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31 juillet 2023 1 31 /07 /juillet /2023 21:06

Un nouveau texte.
Point de départ, avant les vacances, pour savoir mesurer à la rentrée ce qui s’est passé entre temps.

Le point de départ : l’actualité se mouvant avec une vitesse moindre pendant les vacances d’août, pour pouvoir apprécier en septembre ou octobre la distance parcourue, on est tenus de préciser le point de départ. Parallèlement, je réponds aussi à des lecteurs qui trouvent mes « productions » trop espacées !

Les trois sujets abordés par le blog depuis bientôt deux ans sont la France, Israël, et l’Ukraine. Commençons dans l’ordre, en surfant d’abord sur la cime des vagues, en laissant et les nombreux détails et les démonstrations (souvent nécessaires) de côté.

France – trois aspects essentiels pour l’existence de notre beau pays : économie, éducation, sécurité.

L’économie : le résumé fait par N. Baverez (Le Figaro, 10.07.23) me semble tellement clair et (presque) exhaustif qu’il n’est pas nécessaire d’en ajouter: « Faillite économique avec une croissance nulle et des gains de productivité en diminution, annonçant la sortie (du groupe) des dix premières puissances économiques mondiales avant la fin de la décennie. Faillite sociale, avec une richesse par habitant inférieure de 15 % à celle de l’Allemagne, un chômage de masse et une pauvreté touchant plus de 9 millions de personnes. Faillite financière, avec une dette publique qui a dépassé 3000 milliards d’euros, redoublée par une dette privée de 146 % du PIB ainsi qu’une balance commerciale déficitaire de 7 % du PIB. Faillite civique, avec un État-providence qui a détruit la citoyenneté - les revenus de 70 % des Français dépendant de manière critique des aides sociales -, la sécession d’une immigration incontrôlée, une jeunesse ayant pour seul repère les réseaux sociaux. Faillite politique d’un État obèse et impotent, qui monopolise 58 % du PIB tout en étant incapable de remplir sa mission première de maintien de la sécurité comme d’assurer les services essentiels dans les domaines de l’éducation, de la santé ou des transports. Faillite morale liée à la dynamique de la haine, de la violence et de la peur, qui alimente la défiance des citoyens envers la démocratie et prépare l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite. N. Baverez – Le Figaro, 10.07.23

Ce que l’on peut ajouter, quand même, c’est :

  1. Les rodomontades fallacieuses des gouvernants élevant le taux de chômage au panthéon des réalisations exceptionnelles des quinquennats « Macron », fallacieuses car ce qu’on a ajouté au champ du travail ce sont des emplois subalternes, essentiellement occupés par des travailleurs issus de l’immigration, légale ou illégale ;
  2.  
  3. Il y a certes aujourd’hui presque 6% d’emplois de plus qu’en 2019 MAIS le PIB n’a augmenté, lui, que de 1,3% (Mathieu Plane, 18.05.23) ;
  4.  
  5. Le solde export-import est devenu systémiquement négatif ; il faut se souvenir que dans les années 70/80 les produits industriels fabriquées en France représentaient env. 24% du PIB, ils ne représentent plus qu’env. 10% du PIB que les 235.000 entreprises industrielles produisent avec quelque 2,7 millions de salariés directs (soit env. 11% des 25.000.000 des salariés français) ; ajouter que le nombre d’heures travaillées annuellement (par env. 6.000.000 personnes) s’est réduit de 350 heures (INSEE) et que tout cela fait que la France 3ème puissance économique il y a 50 ans va probablement sortir du groupe des 10 premières puissances économiques en 2024 et se trouve 28ème du monde pour le PIB/habitant – 15% de moins que l’Allemagne et (presque) 20% de moins qu’Israël (Banque Mondiale).

Education – un changement de ministre dans un remaniement ministériel de pacotille devient un espoir visant à réparer le délabrement du système éducatif français, jadis un des meilleurs du monde. Loué pour représenter l’ascenseur social le plus socialement égalitaire et qui a, presque, disparu en totalité. Il ne faut pas tirer sur une ambulance, dit-on, il s’agit pourtant d’une tragédie majeure dont on a commencé à subir le coût et qui sera notre handicap le plus important pendant les années à venir.

l﷽﷽﷽﷽﷽﷽﷽﷽mes à 120km/heure dans une banlieue de ParIsraël – Un pays qui ne laisse personne indifférent surtout depuis 56 ans, depuis qu’il a réussi, en six jours, de vaincre les armées arabes de cinq pays qui voulaient « jeter les juifs à la mer » Pays qui, en 1948, quand il a été admis à l’ONU était pour l’essentiel un territoire encore plein de marais et en grande partie, un désert.

Aujourd’hui, presque, auto-suffisant pour tous ses besoins alimentaires, exportateur de beaucoup d’entre eux. Il s’est hissé parmi les premières puissances militaires mondiales (4ème armée du monde ?) et s’est dotée d’une industrie qui fabrique tout ce dont il a besoin, des cartouches jusqu’aux chars d’assaut Merkava (parmi les six premiers au monde). Des drones (il les a inventés, aujourd’hui 2ème fournisseur mondial après les Etats-Unis). Informatique ? Cybernétique ? Sécurité Internet ? Plateformes de paiement ? Fabrication de microprocesseurs et chips divers ? Logiciels pour Microsoft ? Systèmes GPS que Google utilise mondialement ? Comme on dit en anglais : You name it. Mais ce n’est pas pour cela qu’aujourd’hui il occupe les premières pages de la presse bien-pensante du monde : on nous explique que la démocratie est en danger de mort en Israël.

On devrait se souvenir qu’Israël a connu depuis 1948 37 élections et 55 gouvernements de gauche, de centre et de droite et que sa démocratie a tenu bon. Ce que le nouveau Gouvernement sorti des élections de novembre 2022 veut changer c’est ce qui a été insidieusement introduit par le Président de la Cour Suprême,         A. Barak, en 1995, le déséquilibre entre les trois pouvoirs (législatif, juridique et exécutif) en donnant la prééminence au juridique (avec des juges non nommés/validés par des élus comme aux EU ou en UK ou même en France et qui se succèdent et se cooptent par un processus qui leur accorde un droit de véto).

Robert Bork, qui a été nommé par le président Ronald Reagan à la Cour suprême des États-Unis en 1987, a écrit dans son livre de 2003 intitulé Coercing Virtue : «Ce n’est pas aux États-Unis, ni au Canada, mais à l’État d’Israël que l’on attribue la première place pours la déformation judiciaire la plus importante du gouvernement d’un pays démocratique. La Cour suprême israélienne est en train de devenir l’institution dominante du pays, une autorité qu’aucun autre tribunal au monde n’a jamais atteinte.» Et la situation s’est considérablement aggravée depuis que R. Bork a fait cette observation. (Daily Caller 29.07.23).

A tel point que la Cour Suprême a déjà déclaré qu’elle considérerait, en vue de juger, les pétitions juridiques contre la loi dite "raisonnable" (loi promulguée par la Knesset et qui lui interdirait de contester les décisions des ministres ou du Premier Ministre comme non «raisonnable »). Ce qui conduirait à une situation grotesque dans laquelle un tribunal judiciaire jugerait sa propre législation de dépouillement de juridiction promulguée par les députés élus dans une société sans constitution. Kafka, où es-tu ?

Sauf si j’ai tout mal compris, ce que B. Netanyahou et les siens veulent faire (c’était dans leur programme électoral) c’est de rétablir la balance entre les trois pouvoirs. Et, ça, il me semble que c’est raisonnable, comme dans toute démocratie. Mais que non.

On crie, on bloque des rues, on annonce les pires perspectives apocalyptiques pour l’économie du pays (des prévisions, d’habitude auto-réalisatrices), le tout d’après une approche idéologique clairement proposée par un ancien général, ancien premier ministre, depuis trois ans. Qui se considère investi par une caste (laïque, riche, ashkénaze, de gauche) qui n’entend pas céder les leviers du pouvoir qu’elle détient depuis des lustres. En réalité, deux raisons sont à l’origine de ce qui se passe actuellement. La première tient à la haine (je mesure mes mots) que la gauche israélienne et mondiale voue à B. Netanyahou. Il a été élu premier ministre six fois, il a gouverné pendant 16 ans, il est à l’origine de la transformation d’Israël, pays socialiste, en économie de marché libre, à l’éclosion des startups High Tech, à l’origine de l’industrie gazière construite ex nihilo, à l’origine de plusieurs percées diplomatiques, les Accords Abraham étant la dernière. Et encore la semaine dernière, une enquête d’opinion le montre comme le plus capable d’être premier ministre (45% des sondés, donc, plus que les 35% de l’électorat juif qui lui ont fait gagner les élections). La deuxième est d’ordre social. La «caste» craint l’avenir : la démographie d’Israël change, les «déplorables» (plutôt religieux, pauvres, plutôt de droite, séfarades) commencent à prédominer dans les élections et, sans doute, le pli est pris pour contester les pouvoirs de ceux qui les détiennent aujourd’hui. Seul moyen d’empêcher, au moins de retarder, c’est de garder en place les institutions qui vont bien. Peu importe que parmi les 55 premiers ministres qu'Israël a connu il n’y ait pas eu un seul séfarade. Ou que parmi les membres de la Cour Suprême (15) il n’y a jamais eu plus qu’un séfarade.

La gauche israélienne (et la population dont on lave le cerveau, env. 30% de l’électorat juif) menace d’arriver à une guerre civile qui, selon elle, a pour origine la destruction de la démocratie israélienne par les actuels gouvernants. Tu parles…

UKRAINE – Un peu plus de 500 jours depuis que la Russie a agressé un pays 20 fois plus petit qu’elle, avec une population trois fois plus moindre que la sienne et un PIB 8 fois inférieur. Aujourd’hui elle constate (et nous, avec elle) qu’elle a perdu, jusqu’ici, plus 4.000 chars d’assaut, de milliers de drones, systèmes d’artillerie, avions, hélicoptères, bateaux et que tout en détenant encore 16% du territoire ukrainien elle s’est vue reprendre, presque la moitié de ses gains de février/avril 2022. Elle a perdu (informations dignes de confiance) plus de 250.000 soldats (probablement 100.000 morts et 150.000 blessés). A titre de comparaison, pendant les 9 ans de guerre en Afghanistan elle a perdu 26.000 soldats.

La Russie n’a pas réussi à atteindre son objectif principal, de prendre le contrôle politique de l’Ukraine, mais semble toujours capable de soutenir la guerre à son niveau actuel. Naturellement, il n’est pas question que l’Occident reconnaisse de jure l’annexion des territoires ukrainiens par la Russie.

L’offensive ukrainienne actuelle ne réussira peut-être pas de façon spectaculaire – les critiques ont peut-être raison – tout en sachant que l’Occident qui aide l’Ukraine le fait d’une curieuse manière : en lui donnant, pratiquement, ce dont elle a besoin mais… avec un retard de six mois. En face, la Russie a besoin de faire plus que s’accrocher à des lignes de défense des territoires encore détenus. Elle doit gagner, de façon décisive, pour forcer l’Ukraine à négocier, pour mettre fin à cette guerre dont l’hémorragie risque de sérieusement affecter son avenir. L’Ukraine, en revanche, a juste besoin de durer, ce qu’elle a montré qu’elle peut et qu’elle veut. En cela l’aide des Etats Unis et l’Europe (PIB 25 fois supérieur à celui de la Russie) est fondamentale et ne devrait pas être parcimonieusement accordée.

Encore un mot : notre pays et l’Ukraine. On n’a pas fait preuve de générosité après nous avoir parlé, à répétition, des 18 canons Caesar livrés à l’armée ukrainienne. Ou après la mise à leur disposition des «chars sur roues» modèles 1980 qui sont sortis de la dotation de nos armées. Mais notre Président, après s’être égaré dans une approche pacifiste de M. Poutine, après avoir fait croire qu’il était de tout cœur du côté de l’Ukraine, il n’est plus crédité par les pays de l’Est, qui ont connu le joug russe pendant des dizaines d’années, d’une grande vision géopolitique. Dommage, il se présentait en «président de l’Europe» c’est parti à vau l’eau.

 

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8 juillet 2023 6 08 /07 /juillet /2023 19:05
Une pause (pas encore estivale …) a fait quelques lecteurs  (se) poser la question idoine «est-il encore là ?». Je les rassure, les rumeurs qui auraient pu circuler à ce sujet étaient largement exagérées … (Mark Twain).
Bref, 500 jours après le début de l’agression de la Russie, un constat de mi-parcours s’impose. Mi-parcours car cette guerre, telle qu’on la voit aujourd’hui, durera au moins 1.000. Heureusement, moins que celle de sept ans ou celle de 30 ans (prophétisée par un des séides de M. Poutine).

Une sorte de léthargie ou endormissement complet…. Des lecteurs viennent de me réveiller, bruyamment, pour me rappeler à l’ordre : aujourd’hui, cela fait exactement 500 jours depuis que le stratège sans rival, l’homme auquel tout réussissait (l’incompétence, le goût du lucre, le « kowtow » -courber l’échine- de l’Occident libre y étaient aussi pour quelque chose) se révélait n’être qu’un maniaque  apocalyptique lançant 180.000 de ses sujets dans ce qui devait se révéler une agression gratuite, génocidaire (voir la définition du terme).  Qui aurait dû être conclue en trois jours par l’occupation d’un tiers de l’Ukraine, le démembrement de sa gouvernance et, cerise sur le gâteau, par la dénazification du pays et, surtout, par la disparition de quelques juifs nazis dirigeant son gouvernement.

Que nenni. 500 jours après le voilà embourbé dans un paysage de guerre statique à la Verdun, aux frontières de l’Europe, sur un front d’une longueur de plus de 1.200 km. Auquel il a assigné, encore aujourd’hui plus de 200.000 conscrits et personnels contractuels. Après avoir perdu plus de 100.000 soldats morts et, selon des évaluations diverses, plus de 150.000 blessés graves, inopérants.

Selon les autorités ukrainiennes (informations corroborées  par la Ministère de la Défense de UK et, en partie, par le portail ORYX) M. Poutine aurait perdu, au 07.07.2023

 

Ajouter, autres : Radars, équipements transmissions, armement de combat (mitrailleuses, fusils d’assaut, etc.,) + munitions (plus de 50.000 obus/jour, TDG Monde, 08.07.22, 6.000€/unité !), postes commandement +++, bref,  l’addition pour équipements militaires devrait dépasser les 100 Milliards de $.

Forbes évaluait les dépenses militaires principales de la Russie pour la guerre à fin novembre 2022 à quelques 82 milliards de $ et à environ 109 milliards de $ à fin Février 2023 avant de compter les autres coûts – fonctionnement appareil défense, conséquences des sanctions, pertes TVA, impôts des plus de 1,5 million russes ayant quitté la Russie (les mieux payés dans le pays) et les pertes sur les ventes (quantités et prix de vente) pour le gaz et le pétrole. Le tout devant ajouter, selon des données déduites des informations statistiques existantes, quelques 350/400 milliards avec un coût total pour l’économie russe de 450/500 milliards de $.

Selon des données russes, le PIB de la Russie était de 1.779 Milliards $ en 2021, de 1.725 en 2022 et de 1690 en 2023 (base premier trimestre). Pour ceux qui (en Occident) pensent que la résilience peut permettre à M. Poutine de continuer la guerre pendant longtemps il serait utile qu’ils regardent l’évolution budgétaire du pays :

Avec des dépenses supérieures aux rentrées de plus de 40% le déficit est devenu systémique et ce n’est pas la dévaluation du rouble (80 pour un  euro en 2021, 101 aujourd’hui) qui pourrait le réduire vue la dépendance du  pays aux importations de  produits manufacturés.

Nous voilà, donc, au 500ème jour depuis que « le magicien du Kremlin » a lancé ce que tous les observateurs sont convenus de considérer comme la plus grande bêtise possible : une guerre pour envahir un pays de plus de 600.000 km2 et subjuguer les 44 millions d’habitants dont presque 8 millions parlent la même langue que l’envahisseur. Et cela avec une armée de 180.000 soldats, réputée (alors) une des premières du monde et qui faisait peur à toute la planète. Pays agresseur – la Russie (140 millions d’habitants, PIB =1.800 Milliards $ - 2021) pays agressé Ukraine (PIB = 200 milliards $).

