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21 octobre 2022 5 21 /10 /octobre /2022 12:26

Voilà, à quelques jours près, huit mois depuis que la guerre de M. Poutine, qui devait durer trois jours, nous apporte, jour après jour, l’ignoble, le barbare, l’indescriptible (d’autres adjectifs sont, bien sûr, de mise) que nous pensions ne plus connaître. Vouloir détruire une nation par un génocide au vu et au su du monde entier, c’est ce que la Russie de M. Poutine est en train de faire. Et, dès lors, la seule question qui vaille (par-delà l’inventaire des pertes matérielles, les dizaines de milliers de morts - surtout russes- par delà la fatigue des uns et l’ambiguïté d’autres) est d’évidence « Comment va se terminer cette guerre » ?

 

Comment va se terminer la guerre russo-ukrainienne ?

Parfois vous changez de sujet, et parfois le sujet vous change.

Timothy Snyder, est un historien américain, spécialiste de l'histoire de l'Europe centrale et de l'Est et de la Shoah. Il est titulaire de la chaire Richard C. Levin d'histoire à l'université de Yale et membre permanent de l'Institut des sciences humaines de Vienne. 05.10.22 – "Thinking About"

Au début, personne ne pouvait imaginer que la guerre russo-ukrainienne pouvait commencer. Et pourtant, elle a commencé. Et maintenant, personne ne peut imaginer comment elle finira. Et pourtant la fin arrivera. 

La guerre est en fin de compte une question de politique. L’Ukraine gagne sur le champ de bataille parce qu’elle exerce des pressions sur la politique russe. Les tyrans comme Poutine exercent une certaine fascination, parce qu’ils donnent l’impression qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent. Ce n’est pas vrai, bien sûr, mais leurs régimes sont faussement fragiles. La guerre prendra fin lorsque les victoires militaires ukrainiennes modifieront les réalités politiques russes, un processus qui, je crois, a commencé.

Les Ukrainiens, avouons-le, se sont révélés d’étonnants bons guerriers. Ils ont mené une série d’opérations défensives et maintenant offensives qu’on aimerait appeler des « manuels scolaires », mais la vérité est que ces manuels n’ont pas encore été écrits ; et quand ils seront écrits, la campagne ukrainienne fournira les exemples. Ils l’ont fait avec un calme et un sang-froid admirables, alors même que leur ennemi commet des crimes horribles et milite ouvertement pour leur destruction en tant que nation.

En ce moment, cependant, nous avons du mal à voir comment l’Ukraine obtiendrait la victoire, même si les Ukrainiens progressent. Cela est dû au fait que beaucoup de nos scénarii sont handicapés par une seule variante plutôt improbable de la façon dont la guerre risque de se terminer : une explosion nucléaire. Je pense que nous sommes attirés par ce scénario, en partie parce que nous semblons manquer d’autres variantes, et c’est comme une fin.

Cependant, l’utilisation ultime du nuage champignon génère de l’anxiété et entrave la pensée claire. Mettre l’accent sur ce scénario plutôt que sur les plus probables nous empêche de voir ce qui se passe réellement et de nous préparer pour l’avenir le plus vraisemblable. En effet, nous ne devrions jamais perdre de vue à quel point une victoire ukrainienne améliorera le monde dans lequel nous vivons.

Mais comment y parvenir ? La guerre pourrait prendre fin de plusieurs façons. Je voudrais ici proposer un seul scénario plausible qui pourrait émerger au cours des prochaines semaines et des prochains mois. Bien sûr, il y en a d’autres. Il est important, cependant, de commencer à orienter nos pensées vers certaines des variantes les plus probables. Le scénario que je vais proposer ici, c’est qu’une défaite conventionnelle de la Russie en Ukraine fusionne imperceptiblement en une lutte de pouvoir de la Russie, ce qui nécessitera un retrait de la Russie de l’Ukraine. Historiquement parlant, c’est une chaîne d’événements très familière.

Avant de le dire, il faudra d’abord éliminer l’hypothèse nucléaire. En parlant de guerre nucléaire de façon générale, nous imaginons que la guerre russo-ukrainienne nous concerne tous. Nous nous sentons comme les victimes. Nous parlons de nos peurs et de nos angoisses. Nous écrivons des gros titres sur la fin du monde. Mais cette guerre ne se terminera certainement pas par un échange d’armes nucléaires. Les États dotés d’armes nucléaires se battent et perdent des guerres depuis 1945, sans les utiliser. Les puissances nucléaires perdent des guerres humiliantes dans des endroits comme le Vietnam et l’Afghanistan et n’utilisent pas d’armes nucléaires.

Certes, il y a une certaine tentation de céder mentalement au chantage nucléaire. Une fois que le sujet de la guerre nucléaire est soulevé, il semble extrêmement important, et nous devenons déprimés et obsédés. C’est exactement là où Poutine essaie de nous amener avec ses vagues allusions aux armes nucléaires. Une fois qu’on suit son discours, on imagine des menaces que la Russie ne fait pas vraiment. Nous commençons à parler d’une reddition ukrainienne, simplement pour alléger la pression psychologique que nous ressentons.

Ceci, cependant, effectue le travail de Poutine à sa place, le sauvant d’un désastre de sa propre création. Il espère que les références aux armes nucléaires dissuaderont les démocraties de livrer des armes à l’Ukraine et lui donneront assez de temps pour envoyer les réserves russes sur le champ de bataille pour ralentir l’offensive ukrainienne. Il a probablement tort de croire que cela fonctionnerait, mais l’escalade rhétorique est l’une des rares pièces qu’il lui reste.

Comme je l’expliquerai dans un instant, céder au chantage nucléaire ne mettra pas fin à la guerre conventionnelle en Ukraine. Cela rendrait toutefois beaucoup plus probable une future guerre nucléaire. Faire des concessions à un maître-chanteur nucléaire lui apprend que ce genre de menace lui donnera ce qu’il veut, ce qui garantit d’autres scénarios de crise à long terme. Il enseigne à d’autres dictateurs, aux futurs maîtres chanteurs potentiels, qu’ils n’ont besoin que d’une arme nucléaire et de fanfaronnades pour obtenir ce qu’ils veulent, ce qui signifie plus de confrontations nucléaires. Il a tendance à convaincre tout le monde que la seule façon de se défendre est de construire des armes nucléaires, ce qui signifie la prolifération nucléaire mondiale. 

Dans la mesure où il y a une menace nucléaire, elle n’est pas dirigée contre nous, mais contre les Ukrainiens. Ils résistent au chantage nucléaire depuis sept mois ; si eux peuvent le faire, nous aussi. Lorsque des personnalités politiques russes de premier plan, comme le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, parlent d’utilisation du nucléaire, ils veulent dire en Ukraine. Mais ce n’est pas ainsi que la guerre va se terminer. Kadyrov affirme également qu’il envoie ses fils adolescents combattre en Ukraine. Pour qu’ils puissent être irradiés par les armes nucléaires russes ?

La Russie prétend mobiliser des centaines de milliers de nouvelles troupes. Cela ne va pas du tout bien, mais quand même : Poutine prendrait-il vraiment le risque politique d’une mobilisation à grande échelle, enverrait-il les garçons russes en Ukraine, puis ferait exploser des armes nucléaires à proximité ? Le moral est déjà un grave problème. Il semble que plus d’un demi-million d’hommes russes ont fui le pays plutôt que d’être envoyés en Ukraine. Cela n’aiderait pas la situation si les Russes pensaient qu’ils étaient mobilisés dans une zone où les armes nucléaires seraient déclenchées. Ils n’auront pas d’équipement de protection approprié. De nombreux soldats mobilisés n’ont même pas l’équipement approprié pour une guerre conventionnelle.

La Russie vient de déclarer que certaines parties de l’est et du sud de l’Ukraine sont la Russie. C’est évidemment ridicule. Mais est-ce que Moscou utiliserait vraiment des armes nucléaires sur des terres qu’elle prétend être russes, tuant ou irradiant les gens qu’elle prétend être des citoyens russes, des civils et des soldats ? Ce n’est pas impossible. Mais c’est très peu probable. 

Et même si ça arrivait, ça ne mettrait pas fin à la guerre, ou du moins pas avec une victoire russe. Je raisonne jusqu’à présent sans même parler de dissuasion : l’anticipation que l’utilisation d’une arme nucléaire déclencherait des réponses puissantes d’autres pays. Les Américains ont eu des mois pour y réfléchir, et j’imagine que leur réaction à l’utilisation du nucléaire par la Russie a été jugée comme invalidante pour les forces armées russes et humiliante pour Poutine personnellement. Une autre forme plus indirecte de dissuasion est la certitude que l’utilisation d’une arme nucléaire perdrait le soutien de Poutine et de la Russie dans le monde.

Je me demande aussi si la Russie prendrait le risque d’introduire des armes nucléaires en Ukraine ou même près de l’Ukraine, étant donné l’artillerie à longue portée précise de l’Ukraine, la logistique incompétente de la Russie, et la capacité des Ukrainiens de mettre la main sur les systèmes d’armes que les Russes ont introduits dans leur pays. Il est difficile d’exagérer la difficulté des Russes à garder leurs propres affaires. Bien sûr, les Russes pourraient utiliser un missile à la place, mais certains de leurs missiles tombent sur la terre et d’autres sont abattus. Les avions russes ont tendance à s’écraser et à être abattus, au point que les sorties russes sont rares, et attirent une attention négative.

En supposant que la Russie ait voulu faire exploser une petite arme nucléaire en Ukraine et qu’elle y ait réussi, malgré tout, cela ne ferait aucune différence sur le plan militaire. Il n’y a pas de gros groupes de soldats ukrainiens ou d’équipement à frapper, puisque l’Ukraine se bat de façon très décentralisée. S’il y avait une détonation, les Ukrainiens continueraient de se battre. Ils le disent depuis des mois, et il n’y a aucune raison de douter d’eux.

Il y a aussi le problème du mobile. Poutine veut que nous sympathisions avec sa situation, qui est bien sûr un mouvement hautement suspect en soi. Mais ce qu’il dit est-il même crédible ? Nous disons que « Poutine est acculé au mur. Que fera-t-il ? » C’est ainsi que nous parlons d’armes nucléaires : Poutine nous fait entrer dans ce que nous sommes censés croire être son propre espace psychologique. Mais tout cela n’est que sentiment. Ce n’est pas vraiment un motif.

Si la simple émotion découlant de la défaite allait motiver l’utilisation du nucléaire, cela se serait déjà produit, et ce n’est pas le cas. Rien ne peut être plus humiliant que la défaite russe à Kiev, un mois après le début de la guerre. Pendant que j’écris, les Ukrainiens obtiennent des gains importants dans des régions que Poutine vient de prétendre être la Russie pour toujours lors d’une cérémonie télévisée géante; mais la réponse officielle de la Russie quant à leurs frontières, a été de dire qu’elles ne sont pas définies. La réaction russe à une force supérieure a été de battre en retraite. 

Examinons de plus près la position de Poutine. Les forces armées russes ne se trouvent pas "assiégées contre un mur" en Ukraine : elles sont en sécurité si elles se replient sur la Russie. La métaphore "mur" n’est pas non plus très utile pour voir où se situe Poutine. C’est plutôt comme si les meubles avaient été déplacés autour de lui, et il devra reprendre ses repères. Ce qu’il a fait en Ukraine a changé sa position à Moscou, et pour le pire. Il ne découle pas de cela, cependant, qu’il "doit" gagner la guerre en Ukraine, peu importe ce que cela signifie ("peut" vient logiquement avant "doit"). Ce qui compte, c’est de garder le pouvoir à Moscou, et cela ne veut pas nécessairement dire s’exposer à d’autres risques en Ukraine. Une fois (et si) Poutine comprend que la guerre est perdue, il ajustera sa pensée sur sa position à la maison.

Pendant l’été, cette position était plus simple. Jusqu’à tout récemment, probablement jusqu’à ce qu’il fasse le discours annonçant la mobilisation en septembre, il aurait pu simplement déclarer victoire sur les médias de masse, et la plupart des Russes se seraient contentés. Maintenant, cependant, il a amené sa guerre insensée au point où même l’espace d’information russe commence à craquer. Les Russes sont inquiets pour la guerre maintenant, grâce à la mobilisation (comme le montrent les sondages). Et maintenant leurs propagandistes de télévision admettent que les troupes russes battent en retraite. Contrairement à la première moitié de la guerre, Poutine ne peut pas prétendre que tout va bien et qu’il n’en reste plus qu’à faire autre chose.

La terre a bougé sous les pieds de Poutine. Sa carrière politique repose sur l’utilisation de médias contrôlés pour transformer la politique étrangère en spectacle apaisant. En d’autres termes, la survie du régime repose sur deux prémisses : ce qui se passe à la télévision est plus important que ce qui se passe en réalité ; et ce qui se passe à l’étranger est plus important que ce qui se passe chez nous. Il me semble que ces prémisses ne tiennent plus. Avec la mobilisation, la distinction entre chez nous et à l’étranger a été rompue; avec les batailles perdues, la distinction entre la télévision et la réalité a été affaiblie. La réalité commence à compter plus que la télévision, et la Russie commencera à compter plus que l’Ukraine. Il y a une fissure à la fois dans l’élite et dans l’opinion publique en Russie, et elle devient maintenant visible à la télévision. Certaines personnes pensent que la guerre est une cause sainte et peut être gagnée si des têtes tombent, le leadership se comporte honorablement, et plus d’hommes et de matériel sont envoyés au front. Parmi eux se trouvent les blogueurs militaires qui sont en fait au front et dont les voix deviennent de plus en plus courantes. C’est un piège pour Poutine, puisqu’il envoie déjà tout ce qu’il peut. Ces voix le font paraître faible. D’autres personnes pensent que la guerre a été une erreur. Ces voix le feront paraître stupide. C’est la position la plus fondamentale d’un certain nombre de positions contradictoires que Poutine doit maintenant affronter, à partir d’une position exposée et affaiblie.

Si une guerre à l’étranger affaiblit votre position, et si cette guerre ne peut être gagnée, il est préférable d’y mettre fin aujourd’hui plutôt que demain. Je soupçonne que Poutine ne le voit pas encore. Cependant, il est allé assez loin pour comprendre qu’il doit agir dans le monde réel, bien que jusqu’à présent ses choix n’aient pas été bons.

La mobilisation a été la pire des deux mondes : assez grande pour aliéner la population, trop petite et surtout trop tardive pour faire une différence avant l’hiver. Cela a probablement été le résultat d’un compromis, ce qui nous montre que Poutine ne gouverne pas seul, qu’il essaie de commander les troupes en Ukraine. Ses échecs l’exposent à la critique (indirecte, jusqu’à présent). Mais Poutine semble coincé : mettre fin à la guerre maintenant, sans que le sujet ne change, renforcerait certains de ses détracteurs. Mais maintenant que la mobilisation a déjà été tentée, il a peu de moyens d’appliquer plus de force. Alors, comment le sujet change-t-il ?

Il change tout seul. Poutine est maintenant piégé par un événement qui était censé être télévisuel et à propos d’un endroit lointain, mais qui a pris une forme politique immédiate à l’intérieur de la Russie. Deux personnalités politiques russes de premier plan, Ramzan Kadyrov et Yevgeny Prigojine, ont critiqué brutalement le haut commandement russe. Étant donné que tout le monde sait que c’est Poutine qui commande, cela doit semer la division. Le Kremlin a répondu directement à Kadyrov, et la propagande de l’armée a montré un commandant critiqué avec ses troupes sur le terrain.

Pour moi, ce n’est pas un hasard si Kadyrov et Prigojine contrôlent une force armée privée. Kadyrov, le dictateur de facto de la région russe de Tchétchénie, a sa propre milice. Il a été déployé en Ukraine, où il semblait se spécialiser dans la terreur des civils et « l’instagrammation ». Après avoir poussé à la mobilisation en Russie le mois dernier, Kadyrov a alors annoncé que personne de Tchétchénie ne serait mobilisé. On pourrait conclure qu’il sauve ses hommes pour autre chose. 

Prigojine est le chef de l’entité mercenaire trouble Wagner, et s’est rendu plus visible à ce titre. (Il est également responsable de l’Internet Research Agency, qui a été l’un des acteurs de la guerre hybride contre l’Ukraine en 2014 et des cyber-guerres contre la Grande-Bretagne et les États-Unis en 2016.) Wagner a participé à un certain nombre de tentatives de changement de régime, y compris les purges sanguines des gouvernements fantoches russes dans les régions de Lougansk et de Donetsk, et les tentatives d’assassiner Volodymyr Zelenskyi au début de la guerre. Ce sont les ordres de Poutine, sans doute. Mais c’est une compétence déconcertante.

Actuellement, Wagner dirige les tentatives quotidiennes russes d’offensives dans la région de Bakhmut dans la région de Donetsk, qui ne vont nulle part. Wagner ne semble pas être très actif là où les Ukrainiens progressent, ce qui est plutôt important. Hier, Gulagu.net a rapporté qu’un chasseur Wagner a tiré sur un officier de l’armée russe, ce qui semble indiquer que tout ne va pas bien sur cette partie du front. Est-il exagéré de supposer que Prigojine épargne les hommes et le matériel précieux qu’il lui reste ? Il a ouvertement recruté des prisonniers russes pour se battre pour Wagner en Ukraine; j’irais jusqu’à supposer qu’il les envoie mourir et qu’il préserve les hommes et l’équipement qui pourraient avoir un avenir dans une autre entreprise. 

