Le dîner fût cordial, les plats (presque) végétariens, cacherout et halal obligent, les convives se connaissaient tous et se sont rencontrés maintes et maintes fois à l’exception de leur hôte, le dernier locataire en date de la Maison Blanche. Tout s’est donc bien passé et pour le faire savoir, urbi et orbi, une conférence de presse a été organisée par la Dame Clinton au Département d’Etat. Remarquez, elle aurait dû demander l’avis de son mari avant car l’expérience du Camp David de 2000 doit faire encore partie de ses souvenirs les plus marquants de sa deuxième présidence.
Un brin gênés, tous, par un peu de sang versé à point nommé par le Hamas mais bravant l’intermezzo qui rappelait qui détenait, réellement, la clé de leurs discussions, les protagonistes de l’avant-dernière tentative (car, soyez rassurés, il y en aura une autre …) voulant négocier la paix entre Israël et l’Autorité Palestinienne ont tous protesté de leur bonne foi et de leur décision d’aboutir à un accord final. Bigre …
Mais bon sang (versé …) ne saurait mentir : en condamnant les deux ignobles attentats terroristes revendiqués par le Hamas, autant BHO que Mahmoud Abbas par leurs déclarations ont montré ce que la négociation occulte : l’impossibilité de concilier les fondements des positions israélienne et palestinienne. En effet, ils ont clairement lié le terrorisme, un à l’objectif de faire capoter les discussions et l’autre, un peu plus nuancé, à l’occupation des terres palestiniennes par les « colons » israéliens. Rationaliser et lier le terrorisme à quoi que ce soit justifie l’action barbare de ceux qui le pratique : on n’a pas seulement tué de loin quatre israéliens dans leur voiture, on a « farci » de balles leurs cadavres (morts …). En ne condamnant pas clairement de tels actes les deux musulmans (enfin, un seulement à la naissance …) font semblant de ne pas comprendre que les assassins à la solde du jihad contre les juifs et les israéliens n’ont besoin d’aucune justification. Ils tuent, un point c’est tout. Car, soldats de la grande communauté destinée à conquérir le monde, ils sont engagés dans l’anéantissement de leurs ennemis et non pas dans le déraillement des négociations de paix … ni dans la récupération des terres souillés par la présence des juifs. Cela viendra de surcroît, s’ils gagnent : étant certains de leur réussite finale ils n’ont pas d’états d’âme. Mais BHO et Mahmoud Abbas ne savent-ils pas cela ? Oh, que si … mais il faut donner le change …
Négociations de paix … on croît rêver !
Trois raisons majeures, du côté israélien, pour lesquelles ces négociations (pas plus que les précédentes) n’aboutiront pas à un « accord final » car les palestiniens ne les accepteront pas :
* reconnaître le caractère juif de l’Etat d’Israël
* refuser tout « droit au retour » au 4,5 millions de « réfugiés » (650/800.000 selon les versions, au départ en 1948) en Israël
* mettre fin, une fois pour toutes, à toutes réclamations, d’un côté et de l’autre.
Certes, d’autres demandes israéliennes sont importantes (démilitarisation de l’éventuel état palestinien, « partage » des territoires autour de Jérusalem, frontières définitives, etc.,) mais depuis que l’on négocie … on sait pouvoir trouver des compromis.
Trois raisons majeures du côté palestinien pour lesquelles ces négociations (pas plus que les précédentes) n’aboutiront pas à un « accord final » car les israéliens ne les accepteront pas :
* non reconnaissance du caractère juif de l’Etat d’Israël (car cela rendrait irréalisable la revendication du droit au retour des « réfugiés » en Israël)
* retrait d’Israël sur les « frontières de 1967 » (en réalité les lignes d’armistices de 1948 après la décision de partage de la Palestine -ou de ce qu’il restait après l’ignoble charcutage anglais pour créer ex nihilo la « Royaume Hachémite de Jordanie)
* arrivée en Israël des « réfugiés » palestiniens parqués depuis plus de 60 ans par leurs frères libanais, syriens ou égyptiens dans des camps de réfugiés.
Certes, d’autres demandes palestiniennes sont importantes (« partage » des territoires autour de Jérusalem, capitale, frontières définitives, etc., « futur état palestinien » doté de tous les attributs d’un état souverain – armée, contrôle de l’espace aérien, etc.,) mais depuis que l’on négocie … on sait pouvoir trouver des compromis.
Il ne faut être grand clerc pour comprendre que les deux jeux de conditions sine qua non sont irréconciliables. Et si vous qui lisez ce texte vous le comprenez, comment croire que tous ceux réunis, encore une fois, à Washington ne le comprend pas ?