Ces chiffres justifiaient aux yeux du monde entier la fanfaronnade de celui qui a décidé de la chose : « Il s’agit d’une opération spéciale de police, elle prendra trois jours et on pourra ensuite démilitariser et dénazifier le pays dont le gouvernement se compose de drogués » Aussi parce que le pays agresseur, la Russie, dispose de 5.997 de têtes nucléaires dont une partie (2.400) lui avaient été rendues par l’Ukraine en échange d’un accord lui garantissant l’inviolabilité des frontières et la souveraineté.

Certes, il a changé plusieurs fois d’explication pour son aventure. Il a expliqué la guerre de nombreuses façons différentes  - avec beaucoup de beaux discours sur le destin historique, l’identité ethnique et l’autonomie civilisationnelle de la Russie, mais ses justifications se confondent, peu à peu, dans un récit apocalyptique unique. L’Occident, dit M. Poutine, cherche à «détruire» la Russie elle-même. Et ce qu’il a en tête va bien au-delà : la concurrence quotidienne pour des avantages militaires et économiques. Les élites occidentales, dit-il, « ont toujours rêvé  de démembrer la Russie en entités séparées, mettant ses peuples les uns contre les autres, et les condamnant  à la pauvreté et à l’extinction ». Rien de moins, donc apocalypse now !

500 jours et quelques 500 milliards de $ de dépenses plus tard (soit env. 28% du PIB annuel !), la Russie a perdu la moitié des territoires ukrainiens conquis pendant les premières semaines de la guerre et se trouve, depuis des mois, en face d’une guerre d’attrition pendant laquelle le pays agressé reçoit une aide inimaginable de la part de deux acteurs principaux, dont les PIB cumulés représentent 38.000 milliards de $, soit 25 fois plus que la Russie. Autant dire que lorsque l’on entend les Etats Unis et/ou l’Europe dire « nous soutiendrons l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire » la Russie devrait comprendre qu’elle n’a pas les moyens de sa politique. Jusqu’ici l’Ukraine a reçu  des aides d’environ 150 milliards de $ (100 des Etats Unis et 50 de l’Europe) soit env. 0,4% de leur  PIB. La résilience de la Russie ? Quand elle dépense 25/30% de son PIB face à un adversaire  dont les partenaires ne dépensent que 0,4% de leur PIB soit 60/70 fois MOINS ? Certes, tous ceux qui veulent que l’Ukraine vive ont mis la main au portefeuille. Dommage que notre pays n’ait consenti (Kiel Institute) qu’une aide 7 fois moindre que celle de l’Angleterre et 100 fois (!) moindre que celle consentie par les Etats Unis. Mais, cela permet aux « spécialistes » et « commentateurs » qui pullulent dans les médias français de dire, avec un clin d’œil qui en dit long « c’est une guerre des Etats Unis par ukrainiens interposés ».

Mais halte aux chiffres.

La Russie a perdu non seulement plus de 250.000 soldats mis hors combat mais ce qui est plus grave plus d’un million et demi de ses cadres  techniques les plus qualifiés qui l’ont quittée pour trouver leur bonheur sous des cieux plus cléments. Comment compter les pertes futures de la Russie, de plus en plus isolée, avec une industrie privée de la technologie occidentale et de ses produits et qu’une partie de sa jeunesse - instruite, cultivée, productive - a quitté pour vivre ailleurs ? Les tendances qui se profilent sont sombres. Privée d’investissements occidentaux et de technologies d’extraction de pointe  en plus de l’exclusion du marché européen, les meilleurs jours de l’industrie l’énergie russe sont derrière. Selon les projections de l’Agence Internationale de l’énergie, la Russie se privera  de plus de mille milliards de dollars en revenus pétroliers et gaziers jusqu’en  2030, reléguant le pays à une puissance énergétique de second rang. Et si la Russie est une puissance énergétique de deuxième ordre, le modèle politique et économique de M. Poutine («la Russie est une station-essence qui se fait passer pour un pays» - John Mc Cain) tiendra encore moins que ses fantasmes impérialistes qui n’ont plus de sens.

Les jeunes sont partis dans des pays où la vie a un sens et qui sont gouvernés, tant bien que mal, par des gens responsables devant leurs collectivités. Non pas par un autocrate maniaque qui s’est proposé de reconstruire l’empire du mal qu’a été l’Union Soviétique. En commençant ses agressions avec des petits pays (Ossétie, Géorgie) et devant la coupable indifférence de l’Occident, en continuant avec la Crimée et puis l’Ukraine.

500 jours après où en sont les choses ? Ce n’était pas prévu comme cela : la main sur le cœur M. Poutine nous avait annoncé, il y a juste 500 jours, qu’il avait décidé de lancer une « opération de police spéciale » qui allait se dérouler sur trois/quatre jours, pour rendre l’Ukraine sœur démilitarisée et dénazifiée. Les péripéties des seize derniers mois sont connues, l’inanité de la décision de M. Poutine ressort comme les yeux au milieu de la figure.

 En janvier 2022, les forces russes ont lancé une offensive à grande échelle dans le Donbass pour tenter de capturer Bakhmut et de réaliser une percée opérationnelle.

Malgré la perte de plus de 100.000 hommes tués, blessés et capturés en quelques semaines, les forces russes n’ont pas réussi à briser les lignes ukrainiennes, bien qu’elles aient capturé Bakhmut après beaucoup de sang et de sueur en juin 2023.  Néanmoins, à présent, semble possible pour l’armée ukrainienne de reprendre la ville dans un avenir pas trop distant.

L’offensive russe perdue, l’armée russe a passé presqu’une année pour construire des lignes de défense sur une partie de 1.200 km de long et sur une profondeur de 30 km, bien mieux que la ligne Maginot … Mais, en clair, depuis, l’armée russe à perdu l’initiative stratégique et elle ne fait que défendre les territoires conquis au début de 2022. Aucun des objectifs stratégiques du magicien du Kremlin ne semble plus atteignable. La Russie a cédé l’initiative stratégique à l’Ukraine, c’est sans doute la conquête la plus importante de ce pays martyre. Il est peu probable que la dynamique change de sitôt, car Poutine s’est empêtré. Son culot d’avoir annexé quatre provinces ukrainiennes, ainsi que les crimes de ses forces armées contre l’humanité et l’anéantissement de centaines de milliards de dollars d’infrastructures ukrainiennes, empêchent d’imaginer que l’une ou l’autre permettrait à la Russie un règlement qui la soustrairait aux sanctions et aux dédommagements.

500 jours après le début de la guerre, les bombes et les missiles de croisière de   M. Poutine n’ont pas brisé l’Ukraine. Un afflux de 300.000 nouveaux soldats au cours de l’hiver 2022/23 n’a pas fait grand-chose pour améliorer les combats des unités russes, et le déploiement de chars des années 50 a ajouté du carburant à la rumeur selon laquelle les munitions russes s’épuisent. En effet, les commandants militaires russes semblent avoir épuisé leur capacité de répondre efficacement à l’escalade ukrainienne. Il devient évident, à mon avis, que la seule façon pour la Russie de faire face à l’escalade, c’est d’introduire des armes nucléaires.

Nous devons donc supposer qu’il est prêt à les utiliser, très probablement en réponse à l’incapacité de son armée chancelante à s’intensifier suffisamment par des moyens conventionnels. En d’autres termes, le génie nucléaire pourrait sortir de la bouteille. C’est ainsi qu’il faut prendre la décision de la Russie d’installer des moyens nucléaires dans le pays limitrophe, la Biélorussie. Et de l’Europe aux Etats Unis et jusqu’à la Chine on commence à s’y préparer tout en essayant de dissuader le fou d'allumer un feu d’artifices.

Et, naturellement, comme au début de la guerre quand on ne faisait pas confiance aux ukrainiens, on recommence à parler d’un cessez-le-feu. En espérant qu’idéalement, le cessez-le-feu serait maintenu, ce qui mènerait à un statu quo comme celui qui prévaut dans la péninsule coréenne, qui est demeuré en grande partie stable sans pacte de paix officiel depuis 70 ans. Ou à, Chypre qui est divisée mais stable depuis des décennies. Les promoteurs de cette bonne idée [partition de territoires appartenant à l’Ukraine] ajoutent que ce n’est pas une issue idéale, mais elle est préférable à une guerre de haute intensité qui se poursuit pendant des années. En occultant le refus ukrainien de voir le pays démembré et l’agresseur récompensé sans qu’il ait à payer les centaines de milliards d’euros de destructions qu’il a, sciemment, causé. Ce faisant, on lui laisserait aussi un répit pour se refaire et … éventuellement, recommencer …pays baltes, Transnistrie, Moldavie. Car la Russie aura toujours les 6.000 têtes nucléaires, son fauteuil au Conseil de Sécurité et n’attendra qu’un autre illuminé pour recommencer. Et en attendant, elle utilisera les territoires qu’elle occupe en Ukraine pour attaquer le reste du pays et imposer un contrôle militaire russe sur la mer Noire. Son occupation de la péninsule de Crimée lui permet de réduire sensiblement ou d’interdire l’accès ukrainien et international aux ports ukrainiens, par lesquels transitaient 80 % du commerce international du pays avant la guerre. La possession de la Crimée permettrait également à la Russie de continuer à dicter ou à manipuler les conditions du transport maritime et aérien international dans une grande partie de la région de la mer Noire au détriment des pays riverains et non riverains ainsi que de l’Ukraine. Contrairement à la situation à Chypre, la Russie y régnerait en maître. Certes, la Russie de M. Poutine ne ressemble pas à la dictature stalinienne, mais ce qu’elle veut c’est de contrôler ses environs comme elle le faisait pendant le 17 ou 18ème siècle.

Une tragi-comédie en attente si, des fois, l’Occident renonce à  ce qu’il devrait obtenir : la mise au pas de la Russie de manière telle à ce qu’elle ne recommence plus. L’épisode que nous venons de vivre - pendant un seul jour, un seigneur de guerre, mercenaire, Prigozhine, semblait devenir un prétendant au trône à Moscou, incarnant les espoirs, les attentes et les griefs de pas mal de gens.

Alors que l’Ukraine continue de se battre pour libérer ses territoires occupés et expulser les envahisseurs russes, ses partisans occidentaux devraient arrêter de débattre de la fin probable de la guerre et de ses conséquences. La réponse internationale à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, demeure dangereusement chancelante. La menace systématique de la Russie, qui se veut impériale, à l’ordre international fondé sur des règles semble insuffisamment comprise.

Sauf de notre Président qui après avoir téléphoné à son ami Vladimir (invité à Versailles, à Brégançon …) moult fois, après avoir asséné à une Europe peureuse « l’OTAN en état de mort cérébrale » a changé de discours, veut que la Russie perde la guerre et s’approche (pendant combien de temps ?) des positions des pays de l’Est et/ou baltes qui ayant vécu sous la férule d’une dictature russe/communiste n’avaient jamais arrêté de prévenir l’Occident de ce qui pouvait arriver. Et ce qui est arrivé.

Les Ukrainiens qui ont, de plus, le sens de l’humour et de la repartie, annoncent qu’aujourd’hui, M. Zelenski s’est trouvé sur l’Ile aux Serpents, en plein milieu des navires de guerres russes,  en mer Noire, île récupérée depuis des mois. Quel pied de nez !

https://urlr.me/GsfP3 - mérite d’être lu !

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14 mai 2023 7 14 /05 /mai /2023 09:50

J’avais promis de revenir sur un des trois sujets que le blog évoque depuis quelque temps. Cette fois-ci je propose que l’on regarde, d’un peu plus près, ce qui se passe actuellement en Israël. Et aussi la façon (toujours la même ?) qu’ont les bien-pensants de ce monde, d’habitude, quand ils se donnent la peine de regarder Israël et ses soucis. Israël, dont la résilience semble, une fois de plus, éblouir le monde : on vient d’arrêter de s’écharper sur un sujet qui détermine le mode de gouvernement du pays pour faire une pause, reprendre les armes pour se défendre d’une nouvelle agression.

Résilience.

Depuis trois mois on assiste au déchirement du tissu national en Israël, consécutif à des élections gagnées par une coalition de droite (ou de droite « extrême » pour faire plaisir à ceux pour qui tous ceux qui trouvent que l’extrême droite commence tout de suite après les radicaux-socialistes). Les ténors d’une opposition représentant, allez, disons-le, une caste riche/ou presque, se réclamant du centre/gauche effrayée par la perspective d’une impossibilité de gagner des élections ont fait sortir le « peuple » dans les rues 18 samedis à la suite. Le ferment qui a fait monter la mayonnaise a été la volonté de la coalition gouvernementale de procéder à une reforme judiciaire qui devrait enlever certains pouvoirs à des structures non élues en faveur des représentants élus par le peuple. Reforme qui, en principe, faisait l’unanimité de la classe politique avant qu’elle soit réellement mise en place par l’actuelle coalition gouvernementale. Très rapidement on avait compris, qu’en réalité, ce que les ténors de l’opposition voulaient c’était de faire tomber le gouvernement.

Que n’a-t-on entendu ? Que la démocratie allait disparaître, que les investissements dans les start-up allaient s’arrêter, que l’économie allait subir des pertes de dizaines de milliards de shekels, que les avoirs des gens riches/sociétés allaient quitter Israël. Le tout, bien entendu, promu, répété, diffusé par des médias, toutes au service d’une doxa prédominante prévoyant -à terme- la disparition de l’Etat d’Israël tel que l’on l’a connu (New York Times- T. Friedman, L(i)Monde et d’autres).

Est-ce qu’un pays avec une culture florissante et qui a réussi de réaliser sa raison d’être en accueillant plus de 800.000 Juifs des pays arabes/musulmans, un million de Juifs de l’Union soviétique, et des centaines de milliers de Juifs d’Ethiopie, la Syrie, le Yémen et toutes les communautés discriminées du Moyen-Orient allait soudainement perdre/faire disparaître l'identité de cet État ? Est-ce qu’un pays de près de dix millions - plus de sept millions de juifs et deux millions de citoyens arabes israéliens - qui s’est développé tout en supportant six guerres défensives et moult conflits asymétriques, pour devenir la nation «start up» avec un PIB par habitant supérieur à celui de l’Allemagne, de la Grande-Bretagne, de la France et du Japon, allait constater que son État et son identité n’allaient plus être les mêmes ?

Le leader de l’opposition, Yair Lapid, a, presque, prévenu qu’il y aura une guerre civile si lui et la minorité ashkénaze/riche/de gauche/laïque (la caste que j’ai évoquée) mécontente, ne gardait pas le droit de déterminer la politique du pays. En clair, promettant la guerre civile, une minorité radicale, laïque et de gauche s’est arrogée le droit de veto sur un gouvernement dûment élu quelques mois auparavant, qui poursuivait les initiatives politiques pour lesquelles il a été élu.

Que n’a-t-on vu ? Des anciens généraux en manque de commandement, une grande partie de «l’académie», des responsables des administrations publiques, bref, tous les «bien-pensants» ont prévu pis que pendre pour le pays à court, moyen et long terme.

Un exemple : pendant les deux dernières semaines les premières pages des journaux annonçaient la certainement probable dégradation du «rating» de l’économie israélienne avec le cortège de difficultés qui allaient en découler. « L’agence de notation Standard and Poor’s (S&P) a déclaré vendredi que la note de crédit d’Israël reste inchangée : Standard & Poor’s (S&P) a confirmé la note favorable d’Israël à AA avec des perspectives «stables» S&P a prédit qu’à partir de l’année prochaine, l’économie israélienne se stabilisera et reviendra au rythme auquel elle s’attendait - avec une augmentation de 3,5 % par an, (Jérusalem Post, 13.05.23) Pour trouver ce qui précède il faut bien chercher dans les pages internes du journal qui, au moins, lui, publie la chose. Rappelons : rating AA c’est mieux que la France, l’Italie ou plusieurs autres pays de l’Europe.