Prigojine et Kadyrov réclament une intensification de la guerre, et se moquent du haut commandement russe sur le ton le plus agressif possible, mais pendant ce temps ils semblent protéger leurs propres hommes. Ça aussi, c’est un piège. En critiquant la façon dont la guerre est menée, ils affaiblissent le contrôle informationnel de Poutine ; en le forçant à prendre ses responsabilités même s’ils ne le feront pas, ils exposent davantage sa position. Ils lui disent de gagner une guerre qu’ils ne semblent pas eux-mêmes essayer de gagner.

Dans la logique générale que je décris, les rivaux chercheraient à conserver leurs forces combattantes, soit pour protéger leurs propres intérêts personnels pendant une période imprévisible, soit pour faire un jeu pour Moscou. Si c’est effectivement la situation actuelle, il sera bientôt ridicule pour toutes les personnes impliquées d’avoir des forces armées localisées dans l’Ukraine lointaine, ou, d’ailleurs, de les faire tuer là-bas jour après jour. Car un jour vient un point de bascule. Une fois que certaines personnes se rendent compte que d’autres retiennent leurs hommes, il semblera insensé de dépenser (ou aliéner) ses propres troupes.

A un certain moment, cette logique s’applique à l’armée russe elle-même. Comme Lawrence Freedman l’a souligné, si l’armée veut jouer un rôle dans la politique russe ou dans le prestige de la société russe, ses commandants ont intérêt à se retirer pendant qu’ils ont encore des unités à commander. Et si Poutine lui-même veut rester au pouvoir, ni une armée discréditée ni démoralisée n’est pas dans son intérêt.

La mobilisation elle-même commence à ressembler à une lance pointée dans la mauvaise direction : y a-t-il une raison pour envoyer des milliers d’hommes non préparés et sous-équipés dans ce qu’ils savent, de plus en plus, être la fin ? Le présupposé de Poutine, bien sûr, est que les soldats mobilisés mourront ou gagneront ; mais s’ils fuient, ils deviennent un groupe dangereux, peut-être prêt pour un autre chef.

Et nous pouvons donc voir un scénario plausible sur la façon dont cette guerre se termine. La guerre est une forme de politique, et le régime russe sera modifié par la défaite. Alors que l’Ukraine continue de gagner des batailles, un renversement s’accompagne d’un autre : la télévision cède au réel, et la campagne ukrainienne cède à une lutte pour le pouvoir en Russie. Dans une telle lutte, il n’est pas logique d’avoir des alliés armés loin en Ukraine qui pourraient être déployés plus utilement en Russie : pas nécessairement dans un conflit armé, bien que cela ne puisse pas être totalement exclu, mais pour dissuader les autres et se protéger. Pour tous les acteurs concernés, il peut être mauvais de perdre en Ukraine, mais il est pire de perdre en Russie.

La logique de la situation favorise celui qui s’en rend compte le plus rapidement, et est capable de la contrôler et de la redéployer. Une fois que la cascade commence, il est vite insensé pour quiconque d’avoir des forces russes en Ukraine. Encore une fois, il ne s’ensuit pas nécessairement qu’il y aura des affrontements armés en Russie : c’est juste que, alors que l’instabilité créée par la guerre en Ukraine rentre au pays, les dirigeants russes souhaiteront profiter de cette instabilité ou s’en protéger, Ils voudront que leurs centres de pouvoir restent près de Moscou. Et ce serait, bien sûr, une très bonne chose, pour l’Ukraine et pour le monde.

Si c’est ce qui arrive, Poutine n’aura pas besoin d’excuse pour se retirer de l’Ukraine, puisqu’il le fera pour sa propre survie politique. Malgré son attachement personnel à ses idées bizarres sur l’Ukraine, je suppose qu’il est plus attaché au pouvoir. Si le scénario que je décris ici advienne, nous n’avons pas à nous inquiéter du genre de choses dont nous avons tendance à nous inquiéter, comme ce que Poutine pense de la guerre, et si les Russes seront contrariés de perdre. Au cours d’une lutte interne pour le pouvoir en Russie, Poutine et d’autres Russes auront d’autres choses à l’esprit, et la guerre cédera la place à ces préoccupations plus urgentes. Parfois vous changez de sujet, et parfois le sujet vous change.

Bien sûr, tout cela demeure très difficile à prévoir, surtout à n’importe quel niveau de détail. D’autres résultats sont tout à fait possibles. Mais la ligne de développement dont je parle ici est non seulement bien meilleure, mais aussi beaucoup plus probable, que les scénarios apocalyptiques que nous craignons. Cela vaut, donc, la peine d’y réfléchir et de s’y préparer.

 

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2 octobre 2022 7 02 /10 /octobre /2022 07:31

Le monde entier (ou presque) attendait, impatient, devant son écran de TV, avant-hier, à 14h00, la déclaration de M. Poutine concernant l’annexion (illégale) d’une partie de l’Ukraine. On a attendu pendant 30 minutes, ce qui montre la condescendance du sieur pour le monde entier. On se souvient qu’il avait fait attendre Mme Merkel pendant plus de 4 heures et qu’il l’a reçue avec son chien sachant pertinemment qu’elle en avait une phobie. Et pourquoi a-t-on attendu ?

Pour apprendre que la Russie est devenue le nouveau phare du monde car l’Occident (non pas des Lumières, non pas du multiculturalisme, non pas du progrès technique, économique, social et sociétal) symbole du colonialisme, de l’esclavagisme et du satanisme, a commencé sa destruction inéluctable. A laquelle la Russie va contribuer d’une manière essentielle.

Accessoirement, il a mentionné - en passant - que « l’opération spéciale » en Ukraine se porte bien et que le « régime de Kiev » devrait venir à la table des négociations » pour entériner l’annexion par la Russie d’un cinquième de son territoire.

Qu’il nous ait semblé déraisonnable c’est peu dire. Qu’il nous ait semblé sortir d’un texte de Orwell tellement il se trouvait ans une autre réalité que la nôtre, passe encore. Mais nous faire peur, à répétition avec les armes nucléaires…

Cela rime à quoi ?

 

Le jour de l’invasion, le 24 février 2022, Christian Lindner, le puissant ministre des Finances allemand, a dit à l’ambassadeur ukrainien que Kiev aller tomber le lendemain. Deux mois plus tard, le même M. Lindner a juré que l’Allemagne ne cesserait jamais de soutenir l’Ukraine. Vous vous souvenez ? Les “spécialistes”, certains de grands commentateurs occidentaux, ont décrit l’Ukraine comme un État en déroute et une sorte de nuisance tactique qui s’ingérait dans les affaires des vrais joueurs.

Il a fallu que la guerre barbare de la Russie montre son visage hideux pour susciter une condamnation mondiale, et maintenant, sept mois après, l’Ukraine reçoit l’aide dont elle a besoin.

Mais M. Macron (la France), dont la contribution à la défense de l’Ukraine a été, jusqu’ici, ridicule (0,16 milliards d’euros à comparer avec les 17,7 milliards de $ fournis par les Etats Unis - en aide militaire et encore le double en aide financière …) continue à « causer » au potentat du Kremlin ! Pourquoi faire ? C’est ça la diplomatie, nous dit-on, il faut parler car le moment de la négociation viendra. Viendra-t-il ? Ne vient-on pas entendre M. Poutine dire en s’adressant au « régime de Kiev » « cessez le feu, venez à la table de négociation MAIS les quatre régions annexées sont russes pour toujours, on les défendra avec tous nos moyens disponibles » La Russie s’est assise sur sa garantie des frontières de l’Ukraine pour laquelle ce pays a renoncé à son armement nucléaire (troisième du monde à l’époque) pour lui découper, maintenant, et annexer encore 15% de son territoire qui sont devenus « territoire russe ». Et, à ce titre « sera défendu avec tous les moyens disponibles » euphémisme pour rappeler les armes nucléaires.

Ses forces armées ont attaqué l’Ukraine, au départ, pour dénazifier et démilitariser le pays, le libérer de gouvernants nazis drogués et, aussi, les frères vivant dans le Donbass et l’Est de l’Ukraine et qu’elles ont bombardé avec moult artillerie aveugle détruisant les infrastructures les plus importantes. Mais, sept mois après, on voit qu’elles sont en train de se faire battre. Elles ont été repoussées du Nord (Kiev) vers la frontière Est de l’Ukraine et maintenant vers le Sud-Est. M. Poutine s’accroche, alors, à ce dont il dispose encore dans sa boîte à outils dans laquelle, en cherchant bien, il a trouvé le « nucléaire tactique » A mots cachés, Monsieur Poutine laisse entendre qu’il utiliserait des armes nucléaires si la Russie est attaquée. Il vient d’annexer 15% du territoire ukrainien qu’il déclare terre russe. Il annexe, donc, 115.000 km2 de l’Ukraine, les appelle « Russie » et a une cause à défendre…

Résumons : j’agresse, je conquiers (provisoirement), c’est à moi pour toujours, je défendrai avec tous les moyens possibles. Ce n’est pas, d’ailleurs, la première fois pour la Russie. Henry Kissinger pendant la guerre froide a dit, "Depuis Pierre le Grand, la Russie a augmenté ses conquêtes au rythme d’une Belgique par an." (https://www.les-crises.fr, 31.05.22)

Il prend le monde entier pour des demeurés : personne n’a attaqué la Russie, c’est celle-ci qui a attaqué le 24 février de cette année l’Ukraine. Le résultat, pour l’instant - si on cumule les pertes de deux côtés - plus de 100.000 morts et autant, sinon plus, de blessés, un coût pour l’Ukraine approchant les 1.000 milliards d’euros (BFMTV 22.09.22) avec un total pour le monde entier (en oubliant le risque de famines en Afrique) que, l’OCDE a évalué à 2.800 milliards de dollars de pertes financières à anticiper l’an prochain par rapport aux prévisions antérieures à l’arrivée des chars en Ukraine (SUD-OUEST, 26.09.22) et on n’a pas fini de compter…

Et le voilà en train de raconter pendant 37 minutes au monde entier médusé que la Russie ce sont les nouvelles « Lumières », que celles de l’Occident - colonisateur, exploitant des esclaves, dévoyé et décadent » s’éteignent et que, donc, « l’opération spéciale en Ukraine » a été lancé pour que la Russie demeure ce qu’elle a toujours été, le phare du monde civilisé. Plus de dénazification, de démilitarisation, plus de juifs drogués nazis gouvernant l’Ukraine.

Et notre Président continue de lui parler.

En parallèle, on a droit à une magnifique insignifiance de la moitié des commentateurs « militaires » ou « politiques » spécialistes de la Russie et de l’Ukraine - Cnews à droite et France Inter/info/Culture à gauche. Les compagnons de route (ceux qui expliquaient le progrès humain apporté par l’URSS pendant plus de 70 ans) nés et vivant depuis les années 30, ont des héritiers qui cumulent, aussi, l’épithète utilisé par Lénine (c’est vieux…) idiots utiles. Avec une insuffisance débordante, forts de l’autorité que leur confère souvent l’ignorance des sujets, on voit les Pierre Lelouche (ancien Ministre) ou Ivan Rioufol sur CNews, par exemple, instiller une sorte d’adhésion bienveillante aux énormités proférées par M. Poutine, que justifie uniquement leur anti-américanisme primaire. Exemple, utilisé ad nauseam, quand on veut condamner l’agression de l’Ukraine « … M. Bush a fait de même en Irak » Et, toujours avec le sens de l’à-propos qui les distingue, ils nous disent « attention, la Russie ne peut pas perdre cette guerre ». Comme ils nous disaient que l’Union Soviétique allait exister jusqu’aux temps ultimes. « Il peut la perdre et il va la perdre », a écrit Lawrence Freedman dans le magazine Foreign Affairs. (23.09.22) « Une série de décisions terribles l’ont conduit à saper la position internationale et les perspectives économiques de la Russie, à briser la réputation de la Fédération de Russie en tant que puissance militaire sérieuse et à échouer dans le plus important pari de sa carrière. »

Mais il persiste dans sa fuite en avant.

Il lance une mobilisation de troupes coûteuse (pour laquelle la Russie n’a pas les équipements, les matériels militaires et en absence de toute formation des mobilisés) ce qui contribue, par ricochet, à la chute des prix de l’énergie et provoque une nouvelle série de sanctions occidentales qui menacent de peser sur l’économie déjà en crise de la Russie et sapent les fondements financiers de sa guerre en Ukraine. Comme si le seul problème de l’armée russe en train d’être défaite en Ukraine c’est le nombre de soldats (en grande partie chair à canon …). Comme si la corruption, la bureaucratie militaire, le modèle de commandement vieux de deux siècles, les réserves de matériel militaire indisponibles pour le combat, la tactique irresponsable de généraux envoyés sur le front parce qu’il manque la courroie de transmission d’officiers et sous-officiers, le moral des troupes mal formées, mal équipées, mal approvisionnées, ne suffisaient pas pour expliquer la débandade des troupes à l’Est de Harkov et maintenant autour d’un autre nœud ferroviaire important, Lyman.

La mobilisation, d’autre part, bouleverse radicalement la gestion qui se voulait prudente de la guerre au Kremlin. Une augmentation spectaculaire de la main-d’œuvre de guerre de la Russie pourrait sembler un choix logique pour un pays dont la population est trois fois plus grande que celle de l’Ukraine, mais la popularité de la guerre dépend de son éloignement. Même la terminologie russe de la guerre, de l’« opération militaire spéciale », a été une couverture, une diversion. Malgré la rhétorique du Kremlin sur la « dénazification », pour la population russe, la guerre en Ukraine est tout à fait différente de la lutte directe et existentielle que la Russie a endurée pendant la Seconde Guerre mondiale. En annonçant une mobilisation, le Kremlin risque de voir se développer une opposition intérieure à une guerre pour laquelle la plupart des Russes ne sont pas prêts à combattre. La performance militaire de la Russie à ce jour ne suggère pas que jeter dans le chaudron plus de soldats donnerait de meilleurs résultats. Mais il fait semblant de ne pas connaître les conséquences économiques de sa guerre. Ni les pertes, pour le moment irremplaçables, que ses armées ont subies à ce jour :

et qui se chiffrent, seulement pour la composante militaire, à plus d’un milliard de $/jour. Mais les idiots utiles insistent sur le fait que les sanctions, loin de compter, lui laissent (augmentation prix gaz et pétrole) plus de 850 millions de $/jour (Les Echos, 06.09.22. … revenus gaz et pétrole 158 milliards $ sur six mois).

Pourtant, des nuages économiques surgissent alors que M. Poutine a besoin de plus en plus de ressources financières pour la guerre en Ukraine. La décision du Kremlin de faire appel à plus de 300.000 soldats nécessitera, d’évidence, de nouveaux fonds pour équiper, former et payer les nouveaux renforts. Ajouter que la guerre a également sérieusement perturbé les activités des sociétés privées de la Russie, qui font face à un nouveau défi lorsque les travailleurs se présentent au travail (où ils ne trouvent pas ce que l’on n’importe plus) ou fuient le pays (car risquent d’être mobilisés pour une guerre qu’ils ne veulent pas faire).

Capital Economics estime que le total des recettes d’exportation de pétrole et de gaz de la Russie diminuera de moitié, passant d’environ 340 milliards de dollars cette année à 170 milliards de dollars en 2023. Et pour ceux qui nous serinent que tant que la Russie a du gaz et du pétrole… Mais à y regarder de plus près, on constate que si au départ quand les prix augmentaient, les revenus pour la Russie augmentaient mais à présent l’économie mondiale a froid, les consommations diminuent, les prix aussi et la Russie doit vendre son pétrole à moins de 70$/baril à la Chine et à l’Inde quand son budget est calculé à l’équilibre pour 100-110$/baril. Mais il y a pire.

Dans son livre, bien documenté, paru en 2021 intitulé « Klimat : Russia in the Age of Climate Change », Thane Gustafson, professeur à l’Université de Georgetown, a conclu que l’impact de la transition énergétique sur la Russie se ferait en deux phases. Dans les années 2020, la demande mondiale d’énergie demeurerait forte, tout comme les exportations russes. Au début des années 2030, les revenus tirés du pétrole, du gaz et du charbon diminueraient fortement. D’ici 2050, les exportations totales de la Russie diminueraient de moitié. Ce serait une image sombre, a écrit Gustafson, « un tournant majeur pour la Russie ». Ce que Gustafson avait prédit pour 2050 s’est produit en 2022, bien que dans une version différente. La causalité était également très différente de ce qu’il avait prédit. Les guerres et les révolutions accélèrent le cours de l’histoire (https://www.hup.harvard.edu)

Cependant, Monsieur Poutine menace, ouvertement ou en instillant le propos, d’utiliser des armes nucléaires. En faisant fi du principe agrée universellement sur la non-utilisation des armes nucléaires en temps de guerre – qui s’est maintenu depuis les bombardements américains d’Hiroshima et de Nagasaki en 1945. S’il le fait, ceci conduira à une condamnation mondiale (sauf la Corée du Nord, probablement). Mais s’il le fait il s’apercevra qu’il irradierait le territoire qu’il lutte pour contrôler. Il est difficile de concilier son insistance antérieure selon laquelle les Russes et les Ukrainiens sont « un seul peuple » avec l’idée qu’il pourrait utiliser des armes nucléaires contre ces derniers. Et en semblant ignorer qu’il y a aussi un risque important de contamination radioactive en Russie. Mais soyons sérieux. Monsieur Poutine, en commençant la guerre nous faisait croire qu’il ne voulait pas avoir l’OTAN sur sa frontière Ouest. Ce qu’il a réussi, pour l’instant c’est d’avoir l’OTAN (Finlande) à quelques encablures de la porte de sa ville natale, Saint-Pétersbourg.

