "trois manifestations distinctes d'émeutes et de pillages sur une grande échelle", exposant le fait que "l'anarchie ... est la nouvelle normalité à Bruxelles". Des soldats patrouillent dans les rues, mais n'osent pas agir: «Si un soldat blesse réellement un pilleur, il sera probablement réprimandé publiquement, mis au pilori par les médias, jugé et déshonoré ». Quand, au cours d'un débat télévisé, l'un des rares politiciens du pays a essayé d'aborder le lien évident entre le désordre rampant et l'immigration, le modérateur lui a littéralement crié que "L’immigration n'est pas le sujet ... L’IMMIGRATION N'EST PAS LE SUJET, ARRÊTEZ! » Et a ensuite passé la parole à une « poétesse vociférante » » couverte d’un voile islamique qui a attribué les problèmes de la ville à son échec d’accueillir, à bras ouverts, des gens comme elle. Le public a ensuite été invité de l'applaudir.
Compte tenu de tout cela, il ne devrait pas être surprenant que l'une des voix les plus importantes en Belgique aujourd'hui soit celle d'une fondation, créée en 2014, qui s'appelle « « Ceci n'est pas une crise » (CNPC, "Ce n'est pas une crise " une référence délibérée à la célèbre peinture « Ceci n'est pas une pipe » de l'artiste le plus célèbre de Belgique, René Magritte.) La Belgique est-elle en difficulté? Bruxelles est-il un enfer? Molenbeek est-il le neuvième cercle de l'enfer? Au contraire. Comme le dit gentiment CNPC, «Nous sommes confrontés à une transition vers un nouveau modèle social plutôt qu'une phase temporaire de dysfonctionnement». Oui, les changements sociétaux récents "ont détruit beaucoup de structures qui ont façonné nos vies quotidiennes et formé la base de nos identités, conduisant à une perte de repères et un sentiment d'anxiété." Mais tandis que la «rhétorique simpliste» des «populistes» représente cette transition comme impliquant «l'affrontement» entre «nous» et «l'autre», nous transformant ainsi en nationalistes et xénophobes et en «ennemis», ce que nous devrions faire est abandonner les derniers vestiges de notre ancienne société, avec des «rôles sociaux» et des «modes de pensée» traditionnels et des «normes acceptées», et apprendre à cultiver des «identités ouvertes» et à «percevoir la diversité comme un enrichissement qui contribue à améliorer nos sociétés. "
Un des fondateurs de CNPC, le caricaturiste et commentateur de TV Le Soir, Pierre Kroll, a expliqué: "Nous vivons à une époque où un sentiment constant de crise, de bouleversement et de changement profondément enraciné domine, donnant lieu à une tendance répandue à pleurer sur le passé et à fantasmer sur un retour « réconfortant à des valeurs rigides, des frontières fermées et une rhétorique simpliste ». Ceux qui savent que cette «crise» n'est pas vraiment une crise, que le monde ne reviendra jamais à ce qu'il était avant (et heureusement!), doivent faire comprendre à ces gens que nous avons besoin de plus d'Europe et pas moins, qu'au lieu de nous éviter, nous devons apprendre à vivre ensemble, que nous devons être optimistes et déterminés. »
Eh bien, il est toujours facile de croire que la crise n'est pas vraiment une crise quand vous faites partie de l’élite culturelle qui vit dans un quartier sûr, haut de gamme et dont le chemin ne traverse jamais celui des femmes forcées à porter la burka, des filles soumises aux MGF (Mutilations génitales féminines – MB) ou des cousins ou des «jeunes» qui attaquent les juifs, frappent les gays et harcèlent leurs professeurs et leurs camarades de classe. Comme il est facile pour les gens privilégiés de prêcher la diversité à ceux qui vivent avec un tel chaos tous les jours!
Qui est derrière CNPC? Son président, Jean-Pascal Labille, est un ancien ministre et professeur. Amusement, malgré toute la rhétorique sur la diversité et même la «super diversité» (un terme à la mode dont la CNPC est extrêmement friande), Labille et les vingt autres membres du comité exécutif de la CNPC sont tous des Européens ethniques. Leurs antécédents sont en sociologie, philosophie, économie, zoologie, architecture, affaires, radiodiffusion, théâtre et politique. Quelques uns d'entre eux sont des membres du Parlement européen. L'un d'eux est le cerveau de l'horrible loi sur l'euthanasie de la Belgique - la plus «libérale» du monde.
L'année dernière, la CNPC a mené une enquête exhaustive sur l'islam, l'immigration et les sujets connexes; parmi les conclusions représentatives incluses dans son rapport de 141 pages, 63% des Belges considèrent l'islam comme une menace pour leur identité nationale, tandis que seulement 12% le considèrent comme un «enrichissement culturel». Conclusion de la CNPC: les Belges sont de plus en plus craintifs, xénophobes, hostiles à «l'autre» et pathologiquement inondés de «paranoïa antimusulmane».
CNPC ne fait pas que des études. Elle publie également un magazine qui se nomme simplement Revue. Un premier article a servi un message optimiste: arrêter l'immigration n'est pas «réaliste». Des frontières fermées "minent ... le rêve de droits humains universels et inaliénables". Croire au nationalisme est une «fiction dangereuse». L'État-nation? Un "anachronisme". Revue a enregistré un choc lors du vote sur le Brexit. Après l'élection de Donald Trump, dont «les yeux se tournent vers le passé», Revue ne trouve de réconfort que dans l'idée que sa présidence oblige l'Europe à «prendre son destin entre ses mains». Dans le dernier numéro, Fatima Zibouh, politologue belgo-marocaine, célèbre Molenbeek, arguant que ceux qui se concentrent sur son rôle d'usine terroriste "comprennent mal" ses "multiples facettes", en particulier sa vie culturelle, qui est "caractérisée surtout par son effervescence comme par sa diversité. " Les événements culturels, note-t-elle en outre, ne sont pas seulement des événements culturels - ce sont des «outils politiques subversifs» qui peuvent aider à faire avancer la transition sociétale souhaitée.
Revue a également publié d'innombrables articles sur les partis «anti-immigrés» et «anti-islamiques» en Europe. Le seul sujet qui semble n'avoir jamais été abordé sérieusement est l'Islam lui-même. La couverture d'un numéro de 2016 du magazine présente une bande dessinée à quatre panneaux qui mérite d'être méditée. Il comporte deux filles. Dans le premier panneau, la fille A dit «Je ne suis pas raciste», puis ajoute «Mais», après quoi la fille B couvre la bouche de la fille A et dit: «Chut». Dans le dernier panneau, couvrant toujours la bouche de la fille A - de manière assez forcée, semble-t-il - la fille B dit: "Rien de bon ne vient après cela." Apparemment, la fille A était sur le point de signaler quelque chose qu'elle avait observé au sujet de sa société, même si elle savait que certaines personnes, justes ou non, la considéreraient comme raciste pour l'avoir mentionnée. Quoi qu'il en soit, CNPC est d'accord avec la fille B: mieux vaut rester silencieux.
Tais-toi. Ferme ta bouche. C'est une façon pathétique et lâche de répondre à la réalité, mais c'est, hélas, un comportement répandu en Europe occidentale aujourd'hui - et, tout au moins, dans certains milieux de la pauvre Belgique, il a presque été érigé en saint sacrement.