Bon, comme on dit… et la caravane passe ! Les réserves de devises étrangères d’Israël continuent d’augmenter (201,895 milliards de $ - Globes, 07.05.23). Et hier on apprenait que l’UAE et le Maroc envoient des participants à Biomed Israël (Israel’s Leading Event in the Life Science & Technology Industries » ; NANOX obtient l’autorisation de la FDA pour le cloud-based X-Ray System ; Philips acquiert la société israélienne DiA Imaging Analysis ; Elbit Systems remporte un contrat de systèmes d’entraînement de 71 millions de dollars au Royaume-Uni ; Israël Aerospace dévoile un sous-marin sans pilote ; Israël Aerospace remporte un contrat (Estonie) de 100 millions d’euros pour des munitions ; le salaire moyen en Israël augmente de 7,9% (le tout Globes, 07.05.23).

Alors, tout va bien ? Oh, que non.

Depuis, presque, deux semaines Israël fait face à un nouveau conflit asymétrique – un supplétif de l’Iran installé à Gaza (territoire qu’Israël a évacué sous les applaudissements de la communauté internationale en 2005 et qui, pensait-on, allait devenir le Singapour de la Méditerranée mais qui n’était devenu qu’une prison, pour plus de 2 millions d’êtres, gardés par le Hamas qui dispose - dit-on- de dizaines de milliers de roquettes) qui vient d’envoyer plus de 1.000 roquettes sur les agglomérations civiles de Sderot, Ashkelon, Tel Aviv et même Jérusalem. Heureusement, un tiers sont tombés là d’où on les a fait partir, 40 % dans des terrains vagues et le reste détruit à 95% par le fameux Dôme de Fer. Qui, malheureusement, a raté une fusée iranienne (portant inscriptions en perse) contenant 500K d’explosifs ! Et les gnomes de Bruxelles, New York ou d’ailleurs demandent à Israël que sa riposte soit «proportionnée»… quelle galéjade !

Le chef du «machin» (comme disait le Général) : Le Secrétaire général condamne la perte de vies civiles, y compris d’enfants et de femmes, qu’il considère comme inacceptable et qui doit cesser immédiatement. Israël doit respecter ses obligations en vertu du droit international humanitaire, y compris l’usage proportionné de la force, et prendre toutes les précautions possibles pour épargner les civils et les biens de caractère civil dans la conduite des opérations militaires. (10.05.23).

L’(i)Monde, chapeau d’un article : «Israël tue un nouveau chef du Jihad islamique à Gaza, 34 personnes tuées depuis mardi par des missiles israéliens » et ensuite «Depuis le début de son opération qualifiée de « préventive », mardi, l’armée israélienne a bombardé 254 cibles du Jihad islamique palestinien, des sites ou des membres du groupe» Et ce n’est seulement que dans l’avant dernier paragraphe (il y en a sept), dans les dernières 7 lignes du texte que l’on apprend « D’après l’armée, 973 roquettes ont été tirées vers Israël dont 296 ont été interceptées par le système de défense antiaérien.» Quand j’écris ce texte il y a eu déjà plus de 1.300 missiles tirés sur les civils israéliens. C’est une nouvelle tentative de génocide d’une population juive. Heureusement, le Dôme de Fer et l’incompétence des agresseurs…

Et le New York Times… titre « Des militants à Gaza tirent des centaines de roquettes sur Israël, pendant un bombardement » et dans les premières lignes du texte « La flambée est survenue après une attaque par Israël contre le Jihad islamique mardi et a tué trois des principaux commandants du groupe » En oubliant de dire qu’à la suite du décès d’un gréviste de la faim emprisonné en Israël, les «militants» avaient envoyés 100 fusées sur les agglomérations civiles en Israël. Des «militants» qui militent pourquoi ? On ne sait vraiment pas qu’ils clament, haut et fort, leur volonté de faire disparaître Israël ?
Tandis que le préposé de Bruxelles aux affaires extérieures (ancien trotskiste, ami des «palestiniens» s’ayant fait photographier avec le Hamas à Gaza …) :      «…nécessité de mettre immédiatement fin à la grave escalade» et pour cela … Le statu quo de lieux saints doit être respecté et les actes de provocation autour de ceux-ci doivent être évités, ce que le HR/VP a affirmé lors de ses contacts. Il a également rappelé la position de longue date de l'UE quant à la nécessité de mettre un terme aux activités de colonisation, aux démolitions et aux expulsions, y compris à Jérusalem-Est. (Bruxelles, 15.05.23). En clair, s’il y a conflit c’est la faute d’Israël. A vomir.

On devrait se demander (en paraphrasant Cato le Censeur) Quousque tandem abutere Palestina patientia nostra, non ?

Quousque tandem ? Jamais, jusqu’à la fin du monde car « Le problème avec les Palestiniens, c’est qu’ils sont prisonniers de leur refus d’Israël en tant qu’État juif, indépendamment des frontières. Ils étaient contre avant la naissance de l’État et ils étaient contre par la suite. C’est pourquoi ils ont rejeté la partition de la Palestine en 1947 et pourquoi ils se sont battus contre Israël lorsque la Judée-Samarie était entre les mains de la Jordanie, et pourquoi l’OLP a été créée en 1964, trois ans avant la guerre des Six Jours. La Palestine qu’ils voulaient libérer était Tel Aviv et Haïfa. Leur fantasme de vouloir détruire Israël, qui s’est poursuivi même après les accords d’Oslo en 1993, ne se terminera jamais par un choix politique palestinien, mais pourrait se dissoudre à la suite de nos accords de paix avec les États arabes. S’il disparaît, des conditions réalistes de paix avec eux seront en place. »

En annonçant la prochaine visite de la Chef du Gouvernement italien B. Netanyahou a continué : La relation a toujours été complexe. Depuis que les légions de Titus ont détruit le Temple de Jérusalem, donnant naissance à la diaspora, à quand au 19ème siècle le jeune mouvement sioniste de Theodore Herzl vit dans le Risorgimento et à Garibaldi un exemple inspirant précisément pour l’unification et la libération d’un peuple entier. Précisément en raison de cette tradition ancienne et forte entre Rome et Jérusalem, je crois que le moment est venu pour Rome de reconnaître Jérusalem est la capitale ancestrale du grand peuple juif depuis 3000 ans. Comme les États-Unis l’ont fait dans un geste de grande amitié ». (BN- La Repubblica, 09.03.23)

Les paris sont ouverts : compte tenu de ce qui se passe actuellement en Israël, Madame Giorgia Melloni sautera-t-elle le pas ? L’Italie sera-t-elle le premier pays de l’Europe à reconnaître ce qui est évident ? Attendons voir.

Et si vous avez le temps regardez le clip https://urlz.fr/lQO9… deux ans, déjà, rien de change…

 

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27 avril 2023 4 27 /04 /avril /2023 20:15

 

 

Le temps passe… Il fût un temps quand le 1er mai, à Paris, voyait le cortège des partisans du vieux M. Le Pen aller faire pèlerinage devant la statue de Jeanne d’Arc. Cette année, le 1er mai, nous dit-on, verra un million de travailleurs manifestant contre la « réforme des retraites » et, in petto on nous avertit que ce ne sera pas de toute tranquillité. Car en plus des syndicats on verra à l’œuvre destructrice tout ce qui conteste la République, les black blocs, les antifa et autres nervis de l’extrême gauche.

Naturellement, nous sommes dans un pays de droit. Où après moultes manifestations, concertations, discussions… une Assemblée Nationale n’a pas démis le gouvernement qui a décidé, contre le sentiment de 70% des français, de promulguer une réforme qui vise de retarder de deux ans le départ à la retraite pour la majorité (avec des aménagements pour beaucoup de cas sortant de la « norme ») et la disparition - à terme - de la totalité des « régimes spéciaux » (par exemple ceux dont les cotisants partent aujourd’hui à 52 ou 55 ou 57 ans !). Nous sommes dans un pays de droit et il est supposé que ce qui passe par l’Assemblée nationale et n’est pas invalidé par le Conseil Constitutionnel devient la loi du pays. Pour tout le monde, de droite, de gauche, syndicats, associations, citoyens valides ou invalides, bref, tout le monde doit s’y soumettre. Sauf à  croire que

Eh, oui. On a oublié que le peuple souverain - au pays de la révolution de 1789 - sait, depuis (et même d’avant – voir les jacqueries) oublier l’état de droit et revendiquer ce que bon lui semble. Surtout s’il s’agit d’avantages acquis, n’est-ce-pas ? Il suffit de voir qui porte l’étendard de la désobéissance pour le comprendre :

Les trois catégories les plus « actives » - SNCF, EDF et RATP - fer de lance des mouvements anti-réforme depuis plus de trois mois sont ceux dont les retraites sont 3 à 4 fois plus grandes que celles des agriculteurs. Tout en pouvant partir à la retraite 5 à 10 ans plus tôt que les pauvres du «régime général». Ce sont aussi ceux qui professent l’idiotie « faut prendre aux riches pour financer les retraites » quand le gouvernement explique que la réforme est nécessaire pour (a) financer les retraites actuelles et celles à venir et que (Edward Whitehouse, direction de l'Emploi, du Travail et des Affaires sociales) aujourd'hui l’âge de départ qui est de 62,5 ans pour les hommes et 61,1 pour les femmes, s'établira à près de 65 ans pour tous en 2050. Dans plusieurs pays de l'OCDE, il sera même supérieur : 67 ans en Allemagne, en Australie, au Danemark, aux États-Unis, en Islande et en Norvège, et 68 ans au Royaume-Uni. L'Irlande et les Pays-Bas envisagent aussi sérieusement cette option. Regardez ce que la France dépense et ce qu'elle dépensera : deux fois plus que la moyenne de l'OCDE actuellement, 50% de plus que la moyenne en 2050 (c'est demain!) :

Et si l’on ne croit pas le gouvernement, serait-il impossible d’expliquer au peuple que notre pays ne produit plus autant de richesses que nécessaire pour financer (i) l’enseignement qui produit tous les ans 20% des élèves sortant du circuit éducationnel sans savoir, véritablement, lire/écrire ou calculer, (ii) un système de santé (jadis réputé le meilleur du monde) qui ferme des lits - normaux, d’urgences, des maternités et des hôpitaux provinciaux - par manque de personnel et de ressources, (iii) une défense qui en cas de guerre (ou pour aider l’Ukraine) ne disposerait de munitions que pour trois jours (CNews, le Sénat, 15.03.2022) ? Serait-il, réellement, impossible que le peuple le comprenne ? Que nenni !

Ce peuple qui se voulait instruit, cultivé, créateur d’une langue ciselée pendant des siècles et qui a tenu le haut du pavé, ce peuple est aujourd’hui réfractaire à la simple raison. Pourtant on lui a déjà dit (François Fillon, 21.09.2007) que l’état était en faillite. Certes, mais comme des années auparavant on lui avait dit aussi (M. Giscard d’Estaing, apocryphe, 1976) « la France n’a pas de pétrole mais elle a des idées » Et quelle idée avons-nous exploité ? L’endettement.

Tant et si bien qu’aujourd’hui la dette comptable du pays (3.000 milliards d’euros) représente 116% du PIB (66,4% pour l’Allemagne) et la dette totale (y compris les 5.000 milliards d’euros « hors bilan » est équivalente à 254% du PIB ! Mais qu’à cela ne tienne, on nous dit toujours que quand c’est mal chez nous c’est pire chez les autres. Souvenez-vous, depuis trois ans (20.01.20) concernant la sortie de l’Angleterre de l’Union Européenne on nous raconte (pour nous rassurer quant à notre présence dans l’Union) l’avenir apocalyptique de la perfide Albion. Diantre.

Regardez (Trading Economics) – avec un nombre d’habitants quasi identique l’Angleterre dispose d’un PIB de 6% supérieur, d’un chômage presque deux fois plus bas que celui de la France et d’un endettement de 10% inférieur à celui de notre pays.  Il y a vingt ans le PIB/habitant de la France était 20% supérieur à celui de l'Angleterre, aujourd'hui il est inférieur de presque 10%. Et pour le départ à la retraite… au Royaume-Uni, hommes et femmes peuvent partir à la retraite à 66 ans. (Au Portugal à 66 ans et 7 mois. En Belgique aussi cet âge est fixé à 65 ans mais doit passer progressivement à 66 ans en 2025 et 67 ans en 2030. Au Danemark, l'âge légal de départ est de 67 ans mais doit passer à 68 en 2030 – Google, Vie Publique).

Pourquoi, diable, croit-on que le peuple ne pourrait pas comprendre que par delà les «revendications» des inconscients il y a des faits qu’il est impossible de changer ?

Et l’enseignement ? Il y aurait à écrire des tomes entiers pour raconter comment on a détruit un système à nul autre égal qui faisait la fierté de la nation. Mais nous sommes le premier pays au monde libre qui s’est approché du socialisme à grand pas : donner tout, à tout le monde, tout de suite. D’un côté en admettant dans le pays des millions d’êtres fuyant le leur ou venant pour bénéficier d’une manne distribuée larga manu sans besoin d’apporter une contribution équivalente, d’un autre côté en mettant au centre du système non pas l’enfant à éduquer mais l’éducateur (mal payé) qui, par ses représentants, gère un ministère unique au monde, troisième employeur mondial après les armées chinoises et russes. Une comparaison ?

Presque deux fois plus d’élèves dans une classe  qu’en Italie (!) avec des enseignants payés presque deux fois moins qu’en Allemagne. Pourtant le pourcentage du PIB affecté à l’éducation est de 7% en France et seulement de 4,7% en Allemagne (Banque Mondiale – 2020). Et les résultats sont là : Seuls 53,4 % des élèves atteignent le score moyen de « fluence » qui, en fin de CM2, doit conduire les élèves à lire 120 mots et plus par minute. Ils sont même 15,4 % à ne pas atteindre le score attendu en fin de CE2 (90 mots lus en une minute) et 31,1 % présentent des fragilités (entre 90 mots et 120 mots par minute). Plus grave encore, dans les quartiers prioritaires, deux tiers des élèves ont des difficultés à lire. Un constat très ennuyeux, qui s’avère même alarmant. Les Echos 10.11.2020.

Et pour les maths ? 30ème pays parmi le 31 de l’OCDE, la France réputée auparavant pour l’excellence de son école mathématique pendant des lustres.

Eh oui, mais chez nous des éducateurs mal payés, sont absents du circuit l’enseignement général et technologique, avec un taux annuel moyen de 4,7 %, qui varie entre 2,4 % (octobre) et 9,6 % (mai). Dans les lycées professionnels, le taux d'absentéisme est en moyenne sur l'année de 15,6 % et varie de 11,5 % à 24,1 % (Min. Education Nationale, 09.03.2022).

Bonnes gens, que faire ? Une sorte d’inconscience généralisée s’est installée dans ce beau pays de France. Plus personne n’a l’air de vouloir comprendre que l’abysse n’est plus derrière nous mais devant. Et que les rodomontades qui caractérisent les actes de ceux qui nous gouvernent ne sont que des vœux pieux dont la répétition leur semble devenir vérités d’évangile. Inconscience, disais-je ? Comment qualifier autrement l’incroyable insolence d’une ville comme Paris qui veut accueillir les Jeux Olympiques en 2024 quand elle n’a pas été capable de ramasser les ordures (10.000 tonnes à un moment) pendant plusieurs semaines ? Dans une ville où on ne peut plus circuler en voiture, soit disant, pour réduire la pollution qui ne fait qu’augmenter vu la réduction significative de la vitesse de circulation ! Et dont un des Adjoints de madame le Maire est un Polytechnicien distingué. Disons avec Coluche "La France, comme elle est, c'est pas plus mal que si c'était pire !" 

Qui croit encore à la devise de cette ville Fluctuat nec mergitur ?