En franchissant sa frontière Ouest, M. Poutine a pensé qu’il pousserait l’Ukraine de M. Zelensky dans l’abîme. Il a peut-être fait cela à son propre régime.

Oyez bonnes gens … M. Poutine nous menace d’une guerre nucléaire. Et tout ce que nos dirigeants irresponsables (les Scholz, Macron, Draghi et tutti quanti) trouvent à dire et à faire c’est d’utiliser un algorithme, bien écrit, qui produit chaque fois une déclaration. Toujours la même.

 

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20 septembre 2022 2 20 /09 /septembre /2022 11:35

La récente contre-offensive de l’Ukraine a, d’une certaine manière, remis les horloges à l’heure et a créé un sentiment curieux... En faisant comprendre que devant le rouleau compresseur de l’artillerie russe les Ukrainiens, mieux motivés, disposant d’armes mieux adaptées au combat et d’une stratégie - d’évidence - meilleure que celles de l’armée russe, peuvent ne pas perdre la guerre. Peut-être, même, la gagner si…

Faisons simple. La Russie, une tyrannie vieillissante, n’ayant jamais réussi à devenir une démocratie, cherche à détruire l’Ukraine, une jeune démocratie défiante. Par quoi commencer ? Par l’émotion des gens qui voient la barbarie des militaires russes en action, les charniers de centaines de corps torturés et/ou mutilés et se demandent s’ils vivent dans la même époque que nous ? Car on est surpris par le sadisme de la guerre russe contre l’Ukraine. L’armée russe est engagée dans des actions visant à raser des villes, l’attaque intentionnelle de cibles civiles, la destruction de barrages sur des rivières importantes (ils ne peuvent pas dire qu’il y avait des « nazis » dedans, non ?) et d’autres crimes de guerre évidents, associés à une guerre d’extermination.

Je l’ai déjà écrit, un génocide, car visant la destruction de tout ce que fait une nation : langue, culture, infrastructures, économie, territoires et populations. Et on a tort d’appeler la guerre en Ukraine « la guerre de M. Poutine ». À tous les niveaux de la société russe, du chauffeur de taxi dans la rue à l’initié du Kremlin, on croyait fermement que l’armée russe serait accueillie comme une libératrice, en particulier dans les régions russophones de l’Ukraine. En effet, le plan militaire russe initial reposait sur l’hypothèse que les soldats ukrainiens refuseraient de se battre et que les dirigeants « nazis » ukrainiens feraient défection. Or, cela n’a pas été le cas.

Ce qui est encore plus frappant, ce sont les deux plus grandes villes russophones d’Ukraine, Kharkiv et Odessa, qui se sont révélées être les points focaux de l’échec de l’invasion russe. Et, bien sûr, on se demande s’il y a quelque chose dans la formation des soldats russes ou si leurs antécédents les rendent plus difficiles à contrôler ? Ce qui est apparu évident c’est que leur efficacité en tant que force de combat ne s’est certainement pas améliorée depuis l’époque soviétique. Car ce qui s’est passé après la retraite honteuse après le désastre de l’attaque de Kiev, après des mois et des mois de destruction d’infrastructures civiles et, correlativement, sa perte de dizaines de milliers de soldats, la Russie vient de subir un deuxième échec majeur – presque 10.000 km2 de terrain perdus dans le Donbas suite à une contre-offensive ukrainienne.

              Territoire reconquis par l'Ukraine en moins de dix jours

C’est le moment de se souvenir du mot de E. Hemingway “How did you go bankrupt?” Two ways. Gradually, then suddenly.” (The sun also rises – 1926). Et un des blogguers militaires russe écrivait, au risque d’une condamnation pénale, « Nous avons déjà perdu, le reste n’est qu’une question de temps. » (Telegram, 08.09.22). Situation impensable – une défaite stratégique des forces armées de la Russie par un ennemi manifestement plus faible et sans aviation. Il est certain que ce qui s’est passé ces deux dernières semaines créera des doutes dans l’esprit des commandants russes quant à la fiabilité et à la résilience de leurs troupes. La Russie perd, mais elle n’a pas encore perdu. Ce qui amène, des uns et d’autres a prophétiser : le résultat est de plus en plus clair : l’Ukraine gagnera si elle continue à recevoir le soutien occidental, tandis que la Russie peut au mieux atténuer l’ampleur de sa défaite.

Résumons : les Russes voulaient toute l’Ukraine mais ils n’ont pas pu pas la prendre. Ils voulaient la capitale Kiev, ils n’ont pas pu pas la prendre non plus. Ils ont donc décidé de prendre l’Est et le Sud (le Donbass) et d’établir un pont terrestre vers la Crimée occupée. S’ils n’arrivent pas à tenir ce qu’ils ont pris jusqu’ici, ils risquent d’échouer. Monsieur Poutine abandonnera-t-il ses rêves apocalyptiques ? Il doit avoir réalisé que, selon ses attentes, la Russie ne peut pas gagner la guerre. En fait, l’ironie, c’est que les troupes russes ont répondu au récent Blitzkrieg ukrainien de la même manière que les Ukrainiens étaient censés répondre à l’offensive russe du 24 février : en jetant les armes et en se dirigeant vers les collines.

Et l’Europe ? Je devrais dire “et les Etats-Unis” mais vu qu’eux soutiennent massivement l’Ukraine tandis que l’Europe - tout en prétendant le contraire - le fait à contre-coeur et voudrait bien que l’Ukraine combatte avec une main liée dans le dos… De plus, les grands (France, Allemagne) occultement et les moyens (Autriche, Hongrie) ouvertement, expriment une sorte de neutralité, entre autres, pour trouver une porte de sortie honorable pour - ce qui est maintenant indiscutable - un criminel paranoïaque – M. Poutine. Ceci résulte clairement du fait que les États Unis ont, déjà, fait un effort de 19 milliards de $ en faveur de l’Ukraine quand la France en a fait un de 1% de ce que les Etats Unis ont mis sur la table et même pas 10% de ce que la Pologne a donné (Kiel Institute of World Economy). Et les dirigeants européens continuent leur myopie, eux, qui ont renoncé aux sources d’énergie traditionnelles (charbon, gaz et surtout nucléaire) au profit du soleil et du vent, bien qu’ils sussent que ces sources ne peuvent être que d’appoint, et qui ont mis leur confiance dans le gaz de M. Poutine. On vient d’apprendre que Olaf Scholz joue un jeu similaire. Il dit soutenir l’Ukraine, mais on sait aussi qu’il a joué un double jeu dans le passé. Il vient d’avoir un appel téléphonique de 90 minutes avec M. Poutine cette semaine. Les médias allemands ont seulement rapporté que Scholz a appelé M. Poutine à retirer ses troupes. Mais on soupçonne fortement que la reformulation des positions connues n’était pas la partie principale d’une conversation de 90 minutes. (Eurointelligence, 16.09.22). Comme on soupçonne que d’avoir promis des armes (chars d’assaut, chars anti-aériens, véhicules de transport de troupes, etc ,) en avril et ne rien avoir envoyé ce n’est pas un oubli.

Et calmement, aujourd’hui, ils nous préviennent qu’un hiver gelé, sombre et coûteux nous attend. Il n’est pas exclu qu’ils puissent se tromper encore. Curieux. D’autant plus que, d’un côté, les choses ne vont pas bien dans l’économie russe et, d’un autre côté, il semblerait que les perspectives européennes (hiver, gaz, électricité, etc.,) sont beaucoup moins mauvaises que ce que l’on nous a dit ces dernières semaines. En effet, la campagne économique visant à contraindre les gouvernements européens à abandonner leur soutien à l’Ukraine en freinant brusquement leurs approvisionnements en gaz naturel semble moins pertinente à mesure que les prix du gaz baissent, que les finances publiques russes se détériorent et que le continent prévoit, sérieusement, d’alléger la pression sur les ménages et les entreprises. Regardez.

« Selon le Kremlin, 230000 emplois industriels sont déjà en jeu. Les recettes fiscales se sont effondrées : l’excédent budgétaire de la Russie, toujours impressionnant au début de l’année, a chuté à presque zéro au cours de l’été » – Der Spiegel 16.09.22. Mais il y a mieux (ou pire pour la Russie) : « Mais un consensus croissant parmi les fonctionnaires, les spécialistes de l’énergie et les économistes suggèrent que, bien que les actions russes causent de graves difficultés dans de nombreux endroits, M. Poutine échouera probablement et que l’Europe devrait passer l’hiver sans manquer de gaz ou d’essence. Une fois cet hiver terminé, l’emprise de M. Poutine sur l’approvisionnement énergétique de l’Europe aura décliné de façon critique » (hill.daylyfeedmail.net 19.09.22). Mais on sent, déjà, que la roue peut tourner : les revenus des taxes en Russie ont diminué en juillet 2022 vs juillet 2021 de presque 30%.

Les données du gouvernement russe publiées lundi montrent que le gouvernement est passé à un gros déficit budgétaire en août. L’excédent budgétaire a diminué à 137 milliards de roubles, soit 2,3 milliards de dollars, pour les huit premiers mois de l’année, d’environ 481 milliards de roubles en juillet depuis le début de l’année (bnn.bloomberg.ca/r) soit août/moyenne 7 mois = 45% ! Ce qui risque de faire atterrir l’économie russe dans un déficit budgétaire à court terme.

Car (toujours Bloomberg) si les soldes budgétaires de cette année ont été prévus à 100 $ le baril de pétrole, les revenus de l’année prochaine pourraient avoir besoin de 108 $ à mesure que les dépenses augmentent. Surtout quand on sait que les ventes à la Chine ou à l’Inde (qui remplacent celles à l’Europe) se font au maximum de 65 $ le baril (voire même, selon certains portails, à 35 $ le baril). Avoir fait peur, surtout à l’Europe, avec les livraisons de gaz (aujourd’hui arrêtées pratiquement en totalité -moins pour la Hongrie, Bulgarie et Slovaquie) se retourne comme un boomerang : le prix du gaz a entamé une réduction (45% entre août 26 et 16 septembre :

Tout ce qui précède fait dire au Professeur Lawrence Freedman (King’s College, Londres) : « Les récents revers militaires de la Russie et les difficultés économiques qui ont peu à peu encouragé l’économie russe, surtout russe, ont fait naître l’espoir que la guerre serait terminée le plus tôt possible, mettre fin à la mort, à la destruction et aux perturbations économiques mondiales qu’elle a causées. Ce qui semblait être une confrontation plutôt lente est maintenant plus dynamique. À un égard clé, l’offensive réussie de l’Ukraine, dans laquelle Kiev a repris des milliers de kilomètres carrés de territoire oriental en quelques jours, a rapproché un peu la paix. Les seules conditions pour une paix stable impliquent que la Russie retire ses forces de l’Ukraine. La perspective de nouvelles humiliations sur les champs de bataille devrait encourager le président russe, Vladimir Poutine, à chercher une sortie digne. (Lawrence Freedman, 15.09.22). Et je me permets d’ajouter, ceci devrait faire taire (ou faire faire taire) les Pythies delphiques de chez nous qui prédisent, tous les jours de la semaine, l’apocalypse maintenant.

A ceux qui prônent « une certaine neutralité » l’ancien Secrétaire de l’ONU Ban Ki-Moon vient de dire « : « La neutralité face à l’agression de la Russie n’est défendable ni moralement ni juridiquement » (Le Monde 20.09.22). Ce qui fait rappeler une citation apocryphe qui circule, avec un grand succès, sur les réseaux sociaux - Les places les plus chaudes en enfer sont réservées à ceux qui lors des grandes crises morales maintiennent leur neutralité. (Histoire d’une fausse citation de Dante – Divine Comédie, Mark Mentré juin 2020).

 

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10 septembre 2022 6 10 /09 /septembre /2022 07:50

Les faits marquants ?

« En quarante ans, la France est devenue la nation d’Europe occidentale où la population d’origine musulmane est la plus importante » (Radio Vatican -www.blazingcatfur.ca 28.08.22) » Il n’est pas difficile d’émettre l’hypothèse que nous sommes maintenant proches du moment quand l’islam dépassera le catholicisme comme première religion. » Et si le dépassement avait déjà eu lieu ?

A la lumière de ce qui précède on devrait regarder les conséquences, d’un côté, au plan culturel/existentiel et, d’un autre côté, au plan économique structurel. Puisque le Père Marx nous a appris que « l’infrastructure (économie) commande la supra structure (culture/sociétal) commençons par ce que l’on voit aujourd’hui, au ras des pâquerettes, dans notre beau pays.

A tout seigneur, toute honneur : notre Président vient de convoquer plus d’une centaine de membres de la société civile et/ou des élites qui nous gouvernent dans un nouveau cadre : Conseil National de la Refondation. Naturellement, personne parmi les 312 membres de l’Assemblée Nationale qui constituent l’opposition ni des gens des mêmes bords n’était pas là. Pas grave, notre Président qui aime parler, les a laissés attendre et s’en est donné à cœur joie :

Qui se souvient encore du Grand Débat lancé, il y a un peu plus de trois années et demi, après la jacquerie des Gilets jaunes ? 36.000 maires, députés, gens de bonne volonté, bref, quelque 150.000 français de tous bords y ont participé en faisant (via des cahiers, lettres, etc.,) des dizaines de milliers de suggestions. Notre Président a participé à moult rencontres pendant lesquelles il a parlé des heures et des heures. Au fait, cela a servi à quoi ? Personne ne le sait, car aucune conclusion n’a été tirée de l’énorme effort que les gens, de bonne foi, ont fait. Et la Convention Citoyenne pour le climat qui a réuni 150 personnes ayant fait des milliers de suggestions parmi lesquelles « on » en a choisi 150, savez-vous ce qu’elles sont devenues ? Ces deux rappels pour nous rappeler que notre pays est mené par des paroles verbales qui n’engagent que ceux qui les écoutent, nous, d’évidence. Mais, puisque l’on n’a rien décidé, jusqu’ici, quoi faire pour que le pays aille mieux, tentons de voir où il en est. Plantons le décor en choisissant les aspects qui conditionnent l’évolution économique du pays.

Depuis quelque mois on s’évertue à nous convaincre que nous faisons mieux que les autres pays de l’Europe, par exemple pour l’inflation. On nous dit que l’inflation est de 8,8 % en Europe et de 5,8% chez nous par rapport à 2021. Regardez les deux graphiques :

  • l’inflation chez nous était zéro en 2021 (vs 2020, un des effets de la pandémie – moins d’achats, prix constants) mais de 3% en Europe. Autant dire que c’est du kif au pareil, 5,8% des deux côtés. Pourquoi, diable, mentent-ils ? On aurait pu même faire mieux si l’énergie électrique n’avait pas été SABOTEE en deux mandats (Hollande+EM) en réduisant le nucléaire, en voulant le liquider et en acceptant « le marché unique » qui demande à EDF vendre le MGwh à 30 € pour l’acheter (en janvier 2023) à plus de 800€. Ça eut payé… mais ça paye plus…
  • déficit commerce extérieur – ceux qui regardent ce qui se passe chez nous ne peuvent pas ne pas se poser la question, « la France pays riche, pour quoi donne-t-elle l’impression qu’elle est pauvre ?» (pas de projets marquants, pas d’investissements R&D, infrastructures en déshérence, j’en passe et de meilleurs ) Oui, on a été riches mais nous nous appauvrissons, année après année car nous achetons à d’autres plus que ce que nous leur vendons ; depuis 2013 à ce jour le solde négatif cumulé du commerce extérieur est d’env. 650 Milliards d’euros :      

Et si on regarde le solde commercial depuis le dernier solde positif (2002) on ajoute env. 470 Milliards d’euros – les dix dernières années ont induit un solde négatif supérieur d’env. 48 %. Non seulement nous nous appauvrissons mais on le fait de plus en plus rapidement. Et on est moins riche de plus de MILLE Milliards d’euros.

(www.lafinancepourtous.fr, 18.02.22)

Pourtant, on s’est permis le « quoi qu’il en coûte », on continue a distribuer de chèques pour atténuer l’effet de l’inflation, larga manu on distribue des revenus sans contrepartie en travail, des subventions pour ceci et cela, bref, on vit au-dessus de nos moyens. Est-il possible ? Oui, puisque nous endettons le pays car les prêteurs pensent, pour l’instant, que nous sommes solvables.

Le constat est d’une clarté aveuglante pour chacun d’entre nous : le montant de la dette publique équivaut aujourd'hui à 43.310 euros par habitant, contre 1.710 euros en 1980 – (economie.gouv.fr- 29.06.22) ; au total, depuis 1980, le montant de la dette publique de la France s’est envolé de près de 3.000 % pour atteindre 2.901,8 Milliards d’euros (Le Point 29.06.22). Sans tenir compte de la dette portée par l’Etat pour les retraites des fonctionnaires (env. 2.000 Milliards d’euros - En clair, si l’Etat devait payer du jour au lendemain toutes les pensions de ses agents, il lui faudrait débourser 2 000 milliards, l’équivalent d’un quart de siècle d’impôt sur le revenu – L’Opinion 13.08.19.).