A quoi bon, dès lors, de faire semblant ? Vous trouverez des tas d’explications dans la presse française et/ou mondiale et selon le degré de parti pris des uns et des autres elles seront liées au caractère « d’extrême droite » du gouvernement actuel d’Israël qui ne veut pas faire des concessions ou au besoin des palestiniens à ne pas aller à l’encontre de la volonté américaine car … ils seraient sevrés du lait des subventions (essentiellement américaines et européennes) qui coule dans leurs pots depuis plus de 60 ans.
L’histoire est cependant là pour nous montrer que, nonobstant la couleur politique du gouvernement israélien les palestiniens n’ont jamais voulu accepter un compromis de fond et qu’ils ont fait tout pour qu’un état palestinien ne soit pas une option réelle. Exemple ? Les offres faites par Ehud Barak à Camp David en 2000 et, ensuite, à Taba en 2001 et rejetés sans offre alternative par Yasser Arafat. Exemple ? Les offres faites par Ehud Olmert en 2008 et rejetées, sans offre alternative, par Mahmoud Abbas la même année.
Mais, hypothèse d’école, parce que les Etats Unis veulent peser de tout leur poids (argent pour les palestiniens, support contre l’Iran pour Israël), ils vont faire les pressions qu’ils pourront faire et, oh miracle, un accord sera conclu. Hypothèse d’école.
Israël bénéficie d’un apriori favorable quand il s’agit de mettre en place un accord négocié par son gouvernement : Yamit, colonie démembrée en 1982 après accord de paix avec l’Egypte, le Sinaï en totalité rendu à l’Egypte, Gaza évacuée en 2005 et dislocation de plusieurs colonies groupant environ 8.000 personnes, trois exemples parmi d’autres. Peut-être procéderont-ils à un referendum dont l’issue ne semble pas poser d’interrogation s’il s’agit d‘une fin complète et totale du conflit.
En revanche, on s’apercevra, alors, que Mahmoud Abbas n’a aucun pouvoir pour appliquer ledit accord, ni à l’intérieur du territoire où il se trouve (mais qu’il ne contrôle pas en réalité …) ni surtout dans l’autre moitié de son royaume, Gaza, où le Hamas n’a aucune raison de renoncer à ce qu’il a obtenu depuis 2006 : créer et maintenir un « hamastan » réceptacle de l’aide de tous ceux qui veulent détruire Israël, perspective de plus en plus souhaitée non seulement par le monde musulman mais aussi par une (grande) partie de l’Europe. Et surtout par l’Iran. Car, ne nous trompons pas, il n’y aura jamais de paix au Proche Orient avec un Iran devenu puissance nucléaire. Perspective d’autant plus plausible que, par delà tous les discours concernant les sanctions « sérieuses », tout le monde semble s’être résigné à voir un Iran disposant de la bombe.
Mais alors à quoi servent les « négociations de paix », à quoi va-t-elle servir cette nouvelle tentative de reprendre un « processus » qui ne mène nulle part ? En réalité, les rencontres de cette semaine ont eu lieu car les protagonistes étant incapables (et ils le savent) de « faire la paix » une fois pour toutes, ont besoin, désespérément, de faire semblant de vouloir trouver une solution. Surtout BHO, dont tous les « experts » s’accordent à dire que le spectre de la perte de la majorité des démocrates aux deux chambres (députés et sénateurs) prenant l’aspect d’un plébiscite contre sa politique (ou ses politiques) l’oblige d’espérer la bienveillance du « lobby juif »*.
Le mythe de Sisyphe … au moins lui, condamné aux Enfers, devait pousser indéfiniment une énorme roche ronde jusqu'en haut d'une montagne. Parvenue au sommet, la roche, sous l'effet de la gravité, redescendait jusqu'au pied de la montagne, et Sisyphe devait recommencer sa harassante tâche. Les protagonistes de la rencontre de Washington seraient-ils de nouveaux Sisyphes ?
* Karel De Gucht, ancien ministre des Affaires étrangères belge (si, si, ce n’est pas une blague …) et actuellement Commissaire au Commerce de l’Union Européenne, a affiché jeudi son scepticisme sur les chances de succès des nouvelles négociations directes entre Palestiniens et Israéliens. Interrogé sur la radio de la VRT, il a affirmé que "le lobby juif au Capitole ne doit pas être sous-estimé………". "Ne sous-estimez pas non plus l'avis du juif moyen en dehors d'Israël", chez qui il existe "la croyance d'avoir raison", "Il n'est pas facile, a ajouté M. De Gucht, même avec un juif modéré, d'avoir une conversation rationnelle". On a accusé des gens d’antisémitisme pour moins que cela …