 

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28 mars 2023 2 28 /03 /mars /2023 07:45

Israël. Un pays qui, avec seulement 9,5 millions d’habitants, se place parmi les 10 premiers exportateurs du monde pour  des technologies et produits militaires, dispose d’un PNB/habitant de plus de 52.000 $ (20% de plus que la France, supérieur à ceux d’Angleterre et d’Allemagne) et, que dire de plus, fait partie des quatre premiers pays les plus heureux du monde ! Ce qui n’empêche pas les leaders de la « communauté internationale » (Etats Unis, Europe et autres) de le critiquer en lui donnant des leçons de bien séance démocratique. Comme on le voit tous les jours depuis qu’un nouveau gouvernement, dûment élu, est en train de vouloir changer des choses qui pèsent sur une grande partie de l’électorat juif (65% des votants) depuis plus de 40 ans. Et il n’y a pas de limite qui ne soit pas dépassée : l’ineffable « czar » des affaires étrangères de l’Union Européenne (J. Borrell, l’homme qui se photographiait avec le Hamas à Gaza – Hamas considéré organisation terroriste par son Union) a convoqué un colloque appelé « Détérioration de la démocratie en Israël et ses conséquences pour les « territoires occupés »). « Dire des idioties, de nos jours où tout le monde réfléchit profondément, c’est les seul moyen de prouver qu’on a une pensée libre et indépendante » (Boris Vian).

Comment est-on arrivé à ce qui se passe aujourd’hui en Israël? J’avais intitulé le dernier texte mis en ligne « J’ai essayé de comprendre ». Je continue.

Il me semble que la chose la plus importante concernant Israël, que le monde ne comprend pas, c’est que l’État juif a été fondé sur la base du scepticisme, historiquement justifié, quant à la possibilité d’un régime libéral, où que ce soit dans le monde, de protéger les juifs. Au cours du XIXe siècle en Europe les juifs libéraux, assimilés, pensaient que le triomphe des valeurs des Lumières allait  leur permettre de vivre libres et en sécurité : on sait  ce qui est advenu au cours du XXe siècle.

Fin de la deuxième guerre mondiale. Découverte de l’horreur, sans égale, de la destruction en Europe par l’Allemagne (mais pas seulement elle) de plus de six millions d’êtres dont le seul pêché était d’être juifs. Et après presque 100 ans de tentatives multiples et diverses pour construire un foyer national pour les juifs, habitués à être subjugués, expulsés, sujets à des pogromes et autres moyens de destruction, l’ONU légifère avec  l’assentiment de la majorité des Etats qu’elle réunissait, de créer un état juif sur une partie de son ancien territoire historiquement non contestable depuis la Bible. Fast forward : des groupes, pour l’essentiel, anciens immigrants d’origine russe, d’obédience socialiste, déjà installés dans ledit pays depuis des lustres commencent à créer ce qui est devenu un des miracles du monde moderne : renouveau de la langue, de la culture, des connaissances nécessaires pour assurer le développement d’un pays et, naturellement, création d’une armée populaire qui 75 ans après sera considérée comme la quatrième armée du monde (RadioJ, 02.01.23). Avec le temps, ceux que je viens d’évoquer et, surtout, leurs descendants ont constitué, à raison, l’establishment israélien.

La partie la plus libérale de « l’establishment » israélien trouve ses racines dans « l’ascendance ashkénaze » qui a dominé Israël pendant les premières décennies après l’indépendance, comme les WASP ont dominé la vie américaine cent années plus tôt. Mais avec le temps, l’afflux d’immigrants Séfarades et Russes, en parallèle avec la croissance rapide des religieux et ultra-orthodoxes, commençait à contester la prépondérance des élites largement occidentalisées. C’est la poussée démographique de ces groupes qui a amené la dérive d’Israël vers la droite, tout d’abord, en économie et dans le domaine de la défense et de la sécurité. Mais l’ancien establishment est resté bien présent et prépondérant dans les domaines de la justice, des universités et même dans des institutions de la défense. Les anciennes élites commençaient à se sentir de plus en plus aliénées par l’émergence d’une population moins occidentalisée, moins libérale, plus religieuse,  plus du genre « Proche-Orient » et qui semblait destinée à changer Israël comme pays.

En même temps, ceux qui votaient à droite ont ressenti la discrimination et le mépris que l’establishment leur réservait et ce sont réunis derrière des leaders comme Begin, premièrement et Netanyahou ensuite. Leaders moins ouverts aux idées libérales américaines et, dès lors, moi vulnérables à la pression américaine (Administration, media, organisations juives). À laquelle leurs prédécesseurs ou leurs adversaires politiques avaient l’habitude de céder pour ceci ou pour cela.

Pendant les 46 années qui ont suivi l’élection gagnée par la droite (1977), le Likoud et ses alliés ont continué de gagner des élections à maintes reprises, mais ils n’ont jamais été au pouvoir au sens propre du terme. Par le système judiciaire, la bureaucratie, la défense, le milieu universitaire, les élites culturelles, les médias et certains des acteurs économiques, la doxa de la gauche a continué à dominer les centres de pouvoir d’Israël. En fait, peu importait qui étaient les ministres, la vieille garde a poursuivi une sorte d’insurrection obstructionniste. Tant et si bien qu’une grande partie de la population du pays se sentait discriminée, depuis des années, par un monde judiciaire, en particulier une Cour Suprême, se conduisant comme un bastion de gauche. 45 ans après, à l’occasion d’une deuxième victoire électorale de la droite, le gouvernement élu est en train de vouloir corriger les défauts du système par une réforme judiciaire. Pendant des années on a parlé de la nécessité d’une réforme juridique, mais un ministre qui osait amorcer une volonté de changement se voyait immédiatement sujet à l’ouverture d’une enquête criminelle contre lui (et on trouvait toujours quelque chose à mettre en épingle) ce qui faisait qu’il fermait sa bouche et, souvent, on mettait fin à ses activités. Le résultat est que la réalité juridique pour les Israéliens, qui n’étaient pas membres des secteurs privilégiés, la « justice », était difficile et frustrante. Démocratie …

Il y a, actuellement, un débat sur le fond d’une réforme judiciaire, mais il y a, surtout, un débat plus approfondi à caractère social qui s’ étend à celui de l’identité et de la culture. La gauche israélienne, l’establishment en charge depuis 45 ans, estime qu’elle est assiégée et que le pays va très, très vite lui être arraché. La droite israélienne estime qu’elle a enfin une chance de corriger un tort historique qui l’a freiné de façon antidémocratique depuis deux générations. Droite qui n’arrête de dire cela depuis deux générations. Ce qui nous amène à des comportements d’ordre viscéral qui rendent très difficile, voire impossible, d’imaginer un dialogue qui pourrait créer par des compromis une meilleure réforme, réforme que la majorité du pays, d’ailleurs, veut vraiment.

Mais cette fois ci, la droite est déterminée à défier les lois de la gravité politique en ne fléchissant pas sous la pression de la gauche, mettant fin à la longue série d’initiatives torpillées pour réformer le système judiciaire. En suivant, peu ou prou, le système judiciaire anglais (pays manquant d’une constitution, comme Israël).  L’Angleterre est-elle un pays démocratique ? Israël le restera même si la réforme de la droite est actée. Ce que les multiples manifestations en cours en Israël montrent c’est (a) que le pays est profondément démocratique (car autrement il n’y aurait pas des manifestations…) et  (b) la réaction de ceux qui sentant risquer de perdre les pouvoirs détenus détiennent une emprise totale sur les centres de pouvoir de l’État.

Naturellement, l’hystérie apocalyptique incitée/organisée/subventionnée par les amis de la gauche israélienne, par l’Administration Américaine et/ou l’Union Européenne (via les NGO’s recevant de dizaines millions de $ bien utilisés pour, au fond, réduire les pouvoirs de l’Etat) impressionne. Quand on vous dit que « 260 économistes prédisent la banqueroute du shekel et/ou de l’économie israélienne » (I24News 03.03.23) et vous êtes un citoyen lambda … on prend peur. Quand on vous dit que « la CEO de Papaya Global a décidé de sortir ses fonds -500 millions de $- d’Israël et qu’elle recommande à ses relations High Tech de faire de même »  (lphinfo.com, 26.01.23) (il y a une justice … elle a mis des fonds dans la SVB qui a fait faillite !) et vous êtes un citoyen lambda … on prend peur. Quand on vous dit que 1.000 réservistes et 200 pilotes de l’armée israélienne (qui a 166.000 d’actifs et 425.000 réservistes - Google) ont annoncé qu’ils ne se présenterons plus à l’entrainement si la réforme n’est pas annulée … et vous êtes un citoyen lambda … on prend peur. J’avais déjà cité Cioran « le passage de la logique à l'épilepsie est consommé »

Heureusement, les choses sont différentes. Au plan économique, à part le mouvement de recul général de la High Tech aux Etats Unis (et en partie en Europe) l’économie israélienne ne souffre pas.

Ce qui précède semble difficilement être de preuves d’un manque de confiance dans l’économie israélienne, me semble-t-il.  Alors ?

Le professeur Yisrael Aumann, prix Nobel d’économie en 2005, affirme que l’intervention "inacceptable" du système judiciaire actuel dans la vie quotidienne des Israéliens est "nuisible", en dépit de l’opinion opposée de bon nombre de ses pairs. « Les opposants à la réforme affirment que le système judiciaire soutient la démocratie, mais le contraire est vrai", a-t-il déclaré. "Les tribunaux et le système judiciaire maintiennent une dictature continue, ils peuvent décider ce qu’ils veulent et rien ne peut les arrêter. … Les juges sont élus par des organes politiques dans de nombreux pays, et je pense que ce ne serait pas terrible si la coalition avait une voix décisive au sein du comité (qui élit les juges à la Cour Suprême – MB). En tout cas, il y a 15 juges et seulement quatre pourraient être remplacés dans les années à venir, il n’y a donc pas lieu de craindre que la cour devienne soudainement une dictature»

Il croit que les prévisions désastreuses des économistes sont « irresponsables et fondées sur rien ». « Ils sont irresponsables parce que la prédiction entraînera une prophétie auto-réalisatrice, et cela peut effectivement arriver. Mais je pense que les investisseurs avisés attendront qu’ils pensent que l’économie a touché le fond, puis qu’ils investiront et qu’il y aura à nouveau un grand boom économique parce que les prophéties sont totalement sans fondement et que l’économie elle-même est robuste »,. (Arutz 7, 24.03.23)

Et une ancienne employée de la Cour Suprême : « Pourquoi appuyer la réforme actuelle (malgré ses distorsions)? Comme première étape, critique, qui commence par la guérison de la tête, de la Cour suprême, alors, espérons, il y aura un changement fondamental dans les poursuites et la police. Non, cela n’a rien à voir avec la droite politique (je suis d’une famille irakienne, de ceux qui étaient membres du mouvement communiste) rien à voir avec le Likoud (qui depuis qu’il s’est levé en 1977 avait peur de déplacer ce qui était été mis en place), certainement pas avec Netanyahou (qui avait été renvoyé devant le système judiciaire pendant 13 ans en tant que premier ministre.  Jusqu’à ce qu’il ait gagné les élections et compris d’où venait le mal. » (Globes.co.il)

La droite pourra-t-elle, cette fois-ci, enfin, réaliser ce qu'elle pense être nécessaire depuis 45 ans ? Les paris sont ouverts mais ... comme on a l'habitude de dire "un mauvais compromis c'est mieux qu'un bon procès" il n'est pas exclu que la ligne droite soit encore évitée en faveur d'une contorsion nécessaire pour tranquilliser tous ceux qui préfèrent le statu quo. Garant de la paix des esprits.

 

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9 mars 2023 4 09 /03 /mars /2023 11:00

Quand il s’agit d’Israël tout le monde (et sa mère…) devient spécialiste. A ce titre on se permet de tirer des plans sur la comète en faisant de prévisions – dans un concours des plus apocalyptiques. J’ai trouvé bon (cela illustre mon propos) de mettre en exergue un extrait d’une interview de Jacques Attali (Les Echos, 02.02.23) :

L’histoire humaine regorge d’exemples de personnes et de civilisations qui se sont consciemment ou non suicidées : de la décision des Troyens de mettre le cheval d’Ulysse dans les remparts de la ville au Brexit et à la destruction des forêts de l’île de Pâques et de la terre axiale des Mayas... la procrastination, l’opulence et la cécité ont conduit des civilisations fortes et fières à ignorer ce qui pouvait les blesser, jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour y répondre. L’historienne Barbara Tuchman l’a décrit de façon convaincante dans son célèbre livre, The March of Folly, qui est toujours d’actualité aujourd’hui.

C’est le cas aujourd’hui pour de nombreux pays, et peut-être pour toute l’humanité, mais surtout pour Israël.

Avouez que la valeur faciale du propos a de quoi faire peur à tout un chacun qui souhaite comprendre ce qui se passe actuellement en Israël pendant que la guerre fait rage aux confins de l’Europe et que notre pays, comme il en a le chic, de temps en temps, est train de se payer un « trip » du côté de la révolte populaire pour raison (impérieuse) de changement des termes des retraites (entre autres pour les 52 régimes spéciaux parmi lequels ceux qui permettent une retraite à partir de 52 ou 57 ans).

Pourquoi Jacqus Attali écrit-il cela ? Parce qu’une nouvelle doxa qui met en branle tous les bien-pensants du monde, de l’Administration Biden aux USA jusqu’aux gnomes de Bruxelles en passant par le Conseil des Droits Humains de l’ONU, circule dans le monde, depuis deux mois : « Israël, une démocratie devenue illusoire » [titre L’(i)monde, 30.12.22 ]

Pour paraphraser Mark Twain « Les nouvelles de la disparition de la démocratie israélienne sont cependant largement exagérés »

Ce qui est en cause ce sont les agissements de la coalition électorale via le gouvernement mis en place depuis les élections du mois de novembre 2022.

J’ai essayé de comprendre ce qui se passe en me souvenant que, dans un passé pas si lointain, tous les partis disaient qu’une réforme judiciaire (et de la Cour suprême) était nécessaire. Tous ceux qui étaient pour, sont maintenant contre, sauf, naturellement, ceux qui veulent enfin faire ce qui semblait nécessaire depuis des lustres. Les changements qui vont devenir lois ont trait à l’équilibre des pouvoirs entre le pouvoir judiciaire, le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif du gouvernement - question qui fait habituellement l’objet de débats entre les universitaires et les blaireaux (regardez le Larousse !) israéliens depuis plus de trois décennies. Ce qui est prévu devrait atténuer les vastes pouvoirs de la magistrature (juges des cours diverses, procureurs, conseils ministériels, etc.,), un corps qui recrute parmi ses collègues professionnels ceux qui vont occuper des postes à vie où ils n’ont pas de comptes à rendre à l’électorat. On le sait, Israël ne dispose pas d’une constitution qui pourrait restreindre les décisions des tribunaux si elles ne sont compatibles avec elle. Mais en Israël, par exemple, il n’est pas nécessaire qu’une partie qui présente une affaire ait qualité pour agir – un intérêt direct et personnel dans l’issue du différend. En Israël, n’importe qui peut déposer un dossier sur n’importe quelle question.. Les tribunaux israéliens (peu ou prou, émanations de la Cour Suprême) ne reconnaissent pas non plus la distinction entre des questions juridiques — réglées aux États-Unis par les tribunaux — et les questions politiques, y compris les tactiques et les nominations militaires, qui, aux États-Unis, sont laissées aux branches politiques.

De plus, la Cour suprême d’Israël a décidé de pouvoir fonder ses décisions sur ce qu’elle juge « déraisonnable ».

Il se trouve qu’ils représentent, en même temps, les intérêts d’un establishment politique, économique et médiatique habitué (depuis des lustres) à imposer sa volonté au pays. Tant et si bien, que la Cour Suprême du pays est devenue, par des changements inoffensifs, multiples, une loi en soi. Elle peut annuler tout ce qu’elle veut, quand elle le veut, quand elle pense que le gouvernement choisi par les électeurs a fait quelque chose qu’une majorité de ses juges considèrent « déraisonnable ». Et comme les affaires sont réparties, d’habitude, à trois juges, un peut être en désaccord avec la décision, donc deux juges peuvent annuler une loi édicté par la majorité des députés. Curieuse démocratie, non ?