Trois aspects inflation, commerce extérieur et dette publique, les trois contribuant à créer une impossible gestion positive du pays. Trois aspects ayant traite à la vie courante : les hôpitaux, les prisons et l’éducation nous apprennent aussi pourquoi on commence a admettre que la France est pauvre :

  • Services URGENCES, – 1 service sur 5 fermé par manque de personnel (Le Monde 01.06.22) ; Samu-Urgences de France (SUdf) rapportait, dans une enquête sur la situation des services d'urgences en juillet 2022, que «42 établissements ont été contraints de réaliser une fermeture totale de nuit de leur SU [service d'urgences, ndlr] pour un nombre cumulé de 546 nuits en juillet. (05.08.22). Mieux : le 20.05.22 Le Figaro reprenait la prévision du   Dr. Pelloux : 66 Services Urgences seront fermés pendant l’été. Pendant des années on s’est targués d’avoir le meilleur système de santé du monde. Aujourd’hui on est en train d’être aussi bons que celui d’Angleterre …
  • Les prisons - Au 1er mars 2017, la capacité d'accueil des 186 établissements pénitentiaires était de 58 664 places. Un total de 69.430 personnes détenues y étaient incarcérées ; cinq ans après au 1er mars 2022 (1.995 places crées sur les 15.000 promises par EM pendant la campagne 2016), 60.619 places et 64.195 prisonniers soit plus d’un détenu pour une place. On s’étonne (et on proteste contre) que les juges (aussi pour des raisons moins justifiées) ne mettent pas des condamnés dans les prisons …
  • L’Education – On le sait, depuis longtemps, que ce que la société est et sera est déterminé pendant les deux premiers cycles de l’éducation. En 2019, la France a consacré 160,5 milliards d'euros à son système éducatif, soit 6,6 % du PIB, presque 180 milliards d’euros en 2022. La comparaison la plus synthétique entre la France et les autres pays de l’Europe peut se faire selon le nombre d’élèves/enseignant. Selon le Ministère de l’Education Nationale (gauche du graphique) la France compte 14 élèves par enseignant.

Pourtant, les élèves sont en moyenne 18,8 par enseignant dans l'enseignement primaire en France et 14,3 dans l'ensemble de l'Union européenne à 28 pays – la France est 26ème sur 28 (trait beige, graphique de droite), seules la Roumanie et l’UK (système d’enseignement différent) font moins bien qu’elle. Ce qui précède explique (en partie) pourquoi on produit tous les ans quelques 150.000 élèves qui ne savent ni (bien) écrire ni calculer et encore moins s’exprimer correctement. Mais, dès qu’ils arrivent à 18/19 ans la grande majorité de ceux qui ont le bac (qui n’est plus ce qu’il été, n’est-ce-pas ?) s’inscrivent à l’Université. Soit env. 700.000. Aucune sélection … Mais n’arrivent en deuxième année que 30% d’entre eux. Sachant que « le coût d’un étudiant » est de 11.530€/an (education.gouv.fr) le manque de sélection conduit à une perte d’env. 6 milliards annuellement pour un budget de 32,6 Milliards d’euros (2019) consacré à l’enseignement supérieur. Presque 20% jeté par la fenêtre parce que pour des raisons idéologiques on ne veut pas instituer l’admission par concours. Au contraire, on utilise tout ce que l’on peut inventer pour faire des « discriminations positives »

Et dans le paysage que je viens de crayonner, un spécialiste en provocations ayant prétendument gagné les élections, nous a fait savoir que la police tue. Pendant 40 années (au 01.06.21- Le Monde) 446 policiers sont morts en service. Pendant le mandat de M. Macron (2017-2021) 68. Ajouter une moyenne d’env. 10 gendarmes/an (Ouest France 11.05.21) et on trouve que les forces d’ordre ont subi environ 20 morts/an sur les 40 dernières années. Selon Le Point (09.06.22) un total de 747 personnes ont été tuées en France entre 1977 et 2020 par les forces de l'ordre, soit une moyenne d'un peu plus de 17 par an. Les morts sont regrettables des deux côté (un peu plus, quand même, du côté de ceux qui défendent l’ordre car dans les statistiques on inclut aussi le conducteur du camion qui a tué 86 personnes à Nice et a été tué par la police …) mais LA POLICE NE TUE PAS. Et comme on apprend, jour après jour, que des morts résultent des refus d’obtempérer opposés aux forces d’ordre, il est bon de savoir que s’il y a eu 16.896 refus d’obtempérer en 2021 - un toutes les 30 minutes, on constate en 2022 un toutes les 19 minutes ce qui fera plus de 27.000 (www.francetvinfo.fr 09.06.22) cette année, soit 46% de plus que l’année dernière.

 Il m’a semblé utile d’évoquer un problème de sécurité car s’il y en a pas, rien n’est plus garanti et l’économie, en particulier, ne peut aller qu’à vau-l’eau.

Et alors ? Rien ne va dans ce beau pays ? Mais si, les élites qui nous gouvernent se portent bien, disposent de revenus confortables et forts de ce qu’ils sont, essayent de nous apprendre à vivre : des masques, des confinements, et maintenant, puisqu’elles ont détruit le joyau français (la filière nucléaire) elles nous disent à quelle température on doit vivre, combien de douches prendre et de fermer les portes là où il y a un chauffage ou de l’air conditionné. Rien qui va bien ? Si.

  • Tout au  long  de   sa présidence,   Charles de Gaulle   est   rémunéré   75.000 francs par an (25 fois le SMIC 1964 mensuel, 250F/mois soit 3.000F/an) ; la mienne, annuelle (Ingénieur, Chef de Laboratoire) a varié de 52.000 F à 91.000 F (64-69) ; EM aujourd’hui– 15.700€/mois soit 188.400€/an (1.237.505 F, je vous laisse faire des calculs tenant compte de l’inflation et de l’évolution du SMIC)
  • Ceux qui nous gouvernent actuellement, ça va bien pour eux, merci, coût total ministres (42 avec les Secrétaires d'Etat) env. 85 millions € et si on tient compte des 535 députés, 348 sénateurs, des assistants parlementaires, des secrétaires, chauffeurs et autres fonctions ancillaires : probablement plus de 200.000.000€ car, depuis juillet 2022, (date de la dernière augmentation générale des fonctionnaires), le montant brut mensuel de l'indemnité parlementaire s'élève à 7 493 € soit 89.916€/an et celle d'un ministre à 10.500€/mois ; l’AN, en salaires députés seulement, 48,105 Millions €+ 45% charges sociales = env. 75 millions.

Et puis le prix de la baguette tradition (250gr) n’a augmenté que de 2,35 fois par rapport à 2000.

 

 

 

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3 septembre 2022 6 03 /09 /septembre /2022 07:44

Selon Monsieur Poutine, l’opération militaire spéciale est, en réalité, un conflit entre la Russie et l’OTAN chacun visant la domination mondiale. Quelle est la situation actuelle ?« La Russie a perdu 48.700 soldats, 12 généraux, 2009 chars, 3 navires, 234 avions et 7.500 camions. L’OTAN n’est pas encore arrivé »

Le poète russe Alexandre Pouchkine en écoutant Nicolas Gogol lui lire un passage du roman Les Ames Mortes, à un moment donné, éclate de rire et se met soudain à réfléchir et dit, avec désespoir, « Mon Dieu, notre Russie est si triste » (AAEL-JP-23.07.22). Il y a presque 200 ans mais la Russie est toujours encore plus triste.

 

Car on doit convenir que les pires choses que M. Poutine fait le sont à son propre peuple. Raconter (et obliger, le peuple d’accepter sous risque de prison) que la guerre qu’il a déclenché en Ukraine est une « opération spéciale» : tromper les recrus envoyés au combat lorsqu’ils pensaient qu’ils allaient faire des exercices d’entraînement, les équiper avec des armes datant des années soixante, les laisser chercher de la nourriture pendant les combats, abandonner les corps des morts sur place, ne pas dire à leurs familles qu’ils sont morts, adopter des lois qui empêchent les Russes de découvrir la vérité ou de dire la vérité, arrêter et/ou tuer des dissidents, détruire l’économie russe pour des décennies, faire fuir plus de 4 millions des meilleurs et des plus brillants jeunes Russes, détruire les plans et les rêves d’une génération, tout en se prenant pour Pierre le Grand et se donnant l’objectif de reconstituer l’empire russe de son temps et j’en passe et des pires. Pauvre peuple russe – Pierre le Grand a poussé la Russie vers l’avenir, M. Poutine la pousse vers son plus misérable passé.

S’agissant d’un bilan il faut regarder les deux tableaux, le russe et l’ukrainien.

 

Les forces russes ont rendu environ 45 000 km2 de territoires depuis le 21 mars (date estimée de leur avancée la plus profonde en Ukraine), une zone plus vaste que le Danemark. Comme l’a déjà évalué l’ISW, les forces russes ne sont pas en mesure de traduire des gains tactiques limités en succès opérationnels plus larges, et leurs opérations offensives dans l’Est de l’Ukraine stagnent. (ISW 25.08.22). On se souvient que l’abandon honteux de l’offensive pour prendre Kiev a conduit à une pause, supposée pour refaire les effectifs et les doter de nouvelles armes. Depuis que la Russie a repris les opérations offensives après cette pause, le 16 juillet, les forces russes ont gagné environ 450,84 km2 (environ 174 miles carrés) de nouveaux territoires, une zone d’à peu près la taille d’Andorre. Comparez le Danemark avec l’Andorre. Pendant les six mois écoulés depuis le début de la guerre, selon des sources ukrainiennes, données corroborées en partie par ORYX et/ou le ministère de la Défense d’UK, l’armée russe aurait perdu 

 Le Pentagone estime les pertes militaires de la Russie à 70.000 morts et blessés. Dans la seconde moitié de juillet 2022, la CIA estimait les pertes russes à 15.000 morts et 45.000 blessés. A fin août des responsables occidentaux de la défense estiment que plus de 80.000 soldats russes ont été tués et/ou blessés depuis le début de l’invasion. Par-delà le nombre, la tendance à grande pente positive laisse comprendre que les pertes russes loin de s’arrêter continuent : la formation des nouveaux recrus doit en être une cause majeure comme la stagnation actuelle de l’armée russe sur des positions défensives fixes plus facilement attaquées par des HIMARS et autres équipements de précision (CESARS).

 

Selon diverses estimations, la guerre en Ukraine coûte à l’économie russe environ 1 milliard de dollars par jour (soit env. 180 milliards de $ pour les six mois), et le déficit budgétaire du pays pour juillet s’élevait à 879 milliards de roubles (env.10 milliards euros - le salaire moyen mensuel en Russie était en 2021 de 32.422 roubles, soit env. 390 $) car les recettes de la TVA ont chuté de plus de 40% . Le secteur bancaire russe a perdu pendant le premier semestre 2022 1,5 trillion de roubles (24,8 milliards de dollars - taux le plus élevé du rouble car contrôle des changes…), a déclaré vendredi un haut responsable de la Banque centrale.

Pour que la deuxième armée du monde (selon des estimations anciennes…) fasse montre de tels résultats ne doit on pas se demander quelles en sont les causes ?

1. Monsieur Poutine croyait que l’armée russe était forte et invincible. En réalité, les forces mises en marche étaient des « militaires Potemkine » dont la logistique et les équipements se sont montrés inadéquats (euphémisme).

2. M. Poutine ne s’attendait pas à ce que les Ukrainiens se battent ou se rallient autour de leur identité nationale. Bien que lui il croit que l’Ukraine n’est pas un vrai pays, les Ukrainiens ne sont apparemment pas du tout d’accord.

3. M. Poutine croyait que la grande dépendance du monde, surtout de l’Europe, au gaz naturel et au pétrole de la Russie rendrait celle-ci imperméable à toutes éventuelles représailles occidentales.

4. M. Poutine croyait que l’Europe et l’Occident étaient trop divisés pour organiser une réponse forte et unifiée. C’était peut-être la plus grave erreur de calcul de M. Poutine.

(mise en forme de Big Think, Dr. A. Berezow, Washington University- 31.08.22).

Croire ce qu’il croyait, sans boucle de « feed back » de ses proches ou des échelons militaires (regardez la photo…)

car « à la table du Tzar on n’apporte pas des mauvaises nouvelles » - vieux proverbe russe - il a envoyé une armée de 200.000 soldats (gardés « en exercice » de novembre 2021 au 24 février de cette année) conquérir la capitale Kiev et l’Ukraine en trois jours. Les pertes évoquées ne sont que le résultat militaire des erreurs majeures identifiées plus haut.

 

Mais, sa conviction que la dépendance du monde au gaz naturel et au pétrole de la Russie tenait celle-ci à l’abri de toute surprise peut se comprendre. Alors même que les missiles pleuvaient sur l’Ukraine, des pays comme l’Allemagne, dont la dépendance du gaz naturel russe frisait l’absurde, n’étaient pas, pour dire le moins, enthousiastes à punir la Russie. Bien que, en 2018, le pelé, le galeux, je veux dire DJT, disait : https://twitter.com/nowthisnews/status/1044740334306058241 (cliquez et regardez aussi les mines moqueuses des délégués allemands pendant son discours).

Les quatre erreurs majeures évoquées plus haut ont eu leurs répercussions sur le plan économique, aussi, bien entendu.

 

Des chercheurs (Yale University, Investment Monitor 26.07.22) ont déterminé que le statut de la Russie en tant qu’exportateur de biens avait chuté significativement et que ses importations s’étaient contractées de près de 50%. Selon leur étude, le pays est loin de pouvoir répondre à ses propres besoins, par exemple, en matière de fabrication de biens de consommation.

 

Dans le secteur de l’énergie, la poule aux œufs d’or du régime, les affaires ne sont pas comme d’habitude non plus. En juillet, les recettes provenant des exportations de gaz et de pétrole se sont resserrées de 29 %. Moscou joue la menace de l’approvisionnement en gaz contre l’Europe tandis que son pétrole russe est soumis à un embargo occidental qui sera total en décembre (sauf pour la Hongrie et quelques autres pays. Certes, la Russie s’est tournée vers les marchés de la Chine et l’Inde, et était heureuse de constater qu’il y avait une demande, mais elle n’était que temporaire et imposait une réduction massive du prix des fournitures : par exemple 30$ le baril de pétrole quand il était livré à l’Europe autour de 80-100 ! De plus, l’exode des entreprises les plus prestigieuses quittant la Russie est une blessure qui, aussi dure qu’elle puisse être aujourd’hui, aura des conséquences majeures pour le pays pendant des années (ou des décennies). Les revenus tirés des plus de 1.000 entreprises qui ont réduit ou mis fin à leurs activités en Russie équivalent à environ 45 % du PIB de la Russie.

 

Mais M. Poutine qui ne voulait pas voir l’OTAN à sa frontière Ouest (avec l’Ukraine, longue de 1.581 km) a obtenu le contraire en lançant sa guerre : La Suède et la Finlande (dont les armées sont les -ou parmi les- meilleures en Europe) ont décidé d’adhérer à l’OTAN et la Russie va avoir l’OTAN sur 1.340 km au Nord de l’Ukraine !  De plus, il a réussi ce que personne sensée ne croyait possible (notre Président parlait de la « mort cérébrale de l’OTAN ») unifier l’l’Europe avec son allié transatlantique, les Etats-Unis, dans une cause commune, revigorer l’Alliance avec l’arrivée de deux pays militairement, presque, inégalés en Europe, changer la politique « pacifique » de l’Allemagne qui vient de décider d’affecter 100 milliards d’euros à la modernisation de son armée et faire comprendre au monde entier que la Russie est entrée dans une période de glaciation pire que celle d’avant la Perestroïka. Tout cela parce qu’il a voulu démentir le proverbe (du temps des Soviets) « l’avenir est certain, le passé seulement est imprévisible » Et le passé… souvenons-nous de G. Orwell « Celui qui contrôle le passé contrôle l’avenir. Celui qui contrôle le présent contrôle le passé »

 

Le tableau ukrainien est plus simple : le pays n’a pas perdu (et on ne voit pas pourquoi cela changerait) la guerre, au contraire, le monde entier est (plaisamment ?) surpris par son comportement qui l’a conduit à plusieurs succès. Les raisons sont multiples. Tout d’abord, l’incompétence stratégique, tactique et logistique de l’armée russe, son incapacité déconcertante à obtenir une supériorité aérienne précoce (ni encore aujourd’hui), la formation au combat et le moral des troupes bas, ont tous joué un rôle. Tout comme le soutien occidental à l’Ukraine et la ténacité des soldats du pays entraînés depuis 2014 par des militaires occidentaux et sachant ce pour quoi ils se battent. Mais ces explications ne disent pas toute l’histoire. L’armée ukrainienne mérite d’être reconnue non seulement pour la motivation de ses troupes, mais aussi pour son savoir-faire technique. Elle a utilisé des technologies de pointe et adapté les capacités existantes de nouvelles façons créatives, sur et hors du champ de bataille cinétique. On oublie que l’Ukraine était le sous-traitant préféré des sociétés européennes pour l’informatique, la cyber sécurité, les productions métallurgiques spéciales, les composants d’avionique et encore plus. Fabriquant elle- même des armements développés (roquettes, missiles, drones, etc.,) et connaissant, à fond, les armes et les doctrines russes (hérités de l’Union Soviétique). Certes, l’influx inimaginable avant le mois de février d’armes modernes en quantités importantes, venant essentiellement des Etats Unis, Angleterre, Pologne, Norvège… et un (très) peu de France se révèle essentiel pour, au départ, la résistance des Ukrainiens et, maintenant, leurs tentatives de récupération de territoires perdus.

