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5 juillet 2022 2 05 /07 /juillet /2022 07:47

130 jours de guerre, plus de 40 fois plus que les trois jours annoncés par M. Poutine en lançant une « opération spéciale » destinée à conquérir Kiev, « dégommer » le gouvernement « illégal, formé de nazis drogués » et pour lancer la dénazification et la démilitarisation de l’Ukraine. Et ce n’est pas demain la veille de son arrêt. Que s’est-il passé

Réflexions sur une guerre pour détruire

Tout d’abord les faits. Le plan de bataille de l’armée russe étant simple - utiliser l’artillerie lourde, les fusées et les bombardements pour tout détruire et faire fuir les habitants-  les résultats sont là :

  1. Mesurée en superficie, la quantité de logements détruits équivaut à 5% des maisons et appartements du pays. Jusqu’à 105 000 véhicules ont été détruits, et la guerre a ravagé quelque 14 % des routes de l’Ukraine. L’Ukraine a perdu plus d’un cinquième de ses établissements de santé. (Kiev School of Economics, 08.06.2
  2. L’industrie lourde ukrainienne du Sud et Sud-Est du pays est pratiquement intégralement détruite (acier, charbon, chimie, transport, etc.,) conduisant à une crise mondiale de certains produits (engrais,  par exemple) tandis que son agriculture est empêchée d’exporter des dizaines de millions de tonnes de céréales conduisant à une crise mondiale de l’alimentation ; ce qui suggère fortement que ce que Moscou cherche à accomplir par ces destructions est le démantèlement, pur et simple, de l’Ukraine en tant qu’État national fonctionnel quel qu’en soit le coût ; il s’agit d’une stratégie qui se reflète dans l’anéantissement des infrastructures, l’élimination de l’industrie, les attaques qui ont ciblé les sites culturels et/ou de santé, l’exode massif intentionnel des Ukrainiens et la démoralisation de la population ukrainienne restante
  3. L’armée russe aurait perdu, à ce jour, cependant :
  4.  
  5. Elle aurait «consommé» env. 25% de ses effectifs totaux car le nombre total des soldats (décédés ou blessées) retirés des effectifs engagés en Ukraine  se trouve à un minimum de 75.000 (Le Point 17.06.22)
  6. La Russie qui détenait, déjà, 14% du territoire de l’Ukraine (Crimée, une partie de Donbass) n’a réussi, à ce jour, qu’á ajouter encore env. 4% du territoire de l’Ukraine qui se voit dépossédée (temporairement ?) de, presque 1/5ème de son territoire (T. Radakin, Chef d’Etat Major des Armées Britanniques).

La Russie est en train de perdre. Après plus de quatre mois de guerre, les fronts ont peu bougé en Ukraine ce qui fait que, probablement, l'armée russe a changé ses objectifs comme ses angles d'attaque : occuper intégralement la Donbass semble être la victoire « d’étape » qui permettrait à M. Poutine de faire une pause. Négociations ? Cessez-le-feu ?

A moins que la guerre ne soit prolongée, pour le Kremlin, le statu quo risque d’être inacceptable. Non seulement l’armée russe n’a pas atteint la plupart de ses objectifs, mais l’Ukraine continue de se rapprocher militairement, économiquement et politiquement de l’Occident. De plus, si elle est équipée d’armes modernes de l’OTAN - artillerie, chars, avions de chasse, missiles antinavires, l’Ukraine semble pouvoir repousser les envahisseurs russes en quelques mois, sinon en quelques semaines. Et puis, le réservoir de soldats ukrainiens (quel qu’en soit leurs grandes pertes -200/jour) recrutés dans une population entièrement disposée à défendre sa patrie, dépasse largement les capacités de « mobilisation » déguisée de la Russie.

Même si l’aide de l’Occident, qui n’est pas à la hauteur des besoins ou des promesses faites, ralentit, les Ukrainiens limiteront probablement la  conquête russe au Donbass et dans le Sud. Je veux dire l’aide de l’Europe de MM Scholz, Macron et autres qui est loin de celle américaine : une vingtaine d’avions américains de transport militaire atterrissent tous les jours sur l’aérodrome polonais de Rzeszow chargés d’armes de pointe, contre lesquelles Moscou a peu de chances d’obtenir une avancée militaire efficace, d’autant plus que tous les experts mentionnent la pénurie de munitions de la Russie.

L’hypothèse, donc, d’une reprise des gains territoriaux de la Russie, en signalant au monde que M. Poutine a perdu, pourrait ne sembler pas être hors de portée pour l’Ukraine : la reprise de l’Ile des Serpents en Mer Noire est un exemple récent. M. Poutine aura, de plus, à « avaler » le fait que l’OTAN vient d’inviter la Finlande et la Suède à la rejoindre puisqu’elles l’ont demandé.