Mon analyse me guide à dire que deux conflits sont visibles : l’un judiciaire et l’autre social. Et que ce deuxième conflit atteint, je crois, son paroxysme. Je vais, donc, regarder de plus près ce qui me fait dire cela. Pas besoin de rappeler la situation exceptionnelle d’Israël sur, presque tous les plans : économique, scientifique, technologique, militaire. Même parmi les pays où les gens se trouvent heureux de vivre

Cependant, parmi les pays de l’OCDE, Israël n’a derrière elle que la Bulgarie et le Costa Rica pour l’indice de pauvreté le plus élevé

Indice de pauvreté - % de la population dont le revenu est inférieur au seuil de pauvreté, seuil habituel=1/2 niveau médian ; France seuil=60% niveau médian). Sa position dans le monde : 97ème place parmi les 189 pays, (la France – 141ème). Le pays avec le taux de pauvreté le plus important au monde : la Syrie.

et pour les inégalités (coefficient Gini) Israël se trouve à la 28ème place parmi les 35 pays de l’OCDE ;

Le coefficient de Gini, ou indice de Gini, est une mesure statistique permettant de rendre compte de la répartition d'une variable (salaire, revenus, patrimoine) au sein d'une population. Autrement dit, il mesure le niveau d'inégalité de la répartition d'une variable dans la population.

Ces données permettront d’affiner l’analyse. Regardons la composition démographique d’Israël :

Population qui (selon PEW) affiche des positions politiques :

Ce qui précède me permet, je crois, de dire qu’il y a trois lignes de séparation dans le paysage démographique israélien (a) riches + classe moyenne supérieure vs pauvres + classe moyenne basse, proche des religieux, (b) ashkénazes vs séfarades (surtout religieux) et c) gauche vs droite. Il est un fait que 65 % des juifs israéliens (faites-moi confiance pour l’arithmétique) ont voté pour le BN+; les arabes israéliens = 10 mandats (ils ont dit avant les élections qu’ils ne soutiendraient pas un gouvernement), Likoud + 4 partis religieux = 64 mandats, opposition = 46 mandats donc les votes juifs sont de 65% pour le Likoud+ et 35% pour l’opposition. Opposition qui représente les riches + classe moyenne supérieure.

En d’autres termes,  2/3 des Juifs israéliens ont voté en faveur de BN+. Les 64 mandats sont moitié Likoud et moitié religieux et, naturellement, le Likoud veut depuis 1977 changer beaucoup de choses (judiciaires, pour l’instant) tandis que  les religieux veulent mettre l’accent sur le caractère juif de l’Etat. Par conséquent introduire beaucoup de choses "non laïques" et c’est ce deuxième conflit, arrivé à une sorte de paroxysme, qui rend un compromis très, très difficile.

Ajoutez le fait que les anti-réformateurs ont exprimé à plusieurs reprises qu’ils sont sûrs de pouvoir obtenir l’annulation complète de la réforme en faisant pression sur les dirigeants politiques avec des manifestations qui regroupent des dizaines de milliers de citoyens (voir une centaine de mille, de temps en temps, soit 1% de la population). De leur côté, les adeptes des reformes croient qu’ils peuvent réussir, via le processus législatif normal, ayant gagné les élections et que, dès lors, il n’est pas nécessaire de s’engager dans un compromis. Bien sûr, ceux qui sont visibles et qui vocifèrent, éructent, patafiolent, sont ceux qui ont perdu les élections. Hommes politiques, généraux en manque de commandement, chefs d’administrations diverses « économistes » de tout poil, universitaires, même des Prix Nobel – bref, ceux qui risquent la perte éventuelle des leviers de pouvoir et n’entendent pas renoncer à ce qu’ils ont construit patiemment pendant des dizaines d’années en faveur d’une « plèbe » de « déplorables » (pour les nommer comme Mme Clinton a nommé les électeurs de M. Trump). Yair Lapid, dernier Premier Ministre, est dans les rues de Tel Aviv, distribuant des drapeaux israéliens (payés par les libéraux américains par le biais du New Israël Fund), s’opposant à la négociation à moins que le gouvernement n’accepte de cesser de gouverner, et appelant à une révolution violente. « Il y aura du sang » a-t-il dit. Bon, on sait, la spécialité politique de pas mal d’hommes de gauche c'est de manipuler les crédules, les ignares mais surtout ceux qui ne veulent pas savoir et cette masse du peuple représente souvent une moitié ou plus d’une population.

Et tout est bon pour vilipender le Premier Ministre (même sa femme…), accuser les protagonistes de la reforme de pis que pendre (fasciste est un vocable gentil par rapport à ceux utilisés) y compris les prévisions apocalyptiques qu’ils font ou qu’ils demandent de faire à leurs amis étrangers.

Le résultat de tout cela ? Faire sentir (croire ?) à la moitié du pays qu’il y a vraiment une guerre contre elle. La peur à gauche est très, très palpable. Le problème avec l’état émotionnel généré par ce comportement politique est qu’il rend le dialogue très difficile sinon impossible. Si la base centre-gauche (riches/classe moyenne supérieure) a peur, les dirigeants politiques doivent montrer qu’ils les défendent. Et quand vous le faites savoir et que vous décrétez que c’est une guerre contre la démocratie, c’est très difficile de faire des compromis. Et tout commence à se déglinguer.

Un exemple politique. Un député du centre/gauche à propos d’un ministre : Ce ministre n'a-t-il pas évoqué l'introduction de la peine de mort? (Pour les terroristes coupables d’assassinat - MB) Et on peut forcément penser que cette peine pourrait s'appliquer, non seulement aux meurtriers palestiniens, mais aussi aux manifestants politiques. 27 février 2023 à 11:15

Un deuxième. Si cette famille veut se comporter comme la famille israélienne Ceausescu, alors elle finira comme la famille roumaine Ceausescu – ceci  circule sur les réseaux sociaux. (la famille de BN - MB).

 Comme disait Cioran le passage de la logique à l’épilepsie est consommé… (Précis de Décomposition)

Un exemple économique. Avec des variantes, pratiquement tous les médias d’Israël :

Moody's warns judicial reform could put Israel at 'long-term economic risk'

Et en petits caractères: ”The investor service keeps Israel's A1 positive credit rating (similar to the UK, and better than some EU countries, such as Italy and Poland), but warns that "at long term there could arguably be downward pressure on those scores if the Israeli government fully passes the legislation”.

J’ai mis en rouge ce qui change complètement le sens du texte en gras. Un exemple de désinformation, incitation occulte à faire peur aux gens, en général, et aux investisseurs étrangers, en particulier. C’est comme cela que l’on créé des psychoses.

Naturellement, ceux qui (de gauche, du centre et de droite) pensent qu’il faut raison garder essayent d’expliquer (mais personne ne les écoute) : Nos ennemis — ceux qui veulent notre disparition — ont conclu que nous sommes plus efficaces qu’eux pour nous critiquer.

Et une égérie de la gauche (parti travailliste qui dispose de 4 députés -après avoir dirigé le pays plus de 30 ans) pour montrer l’ouverture d’esprit de ceux qui s’opposent à la reforme : Merav Michaeli a tweeté : « Netanyahu doit annoncer une cessation complète du processus de réforme judiciaire qu’il a essayé de mener à bien. Aucun compromis et aucune négociation. Annulation totale» (JP, 06.03.23)

Mais les chiens aboient et la caravane passe … The €3 billion deal for the Israeli anti-missile system looks set to go ahead after German Chancellor Olaf Scholz met with US President Joe Biden last Friday (Globes.co, 08.03.23). La couverture anti-missiles pour l’Allemagne, Belgique, la Bulgarie, la République tchèque, l’Estonie, la Finlande, la Norvège, la Lituanie, la Lettonie, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie et les Pays-Bas. Contrat pluriannuel avec un pays qui n’est plus démocratique ? Certes, les amis d’Israël, la France, l’Italie et la Pologne n’en font pas partie.

 

 

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21 février 2023 2 21 /02 /février /2023 18:41

Ce n’était pas prévu comme cela : la main sur le cœur M. Poutine nous avait annoncé, il y a juste un an (moins deux jours), qu’il avait décidé de lancer une « opération de police spéciale » qui allait se dérouler sur trois/quatre jours, pour rendre l’Ukraine sœur démilitarisée et dénazifiée. Les péripéties des douze derniers mois sont connues, l’inanité de la décision de M. Poutine ressort comme les yeux au milieu de la figure. Mais une majorité de russes et pas mal de monde en Occident - comme notre Président - pensent que la guerre qui ne disait pas son nom ne peut et ne doit pas conduire à « écraser » la Russie. Bigre. Quand on fait le résumé de cette année, on devrait souhaiter le contraire !

 

Nous y voilà. Encore deux jours et cela fera juste une année depuis que « le magicien du Kremlin » a lancé ce que tous les observateurs sont convenus de considérer comme la plus grande bêtise possible : une guerre pour envahir un pays de plus de 600.000 km2 et subjuguer les 44 millions d’habitants dont presque 8 millions parlent la même langue que l’envahisseur. Et cela avec une armée de 180.000 soldats, réputée une des premières du monde et qui faisait peur à toute la planète. Pays agresseur – la Russie (140 millions d’habitants, PIB=1.500 milliards $) pays agressé Ukraine (PIB=200 milliards $). Ces premières chiffres justifiaient aux yeux du monde entier la fanfaronnade de celui qui a décidé de la chose : « Il s’agit d’une opération spéciale de police, elle prendra trois jours et on pourra ensuite démilitariser et dénazifier le pays dont le gouvernement se compose de drogués » Aussi parce que le pays agresseur, la Russie dispose de plus de 6.000 têtes nucléaires dont une partie (2.400) lui avaient été rendues par l’Ukraine en échange d’un accord lui garantissant l’inviolabilité des frontières et la souveraineté.

363 jours et quelques 3 à 400 milliards de $ de dépenses plus tard, la Russie a perdu la moitié des territoires ukrainiens conquis pendant les premières semaines et se trouve, depuis des mois, en face d’une guerre d’attrition pendant laquelle le pays agressé reçoit un aide inimaginable de la part de deux acteurs principaux, dont les PIB cumulés représentent 38.000 milliards de $, soit 25 fois plus que la Russie. Autant dire que lorsque l’on entend les Etats Unis et/ou l’Europe dire « nous soutiendrons l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire » la Russie devrait comprendre qu’elle n’a pas les moyens de sa politique.

J’ai  déjà décrit dans le blog, pour les mettre en exergue, quelques exemples de pertes militaires (seulement). A ce jour, leur évaluation (références Wikipédia, Google, prix équipements équivalents, etc.,) indique :

Ajouter : Radars, transmissions, armement de combat (mitrailleuses, fusils d’assaut, etc.,) + munitions (plus de 50.000 obus/jour, TDG Monde, 08.07.22, 6.000€/unité !), postes commandement +++ et l’addition pour les équipements militaires devrait dépasser les 100 milliards de $.

Forbes évaluait les dépenses principales de la Russie pour la guerre à fin novembre 2022 à quelques 82 milliards de $.

Et si on fait un peu d’arithmétique (règle de trois) on peut estimer que :

  • A fin février les coûts pris en charge par Forbes seront de 109,3 milliards de $ ;
  • Le cout total probable (fonctionnements appareil défense, conséquences sanctions, pertes TVA et/ou impôts pour les 1-1,5 millions de russes ayant quitté la Russie, variations prix pétrole et gaz, etc.,) puisse être approximé ce jour entre 300 et 400 milliards de $.

En résumant, le coût d’une année de guerre pour la Russie doit représenter quelques 20 à 28% de son PIB. Je laisse de côté, naturellement, les pertes futures de la Russie, de plus en plus isolée, avec une industrie privée de la technologie occidentale et de ses produits et qu’une partie de sa jeunesse - instruite, cultivée, productive - a quitté pour vivre ailleurs. Et il ne faut pas oublier les ravages produits par les pertes de la Russie pendant cette année de guerre (qui semblent avoisiner les 200.000 morts ou blessés graves -selon le ministère de la Défense d’UK et la CIA). Et bien que nous sommes une année après le commencement de la guerre, la fameuse armée russe qui s’embourbe sur les frontières du Donbass ukrainien continue à perdre ses soldats (mal formés, mal équipés, moral à zéro) sans sourciller :

 

Plus de 800 soldats - morts ou blessés graves - par jour cette dernière semaine. Par ailleurs, on estime que le million de personnes qui ont quitté la Russie au cours de la dernière année l’ont fait pour fuir la guerre, soit parce qu’elles s’opposent à l’invasion, soit simplement pour éviter d’être mobilisées. À cet égard, le monde a appris qu’il y a des limites aux capacités coercitives de M. Poutine, même si cet exode massif de dissidents semble laisser derrière lui une majorité toujours confiante dans son gouvernement (ou supposée telle).

La tragédie qui se déroule en Ukraine, appelée « opération spéciale » a évolué en une guerre positionnelle avec des petites avancées et retraites progressives qui rappellent la Première Guerre mondiale. En réalité, la ligne du front qui a été établie en 2014, avec l’annexion russe de la Crimée et l’établissement d’enclaves sécessionnistes dans le Donbass, est restée en grande partie inchangée.

Mais on annonce une nouvelle offensive russe. Qui ne changera pas grande chose.

« Peut-être que cette guerre finira par s’enliser, mais, au moment où nous parlons, la situation s’aggrave. Poutine ne nous laisse pas le choix, il nous oblige à une escalade à laquelle nous ne pouvons nous dérober, car, s’il gagnait, ce serait désastreux, immédiatement et demain, à tous points de vue, même les esprits les plus rétifs aux emportements collectifs doivent l’admettre. Hubert Védrine, Le Figaro 19.02.23. Pas besoin de présenter M. Védrine, un des tenants de la diplomatie française, école du rapprochement avec la Russie, vieille tradition française depuis le 18/19 siècle et jusqu’à M. Macron.

Bien sûr, il ne faut pas oublier les choses vues du côté de l’Ukraine : « L’accumulation de preuves d’un comportement russe flagrant a rendu l’Ukraine d’autant plus déterminée à faire en sorte que ses territoires soient libérés et qu’aucun ne soit remis à la Russie indéfiniment. Les conséquences humanitaires des méthodes russes ont également renforcé le soutien occidental à l’Ukraine. En outre, les objectifs de guerre totale de la Russie ont renforcé la conviction ukrainienne qu’il n’existe pas de « paix de compromis » évidente. Les tactiques de guerre totale de la Russie n’ont pas non plus entravé les opérations ukrainiennes » Lawrence Freedman – 20.02.23 FP.

Si l’on comprend bien les deux extraits on arrive à la conclusion que le maximum que l’Ukraine pourrait accepter pour que la guerre finisse se trouve en deçà du minimum de ce que la Russie veut obtenir ; et le minimum de ce que la Russie veut obtenir se trouve au-delà du maximum que l’Ukraine peut accepter. Exactement ce qui se passe entre Israël et « les palestiniens » - et ça dure depuis 75 ans (presque 90 ans - partage proposé par le Commission Peel, 1937).

Et, alors, on se demande quel est le ressort de notre Président pour continuer à adopter une position incompréhensible pour une bonne partie du monde, en particulier pour les pays de l’Europe qui aident l’Ukraine d’une manière autrement plus consistante que le nôtre. Qu’elle est la raison de ses plus de 100 appels téléphoniques avec M. Poutine (selon les gazettes) ? Quand il dit, urbi et orbi que « la France soutiendra l’Ukraine jusqu’à la défaite de la Russie mais qu’il ne faut pas écraser la Russie » il parle pour ne rien dire, non ? D’autant plus que pour aider l’Ukraine notre pays devrait, peut-être, faire plus que ce qu’il fait. Regardez le classement de l’Institut Kiel au 21.02.23 :

L’aide militaire consentie par la France est 7 fois moindre que celle de l’Angleterre et 100 fois (!) moindre que celle consentie par les Etats Unis. Certes, cela permet aux « spécialistes » et « commentateurs » qui pullulent dans les médias français de dire, avec un clin d’œil qui en dit long « c’est une guerre des Etats Unis par ukrainiens interposés ».