 

Inimaginable jusqu’au moment où M. Zelensky s’adressant aux dirigeants européens (mars 2022) en demandant leur aide leur a dit « c’est peut-être la dernière fois que vous me voyez vivant» Dirigeants européens dont, une partie (MM. Macron, Scholz, Draghi) cherche  toujours  une  porte  de  sortie  pour       M. Poutine pour qu’il ne perde pas la face (?!), une partie (Finlande, Pays Baltes, Angleterre) qui soutient à bout de bras l’Ukraine et qui n’arrive pas à comprendre pourquoi notre Président parle encore, et  encore,  et  encore  à         M. Poutine (en n’obtenant absolument rien depuis six mois) et une partie qui fait tout pour faire capoter les sanctions prises contre la Russie (Hongrie principalement mais aussi la Slovaquie et même l’Autriche).

 

Il me peine de l’écrire mais… notre Président est pointé du doigt en Europe pour ses négociations sans résultat avec M. Poutine, la fin de notre aventure au Mali et son peu d’empressement pour faire rendre gorge à l’Iran avant de lui concéder des avantages inconcevables pour la signature d’un nouveau JCPA qui, en réalité, lui donne l’accès à la bombe en 2025 ou 2030. Quant à l’Ukraine, il accepte que l’on ne fasse rien pour qu’elle avance dans sa quête de justice pour les crimes de guerre commis par la Russie sur son territoire et/ou de dédommagement pour des centaines de milliards d’euros de dommages. Même après six mois de guerre, notre Président accepte que l’Occident n’offre rien de réel à l’Ukraine en termes de garanties de sécurité permanente. Mais il parle à M. Poutine. Pourquoi ?

 

 

 

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18 août 2022 4 18 /08 /août /2022 21:19

Le texte mis en ligne le 08.08.22, bien que des lecteurs fussent certainement en vacances, en a conduit plusieurs à m’apostropher : « Vous en dites trop ou pas assez. Vous affirmez (Ukraine, France), mais vous ne donnez pas de preuves pour fonder lesdites affirmations. De même quand vous comparez la France (puissance mondiale parmi les 10 premières) avec Israël. »

Que faire ? Je vais donc tenter d’apporter quelques réponses qui pourraient satisfaire lesdits lecteurs.

 

Je vais garder la structure utilisée dans le texte précédent, car ce qu’il y a prouver c’est, au fond, l’affirmation qui se généralise : la France se trouve sur une spirale descendante.

Trois graphiques me semblent apporter suffisamment d’informations :

  1. La dette publique, tonneau des Danaïdes, utilisée d’une manière irresponsable depuis le premier mandat de J. Chirac – elle a plus que doublé de 50% du PIB à 115% du PIB et constitue une première cause pour mettre en doute la crédibilité d’un espoir de retour au statu quo ante pour l’économie du pays – les taux d’intérêt, devenus positifs, vont alourdir la charge financière de la dette – passer de 1% à 2% (pour ne pas se faire peur avec des valeurs supérieures) représenterait une dépense annuelle de 20 à 40 milliards de plus, difficilement supportable pour le budget annuel du pays.
  1.  Une mesure de la productivité du pays (ou de la création de valeur – visible aussi dans le solde du commerce international, négatif de plus de 100 milliards pour la dernière année) peut être l’érosion de la monnaie nationale par rapport, par exemple, au Franc Suisse. FXTOP nous fait comprendre que notre monnaie qui s’échangeait à raison de 2,5F pour 1 Franc Suisse à l’arrivée de F. Mitterrand en 1981 se change maintenant à 6,8F pour 1 Franc Suisse (ou de 1,44F pour un Franc Suisse au commencement du septennat de Valéry Giscard d’Estaing).  

 

Pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que si les prix ont suivi (ou anticipé) la même dépréciation, les revenus des classes moyenne et populaire (les retraites, par exemple) ont été rabotés conduisant à une paupérisation relative (que d’aucuns considèrent comme absolue). Ajoutez une augmentation significative de populations ne contribuant pas (du tout ou moins) au PIB mais qui en consomment et on trouvera une deuxième cause, majeure, de la dérive actuelle. Et il suffit de se souvenir de quelques concepts de physique/mathématiques pour comprendre que revenir au statu quo ante nécessite de disposer au point d’inflexion (changer la pente négative vers un pente positive) d’une forte énergie (population instruite, investissements matériels disponibles, contraintes légales/économiques mineures, etc.,) que notre pays n’a pas. 

  1. Autant dire que revenir en arrière reste un vœu pieux, car ce dont il est question c’est de créer de la valeur avec de technologies nouvelles pouvant dominer via des produits inexistants les marchés ouverts qui dominent le commerce international. C’est ce que notre pays a eu dans les années 70 (filière nucléaire, constructions aéronautiques, filière navale, etc.,) mais qu’il a détruit sciemment, par mauvaise gestion ou par le fait que les élites le gouvernant inventaient des concepts aussi absurdes que les inventions à la base desquelles on trouve des « philosophes français » (Foucault, Deleuze, Derrida - déconstruction, théorie du genre, cancel culture et autres ejusdem farinae) - « industrie sans usines », « services sans personnel », « revenus de subsistance sans contrepartie en travail », etc., etc., De plus, ayant favorisé (sous l’influence d’une gauche disposant de pouvoirs significatifs mais étant totalement aphone concernant l’économie de marché) la formation de légions de diplômés en sciences sociales ou en études littéraires pour des gosses sachant à peine lire, écrire ou calculer pour devenir fonctionnaires ou employés de banque mal payés, on n’a pas voulu tenir compte de ce qui était nécessaire. On avait introduit des numerus clausus pour la formation des médecins ce qui a conduit (encore aujourd’hui) à « importer » des médecins de Syrie, du Maroc ou de Roumanie. Tant et si bien que le pourcentage de personnel qualifié dans les nouvelles technologies (« high tech ») ne permet pas d’imaginer un retour au statu quo ante pour l’avenir prévisible : 4,3% de personnel « high tech » en France par rapport à l’Allemagne 5, la Suède 8 et Israël 12 (créant 15% du PIB).
  1. Il me semble que les trois aspects évoqués justifient amplement la crainte du déclin du pays sans réelle possibilité d’un retour à ce qu’il était. Car on oublie que notre pays était la troisième puissance mondiale en 1961, 4ème en 1971, 5ème en 2009, 6ème en 2014 et 7ème depuis 2017 (IRDME- EPLF - 11.2018). Et on n’est pas surpris, dès lors, de voir que les études prospectives de l’OCDE nous assignent une place extérieure aux 10 premières puissances mondiales (hors Chine) en 2060 avec un PIB de 4.375 Trillions (soit un taux moyen de croissance de 1,59%/an ; Allemagne 5.870 Trillions deviendrait 7ème puissance mondiale) : 

Quand on regarde le taux de la croissance moyenne on a le droit de se poser des questions pour l’Europe, non ?

Quand on réalise le changement de rang on comprend que les vocalises de notre Président et celles de son ministre des Finances ne sont que des paroles verbales, des promesses qui n’engagent que ceux qui les écoutent. Après le Brexit, la France aspirait à retrouver la position qu’elle occupait avant la Première Guerre mondiale en tant que banquier européen, Paris étant à nouveau au cœur de la finance européenne. Ce rêve est tombé à l’eau. Maintenant, le scénario est plus celui de la France après la Première Guerre mondiale : enlisée dans la dette, bloquée dans la politique par l’arrivée en force de l’extrême gauche et de la droite extrême et sans majorité de gouvernement et avec la perspective actuelle de contribuer sérieusement à une nouvelle crise de la dette de la zone euro. Dans le passé, la France dévaluait pour se sortir d’une situation financière difficile, notamment après les réformes socialistes du président Mitterrand de 1981 à 1983. Sans cette option, la France pourrait finir par transférer le fardeau à une zone euro beaucoup plus endettée qu’en 2012/13, une fois de plus fragmentée par l’élargissement des spreads sur les obligations d’État italiennes, espagnoles, grecques et portugaises. L’euro risque de ne pas survire (The Spectator, 17.06.22).

L’Ukraine. D’une certaine manière, ce que l’on me demande c’est de prouver ce que j’écris depuis le premier texte mis en ligne, à savoir « M. Poutine perd (ou va perdre) la guerre ». La guerre génocidaire (j’ai évoqué la définition du mot) contre les Ukrainiens (avec l’approbation, parfois, enthousiaste et parfois, tacite, de la majorité des Russes) est la guerre de M. Poutine. M. Poutine se trouve au centre d’un système politique hyper centralisé qui, comme celui d’Hitler, a besoin de violence pour prospérer, à la fois pour maintenir les lois édictés et l’ordre dans le pays et, aussi, pour intimider les voisins et, éventuellement, acquérir des territoires, le pouvoir et l’influence au-delà des frontières et justifier son évolution vers le totalitarisme à ses partisans internes fussent-ils les élites ou les masses. La Russie d’aujourd’hui n’a pas eu d’élections libres depuis des décennies, elle persécute la dissidence par l’emprisonnement et elle contrôle le discours médiatique en interdisant aux citoyens l’accès à d’autres sources d’information que celles qu’elle autorise.

Dans six jours nous serons au seuil de six mois de guerre. La Russie (selon des sources crédibles, le ministère de la Défense UK entre autres) aurait perdu, au 18.08.22, 1.889 chars d’assaut, 234 avions, 197 hélicoptères, 793 drones, 1010 batteries d’artillerie, 7.240 véhicules blindés et autres et 44.300 soldats décédés (et probablement deux fois plus blessés). Pour quoi faire ? Au début de la guerre (depuis 2014) la Russie disposait d’environ 15% du territoire ukrainien. Aujourd’hui, après six mois elle en dispose de 20%. Tout ça pour ça ? Et on a du mal à comprendre qu’il perd sa guerre ? Et qui peut croire que la victoire (prévue initialement en trois jours) sera de son côté ?

                             1.900 chars d’assaut partis en fumée

Son armée, depuis le premier jour de la guerre, a fait toutes les erreurs possibles, dues à l’impréparation, à la corruption des échelons supérieurs, à l’impréparation des équipements et surtout dues à la méconnaissance de leur ennemi et de la capacité de celui-ci à s’opposer aux formations militaires suposées plus fortes. Tactiques et stratégies se sont révelées déficientes ou inexistantes du côté russe et innovantes, surprenant les observateurs qualifiés, du côté ukrainien. Mais bien que la Russie ait eu six mois pour apprendre de ses erreurs, elle semble prête à engager à nouveau ses forces épuisées dans une mission intenable : annexion et détention des provinces ukrainiennes de Donetsk, Kherson, Lougansk et Zaporizhjie. Le maintien de ce territoire -une ligne de front de plus de 650km- exigera beaucoup de main-d’œuvre et des équipements blindés, d’autant plus que les populations des régions occupées ne leurs sont pas totalement acquises et que des attaques de partisans se développent par tout. Y compris dans la Crimée occupée depuis 2014. Et comme elle a perdu ses équipements les plus performants mis en ligne au début de la guerre, elle n’a pas de remplacements équivalents. De plus, les difficultés de réapprovisionnement commencent à être énormes vu que tous les ponts sur le Dniepr ont été rendus impraticables par les forces ukrainiennes et le recrutement de nouveaux soldats provenant d’un mélange hétéroclite de communautés et de groupes armés (Tchétchènes, Bouriates, le groupe Wagner, syriens, libyens) — ne créera pas une force efficace au combat. Bref, d’évidence il y aujourd’hui a un décalage entre les objectifs de M. Poutine pour la guerre en Ukraine et les forces dont il dispose pour les atteindre. Il peut pavoiser, il peut changer les généraux commandant le front pratiquement tous les mois, rien n’y fera : il perd la guerre, la démilitarisation, la dénazification, la disparition du gouvernement de nazis drogués dirigés par un juif… ce ne sera pas pour cette fois-ci.

Mais, pas mal de gouvernements en Europe se demandent si un M. Poutine humilié, incapable de sauver la face, ne recourra pas à une action délirante comme l’utilisation d’une arme nucléaire ? Ceci fait que, d’un côté, on proclame que nous sommes tous des Ukrainiens et, d’un autre côté, surtout ceux qui parlent le plus (la France par exemple) sont avares de leur contribution à l’aide de l’Ukraine qui se bat contre l’envahisseur russe :

Cela étant, M. Poutine a déjà amplement démontré qu’il vit dans un autre monde et qu’il est prêt à suivre ses illusions. Il ne pouvait pas croire que l’armée russe allait conquérir l’Ukraine en trois jours. Et pourtant il a essayé. C’est illusoire de penser qu’il puisse gagner la guerre. Et pourtant il le fait. Il est illusoire de penser que l’économie de la Russie peut survivre aux sanctions édictées par les puissances occidentales. Et pourtant il le fait. Il était insensé de permettre aux soldats russes de creuser des tranchées dans le sol radioactif près du réacteur de Tchernobyl. Il est fou de jouer avec la sécurité de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, la plus grande d’Europe. Il est enfin insensé de s’embarquer ouvertement et joyeusement dans un génocide. (The Hill 16.08.22)

Le drame qui se joue actuellement en Europe est relatif au trois « apôtres » sorte d’oligarques qui dirigeaient l’Europe : M. Macron, qui n’a plus les mains libres après la perte d’une majorité de gouvernement, M. Draghi qui quitte le pouvoir en Italie et laisse la place - le plus probable - à une coalition de droite nationaliste et M. Scholz qui semble s’être « habillé » dans un costume un peu trop grand. Et qui, par ailleurs, a peur de la perte d’influence de l’Allemagne, elle qui a mené (M. Schröder, Mme Merkel) la politique absurde d’amitié avec le potentat du Kremlin.

C’est un crève coeur que de regarder le malheur des ukrainiens mais aussi celui des russes en train de sortir d’une civilisation à laquelle ils ont tant contribué.

Et Israël. Très difficile à expliquer ce qui se passe là-bas. On peut s’en sortir avec l’aphorisme attribué à Ben Gourion « Ce qui est difficile en Israël ce n’est pas de croire aux miracles, c’est de les éviter » En fait ce que l’on me demande c’est de justifier pourquoi ce pays, toutes proportions gardées (population 9 millions, France 68 millions) s’en sort mieux que partout dans les 30 pays de l’OCDE.

Ce qui vient tout de suite à l’esprit c’est « les startups ». Selon un rapport (IVC-LeumiTech Israël Tech Review 17.07.22), les entreprises de haute technologie israéliennes ont recueilli 9,8 milliards de dollars en 395 transactions au premier semestre de 2022, comparativement à 11,9 milliards de dollars au cours des six premiers mois de l’année dernière. C’est encore une somme très impressionnante si l’on considère que les startups ont levé un total de 10,3 milliards de dollars en 2020. Au deuxième trimestre de 2022, 4,12 milliards de dollars ont été recueillis dans 182 transactions. 20 nouvelles « licornes » (sociétés ayant une capitalisation boursière de 1 milliard de dollars ou plus) ont rejoint ce groupe exclusif au cours des six premiers mois de l’année. Google : On estime actuellement qu’il y a plus de 6.000 startups actives dans le pays (19 mai 2022). Depuis 1999 il y a eu env. 10.000 – taux de réussite autour de 4% ! Regardons de plus près ce chiffre.

12 causes fondamentales d’échec pour les startups selon des enquêtes faites aux États-Unis. L’ordre d’importance n’est pas innocent : manque de liquidités ; aucun besoin du marché ; modèle économique inapproprié, difficultés réglementaires et juridiques ; questions de prix et de coûts ; équipe inadéquate ; produit mal défini ; produit médiocre ; manque d’harmonie entre fondateurs ; mauvais redressement si nécessaire ; épuisement/manque de passion.

Il est important de comprendre que chaque facteur est en général une condition suffisante pour la défaillance, c’est-à-dire : vous avez besoin de liquidités suffisantes ET d’une approbation légale/réglementaire ET d’un prix et d’un coût optimal ET d’une équipe forte, le bon timing ET l’harmonie entre les fondateurs ET un redressement intelligent si nécessaire ET une passion soutenue.

Le calcul de base de l’échec est simple. Disons que les chances de prévenir ou surmonter chaque facteur de défaillance sont de 80% bien qu’en général, de nombreuses startups n’atteignent pas ce niveau d’excellence. Les chances de succès sont donc les suivantes : 0,8^12=0,0687 soit 6,87% Le pourcentage réel de réussite en Israël étant de 4% il n'y a aucun miracle ! Ce qui nous dit que les statistiques…

Mais comment a-t-il été possible de créer 10.000 startups ? Il me semble que deux facteurs sont importants (peut être les plus importants). On a publié une distribution géographique de 1. 900 startups : du Nord au Sud, dans un territoire de 22.000 km2 équivalent à quatre départements « moyens » français (544.000 km2 pour 100 départements) elles sont partout. Bien sûr avec une concentration autour de Tel Aviv et de Jérusalem. La comparaison avec la concentration jacobine qui prédomine en France peut vouloir dire que l’on n’est pas capable de susciter l’intérêt pour le neuf partout. Quant à la boutade de notre Président « Le Saint Denis c’est la Californie sans la mer »… laissons-la au rang de boutade.