Mais l’Europe, et même une partie des Etats Unis commencent à être fatigués de la guerre en Ukraine, ainsi que des répercussions sur des économies chancelantes à peine sortie de la crise due á la pandémie. Des gens sérieux, parmi lesquels Henry Kissinger, Emmanuel Macron, ou John Mearsheimer sont en train  d’exhorter l’Occident à faire pression pour un règlement de paix, même s’il s’avère nécessaire de faire des concessions territoriales ukrainiennes – les territoires saisis par la Russie depuis le début de l’invasion.  De plus en plus  Paris, Rome, ou Berlin, plaident un faux conseil de réalisme politique. Pourquoi?

Parce que l’hypothèse qu’une victoire limitée récompenserait la Russie par des gains territoriaux obtenus par son invasion et conduirait à une paix durable. Mais si on se souvient  des déclarations de M. Poutine au cours des deux dernières années son but ultime n’est pas un réajustement limité des frontières datant de l’empire Austro-Hongrois mais l’abolition totale de l’État ukrainien et son absorption complète dans une Grande Russie revigorée militairement. Et personne ne demande aux promoteurs d’une paix des braves (?!) pourquoi M. Poutine oublierait la Moldavie ou les Pays Baltes ? Tout en se souvenant du Mémorandum de Budapest (1994) quand l’Ukraine a renoncé à ses armes nucléaires en faveur d’une garantie de la Russie (!), des Etats Unis et de l’Angleterre contre une éventuelle agression mettant en cause sa souveraineté. C’est dans ce contexte que M. Macron plaide pour que l’on n’humilie pas M. Poutine. Ce qu’il dit c’est que les conditions sévères imposées à l’Allemagne après sa capitulation en 1918 avaient été «une erreur historique» parce que la France voulait humilier l’Allemagne» et que cela a conduit au 39/45. Et il laisse entendre que si la Russie n’est pas traitée avec indulgence maintenant, elle commettra des crimes bien pires à l’avenir, tout comme l’Allemagne l’a fait pendant la Seconde Guerre mondiale. L’analogie de M. Macron me semble particulièrement hors de propos puisqu’elle suppose que la Russie a déjà perdu la guerre. Il est éclairant de regarder les résultats d’une enquête d’opinion  faites dans dix pays en Europe (8.000 personnes interrogées) :

 

Intéressant, non ? Pays qui ont eu affaire avec la Russie voisine et pays d'Occident qui vivent avec le rêve d'une paix parmanente intégrant la Russie.

J'ai laissé pour la fin l’acteur essentiel, M. Poutine. Que n’a-t-on entendu ? Irréaliste, paranoïaque, voulant restaurer l’empire russe (et/ou l’Union Soviétique), ayant autour de lui des nationalistes russes plus déterminés que lui et voulant, tout de suite, la disparition de l’Ukraine et la défaite de l’Occident. Ce que les commentateurs (comme les dirigeants politiques) laissent de côté c’est que M.Poutine, digne épigone de Joseph Staline, a construit un régime totalitaire sur les cendres démocratiques de la disparition de l’Union Soviétique. Et quand on parle de systèmes totalitaires, qui mieux qu’Hannah Arendt peut nous éclairer  sur le comportement du Chef? Trois  extraits de son livre « Le système totalitaire » (Seuil, édition 1972, p.162, 163, 277) :

Cette liberté qu’il prend par rapport à sa propre idéologie caractérise l’échelon supérieur dans la hiérarchie totalitaire. Ces hommes considèrent toute chose et tout le monde en terme d’organisation ce qui inclut le Chef qui pour eux n’est ni un talisman inspiré ni celui qui a infailliblement raison  mais la simple conséquence de ce type d’organisation ; on a besoin non de sa personne mais de sa fonction et, comme tel, il est indispensable au mouvement. Cependant contrairement aux autres formes despotiques de gouvernement où règne souvent une clique tandis que le despote joue seulement le rôle représentatif d’un souverain fantoche, les dirigeants totalitaires sont réellement libres de faire tous ce qui leur plaît et peuvent compter sur la loyauté de leurs proches, même s’ils décident de les assassiner. La raison plus technique de cette loyauté suicidaire, c’est que la succession à la charge suprême n’est réglée ni par l’hérédité ni par d’autres lois.  Une révolution de palais réussie aurait pour le mouvement dans son ensemble des résultats aussi désastreux qu’une défaite militaire. Il est dans la nature du mouvement qu’une fois que le Chef a assumé sa charge, toute l’organisation s’identifie à lui d’une manière si absolue que tout aveu d’une faute ou tout changement de titulaire, dissiperait le charme d’infaillibilité qui entoure la charge du chef et signifierait la perte de tous ceux qui sont liées au mouvement. Le fondement de la structure n’est pas la véracité des paroles du chefs mais l’infaillibilité de ses actes. …  Ce qui lie ces hommes c’est une croyance ferme et sincère à la toute puissance humaine. Leur cynisme moral, leur croyance que tout est permis repose sur la conviction solide que tout est possible…. Jusqu’à maintenant, la croyance totalitaire que tout est possible semble n’avoir prouvé qu’une seule chose, à savoir : que tout peut être détruit.