Et notre pays se distingue de plusieurs autres aussi pour ce que l’on pourrait qualifier comme une complicité avec la Russie de M. Poutine : Auchan ? Leroy Merlin ? Cela ne vous dit rien ? Pas seulement que la majorité (vous entendez, la majorité) des sociétés françaises présentes en Russie avant le 24 février 2022 sont toujours-là ! Et on commence à apprendre des vertes et de pas mures. Exemple : Vladimir Potanin, l’un des oligarques des années 1990, qui a vendu sa Rosbank à la Société Générale il y a de nombreuses années. Après l’invasion de l’Ukraine, la Société Générale a décidé de quitter la Russie. Ainsi, M. Potanin (qui n’avait pas encore été sanctionné) est intervenu pour racheter Rosbank à un rabais massif, ne payant que 500 millions d’euros (545 millions de dollars) tandis que Société Générale a rayé 3,1 milliards d’euros de ses comptes pour perte sur la vente.

Il y a aussi la multinationale française Total Energies. Après avoir investi dans Novatek, qui est contrôlée par deux amis de M. Poutine, Gennady Timchenko et Leonid Mikhelson, et dans son énorme usine de GNL Yamal sur la mer de l’Arctique, TotalEnergies a été la dernière grande société énergétique occidentale à déclarer qu’elle quitterait le marché. Jusqu’à présent, elle ne l’a toujours pas fait, mais elle a rayé 3,7 milliards de dollars de ses comptes (l’investissement dans Novatek), et il est probable qu’un transfert se fera à des conditions favorables à MM. Timchenko et Mikhelson. (https://www.kyivpost.com).

Tout cela nous laisse avec une grande interrogation. Sommes-nous du côté de la Russie de M. Poutine ou de l’Ukraine ? Pratiquement aucun des pays de l’Est de l’Europe ne croit plus un mot de ce que M. Macron raconte. Depuis un an il nous parle des 18 cannons CAESAR que la France a fourni à l’Ukraine. Et on va nous parler probablement, pendant une année encore, aussi des quelques chars sur roues (AMX-10 entrés dans l’inventaire de l’armée en 1981 et en train d’en sortir depuis plusieurs années) qui partiront, incessamment, pendant que trois pays préparent une centaine de chars lourds, Challenger, Léopard et Abrams. Remarquez, il le dit clairement, « il ne faut pas écraser la Russie » tout en laissant la Russie écraser l’Ukraine par une agression dont la barbarie dépasse tout ce que la civilisation occidentale pouvait imaginer.

Qu’importe. M. Poutine vient de prononcer un discours pour l’anniversaire de son « opération spéciale » en soulignant que « C’est eux (les occidentaux) qui ont fait éclater la guerre et, nous, nous avons utilisé la force pour y mettre un terme » On croit rêver. Cette rhétorique devrait laisser les Russes ordinaires perplexes au sujet de l’avenir. Ils comprendront que la défaite n’est pas impossible, puisqu’il avertit qu’il pourrait être nécessaire de faire sauter le monde (recommencer des essais nucléaires !), tout en promettant une lutte sans fin avec l’OTAN, une alliance d’États évidemment beaucoup plus forte. Qui, si elle a vraiment voulu détruire la Russie, aurait la capacité de le faire. Et il dit “Occident” car il ne peut reconnaitre qu’un petit pays (quatre fois moins de population) et 28 fois moins de territoire puisse lui tenir tête ! Le ridicule ne tue plus…

 

 

 

 

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5 février 2023 7 05 /02 /février /2023 09:05

J’ai lancé un déluge qui exclut l’éventualité d’une arche…

B. Erofeev, « Mon Lénine de poche »

Tout se mélange. Dernière préoccupation à la mode, dernière alerte du microcosme de gôche, le danger de la destruction de la démocratie en Israël.

Une famine qui s’annonce, inéluctable, car les prix des denrées alimentaires sont en train de flamber (l’agression russe en Ukraine diminue d’un gros quart les disponibilités de blé, maïs, engrais et autres). Et les émeutes dans des pays d’Afrique noire où les "pacificateurs blancs"  -français, allemands, etc., sont remplacés par des hordes de mercenaires armés par la Russie (subrepticement, appelés Wagner), pays aidés à survivre, sans contrepartie aucune, depuis toujours par les « pays riches » ne font que commencer, en parallèle avec l’assassinat de chrétiens un peu partout sous les mêmes latitudes, et ce, dans un continent qui compte 1,4 milliard d’êtres (400 millions il y a 50 ans).

Un exemple qui semblerait ne rien avoir avec ce qui précède : à mon premier voyage en 1972 en Afrique du Sud il y avait une population totale de 23,7 millions d’habitants (pour l’essentiel 4 millions de blancs et 19 millions de noirs) ; aujourd’hui il y en a 60,2 millions dont moins de 2 millions de blancs et plus de 58 millions de noirs. Pays dont les dirigeants (N. Mandela, en particulier) sont universellement vénérés mais où la ministre de la Santé préconisait aux malades du sida, comme traitement, de consommer des légumes. Depuis quelques années ce pays, déjà importateur de denrées alimentaires, croissance débridée de la population aidant, se trouve dans la situation du Zimbabwe : anciennement grenier de l’Afrique subéquatoriale, en trente années d’une dictature sanguinaire, ayant fait fuir, après les avoir spoliés, plus de 200.000 fermiers blancs, il vit maintenant de l’aide humanitaire. Le Monde (04.02.23) nous apprend que « L’Afrique du Sud est paralysée par des coupures d’électricité record depuis un an. Le redémarrage constant des machines endommage désormais les infrastructures de l’eau ». Parlez-leur de la guerre en Ukraine.

Et personne ne veut se souvenir de Malthus qui, vers la fin du 19ème siècle, annonçait ce qui allait arriver, en expliquant que les ressources de la planète ne peuvent croître que selon une progression arithmétique tandis que la population, elle, croit selon une progression géométrique. Et Malthus ne soupçonnait pas les avancées scientifiques qui ont éradiqués des maladies endémiques qui toutes constituaient des facteurs de correction atténuant la croissance naturelle des populations.

Mais pourquoi parler de la famine dans le monde quand je me prépare à parler d’Israël ? C’est parce que cette année, dans quelques mois, on va fêter un autre événement, probablement la plus grande invention humaine des cent dernières années, qui nous donne la possibilité de voir qu’il ne s’agit pas de fatalités. Vous l’avez déjà compris, il s’agit de la renaissance d’Israël, dont le soixante-quinzième anniversaire sera l’événement marquant du mois de mai prochain. Carlo de Benedetti avait dit un jour « vous creusez dans les pays arabes du Proche Orient, vous trouvez du pétrole ; vous creusez en Israël vous trouvez de l’intelligence » Et du pétrole, ajouterais-je, car creusant dans la Méditerranée Israël est devenu un des grands fournisseurs de gaz et du pétrole.

Le partage par l’ONU de l’ancien territoire de l’empire ottoman pour créer un Etat Juif et un Etat Arabe (la Russie, les gauches du monde et les islamo-fascistes n’avaient pas encore créé « le peuple palestinien ») a affecté à Israël des terres soient marécageuses soit se trouvant dans un désert non cultivable. Soixante-quinze ans après, ce pays de 9,0 Millions d’habitants est entièrement auto-suffisant pour toutes les denrées alimentaires et se trouve parmi les grands exportateurs de fruits et légumes, fleurs et plantes vertes ou aliments conditionnés.

Deux exemples, certes, un peu exotiques, mais qui illustrent le sujet. Le premier : Israël est le seul pays au monde qui est entré dans le 21ème siècle avec un solde net positif pour son nombre d'arbres. Fait d’autant plus remarquable que ceci a été obtenu sur des territoires principalement désertiques. Le deuxième : les palmiers dattiers existent depuis des siècles au Moyen Orient. L'arbre moyen est d’une hauteur d’environ 5 à 6 mètres et produit environ 19 kg de dates annuellement. Les dattiers israéliens, modifiés génétiquement, produisent environ 200 kg de dattes annuellement et sont d’une hauteur minime pour que les récoltes soient faites pratiquement à hauteur d’homme.

Le nombre d’exploits scientifiques/techniques/économiques de ce pays laisse rêveur tout observateur. On le sait, le téléphone portable a été développé par la filiale israélienne de Motorola. Les processeurs Pentium d’Intel et la technologie Centrino (wifi – ordinateurs portables) ont été entièrement conçus et développés en Israël. Il faudrait peut-être le dire à tous ceux qui utilisent des téléphones et ordinateurs portables pour vilipender ce pays. 80% de l’eau potable consommée en Israël est fournie par cinq usines de dessalement de l’eau de mer. Dans un pays autrefois désertique on dispose d’un cheptel inouï : les vaches produisent plus de 12.000 litres de lait par an en moyenne et les brebis jusqu'à 600 litres (www.reussir.fr 01.07.20). Plus que dans les pays réputés pour, Pays-Bas par exemple. La liste des performances exceptionnelles est plus longue que ce qu’on peut imaginer.

Ce pays, affiche un PIB/habitant qui a dépassé celui de l’Allemagne et/ou de la France :

Israël        2021 52.170,7$

Allemagne 2021 51.203,6

France        2021 43.659,0

Son PIB d'env. 500 milliards de $ dépasse celui d’Egypte (401 milliards pour 109 millions d’habitants), de la Jordanie (47,5 – population 11,2 millions) et du Liban (23 – population 5,6 millions) réunis (Banque Mondiale) : plus que les trois pays limitrophes. Il faut se souvenir qu’Israël a accepté 552.000 immigrants depuis 2000 et 3.266.506 depuis 1948 (Israel Virtual Library). Parmi les explications de ces performances, le ratio le plus grand au monde de diplômés universitaires par rapport à la population, qui obtiennent leurs diplômes en passant sous les fourches Caudines d’une sélection impitoyable. Mais peut-on envisager une économie de marché, synonyme de concurrence, sans sélection ? Si, on peut, chez nous, où il y a 2.969.000 Millions d’étudiants (2021, 250.000 avant la première réforme de l’université faite par Edgar Faure, «sélection» étant  un mot obscène depuis) dont 400.000 étrangers. Et où ceux qui ont contribué à mettre en place un système absurde constituent aujourd’hui un groupe (lobby) social qui empêche toute réforme d’un enseignement qui conduit le pays à la ruine. Chez nous, où les coryphées des sciences naturelles genre José Bové et alea ont empêché que des recherches scientifiques concernant les OGM puissent se dérouler sans la peur des « faucheurs volontaires ». On a continué comme cela tandis que Israël produit plus de publications scientifiques per capita que n’importe quelle autre nation au monde :

 Publications scientifiques/10.000 habitants ATLASOCIO.com 2018

Israël 25,52

Allemagne 21,21

France 19,37

Etats Unis 15,17

Japon 13,11

Mais nous avons un modèle social jalousé par le monde entier : il suffit de dépenser, avoir 59 langues possibles au bac (sans compter le surf ou autres sports très honorables), vivre sur le dos de l’euro (sans lequel on aurait eu droit a plusieurs dévaluations), et laisser nos dettes à nos descendants jusqu’à la septième génération fussent-ils mineurs ou incapables, comme dit la Bible. Ah, oui, j’étais sur le point d’oublier que pendant ses soixante-quinze années d’existence Israël a fait face à 7 guerres et, depuis plusieurs années grâce à l’aide du monde entier et des frères arabes aux pauvres palestiniens, à plusieurs conflits asymétriques.

Cette invention fantastique, la renaissance d’un peuple, d’une terre, d’une langue, a de quoi laisser les gens rêveurs. Selon les classements de l’ONU, Israël se positionne aujourd’hui à la 22ème place pour ce qui est du “développement humain” devant la France, l’Italie, l’Espagne et à la 5ème place pour ce qui est de l’épisode Covid 19 (devant, pratiquement, tous les premiers pays du monde – Rapport Bloomberg). Et pour la première fois depuis la deuxième diaspora (occupation et expulsion par Rome) la majorité du peuple juif vit en Israël. Mais des puissances voisines ou éloignées affichent des intentions implacables visant la disparition de cet état et, à fortiori, de son peuple. Le tout à l’encontre de la Charte de l’ONU mais ce n’est pas l’Europe qui s’en émeut. Elle aussi a essayé, sans succès, par nazis et allemands interposés, de détruire ce peuple. Aujourd’hui elle laisse faire tandis que la Russie des anciens pogromes tsaristes et/ou des persécutions staliniennes a décidé d’envahir l’Ukraine et y opérer un génocide au vu et au su du monde entier.

Bon, après ce rappel (bref et non exhaustif) arrivons à ce qui s’y passe aujourd’hui. Une élection (5ème en trois ans) vient de donner le pouvoir à une coalition, expression de la majorité des votants : 64 mandats contre 56 sur les 120 de la Knesset. Soit une différence (faites-moi confiance) d’environ 313.600 votes sur les 4,7 millions exprimés. Cette élection a été une sorte de référendum pour M. Netanyahu (le slogan du centre/gauche + les voix arabes = « tout sauf Bibi ») et pour ce qu’il a eu (ensemble avec ses associés de droite et religieux) comme principal fanion : changer le système judiciaire dont la dérive pendant les 25 dernières années a fait de la démocratie israélienne un cas à part. Naturellement, le centre/gauche a utilisé l’argument « BN veut changer le judiciaire car il a quatre procès pour corruption en cours » ; la majorité qui a gagné les élections, qu’on le veuille ou pas, a fait plus qu’acquitter B. Netanyahou dans le tribunal de l’opinion publique : cette majorité d’électeurs israéliens a clairement indiqué qu’ils ne supporteront plus l’érosion de la démocratie  par l’État administratif — juges, agents d’application de la loi, avocats, les conseillers et la bureaucratie, en général, comme la Cour Suprême, en particulier, qui devront cesser d’utiliser leurs propres préférences et leurs diktats à la place de ceux des électeurs

Une sorte de « tyrannie » de la minorité – la Cour Suprême, le Procureur Général, les Conseillers légaux des ministères, des responsables de branches importantes de l’administration, tous tirent leur légitimité des choix de la Cour Suprême. Dont les nouveaux membres sont cooptés et mais trois des restants ont un droit de véto sur leur choix. C’est ce qui fait, probablement, que l’index des pays démocratiques (Economist, 2022) classe Israël,  comme la Belgique, l’Espagne, l’Italie, les Etats-Unis – entre autres - comme démocraties imparfaites avant que le nouveau gouvernement fasse quoi que ce soit !

Diable. On le sait, la composition ethnique de la population israélienne est partagée entre 75% de juifs, 20% d’arabes (chrétiens ou musulmans), 3% de chrétiens et 2% divers. Les 64 mandats de la nouvelle coalition représentent 65% de la population juive. Dont la moitié est d’origine sépharade et se considère, depuis les années 60, comme démunie de ce qui fait la prédominance de la composante ashkénaze du pays, les 35% autres (centre/gauche) qui fourni depuis de lustres (1977) l’essentiel des détenteurs de pouvoir du pays. Exemple : la Cour Suprême contient 15 juges : 13 d’origine ashkénaze, un sépharade et un arabe. Difficile d’empêcher la moitié de la population (un tiers du total sépharade, 20% arabe) de penser que le pouvoir absolu (pas de « check&balance, aucun recours contre ses décisions) détenu par la Cour ne laisse pas les élus du peuple gouverner comme ils l’entendent. Un exemple : la Cour Suprême qui peut décider de tout a, pratiquement, empêché pendant plus de cinq ans l’éclosion de l’industrie gazière d’Israël car jugeant, chaque fois que l’occasion se présentait ou délayant dans le temps, des décisions en faveur de partisans écologiques. Car, en Israël, tout un chacun peut s’adresser à la Cour Suprême sans passer par les Cours de première instance et/ou d’appel. Tant et si bien qu’elle se trouve tous les ans face à plus de 10.000 affaires dont elle choisit s’en occuper celles qui correspond à ses « valeurs » ou a ce qu’elle considère comme « raisonnable » Pas besoin d’être grand clerc pour comprendre qu’elle puisse être biaisée avec une probabilité non nulle. Que veut changer le nouveau gouvernement ? Le ministre de la justice (bon à savoir, il travaille depuis plus de 12 ans sur ce sujet) l’a indiqué clairement  - des changements dans quatre domaines essentiels : restreindre la capacité de la Haute Cour d’invalider les lois et les décisions du gouvernement, en exigeant qu’un panel de tous les 15 juges de la Cour et une « majorité spéciale » le fassent ; inclure une « clause dérogatoire » permettant à la Knesset de légiférer de telles lois; modifier le processus de sélection des juges afin de donner au gouvernement du jour le contrôle effectif du comité de sélection ; empêcher la Cour Suprême d’utiliser un critère de « raisonnabilité » pour juger des lois et des décisions du gouvernement ; permettre aux ministres de nommer leurs propres conseillers juridiques, au lieu d’obtenir des conseils de conseillers relevant du ministère de la Justice et indirectement de la Cour Suprême.