Ce qui me semble encore plus important c’est que Israël s’est révélée être une puissance entrepreneuriale et un foyer pour les technologies pionnières, les opportunités d’affaires rentables, et les rendements élevés d’investissement. Pour ces raisons, il n’est pas surprenant que les principales multinationales du monde ont toutes choisi Israël : Microsoft, Motorola, Google, Apple (trois centres de R&D), Facebook, Berkshire-Hathaway, Intel, HP, Siemens, GE, IBM, Philips, Lucent, AOL, Cisco, Applied Materials, IBM, J&J, EMC et Toshiba ne sont que quelques-uns des noms figurant sur une longue liste de plus de 200 qui ont réalisé qu’Israël était leur opportunité d’investissement idéale – quelque 6.000 startups actives aujourd’hui. Pourquoi ?

En raison du service militaire obligatoire, les jeunes reçoivent déjà une formation technique avancée pendant leur service militaire et acquièrent un sens élevé des responsabilités et, surtout, une orientation vers le succès. De plus, Israël a connu plusieurs vagues d’immigration d’universitaires du monde entier. La main-d’œuvre créative, compétente et ambitieuse d’Israël est l’une des raisons les plus évidentes pour lesquelles les dirigeants des entreprises mondiales se tournent vers Israël pour faire des affaires. En fait, Israël possède l’une des forces de travail les plus instruites, entrepreneuriales et multiculturelles au monde, produisant des technologies, des innovations et des produits de recherche adoptés partout dans le monde et dans tous les secteurs. 12% de sa population est active dans le « high tech », 135 ingénieurs pour   1.000 habitants (contre 88 pour le Japon et 85 pour les États-Unis) déjà en 2013, Israël était le pays avec la concentration en ingénieurs la plus grande (Google).

De plus, l’échec dans une tentative de créer n’est pas disqualifiant (ce qui est le cas chez nous, contrairement aux EU) – bien au contraire, il est mis à l’actif de l’individu en tant qu’expérience, donc, formation.

D’autres facteurs expliquent aussi la très grande réussite d’Israël – ce pays a doublé son PIB entre 2012 (201milliards d’euros) et 2021 (407 milliards d’euros) - country.economy.com. Les projections actuelles pour 2022 sont de 450 milliards d’euros avec un PIB/habitant de 50.000€ soit env.10% de plus que le PIB/habitant français.

Juste annoncé : Tout doute concernant la force de l’écosystème technologique israélien et la capacité des startups locales à trouver des investisseurs en période d’incertitude a été dissipé cette semaine. Les entreprises israéliennes ont recueilli plus de 700 millions de dollars sur une période de 48 heures, dont 682 millions de dollars en seulement quatre méga-rondes. CTech-Calcalist 18.08.22

Est-ce que tout ça change l’appréhension que le monde a d’Israël ? Non, probablement pas, car le monde « progressiste » est de plus en plus actif et il n’a pas d’autre « cause » mobilisatrice commune avec l’islam politique que le désamour d’Israël et des juifs - 80% des israéliens étant juifs ! Et l’Europe, le continent qui a voulu régler, une fois pour toutes, la question juive, par une solution finale, elle non plus ne sait pas sur quel pied danser. Admirative de ce qu’Israël réussit, attentive à ses capacités de palier en partie la défection de son allié choyé russe pour l’énergie importée, elle reçoit le « président palestinien » (élu il y a plus de 17 ans) comme un chef d’état. Le dernier en date, M. Olaf Scholz, en conférence de presse avec M. Abbas laisse celui-ci dire, sans réagir sur l’instant, « Israël a perpétré 50 Holocaustes contre les Palestiniens » Il n’a pas bien dormi, peut-être, car le lendemain, à 07h55 par twitter, il se déclare « dégouté » par l’affirmation de M. Abbas qui n’en peut mais. Quand je vous dis que …

 

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6 août 2022 6 06 /08 /août /2022 07:52

Sans vouloir interrompre la quiétude des vacances des lecteurs du blog, je réponds à plusieurs questions relatives à ce qui se passe chez nous et, surtout, par-delà les statistiques concernant les pertes et le temps perdu, en Ukraine/Europe.

 

Effectivement, l’été que nous sommes en train de vivre est inédit. A tel point que la phrase prémonitoire de Vladimir Bukowski « J’ai vécu votre futur et je vous dis que ça ne marche pas » (L'Union européenne, une nouvelle URSS ? 2005) ne résonne pas du tout curieusement pendant ce curieux mois d’août.

Curieux ? Essayons voir.

Tout d’abord chez nous. En laissant de côté les 15.000 hectares brulés (et le manque cruel de Canadairs), en laissant de côté les urgences des hôpitaux qui ferment à 20 heures par manque de personnel (et un mépris institutionnalisé pour les généralistes de ville – cf leurs consultations à 25 €), en laissant de côté ce qui se passe, tous les jours de la semaine dans les « territoires perdus de la République » notre attention s’est focalisée sur ce qui se passe à l’Assemblée Nationale. Ce qui se passe depuis que 79 députés, dûment élus par le peuple, jouent aux clowns et transforment l’amphithéâtre en champ de foire. En soulignant, fortement, qu’ils sont là pour « être pour tout ce qui est contre et contre tout ce qui est pour » Tout cela pour défendre les pauvres qui les ont élus et qui les découvrent. Ils ont quand même réussi (une partie d’entre eux) à remettre sur le devant de la scène ce qui les caractérise, un antisémitisme patent qui leur colle à la peau et dont ils sont incapables de se défaire. C’est la fameuse résolution visant à condamner Israël pour avoir mis en place « depuis 1948 (?!) » « un système d’apartheid systématique d’oppression et de discrimination avec l’intention de maintenir le contrôle d’un groupe ethnique-national-racial sur un autre » Signé par 35 députés de Nupes dont 21 communistes, y compris leur secrétaire général que l’on s’évertuait pendant la campagne pour les élections présidentielles de nous présenter comme quelqu’un de sérieux, de modéré, et d’une culture républicaine. Certains (la majorité de la classe politique ?) ont été surpris par le caractère clairement antisémite de ladite résolution. On ne devrait pas l’être car l’antisémitisme est bien ancré avec ses racines dans la gauche en partant de 1789, de la « Terreur » qui n’épargne pas les juifs, ensuite des philosophes de gauche Fourier (« le juif, parasite qui infeste…), Proudhon et Auguste Blanqui, jusqu’à Jean Jaurès (avant de devenir Dreyfusard…). Mais parler de « race » (juive, sans doute, qui oppresse la « race palestinienne ») on revient au temps de l’Allemagne nazie sous la signature de Monsieur Fabien Roussel. Et pendant que l’on perd son temps avec des ignominies sans nom, notre pays, il y a quelques années 5ème puissance économique mondiale est devenu sixième et maintenant septième.

Mais il y a pire. On ment. La facture énergétique, étant passée de 27 milliards d’euros au second semestre 2021 à 48 milliards au premier semestre 2022 (soit 21 milliards de plus) « le journal de référence » titre Le prix de l’énergie fait plonger le déficit commercial français à 71 milliards d’euros au premier semestre 2022 – (Le Monde, 05.08.22). On occulte le déficit structurel (50 milliards d’euros, exactement la moitié de celui de 2021) pour instiller, subliminalement, « voilà ce que nous coûte la guerre de l’Ukraine »

Regardez le résumé des puissances économiques du monde :

Le PIB mondial total est env. 100.000 Milliards $ ; au pro-rata des populations Israël (le blog s’appelle France-Israël) fait 40% plus que l’Europe, 25% mieux que la France (2,9% du PIB mondial, l’Allemagne     4,5 !), 8 fois mieux que la Russie, 5,5 fois mieux que la Turquie et seulement 20% moins bien que les Etats Unis. Ceux qui nous disent que nous nous trouvons sur une spirale descendante ne semblent pas avoir tort. Mais l’Assemblée Nationale a d’autres priorités et comme si le fait que la dette totale (publique + retraites fonctionnaires + « hors bilan ») dépasse 4.000 Milliards d’euros n’est pas suffisamment effrayant, on vote des augmentations du pouvoir d’achat, inflationnistes, bien sûr (car ne résultant pas d’une productivité accrue ou d’une production de valeur en augmentation). Et on continue à nous parler de voitures électriques (hors de prix) en oubliant qu’un programme visant à convertir le transport à l’électricité - sans programme en avance pour disposer d’une production d’électricité idoine n’est rien d’autre qu’un vœux pieux. On me dira que notre Président s’est engagé dans sa campagne présidentielle à mettre en marche un programme visant la construction de 14 réacteurs EPR (1.570MW) jusqu’en… 2050.

Mais on veut que la moitié du parc automobile actuel (plus de 20 millions) soit transformé en électrique jusqu’en 2035 ! Des calculs simples (puissance consommée par voiture moyenne) conduisent à évaluer à 5 ou 6 réacteurs nucléaires le nombre nécessaire pour assurer le fonctionnement du parc électrique. En plein essor de la construction de réacteurs nucléaires en France (années 70/80) avec une filière (qui n’existe presque plus aujourd’hui) on mettait entre 5 et 7 ans pour un groupe de PWR de 900MW. La construction d’un EPR en Finlande a pris 18 ans… celui de Flamanville commencé en 2007 sera mis en marche (on espère) en 2023 soit après16 ans …

Ainsi va la vie dans notre beau pays depuis quelques dizaines d’années. On parle, on promet et puis on passe aux affaires courantes.

L’affaire courante actuelle s’appelle l’Ukraine. Rappelez-vous, pendant sa campagne électorale pour la présidence des Etats Unis, M. Biden a tenu des propos durs au sujet de la Russie - « Poutine sait que, lorsque je serai président des États-Unis, ses jours de tyrannie et ses tentatives d’intimider les États-Unis et les pays de l’Europe de l’Est sont terminés. » (9GAG – The Planet, 2019).

Curieux, non ? M. Poutine a pris peur mais… cela ne l’a pas empêché de lancer son opération spéciale et tenter de « dégommer » le gouvernement de Kiev en trois jours en occupant une grande partie de l’Ukraine. Au cours de la crise avec l’Ukraine en 2014, M. Poutine avait déclaré qu’il avait « 1,2 million de soldats armés de l’armement le plus sophistiqué du monde » et que, s’il le voulait, « ils pourraient être à Kiev en deux jours ». Depuis 2014, l’armée russe a été renforcée, n’est-ce pas ? Comment se fait-il que nous soyons maintenant, pratiquement, six mois après l’« opération spéciale » et il n’y a pas de perspective visible pour un gouvernement ami de la Russie à Kiev ?

M. Poutine a également déclaré (25.02.22) que son objectif dans la guerre était de « démilitariser et de dénazifier l’Ukraine ». Six mois après, la démilitarisation a manifestement échoué car des armes occidentales se déversent, tous les jours, dans le pays. Et si la dénazification signifie établir un régime conforme, projeter une sphère d’influence ou, comme certains le suggèrent, détruire la démocratie en Ukraine, l’échec de la Russie est total. La haine et l’hostilité des ukrainiens envers la Russie vont bien durer des décennies.

Corrompus, mal dirigés et sous-motivés, les militaires russes ont été repoussés de Kiev par des Ukrainiens beaucoup moins bien formés et équipés. Tous les gains russes dans le sud-est de l’Ukraine ont été accomplis en pulvérisant le territoire à distance, puis en prenant en charge les décombres pratiquement, totalement, dépeuplés.

Mais… Les agresseurs potentiels ne pourront s’empêcher de remarquer les coûts élevés que la guerre a imposés à la Russie en termes de pertes humaines, de pertes économiques et d’isolement international. L’économie kléptocratique de la Russie était déjà en déroute depuis une dizaine d’années, et la guerre de Poutine, même si elle s’arrête, d’une façon ou d’une autre, aliénera probablement les clients et les investisseurs éventuels au moins aussi longtemps qu’il sera aux commandes — et probablement beaucoup plus longtemps.

Les agresseurs potentiels peuvent également noter que même si Poutine peut s’accrocher à ses gains territoriaux en Ukraine, il devra les reconstruire, les subventionner pour les gouverner. Ils auront du mal car les forces russes semblent enclines à commettre des actes brutaux qui accroissent l’hostilité à l’égard des occupants étrangers. Ils n’ont pas tenu en Afghanistan (pays de moins de 10 millions d’habitants) ils ne tiendront jamais en Ukraine (pays de 45 millions d’habitants. (International Affairs Forum, 05.08.22)

Ce que la Russie de M. Poutine fait en Ukraine, au vu et au su du monde entier (sauf d’une majorité de russes qui n’ont que la censure de M. Poutine comme source d’information vu le régime totalitaire qu’il a mis en place) ne fait aucun doute quant au fait qu’il s’agit de la destruction d’un peuple, de sa culture, de son patrimoine et de sa langue, ce qui est une preuve supplémentaire de l’intention de la Russie non seulement de briser une nation, mais de détruire tout ce qui en fait une nation. Et le mot pour cela est « génocide » (selon la définition de l’inventeur du mot, R. Lemkin, 1946). Mot que les dirigeants de l’Europe n’ont pas le courage de prononcer ni celui de dire à leurs peuples que ce de quoi il s’agit aux confins de l’Europe préfigure le futur que     M. Poutine (la Chine, la Turquie, l’Iran aussi) voudrait nous préparer.

Et si on place nos espoirs en l’Europe, la poétesse roumaine Ana Blandiana nous avait avertis : Il est évident que dans le choc implacable des civilisations, l’Europe va perdre non pas parce qu’elle n’a pas de ressources, mais parce qu’elle n’a pas la foi. Et je ne parle pas seulement de la foi en Dieu, bien que ce soit évidemment ce dont il s’agit, mais simplement du pouvoir de croire en quelque chose. L’affrontement entre celui qui croit fermement en la vérité de sa foi, aussi aberrante que puisse être cette vérité, et celui qui doute de la vérité de ses idéaux, aussi brillants soient-ils, se terminera toujours par la victoire du premier. (Discours Docteur HC, Cluj – 2016)

 

 

 

 

 

 

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28 juillet 2022 4 28 /07 /juillet /2022 18:24

 

Bonjour,

Les vacances continuent, on est fatigué, je me suis dit qu’au lieu de mettre en ligne quelques textes avec des sujets qui le méritent, pour une fois, je mettrai seulement des énoncés : des brèves de comptoir.

Au bon jugement des lecteurs, quelques brèves de comptoir : pour réfléchir à ce que l’on voit, l’on entend et l’on prévoit …

 

La France Insoumise (Nupes) à présenté le 13 juillet (c’est dire si c’était important) une résolution :     

Parmi les députés signataires du projet de résolution - le Président de la  Commission Finances M. Eric Coqurel, vaillant  défenseur, il y a quelques années, d’un assassin palestinien qui a assassiné deux diplomates à Paris (un Américain et un Israélien) condamné à vie dans une prison française : 

 

On apprend qu’au Myanmar (pas nombreux les gens qui savent où se trouve ce pays dirigé par des militaires après un essai de démocratie qui n’a pas duré longtemps) on vient de pendre 3 (trois) condamnés. J. Borell, au nom de la Commission Européenne vient d’annoncer des « protestations fermes »,.  Les gazettes nous apprennent  que l’Iran  a pendu cette année (jusqu’ici) 251 condamnés. Aucune « protestation ferme » de la Commission de Bruxelles. Curieux, non ?

 

Mme van Leyden, Présidente de la Commission Européenne va en Israël pour mettre sur pied et signer un MOU concernant la livraison par Israël (en partie via l’Egypte) de qques 10% de quantités nécessaires de gaz à l’Europe –Les Echos, 15.06.22- (aussi pour recueillir un titre de Docteur HC).           

Et pour montrer que l’attitude de l’UE face à Israël est en train de changer, annonce la reprise des rencontres annuelles du Conseil d’association avec l’UE (le Conseil-UE -  Israël) –qui  ne s’est pas réuni depuis 2013- cette année. 28 ministres des affaires étrangères donnent leur accord illico mais ... Monsieur J. Borell (l’homme - dont le premier  voyage, après avoir été mis en charge des affaires  externes de l’Europe, a été  pour Téhéran et qui, ensuite, a tenté de faire adopter un texte condamnant le plan de paix de Trump qui a conduit aux Accords Abraham) a réussi à le retarder sine die. « La semaine dernière (19.07.22), un haut fonctionnaire européen a déclaré au Times of Israel que Borrell hésitait à reconvoquer ce forum majeur en raison de la mort de la journaliste d’Al-Jazeera, Shireen Abu Akleh en mai. Borrell était réticent à l’idée d’un Conseil d’association avec Israël, mais il s’est ravisé sous la pression des États membres de l’UE.

 

The strong will do what they can and the weak will suffer what they must, as Thucydides wrote many centuries ago on the harsh nature of wartoujours juste, regardez l’Ukraine !