Si vous rencontrez M. Macron, offrez-lui le livre d’Hannah Arendt. A Monsieur Kissinger, aussi.

 

 

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14 juin 2022 2 14 /06 /juin /2022 07:41

On vient de l'apprendre, les trois grands de l’Europe (MM. Macron, Scholz et Draghi) vont aller à Kiev pour rencontrer M. Zelenski. Le terrain est préparé… par la télévision russe : 

Et puis SEVERODONETSK - M. Poutine inflige des souffrances indicibles aux Ukrainiens tout en exigeant des sacrifices de son peuple dans le but de s’emparer d’une ville (100.000 habitants, il y en a plus de 30) qui ne vaut pas le prix payé, même pour lui. L’invasion russe de l’Ukraine qui visait à saisir pour contrôler le pays entier, est devenue une offensive désespérée et sanglante pour capturer une seule ville à l’Est tout en défendant des gains importants mais limités dans le Sud et l’Est, où la Russie a commencé à distribuer des passeports russes (?!) ce qui ferait que toute tentative ukrainienne de récupérer le territoire deviendrait "une agression contre la Fédération de Russie." Pervers, non ?

Au fait, que vont-ils dire aux ukrainiens, en se mettant à trois ? Quel est l’état actuel de la guerre ?

La désunion de l’Europe

Cato l’Ancien finissait chaque discours au Sénat romain par le libellé « la Cartage doit être détruite » Je prends le droit de commencer chaque texte concernant la guerre en Ukraine par « M. Poutine a (ou aura) perdu la guerre »

Je sais bien qu’en ce faisant je vais, sans doute, à l’encontre de la vulgate dominante qui, ouvertement ou d’une manière subliminale, nous propose d’admettre que la Russie ne peut pas perdre la guerre. Bigre.

Je garde mémoire des pertes russes en Ukraine qui s’accumulent : 110 jours après le commencement de la guerre elles sont, pour tout dire, impressionnantes et leur évolution pratiquement constante (à peu de choses près, autant de pertes par semaine aujourd’hui qu’au commencement de la guerre) :

A l’intérieur de la Russie, l’attitude envers la guerre change lentement – de plus en plus de militaires refusent d’être envoyés en Ukraine et plusieurs centres de recrutement militaire ont été incendiés dans tout le pays. Par conséquent, cela signifie que, dans le cadre actuel, la guerre ne peut pas être menée avec l’intensité avec laquelle elle a commencé. L’augmentation des pertes parmi les officiers subalternes russes affaiblira probablement davantage les capacités russes et entraînera d’autres problèmes de moral. Le ministère de la Défense du Royaume-Uni a déclaré le 30 mai que les forces russes ont subi des pertes dévastatrices parmi les officiers intermédiaires et subalternes à part une douzaine de généraux (!). La Russie n’a pas réussi d’atteindre ses objectifs en Ukraine en raison d’une mauvaise planification militaire, de problèmes logistiques importants, d’une faible disponibilité opérationnelle au combat et d’autres lacunes, qui ont miné son efficacité militaire. Les faits sur le terrain suggèrent fortement que ce que Moscou cherche à accomplir est le démantèlement pur et simple de l’Ukraine en tant qu’État national fonctionnel, même si l’effort prend des mois, voire des années. Cette poursuite stratégique se reflète dans l’anéantissement des infrastructures, l’élimination de l’industrie, les attaques qui ont ciblé les sites culturels, l’exode massif intentionnel des Ukrainiens et la démoralisation de la population ukrainienne restante. Le 27 mai, le ministère de la Culture a documenté 367 crimes de guerre contre le patrimoine culturel de l’Ukraine, y compris la destruction de 29 musées, 133 églises, 66 théâtres et bibliothèques, et même un cimetière juif centenaire. Ce cimetière à Hlukhiv, Sumy Oblast, qui est un lieu de pèlerinage pour les Juifs, a été frappé par deux missiles russes le 8 mai (Twitter, 27.05.22). Et il est devenu évident, pour le monde entier, que la Russie bombarde les musées, les archives et les théâtres non pas par accident mais d’une manière délibérée. Pour le monde entier, y compris les pays qui ne se désolidarisent pas d’elle, la Russie est maintenant perçue comme une puissance imprévisible et dangereuse qui ne mérite pas tant des négociations que de l’évitement.