Néanmoins, avec la complète assurance que leur confère leur non moins totale ignorance du sujet, toutes les gauches du monde se sont donné la  main pour affirmer, haut et fort, que la démocratie israélienne est train d’être détruite par le nouveau gouvernement élu par la majorité du peuple. Naturellement, on nous rappelle que les nazis et Hitler, eux aussi ont eu le pouvoir d’une manière démocratique. Et tout un chacun, l’Amérique partagée moitié/moitié entre les démocrates et les républicains, la France incapable, pour l’instant, d’unité, l’Union Européenne qui ne sait si elle est fédérative ou impériale, bref, tout ce qui compte dans le monde est en train d’avertir Israël que, au cas où, elle risque de sortir du club fermé de pays démocratiques. Quant aux israéliens, ils sont abreuvés par les prévisions apocalyptiques relatives à leur économie, à leurs relations avec le monde (de gauche, naturellement) et on se dispute le rôle de celui qui dirait la plus grande idiotie : le PM qui a perdu les élections pérore : « Bien que légalement élu, les actions du gouvernement lui enlèvent sa légitimité; lorsque des millions de personnes descendent dans les rues pour protester contre le gouvernement corrompu dirigé par des menteurs en série, il s’effondrera », un ancien PM, général, soldat le plus décoré, compare la Président d’Israël (qui veut apaiser les esprits) avec Chamberlain et, par ricochet, B. Netanyahou avec Hitler. La vraie démocratie en marche. Et pendant que B. Netanyahou se trouve en France on le somme (tweet de M.M – parti Meretz, extrême gauche israélienne sans un député à la Knesset) : @MeravMichaeli « Le coup d’Etat que vous projetez n’est pas une réforme du système judiciaire. Il retirera l’État d’Israël des États démocratiques, avec toutes les implications que cela comporte. Si vous avez une once de responsabilité pour l’État, vous devez immédiatement arrêter le Blitz et revenir à la législation légale. (trad. MB).

Notre Président, diplomatie oblige, semble-t-il, a eu quelque chose à lui dire :

EM : La France est un pays démocratique et laïc - BN : Israël n’est déjà pas ni ceci, ni cela !

Cela étant, et c’est appréciable, le communiqué de l’Elysée sur le dîner de travail avec M. Netanyahou ne dit pas un mot d’une éventuelle leçon sur la démocratie que notre Président s’est bien abstenu de lui donner (https://urlz.fr/kFnA).

Je dirais, en guise de conclusion temporaire, que la droite israélienne a parlé de la nécessité d’une réforme juridique depuis près de 30 ans. Et pas seulement la droite, mais aussi la gauche et le centre – comme les Yitzhak Rabin, Yosef Lapid et son fils Yair Lapid, Avigdor Lieberman, Tzipi Livni, Reuven Rivlin, Ehud Olmert et Gideon Sa’ar – ils ont tous, également, soutenu des réformes juridiques dans l’esprit de celle actuellement proposée. Leur opposition à cette mesure actuellement n’est rien d’autre qu’un jeu politique imposé par la perte de la dernière élection et la forte probabilité de la perte de futures élections. Tous les ténors qui donnent de la voix contre ce que le gouvernement de M. Netanyahou veut faire devraient se souvenir des mots de leur idole d’antan, M. Obama, qui en rejetant toutes les suggestions/offres/propositions venant des Républicains a précisé que « les élections ont des conséquences ».

Comme chez nous, car l’impossibilité de disposer d’une majorité à l’Assemblée Nationale, d’un côté, et l’opposition de la rue à une réforme des retraites, d’un autre côté, [nécessaire -pour assurer la survie d’un système, urgente -car les conséquences (poids d’une dette dépassant, largement, le PIB du pays) sont et onéreuses et dangereuses, incontournable -car les conséquences d’une démographie laissée à l’abandon imposent leurs conséquences] viennent de créer la peur d’un avenir incompatible avec ce que le pays a représenté pour ses citoyens et pour le monde.

Certes, nous ne voulons pas intégrer le fait que, selon OCDE, (2018) en France, le nombre d’heures effectuées en moyenne par habitant est de 630 par an, chiffre le plus bas de tous les pays développés. L’Espagne est à 697 heures par habitant, l’Allemagne est à 722 heures, le Royaume-Uni à 808, les Etats Unis à 826, la Suisse à 943, la Corée à plus de 1.100. Il n’y a guère que la Turquie et la Belgique qui s’approchent de nous, à 637 heures par an et par habitant. Une belle compagnie, n’est-ce-pas ? Pendant qu’à l’Assemblée nationale une pimbêche qui n’a, probablement, jamais travaillé de sa vie, réclame le droit à la paresse. Cela vient de loin : « Un compatriote français s’est montré tout aussi industrieux en matière de paresse. Le penseur radical Paul Lafargue est célèbre pour une brochure publiée en 1880 intitulée « Le droit d’être paresseux ». M. Lafargue a dépendu du soutien financier de quelqu’un d’autre — Friedrich Engels, qui a fait de même pour le beau-père de M. Lafargue, Karl Marx (NYT, Are French People Just Lazy ? MB, 30.01.23).

La faible quantité d’heures travail par habitant explique nos problèmes de financement des retraites, savoir, la base sur laquelle sont prélevées les cotisations, c’est-à-dire la quantité de travail, n’est pas assez grande. Et ça explique notre dette publique : la quantité de travail fournie, de richesses créées, n’est pas suffisante pour financer le niveau de vie de tous les Français sans recourir au déficit, c’est-à-dire à l’emprunt. Souvenons-nous, le pays a une dette de plus de 8.000 milliards € (dette publique + engagements hors bilan) soit plus de 3 fois son PIB (2022) ! Mais nos gouvernants sont incapables de trouver les mots pour expliquer à la rue pourquoi votre fille est muette. Ceux qui battent le pavé chaque week-end pour manifester contre ladite reforme ont leur cerveau lavé par ceux qui sont arrivés à les convaincre que ladite reforme n’est ni urgente, ni nécessaire (car les comptes sont « presque » équilibrés, disent-ils) et surtout pas juste. Parce que personne ne leur explique que c’est le contribuable, qui intervient chaque année pour injecter 30 milliards d'euros de subventions dont personne ne parle. Oui en 2022, après compensation des dépenses et recettes, le solde est proche de l’équilibre : mais en excluant les aides publiques, une perte nette constante de 30 milliards se profile à l'horizon. La démographie, en berne, ne fera qu’amplifier cette tendance.

On se perd en explications du genre « la guerre en Ukraine » pour expliquer notre situation difficile actuelle quand en réalité il s’agit de notre incapacité, depuis plus de 30 ans, à reformer l’état boursouflé (J. Quatremer, tweet, 19.06.20) : nombre de fonctionnaires, mille-feuille administratif, incapacité (ou manque de volonté) de déroger à des oukases bruxellois (marché énergie, politique immigration, « état de droit », etc.,), aventures militaires sans buts et résultats clairs, j’en passe et des meilleurs. Mais l’Ukraine accapare toutes possibilités de juger, froidement, ce qui se passe là-bas et une fois que l’on a essayé, de manière risible (notre Président) de ménager « la chèvre et le chou » on se trouve dans une situation pour le moins curieuse. On voudrait la défaite de l’Ukraine que l’on ne procéderait pas autrement : pendant que la Russie détruit, d’une manière barbare, un pays, un peuple, une culture (définition du génocide – Rafael Lemkin, 1943) on a trainé les pieds pour l’aider en lui donnant les moyens pour se défendre. Et ce n’est qu’au bout d’une année de demandes pressantes que le gnome de Berlin a accepté de livrer des chars d’assaut (il y en a plus de 3.000 en Europe, l’Ukraine demandait 300). Et notre pays pendant la même année n’arrête pas de parler des 18 canons Caesar qu’on a fourni à l’Ukraine. Pourtant, l’agression barbare de la Russie a permis à l’UE de se libérer complètement du chantage à l’énergie de la Russie, d’accentuer la fédéralisation de l’UE, d’augmenter la force militaire de l’OTAN européenne, de rapprocher la Moldavie et l’Ukraine le plus possible de l’UE, de réarmer l’Allemagne et toute l’Europe, d’augmenter le pourcentage du PIB pour financer l’OTAN. Remarquez, pratiquement tout ce que M. Trump a suggéré à l’Europe en 2018 en s’attirant les quolibets de Mme Merkel particulièrement et de l’UE en général. Mais M. Scholz va livrer des tanks sous le parapluie des Etats Unis qui viennent en aide à l’Ukraine pour un montant, actuel, de plus de 100 milliards de $. M. Macron et l’Europe, quel beau couple.

    M. Poutine a déclenché un déluge. Il n’y aura pas d’arche, dit-on. Vogue la galère et vaya con dios.

 


 
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27 janvier 2023 5 27 /01 /janvier /2023 11:11

Bonjour,


Jour après jour, on a droit à une nouvelle plus importante que la précédente. Je paraphrase, le temps passe et efface… les feuilles mortes se ramassent à la pelle, les souvenirs et les regrets aussi. Les regrets… du temps jadis quand on regardait l’avenir avec confiance. Aujourd’hui, une nouvelle efface l’autre mais elles concernent, toutes, deux sujets en France (les retraites et l’Ukraine) et à un sujet, uniquement, en Israël. Qui créent des turbulences.

De temps en temps, il faut s’arrêter un peu, il me semble, pour comprendre si ce qu’on voit, ce qu’on entend, ce qu’on essaye de nous instiller a des racines autres que celles qui paraissent évidentes.

 

Commençons par la France. La reforme des retraites et la situation en Ukraine sont les deux grands sujets du moment.

Pour ce qui est la reforme des retraites (injuste, non nécessaire, refusée par 70% des Français) il n’y a pas grande chose à dire qui n’ait pas déjà été dit. L’essentiel (mais depuis quand s’attache-t-on à regarder l’essentiel ?) est clair comme de l’eau de roche : le modèle social français - l’état providence à son extrême - n’est pas compatible avec l’économie de marché, de plus, mondialisée. Nos avantages acquis (durée hebdomadaire du travail de 35 heures et retraite, théorique, à 60 ans, le tout cumulé avec la place de champion de l’Europe pour les grèves - 114 jours de grèves par an pour 1 000 salariés entre 2009 et 2017, Allemagne = 18 - Ouest-France 18.11.22) ne pouvant pas être remis en cause, pour financer le modèle social on a trouvé la solution : on s’endette. Tant et si bien que nous sommes arrivés à plus de 8.000 milliards € (dette publique + engagements hors bilan) et que le spectre d’une faillite de l’Etat ne semble plus inimaginable. On nous démontre que par rapport aux 350 milliards d’euros rendus tous les ans aux retraités, le déficit du système (12 milliards annuellement) n’est que de la roupie de sansonnet… Et voilà 1.120.00 manifestants (selon la Police) dans les rues des villes du pays pour dire, au nom des 70% des Français qui s’y oposent, que le gouvernement doit s’abstenir de la faire. On rejoue l’année 1995 quand la reforme voulue par Alain Juppé-Jacques Chirac a fait sortir dans la rue 2.000.000 manifestants et a vu des grèves pendant trois semaines. Et comme à l’époque on a pris peur et on a abandonné, on espère qu’il sera de même cette fois-ci. Ne dites rien aux 70%, il s’en fichent, comme de l’an quarante, de laisser à leurs enfants, petits-enfants et jusqu’à la septième génération (comme dit la Bible) la dette qu'ils ne veulent pas acquitter eux-mêmes.

 

Et puis l’Ukraine. Certes, la France n’a pas garanti (comme les Etats-Unis, la Grande Bretagne et la Russie…) à l’Ukraine son intégrité territoriale contre le retour de ses 2.400 têtes nucléaires dans les stocks de la Russie. Certes, quand la Russie a envahi la Crimée, la France (comme les Etats Unis de M. Obama et l’Allemagne de Mme Merkel) a regardé ailleurs et s’est associée aux fameux accords de Minsk qui, en réalité, faisaient avaler à l’Ukraine la perte de 15% de son territoire (garanti 20 ans auparavant par trois puissances nucléaires). Mais, comme dit la Bible (je la cite beaucoup) on donnera à celui qui a et il sera dans l’abondance (Mathieu, 13 :12) la Russie de M. Poutine - chrétien convaincu - a cherché le plus, l’Ukraine dans sa totalité. Grand émoi dans toute l’Europe, la France a essayé d’arrêter les 180.000 soldats russes de commencer la guerre en « discutant » avec M. Poutine avec le succès que l’on sait.

Fast forward - presque 12 mois après, la Russie on apprend que les services de renseignement américains estiment le total des pertes militaires russes en Ukraine à 188.000 en date du 20 janvier, ce qui laisse supposer que 4.7000 Russes auraient été tués au combat en moins d’un an de combats. Ce qui donne à penser que les pertes russes en Ukraine se rapprochent du nombre total de morts américaines pendant la guerre du Vietnam en huit ans. Et que les forces soviétiques n'ont compté que 15.000 morts en neuf ans de guerre en Afghanistan, un seuil que le ministère de la Défense du Royaume-Uni a évalué comme étant dépassé en mai 2022 après seulement trois mois d’hostilités (The Post, 25.01.23).

On laisse de côté l’absurde dépendance de l’Europe (et surtout de l’Allemagne) du gaz russe, on laisse de côté l’Europe (surtout l’Allemagne et la France) qui ont cajolé le maniaque apocalyptique du Kremlin (qu’un auteur franco-italien, en France appelle « le magicien du Kremlin » - bouquin vendu en France à 125.000 exemplaires, ayant raté de peu le Goncourt…), on laisse de côté tout ce que l’Occident (les Etats Unis, les premiers) ont fait pour le rétablissement de la Russie après ses 72 ans de régime communiste, comme partie intégrante de l’Europe. On laisse de côté, mais quelques jours après l’invasion de l’Ukraine, l’Allemagne - pays le plus pacifique d’Europe - annonce qu’elle va dépenser 100 milliards d’euros pour se doter d’une armée conventionnelle moderne. La France, qui dépensait -bon an, mal an - 50 milliards d’euros (une bonne partie en aventures qui se sont mal terminés en Afrique) annonce des mois après qu’elle dépensera 413 milliards d’euros sur sept ans pour sa défense. Remarquez : moyenne annuelle quasi identique au niveau actuel.

Petite différence avec l’Allemagne, en 2020 l’excédent budgétaire de l’Allemagne a été de 145 Milliards d’euros, celui de la France a été de - 180,2 milliards. L’Allemagne a de l’argent, notre pays s’endette.