 

Israeli tech M&As and IPOs reach record $82.4 billion in 2021

 

New York demande à l’OMS de changer le nom de la variole du singe, jugé stigmatisant.

 

M. Macron (après avoir cajolé M. Poutine pendant des mois, conférence de presse hier (Bénin) : « La Russie est l'une des dernières puissances impériales coloniales" en décidant "d'envahir un pays voisin pour y défendre ses intérêts" a-t-il dénoncé. La Russie a lancé une offensive contre l'Ukraine, c'est une guerre territoriale qu'on pensait disparue du sol européen, c'est une guerre du début du XXe, voire du XIXe siècle. Je parle sur un continent qui a subi les impérialismes coloniaux.

 

https://www.timesofisrael.com/worlds-largest-er-opens-in-israel-raising-bar-for-tech-and-scale-in-emergency-med/

 

Et pour sourire (vu l’identité des genres) :

 

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22 juillet 2022 5 22 /07 /juillet /2022 07:54

Des lecteurs me font remarquer que tout en écrivant, beaucoup, sur l’Ukraine je n’ai pas beaucoup écrit ni sur la France ni sur Israël. C’est vrai, je n’ai pas d’autre excuse que mon sentiment que l’on décide de l’avenir de l’Europe à ses confins, en Ukraine. Mais… vox populi, vox dei, je fais amende honorable, je jetterai un coup d’œil sur les trois sujets, la France, Israël et l’Ukraine.

 

A tout seigneur, tout honneur, commençons avec notre Président et bien sûr la France.

On le croyait occupé avec ses interventions (à peine déguisées) en faveur de M. Poutine, ses discussions avec M. Erdogan (promu négociateur en chef pour sortir

         M. Erdogan (Turquie, membre de l’OTAN, alliée de M. Poutine et de l’Iran)

 les 23 millions de tonnes de céréales de l’Ukraine assiégée par M. Poutine), le Sud-Ouest du pays en flammes (juste à temps pour se souvenir que l’on ne dispose que d’un parc de 11 avions Canada Air achetés en 1995, et depuis, rien ou presque !), l’Assemblée Nationale devenue un champ de foire grâce aux clowns de la LSI, mais, tenez-vous bien, il a trouvé le temps, toutes affaires cessantes, d’avoir un « déjeuner de travail » avec M. Mahmoud Abbas, Président depuis 17 ans (élections prévues tous les quatre ans) d’une Autorité Palestinienne en faillite, dont la corruption et l’irresponsabilité ont fait que même certains pays arabes (UAE, Bahreïn, Maroc, etc.,) ne lui accordent qu’un soutien du bout de lèvres. Pourquoi faire ? Tout d’abord par esprit d’équité : il avait reçu le Premier Ministre israélien dix jours plus tôt, il se devait de recevoir un palestinien ! Les gens qui savent disent qu’il rêve de remplacer les Etats Unis comme principal intervenant dans le conflit israélo-palestinien (remarquez, on dit de moins en moins « conflit israélo-arabe »)

Sans doute, après ses échecs au Liban et Mali il voudrait bien faire quelque chose qui pourrait faire de lui un bon candidat au Prix Nobel. Ce qui est curieux c’est qu’il puisse caresser ce genre de rêve tout en laissant le Quai d’Orsay dérouler, tranquillement, sa politique anti-israélienne. Se souvient-on de la fameuse résolution de l’ONU (approuvée par la France) qui niait la relation des juifs avec le Mur de Lamentations et qui a nommé l’endroit d’après le nom de la jument de Mahomet ? C’est loin mais, voilà, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU vient d’adopter plusieurs résolutions anti-israéliennes pendant sa session qui a pris fin le 8 juillet. 21 pays (Israël, US, UK, Autriche, Bulgarie, Brésil, Canada, Cameroun, Colombie, Croatie, Allemagne, Guatemala, Hongrie, Liberia, les Iles Marshall, Micronésie, Nauru, Macédoine du Nord, Pays Bas, Palau et Togo) ont voté contre mais pas la France. Et notre Président recevait le Premier Ministre Israélien avec des signes de complicité amicale qui ont laissés pantois les commentateurs des médias !

Bon, passons aux choses sérieuses. La France danse au-dessus du volcan de la dette (Malcolm Lowry me pardonnera l’emprunt). Mais pendant les trois tours d’élections notre Président n’a pas trouvé utile d’en parler, surtout que le « quoi qu’il en coûte » fût toujours en place. Jusqu’à son interview du 14 juillet quand il a commencé à nous parler des temps difficiles que nous allions traverser, tout en glissant sous le tapis les questions relatives aux finances du pays.

Pourtant, au cours des derniers mois, les finances françaises se sont encore considérablement détériorées (suivez l’augmentation du taux de l’argent). Naturellement, aucun des deux programmes qui faisaient rêver certains de nos concitoyens (RN et LSI) n’a la moindre chance d’être mis en œuvre car ils plongeraient les finances françaises dans les abysses et, partant, la zone euro en général, dans une nouvelle crise de la dette souveraine.

La France se trouve aujourd’hui enlisée dans la dette, bloquée dans une politique pour laquelle les moyens lui manquent et avec la perspective d’être accusée par les pays du Nord de l’Europe de contribuer sérieusement à une éventuelle crise de la dette de la zone euro. Eh oui, chaque fois que notre pays se trouvait dans une situation financière difficile, par exemple après les réformes socialistes de M. Mitterrand de 1981 à 1983, il dévaluait. Mais cette option n’existe plus (sauf de sortir de l’euro) et la France ne pourrait rien faire d’autre que se décharger sur Bruxelles. On aura droit à un régime de surveillance comme celui de la Grèce en 2018.

On me dira que je noircis le tableau. Je laisse de côté ce que l’on sait (et on a, de plus en plus, le courage de le dire) la situation catastrophique de l’enseignement qui consomme, bon an, mal an, 7% du PIB (160 milliards d’euros en 2020) pour produire (entre autres) tous les ans 140.000 élèves sortant du primaire sans savoir lire ou écrire, la situation non moins catastrophique du système de santé (jadis le « meilleur au monde ») avec des urgences qui ferment à 20h00 dans presque tous les départements, la situation inadmissible de l’entretien des infrastructures transport ou énergie (la moitié du parc nucléaire en maintenance) et, cerise sur le gâteau, l’inflation que nous sommes en train d’alimenter (comme dans les années 60/70) avec de revenus indépendants de la capacité de production de valeur du pays. Avec un déficit de la balance commerciale de plus de 100 milliards d’euros ! Mais on nous promet de réindustrialiser le pays. L’industrie française (rien n’est fait pour changer ce qui suit) qui croule sous des charges sociales et des impôts de production sans commune mesure avec les pays équivalents de l’Union, doit créer des ressources pour payer des dépenses publiques qui correspondent à un surplus de 2 millions de fonctionnaires (créant un déséquilibre structurel entre notre pays et l’Allemagne, par exemple). Je laisse de côté le coût annuel d’une immigration non maîtrisée, consommatrice de PIB, comme de parler du régime des retraites déficitaire dont l’équilibre nous est promis - après 2020, après 2030, maintenant 2035 ! Et on nous dit que la « high tech » chère à M. Macron, sera la panacée.

Pour ce faire, notre Président a reçu à Versailles (?!) 180 dirigeants étrangers d’entreprises car, dit-on, la France est le pays le plus attractif de l’Europe. Et on met en exergue l’investissement de 5,6 milliards d’euros (sur plusieurs années) de STM Electronics à Grenoble.

La France, pays de 68 millions d’habitants. Israël (9 millions d’habitants) constate 25,6 milliards de $ d’investissements dans la high-tech et des « mergers & acquisitions » de 22 milliards de $ en 2021.

Pays de 68 millions d’habitants qui a inscrit 25 « licornes » (sociétés dont la capitalisation boursière dépasse 1 milliard de $) dans la liste des 1.170 existantes aujourd’hui. Israël en a inscrit 85 (localisées en Israël ou aux Etats Unis) avec une valorisation totale de plus de 250 milliards de $ et tout porte à croire qu’elles seront 100 à la fin de l’année.

Pays de 68 millions d’habitants qui pendant les 30 dernières années (encore plus pendant les 10 dernières années) s’est laissé distancer dans le classement, par exemple, du PIB/habitant. Regardez le tableau du FMI pour 2021 :

La France en 23ème position, Israël 19ème – qui l’eut cru il y a dix ans ?

L’explication est simple : depuis 40 ans les élites (de droite et de gauche) ont eu mieux à faire que de s’occuper de la gestion du pays. Et vas-y, les délocalisations, vas-y, l’import de main d’œuvre bon marché (immigration) et vas-y, prendre des sous chez d’autres (car la dette ne coûte rien), vas-y, les reformes sociétales (il y a urgence pour apprendre aux gosses, par exemple, qu’ils peuvent se sentir filles s’ils sont garçons et vice-versa !). Le tout, avec la conviction que nous sommes les plus intelligents au monde et prodiguons des conseils à la planète entière.

Et même, maintenant, au seuil d’une tragédie annoncée, la France semble inconsciente, et est en train de distribuer (par une loi !) du pouvoir d’achat en augmentation, sans travailler davantage ni produire davantage mais, et pour l’instant encore, financé toujours par la dette publique.

Pendant ce temps, notre Président n’a rien d’autre à faire que de recevoir Mahmoud Abbas ou cajoler M. Poutine. Devenu sujet de rigolade pour la TV russe :

Et puis l’Ukraine. Dans deux jours cela fera cinq mois depuis que la Russie détruit, systématiquement, des villes, des villages, des infrastructures industrielles : quand ils les occupent (s’ils les occupent) il n’y a plus rien debout et leurs conquêtes ne valent plus rien. Même des valeurs négatives si l’on pense les reconstruire.

La Russie avait invoqué la menace potentielle posée par l’OTAN. C’était sa justification pour l’invasion de l’Ukraine. Mais prendre l’Ukraine n’a pas résolu le problème de l’OTAN. Au contraire, il a amené les Russes (sans posséder l’Ukraine) à la frontière de l’OTAN du Nord de la Suède à la Baltique et à la mer Noire. L’intention de la Russie n’était pas claire. La menace potentielle de la Russie, en revanche, était, elle, claire. La Russie n’avait peut-être pas l’intention de s’opposer à l’OTAN à sa nouvelle frontière occidentale, mais il était tout à fait possible que le succès militaire en Ukraine lui donne l’occasion et la confiance de frapper directement l’ennemi déclaré de la Russie, l’OTAN. Si Moscou avait balayé l’Ukraine avec sa première frappe des blindés, la Russie serait considérée comme une grande puissance, une puissance qui devait être apaisée, pas résistée. « La Russie s’attendait à vaincre l’Ukraine rapidement et, possiblement, à occuper une grande partie du pays. Au lieu de cela, ses gains territoriaux sont étroits et vulnérables à la contre-attaque. Et le territoire conquis lui-même est dévasté. La Russie a frappé le sol avec des frappes aériennes et d’artillerie incessantes. L’infrastructure physique dans ces régions est détruite et la population est tuée ou chassée.

Occuper ces conquêtes sera coûteux, car une présence militaire ou policière importante sera nécessaire pour empêcher les révoltes. (L’Ukraine était un foyer de résistance aux nazis et aux soviets.) La reconstruction, afin d’extraire toute valeur économique de ces espaces, sera un autre drain. La plupart des pays du monde ne reconnaîtront pas ces conquêtes comme un territoire russe. Cela signifie que les investissements et le commerce seront minimes. Les entreprises seront également dissuadées par les infrastructures en ruine. Pas plus que les gens économiquement productifs se déplaceront dans de telles régions conflictuelles. Seuls les vieux et les fragiles resteront probablement.

La guerre est un désastre pour la Russie. La valeur de ses acquisitions territoriales est faible, probablement négative, étant donné la nature dévastatrice de ces espaces en raison des bombardements russes et des limbes politico-économiques qui en découlent, ils tomberont dans des conquêtes non reconnues. Ces réalités conseilleraient à la Russie d’arrêter la guerre, et il semble y avoir une certaine dissidence au Kremlin autour de ces points»(https://www.19fortyfive.com/2022/06/the-ukraine-war-is-bleeding-russia-dry/24.06.22)

Et pendant que l’on supposait que le dictateur russe était censé souffrir d’une litanie de cancers divers et d’autres maladies raccourcissant sa durée de vie, M. Poutine et son régime ont commis d’innombrables atrocités, assassinats, actes de sabotage et des opérations visant à subvertir la démocratie là où ils pouvaient avoir accès. Les bombardements chimiques et/ou radiologiques en Syrie, les crimes de guerre en Ukraine, en Tchétchénie, en Géorgie, (jadis) en République tchèque et en Allemagne, au Royaume-Uni (assassinats politiques), aux États-Unis et dans de nombreux autres pays. En suivant les protocoles établis pendant l’existence de l’Union Soviétique de triste mémoire.

Devant ce qui se passe en Ukraine, les grands esprits de l’Europe avec Monsieur Macron à leur tête, cherchent une porte de sortie pour M. Poutine car « la Russie ne doit pas être humiliée » Et ils sont prêts, presque à se désengager des promesses faites (« jusqu’au bout », « armes modernes », « aides financières » et j’en oublie). Dire ça aux ukrainiens qui n’arrêtent pas de le constater et de le clamer « les Russes ont pour objectif précis de détruire notre culture dans le cadre de notre identité, qui distingue l’Ukraine de la Russie », (Olha Honchar, cofondatrice du Museum Crisis Center d’Ukraine).

 

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9 juillet 2022 6 09 /07 /juillet /2022 12:09

Presque cinq mois et ça continue ... M. Poutine (qui semble ne pas savoir qu'il perd -ou va perdre) la guerre fanfaronne en lançant aux "régimes occidentaux" des défis (à ne pas suivre). Lawrence Freedman (Prof au King's College, Londres) vient de publier dans le New Statesman une analyse d'étape tellement complète et lumineuse qu'il m'a semblé utile de la mettre en ligne (traduction MB-Reverso).

 

Dans mon premier article après le début de la guerre russe en Ukraine, j’ai fait valoir que Vladimir Poutine avait fait une énorme bourde et que la Russie ne pouvait pas gagner. Je suis arrivé à ce jugement en partie parce que Moscou n’avait apparemment pas atteint ses objectifs immédiats, malgré l’avantage de la surprise le 24 février. J’ai été prudent sur la façon dont le choc des armes se déroulerait parce que j’ai supposé que les Russes apprendraient bientôt à s’adapter aux tactiques et aux capacités ukrainiennes. (Dans  mon deuxième article, que j’ai écrit le 27 février, j’ai été plus impressionné par l’incompétence militaire russe et j’ai cherché à expliquer pourquoi cela continuerait à affecter ses performances opérationnelles.)

J’ai cru que Poutine allait échouer parce que cette entreprise a été lancée sur la base d’un point de vue illusoire que l’Ukraine était un pays dépourvu à la fois d’un gouvernement légitime et d’une identité nationale, et donc s’effondrerait rapidement. Le premier jour, il s’attendait à faire tomber le gouvernement ukrainien et à le remplacer par une marionnette. Même si ce plan avait réussi, les Ukrainiens auraient probablement continué à lutter contre une occupation russe. Mais nous pouvons imaginer comment, si le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait été tué ou enlevé, les Russes auraient demandé à un gouvernement docile d’inviter leurs forces à éliminer les usurpateurs « nazis » à Kiev – bien que l’invitation aurait été rétrospective. C’est ce qui s’est passé en décembre 1979 en Afghanistan : l’Union soviétique a retiré un dirigeant à Kaboul et en a inséré un autre, qui a ensuite demandé l’intervention militaire russe qui était déjà en cours.

La survie de Zelensky et de son gouvernement fut le premier échec majeur des plans russes. Leur récit a été encore miné lorsque ceux qui étaient censés être libérés ont montré un manque d’enthousiasme pour l’occupation. Cela a envoyé un message vital aux partisans de l’Ukraine en Occident que les Russes seraient confrontés à une résistance sérieuse. Zelensky a rapidement développé son propre récit puissant sur la nécessité d’avoir plus d’armes pour vaincre les Russes (« Je n’ai pas besoin d’un voyage, j’ai besoin de munitions »). Depuis quatre mois, son message est clair et cohérent : il a besoin de plus d’armes et de meilleures munitions.

J’ai également noté dans ce premier article que la « victoire » est davantage un concept politique que militaire. Le 25 mars, lorsque le ministère russe de la Défense a déclaré qu’il se retirait du nord de l’Ukraine pour se concentrer sur la région du Donbass, cela exigeait une nouvelle définition de la victoire russe, qui serait inévitablement moins ambitieuse que la définition originale, mais aussi plus ambiguë. L’ambiguïté n’a pas été dissipée. L’objectif le plus cohérent avec les opérations récentes est de conquérir Lougansk, Donetsk et Kherson, en vue de leur éventuelle annexion et russification. Mais non seulement ils sont d’une certaine façon de réaliser cela (avec une grande partie de Donetsk encore aux mains de l’Ukraine et la position russe à Kherson fortement contestée), il faudrait également une reddition ukrainienne explicite pour qu’il serve de base pour une déclaration de victoire. Ça ne viendra pas.

En revanche, Zelensky a été clair sur ce qu’il entend par victoire politique. Au minimum, les forces russes doivent se retirer à la position du 23 février. De préférence, les enclaves de Donetsk et de Lougansk seraient renvoyées en Ukraine. La Crimée devrait être en jeu en principe, même si, politiquement et militairement, ce serait plus exagéré.

Pour mettre tout cela hors de portée de l’Ukraine et sceller les gains de la Russie, Poutine pourrait offrir un cessez-le-feu sur la base de la répartition actuelle des forces. Ce pourrait être un habile stratagème de propagande, bien que l’offre serait rejetée. La perspective militaire pour les Russes, par conséquent, est d’un conflit saccadant, (bégaiement) durable pendant un certain temps sans conclusion définitive. Cela imposera de lourdes exigences aux forces russes, car elles devront faire face à une insurrection croissante dans les zones occupées et à une longue file d’attente pour se défendre contre les forces ukrainiennes. Ils espèrent qu’ils obtiendront peut-être encore une conclusion négociée, non pas parce que l’Ukraine capitulera, mais parce que ses bailleurs de fonds occidentaux se lasseront de la guerre et des coûts élevés qu’elle impose à leurs économies.

En cela, comme avec sa stratégie initiale sur le premier jour de la guerre, Poutine a sous-estimé la résilience de ses adversaires. Depuis la visite du chancelier allemand Olaf Scholz, du président français Emmanuel Macron et du Premier ministre italien Mario Draghi à Kiev le 16 juin, puis par le Conseil européen, les réunions du G7 et de l’OTAN qui ont toutes donné lieu à des déclarations retentissantes de soutien à l’Ukraine. Les engagements ont maintenant été pris au point où une défaite ukrainienne ressemblera à une défaite de l’Otan.

Néanmoins, nier une victoire russe n’est pas la même chose qu’une victoire ukrainienne. Une guerre prolongée signifie des difficultés persistantes et une reprise retardée, en plus du risque de déclin du soutien international et de la pression de compromis. Prudemment, les pays occidentaux se préparent pour le long terme. Ils peuvent également noter les problèmes de développement de l’économie russe. Mais ils préféreraient que cela ne se transforme pas en un test d’endurance compétitif. C’est pourquoi, en plus du renforcement du soutien politique à l’Ukraine, il y a eu une augmentation du soutien militaire. De nouveaux équipements vitaux arrivent après une période difficile au cours de laquelle les forces armées ukrainiennes ont senti leur manque de puissance de feu. Cela suffira-t-il à renverser la vapeur?

La bataille dans le Donbass a été difficile, les Ukrainiens reconnaissant de lourdes pertes alors qu’ils tenaient obstinément le terrain. Stratégiquement, cette défense était logique, car les Russes ont également payé un prix élevé pour prendre des quantités relativement petites de territoire. Tout autre progrès a été retardé, ce qui était important en raison du temps qu’il fallait pour que l’équipement de l’Ouest atteigne les lignes de front. Kyiv a également utilisé ses pertes pour exhorter les donateurs à agir plus rapidement (bien que cette poussée comportait des risques, car elle pouvait encourager l’opinion que les Ukrainiens perdaient et ne pouvaient pas soutenir la lutte).

Cette étape de la guerre est maintenant presque terminée, avec les Russes maintenant à Lysychansk, cherchant à compléter l’occupation de Lougansk. Stratégiquement, la campagne de Lougansk a été importante pour les Russes pour trois raisons. Premièrement, pour soutenir la revendication russe à la région du Donbass. Jusqu’à présent, après des semaines d’efforts, cette campagne a permis à la Russie de prendre un peu plus du pays en plus de ce qui a été saisi les premiers jours de la guerre. Le deuxième objectif était de piéger les forces ukrainiennes. Igor Girkin, qui, comme il a été mentionné dans un article précédent, a une responsabilité dans toute cette tragédie, mais a également été très critique (d’un point de vue nationaliste dur) de la conduite de la guerre russe, est resté en contact avec les développements dans le Donbass. Il a signalé récemment qu’à la suite de son évacuation prudente, les forces ukrainiennes ont préservé « la majeure partie de leur main-d’œuvre expérimentée », en poursuivant ainsi : « Créer un « chaudron » avec une destruction complète du groupe ennemi Severodonetsk-Lysychansk n’a pas été réalisé malgré tous les efforts et les pertes très sensibles (au total plus d’un mois et demi) ».

Le troisième objectif était de soutenir le discours du Kremlin selon lequel l’élan de la guerre se dirigeait vers la Russie, de sorte que le soutien occidental à l’Ukraine serait futile et coûteux. Jusqu’à présent, cela n’a pas eu l’effet escompté.

Dans ses commentaires, le général américain à la retraite, Michael Ryan, a souligné que la Russie fait maintenant face au choix important de se concentrer sur Donetsk ou de consacrer plus d’efforts à la défense de Kherson, où l’Ukraine a fait ses propres avancées. L'armée russe a fait des progrès à Lougansk en adoptant des tactiques beaucoup plus prudentes que celles exposées dans les premières semaines de la guerre. Elle a utilisé l’artillerie, la principale zone d’avantage comparatif de la Russie, pour battre les positions ukrainiennes jusqu’à ce que les défenseurs soient trop faibles pour s’y accrocher. Il y a peut-être encore des zones dans le Donbass où les Russes pourraient chercher d’autres gains, mais les zones évidentes sont bien défendues.

Dans cette deuxième étape de la guerre, les forces russes n’ont pas pu compter autant sur la manœuvrabilité en raison des pertes de véhicules blindés. Ils ont cherché à compenser leurs pertes avec des véhicules des réserves, y compris, comme on l’a largement rapporté, des chars d’époque qui étaient utilisés dans les années 1960. La production de nouveaux réservoirs pourrait être interrompue en raison du manque de composants clés, comme les micro-puces, qui proviennent de l’Ouest et qui sont maintenant sanctionnées.


La Russie semble également manquer de stocks d’armes de précision, comme en témoignent certaines de ses récentes frappes à longue portée. Il est probable, par exemple, qu’ils n’avaient pas l’intention de l’attaque mortelle sur le centre commercial de Kremenchuk, et avaient plutôt une cible proche à l’esprit, qu’ils ont également échoué à détruire. Cela a démontré, outre l’inexactitude de ses armes, la négligence générale de la Russie en ce qui concerne les dommages collatéraux et leur incapacité à assumer la responsabilité des erreurs (comme toujours, suggérant que pour une raison quelconque, les Ukrainiens ont fait cela à eux-mêmes). À l’occasion de la réunion du G7, celui-ci a contribué à accroître le soutien à l’Ukraine, rappelant aux dirigeants pourquoi il est important que la Russie échoue.


Leur réaction aux pertes de troupes passées a été de se démener pour trouver plus de soldats là où ils le pouvaient. Une option pour Poutine serait d’annoncer une mobilisation générale, mais il a été réticent à le faire parce qu’il sait à quel point un tel mouvement serait impopulaire. Il y a des signes de lacunes dans l’appel actuel des conscrits, même s’ils ne sont pas censés être envoyés au front. Au lieu de cela, le but est d’encourager les conscrits, et toute personne ayant une expérience militaire, à passer un contrat avec l’armée, souvent pour une récompense financière. Il y a des preuves anecdotiques que beaucoup de ceux qui ont été au cœur des combats ont cherché des moyens de se retirer de leurs contrats.


Selon l’analyste militaire Michael Kofman, les commandants russes sont de plus en plus dépendants des forces de combat de première ligne des enclaves dans le Donbass, des mercenaires du Wagner Group, des bénévoles et des bataillons de la Réserve avec des militaires récemment engagés. Les combats pour Severodonetsk ont été en grande partie entrepris par des unités de Lougansk, qui semblent avoir terriblement souffert dans le processus, et peuvent maintenant comprendre qu’ils sont utilisés comme chair à canon par les Russes. Kofman suggère que d’autres unités sont utilisées pour des manœuvres offensives, les plus aptes étant déplacées « autour du champ de bataille pour tenter des avances localisées ».

Le problème ukrainien est différent. Sans doute ont-ils subi de lourdes pertes, bien qu’on ait trop insisté sur le fait que Zelensky se plaignait de perdre 100 à 200 hommes par jour. C’était au plus fort de la bataille de Severodonetsk, alors que l’artillerie russe prenait un lourd tribut. Il n’a pas laissé entendre que les pertes de ce genre étaient routinières. Comme c’est souvent le cas au début d’une guerre, ce sont leurs unités les plus expérimentées qui ont le plus souffert et il faudra du temps pour les remplacer. Mais la mobilisation de l’Ukraine ne manque pas de personnel et la motivation reste élevée. Contrairement aux Russes, ils se battent pour leur patrie. Il serait encore imprudent de jeter les réservistes dans des batailles pour lesquelles ils sont mal préparés.

Dans la première étape de la guerre, l’Ukraine s’est appuyée sur les systèmes de l’ère soviétique, complétés par des fournitures occidentales d’armes antichars et de défense aérienne. Il y a de nouveaux approvisionnements d’anciens systèmes, comme les chars T-72, qui sont bien connus et qui ont été fournis par d’autres pays de l’ancien Pacte de Varsovie, que les Ukrainiens peuvent mettre en service rapidement.

Dans le domaine critique de l’artillerie, leurs problèmes ont été des pénuries de pièces et de munitions, avec des rapports de dépassement de dix pour un. Ils utilisent de vieux systèmes soviétiques avec des obus d’artillerie de 152 millimètres. La norme de l’OTAN est de 155 mm. D’autres pays de l’ancien Pacte de Varsovie ont fouillé dans leurs stocks, mais on ne sait pas encore dans quelle mesure on peut en trouver davantage. C’est pourquoi les Ukrainiens insistent tant sur la nécessité de pièces d’artillerie modernes. De leur point de vue, les pays de l’OTAN ont réagi tardivement. Les systèmes ont été identifiés, la formation est en cours, et les premiers éléments ont maintenant atteint les premières lignes où leur impact commence à se faire sentir.

Des systèmes tels que les obusiers français Caesar montés sur camion, qui peuvent monter des attaques puis s’en éloigner à grande vitesse, et le système de roquettes d’artillerie à haute mobilité M142 US (Himars), actuellement avec une portée de 70 kilomètres (les munitions de rechange ont une portée plus longue, bien qu’elles n’aient pas encore été fournies) commencent à avoir un impact. Ceux-ci ont non seulement deux fois la portée des anciens systèmes, mais une précision plus grande. Les drones continuent de jouer un rôle important dans le repérage des cibles. Une nouvelle capacité importante que les États-Unis fourniront est le NASAMS, un système avancé de missiles sol-air, qui devrait réduire davantage la menace des avions et des missiles russes.

Les deux parties doivent donc s’adapter. C’est une simplification exagérée, mais les Russes semblent devenir une armée du XXe siècle alors que les Ukrainiens deviennent une armée du XXIe siècle. Le processus d’adaptation ukrainien prendra plus de temps, mais la perspective est d’une force beaucoup plus compétente.

Le stade actuel de la guerre est mieux compris comme transitoire. Les Russes explorent les possibilités d’avancer, mais se préparent à défendre, tandis que les Ukrainiens se préparent pour les contre-offensives. J’ai généralement essayé d’éviter les prédictions parce que la guerre est une affaire incertaine, les erreurs tactiques peuvent faire une différence substantielle quel que soit l’équilibre sous-jacent des forces, et tout semble prendre plus de temps qu’il ne devrait. Je n’ai pas non plus de connaissance particulière de l’esprit des commandants supérieurs russes ou ukrainiens.

Je me limiterai donc à trois points concernant la prochaine étape de la guerre.

Premièrement, une priorité pour les deux parties est maintenant d’éliminer la capacité ennemie.

Une partie de la frustration pour l’Ukraine jusqu’à présent a été son tir limité de contre-batterie, qui a miné sa capacité à traiter avec l’artillerie russe. Avec l’arrivée des nouveaux systèmes d’armes, ils devraient pouvoir frapper l’artillerie russe. Les cibles les plus précieuses, cependant, peuvent être les dépôts de munitions russes, et il y a eu des rapports réguliers au cours de la dernière semaine de ces coups. Avec le temps, cela dégradera l’efficacité de l’artillerie russe.

Pour leur part, les Russes sont également impatients de trouver le kit ukrainien entrant (y compris ses stocks de munitions) et de l’éliminer avant qu’il ne puisse faire trop de dégâts. Cela nécessite à la fois une bonne intelligence et des systèmes précis. Les Ukrainiens font de grands efforts pour dissimuler les armes et les munitions, les déplacer régulièrement et les distribuer en petits paquets. Mais quand vous n’avez que quelques pièces de longue portée, même si individuellement elles sont plus capables que leurs équivalents russes, la perte de quelques-unes pourrait faire une grande différence.

Deuxièmement, les tactiques ukrainiennes ne reproduiront pas celles des Russes en ce qui concerne la prise de territoire.

Les Russes ont avancé en détruisant les zones qu’ils veulent occuper. Certaines des régions que l’Ukraine souhaite reprendre ont déjà été détruites et dépeuplées, et ici les tactiques peuvent être similaires. Mais d’autres régions, y compris la ville vitale de Kherson, sont relativement indemnes, et les Russes ont basé l’artillerie là-bas. Bien que la ville soit à portée d’artillerie pour l’Ukraine, ils ne voudront pas détruire des zones civiles. Ils devront donc utiliser des tactiques différentes : tirer le meilleur parti de la précision de leurs nouvelles armes en se concentrant sur les lignes de ravitaillement, les bases et les centres de commandement; faire des avancées opportunistes; et utiliser des tactiques de guérilla dans la ville contre les forces d’occupation, laissant les troupes russes incertaines de l’origine de la prochaine attaque. Politiquement, Zelensky voudra montrer à son peuple et à ses donateurs que l’Ukraine peut récupérer le territoire perdu et commencer à porter la guerre aux Russes. Par conséquent, les rapports que l’Ukraine a été frappé à une base russe par l’aéroport dans la ville de Melitopol.

Une démonstration tangible de la différence que les nouveaux systèmes peuvent faire a été vue dans la bataille pour la petite île Snake dans la mer Noire, non loin du continent ukrainien. La Russie s’en est emparée au début de la guerre. Les Russes ont apporté des systèmes de défense aérienne sur l’île. Le 29 juin, après la destruction d’un remorqueur russe qui transportait des armes et du personnel, un missile et de l’artillerie ukrainienne ont détruit les systèmes de défense aérienne déployés sur l’île. Ce n’était pas vraiment une surprise. La vulnérabilité de l’île à la force d’artillerie était évidente depuis un certain temps et il était étrange que les Russes aient continué à y mettre des hommes et de l’équipement. Le 30 juin, les Russes se sont inclinés devant l’inévitable et ont annoncé une retraite de l’île, la décrivant, un peu boîteusement, comme un « geste de bonne volonté » (une revendication semblable a été faite lorsqu’ils se sont retirés du nord).

Troisièmement, il est peu probable que les Russes continuent de se battre s’il devient évident qu’ils seront probablement vaincus.

Une leçon de l’épisode de Snake Island, ainsi que le retrait de Kiev, est que les commandants russes peuvent reconnaître quand ils sont dans une position perdante et se retirer plutôt que de prendre des sanctions inutiles. Parce que nous avons traversé une période de lentes et grinçantes avancées de la Russie, il y a une tendance à supposer que l’Ukraine devra également surmonter une défense russe tenace, et que la troisième étape peut ressembler à la deuxième, sauf avec les rôles inversés.

Ce n’est pas aussi évident que cela peut paraître. Non seulement les tactiques ukrainiennes seront probablement différentes, mais s'ils commencent à être repoussés, les Russes devront décider combien ils veulent vraiment conserver leur territoire au détriment de la préservation de ce qui reste de leur armée. Si le commandement russe ne voit que des tendances défavorables, il pourrait considérer la nécessité à long terme de maintenir ses forces armées pour faire face aux menaces futures autres que l’Ukraine. La Russie ne peut pas se permettre de reculer d’un pouce à l’autre jusqu’à la frontière et de subir des pertes. À un moment donné, elle devra peut-être réduire ses pertes. Ce serait le moment où les commandants russes pourraient exhorter Poutine à engager des négociations sérieuses (par exemple, relancer les propositions antérieures sur une forme de neutralité en échange d’un retrait complet) pour fournir une couverture politique pour leur retrait.

Quant à savoir si nous en arriverons ou non à cette étape, c’est une autre histoire. Le défi pour l’Ukraine est de prendre de l’élan, au point où il n’y a pas de moyen facile pour les Russes de renverser la vapeur. C’est difficile parce que les Ukrainiens devront avancer par des moyens qui n’impliquent pas uniquement des attaques directes sur les positions russes. Au cours des prochaines semaines, nous devrions savoir si l’Ukraine peut commencer à prendre l’initiative et à imposer ses propres priorités à la Russie plutôt que l’inverse, et dans quelle mesure les Russes sont en mesure de répondre à l’amélioration constante des capacités ukrainiennes. Si les forces ukrainiennes prenaient de l’élan, la situation pourrait évoluer en leur faveur très rapidement. Les Ukrainiens peuvent-ils gagner? Oui. Les Ukrainiens vont-ils gagner ? Pas encore clair, mais la possibilité ne devrait pas être écartée.

Lawrence Freedman (Prof Emérite « War Studies » au King’s College, Londres), New Statesman

 

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