Bon, notre Président a compris que le monde n’est pas peuplé de bisounours et que la guerre déclenchée par son ami M. Poutine aux confins de l’Europe pose la question lancinante de l’avenir du continent. Car, d’évidence, si on laisse M. Poutine gagner en Ukraine, la Bible nous dit que…

Mais, et c’est quand même curieux, voilà la parti « munichois » qui relève la tête. « Ce n’est pas notre guerre », « la Russie ne peut pas perdre car… », «l’Ukraine ne peut pas gagner car… », « certes, il faut aider l’Ukraine mais… ») – d’anciens généraux et des présents commentateurs spécialisés nous le disent tous les jours de la semaine. Et, alors, pendant une année l’Europe et les Etats Unis ont aidé l’Ukraine à se battre (avec une main liée dans le dos – en ne lui donnant pas tout ce qu’elle demandait) pour arriver, enfin, 12 mois après l’invasion à lui promettre quelques dizaines de chars lourds modernes. Parce que M. Scholz ne voulait pas que des chars allemands contribuent, éventuellement, à l’échec de M. Poutine et posait comme condition que les Etats Unis envoient les leurs avant.

Pas encore la France, qui va lui envoyer des « chars sur roues » vieux de presque 50 ans. Pas de Leclerc comparables aux chars promis par les autres.

 

Première à parler, dernière à agir, la République Française ne sort pas grandie de ce que l’on voit ces jours-ci. Et c’est dommage. Surtout pour ceux qui vont nous suivre. Disons-le clairement : si l’Ukraine avait compté uniquement sur l’Europe pour l’aider, le drapeau russe flotterait au-dessus des ruines de Kharkiv, Kiev et Odessa. Plus de 30 ans après la fin de la guerre froide, l’Europe ne peut agir dans sa propre cour sans dépendre des Etats-Unis – voilà la réalité de l’Europe de 450 millions d’habitants, colosse économique, nain politique et militaire. L’Europe, notre avenir comme on nous le sérine depuis 40 ans.

   Et puis Israël. On a compris, la classe politique de gauche/centre, qui a perdu les dernières élections en faveur d’une coalition, droite-extrême + droite-religieuse, n’entend pas renoncer aux pouvoirs qu’elle possédait depuis des lustres. En particulier ceux du système judiciaire, système à nul autre pareil surtout si on le compare à un pays démocratique, par exemple, les Etats Unis, l’Angleterre, la France. C’était un des objectifs principaux du programme de ceux qui ont gagné les élections, c’est la principale raison pour laquelle on est en train de mettre le pays à feu et à sang (so to speak…)  sous les incitations de politiciens qui ont tout à perdre et d’anciens généraux qui n’ont plus rien à commander. Je ne reviens pas sur le contenu de la reforme souhaitée, ni sur le pro et le contre affiché par les uns et/ou les autres. Il suffit de dire (raccourci rapide) que ne disposant pas d’une constitution (la gardienne de tout et tous dans deux des trois pays mentionnés) Israël (la Knesset) a édicté pendant les années des « Lois de Base » qui en tiennent lieu. Aucune n’a été consacrée aux pouvoirs de la Cour Suprême. Ce qui conduit tout un chacun à poser les trois questions évidentes « sur quelle base peut-elle annuler les lois promulguées par la Knesset - ce qu’elle fait de temps en temps, sur quelle base valide-t-elle ou pas les nominations de l’exécutif, sur quelle base approuve-t-elle ou pas les nominations au gouvernement que la Knesset approuve ? La réponse, jusqu’ici : Elle dit “ce qui est raisonnable et ce qui ne l’est pas”. Tu parles, Charles, comme elle penche actuellement à gauche et se perpétue par cooptation, ce n’est pas vraiment démocratique, non ?

En sortant de ma « zone de confort » j’ai essayé de trouver une explication. Je crois que la logique de l’opposition à la reforme du judiciaire s’explique, d’une manière prosaïque relativement simple :

- en 1995 le juge Barak, Président de la Cour, ayant compris la dérive de la société israélienne, vers la droite, avec comme corollaire l’impossibilité probable de gagner les élections futures face à la droite classique (Likoud) appuyée par les partis religieux a instillé, par des touches inoffensives, des changements occultes jusqu’à y compris une Loi de Base (décrivant les droits de l’homme, votée en séance nocturne par 23 députés présents – sur les 120 de la Knesset) ; qui, depuis, par utilisations répétées sont devenues « jurisprudence »

- en 2022, pour la première fois (présence arabe inférieure à l’élection, refus annoncé des candidats arabes de participer au gouvernement, fatigue après quatre élections non concluantes) la droite+ gagne avec une marge importante sur la gauche/centre au sein de l’électorat juif (65 mandats=env. 2.548.000 votes, 45 mandats=1.764.000 ; électorat arabe=10 mandats=392.000 votes (total des votants 4.704.000) ;

- la composition de la Cour Suprême étant, actuellement, favorable à la gauche/centre et sa pérennité, telle quelle, assurée par un mode de cooptation sui generis (trois juges à la Cour ont un droit de véto sur leurs successeurs éventuels proposés par une commission dans laquelle ni la Knesset ni le Gouvernement n’ont de position déterminante) est, d’évidence, absolument nécessaire pour le centre/gauche pour faire face à la perte future probable des élections à venir. D’où les cris d’orfraie dénonçant la destruction de la démocratie et l’opposition par tous moyens (annoncée) allant jusqu’à la désobéissance civile vers, éventuellement, une guerre non moins civile. Car il pourrait s’agir de la perte irrémédiable du pouvoir (politique, économique, sociétal) pour ceux qui ont dominé depuis quelques dizaines d’années la vie d’Israël tout en participant à son essor économique, technologique, militaire, inédit induit surtout par la droite laïque.

Mais, alors, s’il s’agit de corriger une des caractéristiques non démocratiques du système judiciaire, cette levée de bouclier correspond uniquement à la défense de privilèges acquis depuis des décennies. Soyons clairs, dans chacun des aspects que la cour s’est approprié (constitution/cooptation, pouvoirs élargis sans « gardien », pouvoirs exorbitants –nominations, etc.,) Israël brille dans la solitude parmi les pays occidentaux. Si on osait on devrait dire que sa Cour suprême est devenue, je crois, « la définition même de la tyrannie ». On doit citer la célèbre citation de James Madison (un des pères fondateurs des Etats Unis) : « L’accumulation de tous les pouvoirs, législatifs, exécutifs et judiciaires, entre les mêmes mains, qu’il s’agisse d’un, d’un ou de plusieurs, et qu’ils soient héréditaires, autoproclamés ou électifs, peut à juste titre être prononcée comme la définition même de la tyrannie. »

Et on a droit aux prévisions apocalyptiques : « les investisseurs étrangers vont partir » les chefs des banques « la refonte judiciaire pourrait porter un dur coup à l’économie » les présidents des principales universités israéliennes, un prix Nobel (Kahneman) « ce n’est pas le pays que je veux pour mes petits-enfants » …. « Un avenir bouché, économie en berne, exclusion du monde académique, boycott universel » … j’en passe et des plus noires.

Pourtant, regardez quelques nouvelles chaudes : - Israël a réalisé avec succès une importante émission d’obligations d’État, recueillant 2 milliards de dollars auprès d’investisseurs institutionnels internationaux. La demande a dépassé 10 milliards de dollars » (JNS 24 janvier 2023)

Elbit Israël fournira des systèmes antimissiles aux avions de l’OTAN. L’accord de cinq ans comprend également la création d’un centre de services, qui devrait desservir les pays européens, y compris la France et le Royaume-Uni (ynetnews.com 24.01.23)

DELL TECHNOLOGY vient d’acheter Clodify pour 100 millions $.

Une entreprise israélienne de fret intelligent admise au Nasdaq via la fusion SPAC à une valorisation de 500 millions de dollars (ToI 25.01.23).

Cisco Israel Managing Director: "This will be a good year to invest in Israel" (To date Cisco has acquired Israeli companies for $7.2 billion (Globes, 22.10.22 - CTECH by Callcalist 23.01.23).
McKinsey buys Israeli AI startup Iguazio, (50 millions $ - Techcrunch.com 23.01.23) its first acquisition in the country. Global management consultancy firm says Israel has vibrant start up ecosystem, seeks further partnerships, acquisitions. (ToI, 23.01.23). McKinsey va même établir un centre de recherche et développement en Israël.
Ces investisseurs fument-ils du haschisch ?
Et le monde va-t-il renoncer aux techniques agricoles d’Israël ? En Afrique, au Moyen Orient, au Vietnam ? A son avance dans la désalinisation de l’eau de mer ? En Espagne, Pays du Golfe, Californie ? Aux médicaments génériques de TEVA, leader mondial du secteur ? Aux États-Unis, 1 prescription sur 9 concerne un médicament Teva ? Aux Exosquelettes inventés en Israël et produits depuis 2001 par RewalkRobotics ? Aux équipements militaires e.g. Israël inventeur des drones, 2ème fournisseur mondial ? Aux systèmes anti-missiles de création israélienne? « Bouclier anti-missiles » que 16 pays d’Europe ont choisi et qui utilise le Arrows 3 produit par Israël ?
Probablement, pas. Mais alors, que savent ceux qui s’opposent violemment à la reforme judiciaire que nous ne sachions pas ? Ou ne s’agit-il pas d’une manière occulte de défendre les privilèges de plusieurs castes qui ont détenu tous les pouvoirs en Israël depuis quelques dizaines d’années ? Et les anciens généraux (factieux aurait pu dire le Général) à part le fait qu’ils ne peuvent plus rien commander dans le civil et qui traversent vaillamment les lignes de la bienséance et du respect pour le pays ? En s’engageant à l’extrême gauche (comme Golan-Meretz ?) Quelle est l’explication de l’hystérie qui incite des masses (100.000 manifestants dernière manif à Tel Aviv, soit 1% de la population du pays) – 670.000 équivalent France, 1.120.000 selon la Police contre la reforme du régime des retraites) et qui garantissent « apocalypse maintenant » ?

Mais voilà, l’ancien Premier Ministre vient de demander au Président Herzog de faire en sorte qu’une « commission » élargie s’accorde sur une reforme du système judiciaire. Après avoir perdu les élections, dire pis que pendre des gagnants, après avoir adopté une politique de la terre brûlée, au mépris de tout ce qui est convenant, cherchant à nuire au gouvernement de M. Netanyahu et même à l’État lui-même dans des forums étrangers ? Après avoir fait sortir le peuple (de gauche) de ses foyers pour manifester contre les nouveaux Hitler (toujours reductio ad hitlerum) certains avec de drapeaux palestiniens ? S’ils sont pour la reforme du système pourquoi ne l’ont-ils pas fait depuis 1977 ? Pourquoi ont-ils laissé la Cour dériver vers l’état de « bureau politique » d’un parti communiste cooptant ses membres et décidant de tout ? Question rhétorique, naturellement, la réponse est évidente.

Et puis, le Dr Ido Netanyahu, frère du premier ministre, dans un studio de télévision : « Quel est le programme juridique qui est censé causer l’effondrement économique ? (Ces gens là) Ils vivent dans un monde imaginaire en se construisant aussi un épouvantail imaginaire qu’ils veulent tuer avec des épingles. » (Now14Israel, 25.01.23). A ceux qui, en réalité, s’opposent « tout sauf Bibi » il aurait pu dire « si la plus grande menace pour la démocratie israélienne est Benjamin Netanyahou, comment se fait-il qu’il est constamment préféré par les électeurs en tant que Premier Ministre ? »
J’avais identifié les tanks modernes. Je n’ai pas évoqué le Merkava israélien, considéré par beaucoup de spécialistes comme le meilleur au monde, seul char disposant de TROPHY APS (protection anti-missiles active 360°) - en cours d’évaluation pour équiper les milliers d’ABRAMS en attendant les milliers de chars de l’OTAN.
Ce que les représentants de la classe politique qui a perdu les élections font est exagéré. Selon Talleyrand … ce qui est exagéré est insignifiant …Heureusement un autre prix Nobel, Israel Aumann (Economie, Théorie des Jeux) : « Ce que fait la Cour suprême est biaisé au même titre que l’activisme excessif et fortement biaisé vers la gauche. » (youtube 25.01.23).

 


 [mb1]Ce n’est pas le cas, tu l’écris toi-même.

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18 janvier 2023 3 18 /01 /janvier /2023 20:11

Un lecteur du blog doute de la véracité du montant dû par l’Etat pour la retraite des 5,7 millions de fonctionnaires (pour 67 millions habitants, Allemagne = 4,9 millions pour 83 millions habitants) indiqué dans le dernier texte mis en ligne. Je me devais donc de procéder à la vérification. Ce que j’ai trouvé devrait faire comprendre aux gens qui se proposent de participer demain à une manifestation contre la réforme de la retraite qu’il ferait mieux de s’abstenir.

Faisant suite à l’observation/interrogation d’un des lecteurs du blog « êtes vous certain que la dette de l’Etat pour les retraites des fonctionnaires- engagement hors bilan - n’est que de 1.000 milliards d’euros ? » je me suis fait obligation de vérifier ces chiffres.

Une première indication (BNP – la Retraite Claire 2017) nous apprend que 76 Mds € représentent ce que l’État dépense sur les retraites des fonctionnaires en une année, mais qu’en est-il dans la durée ? Pour le savoir, le rapport évalue ce qu’on appelle les « engagements de l’État », en calculant le montant de la retraite des fonctionnaires, leur durée de vie moyenne à la retraite, et en en déduisant le montant total que l’État devra payer tôt ou tard pour la retraite de tous les fonctionnaires. Ce montant est évalué à 2.212 Mds € fin 2017 (BNP - La retraite Claire 2017)

Regardons, aussi, le tableau de FIPECO pour les années 2020 et 2021 (valeurs au 31.12) :

 

Qui nous amène à faire trois observations :

  • Les subventions de l’État aux régimes spéciaux de retraite représentent 540 milliards d’euros dont la SNCF, seule, est responsable pour environ la moitié ;
  • La dette pour la retraite des fonctionnaires était fin 2021 de 2.392 milliards d’euros – deux fois plus importante que ce que j’ai approximé dans le dernier texte ;
  • Le total des engagements hors bilan de l’Etat est, peu ou prou, de 5.000 milliards d’euros.

Par delà la surprise, qui donne froid au dos, on est obligé de comprendre que ceux qui disent que la réforme de la retraite envisagée par le Gouvernement est faite pour « satisfaire Bruxelles » ont parfaitement raison.

En effet, le PIB de la France étant en 2022 de 3.140 milliards d’euros (https://fr.statista.com) et la dette publique connue de 2956,8 milliards d’euros (INSEE 16.12.22) il résulte sans possibilité de contestation que la dette totale du pays (vue de Bruxelles et de tous ceux qui prêtent de l’argent au pays + sociétés de cotation) est, peu ou prou, de 8.000 milliards d’euros soit deux fois et demie plus élevée que le PIB. Loin, très loin de ce que l’on dit, seulement 100% du PIB.

Les chiffres exposés nous font comprendre les vraies raisons des choses :

  1. Le modèle social de la France (fondé, aussi sur des subventions multiples et diverses) a tenu bon parce que le pays - ne produisant pas suffisamment de richesse s’est endetté au-delà du raisonnable ;
  2. La réforme de la retraite occulte une des raisons (la principale ?) majeures pour laquelle elle est faite – transférer les subventions pour les régimes spéciaux au régime général qui résultera, autant dire transférer cette dette de l’Etat aux comptes des retraités – d’où accélération d’une éventuelle impossibilité de payer les retraites à ceux qui ont cotisé pour toute leur vie de travail (régime général et complémentaires) ;
  3. Le discours « les immigrés paieront les retraites de demain » est fallacieux pour deux raisons, il me semble, - vu les catégories socio-professionnelles probables elles ne cotiseront qu’au régime général, non pas aux complémentaires et la charge annuelle pour les retraites des fonctionnaires (pourcentage d’immigrés fonctionnaires marginal) soit 75 à (probablement) 100 milliards d’euros annuellement (car depuis 1997, le nombre de fonctionnaires a explosé. En 23 ans, la fonction publique compte en effet plus d’un million de salariés supplémentaires. (Capital 11.01.2021) restera (payée par les contribuables qui, pour l’instant, sont en, presque, totalité non immigrés de date récente).

Il me reste, donc, à remercier le lecteur qui s’est interrogé sur la véracité d’un chiffre contenu dans le dernier texte, ce que je fais avec l’humilité qui est de mise. Et le désespoir évident pour l’avenir du pays.

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