Et puis l’économie. (https://project-syndicate.org) : Les données budgétaires récemment publiées par le ministère des Finances de la Russie suggère que M. Poutine peut difficilement se permettre de couvrir les coûts croissants de la guerre. Les données confirment, tout d’abord, que la guerre a été coûteuse, les dépenses militaires ayant augmenté de près de 130% le mois dernier, à 630 milliards de roubles (10,2 milliards de dollars), ou 6% du PIB annuel sur une base proportionnelle. Les données montrent également que la Russie a un déficit budgétaire de plus de 260 milliards de roubles en avril, soit 2,5% du PIB au prorata des chiffres annuels. Alors que les prix mondiaux du pétrole sont très élevés, la Russie a vendu son pétrole à un prix très avantageux pour les acheteurs – acceptant 70 $ le baril pour le brut ouralien ces dernières semaines, soit 30 % de moins que le prix du marché – tandis que la production globale devrait diminuer de 10 % cette année. Entre-temps, les revenus autres que les hydrocarbures ont chuté, de sorte que les taxes sur le pétrole et le gaz représentent plus de 60 % des recettes fiscales, comparativement à moins de 40 % il y a un an.

En face d’elle, la Russie a trouvé (à sa grande surprise ?) une Ukraine qui a l’avantage d’avoir de grandes réserves de main d’œuvre, une armée bien organisée et bien dirigée et il ne fait aucun doute qu’elle est prête à se battre. La nature même de l’invasion russe a engendré une volonté farouche de combattre. Ce dont l’Ukraine en avait besoin. Certes, elle a du mal a faire face au déferlement russe, surtout à son artillerie lourde (souvenons-nous en, le plan de bataille est simple – tout détruire, faire fuir les habitants en vie et conquérir le terrain – la terre brulée vieux concept de l’armée russe depuis la guerre contre Napoléon). Certes, elle ne dispose pas, réellement, d’armes lourdes que des pays européens lui ont promis. Alors ?

Il semblerait que tout ce qu’on peut espérer c’est que la combinaison de revers militaires et de sanctions punitives amène, finalement M. Poutine à modérer les objectifs poursuivis, pour qu’un cessez-le-feu significatif devienne réalisable. Certes, M. Poutine pourrait cyniquement utiliser le cessez-le-feu pour gagner du temps en négociations de mauvaise foi, comme il l’a fait avant le début de l’invasion. Si cela est, Kiev et ses partenaires devraient se préparer à un conflit de longue durée. Quant à espérer un accord de paix…

Aucun accord de paix ne peut se fonder sur l’erreur (« historique et fondamentale » -E. Macron) de M. Poutine. Il a lancé la guerre en s’attendant à ce que l’Ukraine soit incapable de la faire, en croyant que l’OTAN et l’Europe n’arriveraient pas à former un front uni et en calculant mal la puissance économique que les États-Unis pourraient rassembler contre la Russie ou la quantité massive d’armes qu’elle était prête à fournir (un programme de 50 milliards de $ approuvé, déjà, par la Chambre des Représentants et par le Sénat).

Un accord de paix qui fournirait à M. Poutine une sortie « élégante » serait incompréhensible pour les 45 millions d’ukrainiens, vu la destruction de la moitié de leur pays, le nombre de leurs morts et l’avenir sombre d’une reconstruction prenant un siècle.

De son côté, M. Poutine ne peut accepter la paix car elle montrerait son incompétence en lui assurant une mauvaise place dans l’histoire du pays.

C’est dans ce paysage borné par deux impossibilités contradictoires que trois apôtres (ils étaient quatre à l’origine… mais à Munich ils n’étaient que deux, la France s’y trouvait déjà) ont décidé d’aller à Kiev. Pourquoi ?

Les trois (MM. Macron, Scholz, Draghi) vont, donc, voir le Président Zelenski.          

- M. Macron qui ne veut pas humilier M. Poutine.ne pas humilier M. Poutine ? Si un cessez-le-feu (ce pourquoi il plaide) arrive demain ceci veut dire que tout ce que la Russie a obtenu sera parti pour toujours : c’est ce qui s’est passé quand M. Sarkozy a réussi à « arrêter » la guerre en Géorgie… mais deux morceaux (Ossétie) ne sont jamais revenus à la Géorgie, c’est ce qui s’est passé en 2008, c’est ce qui s’est passé en 2014 quand M. Hollande/Mme. Merkel ont obtenu un cessez-le-feu et les accords de Minsk – la Crimée + une partie du Donbass sont restés à la Russie… Alors, les ukrainiens n’en veulent plus et leur lutte pour pousser les russes autant que faire se peut vers les frontières vise cela ; M. Macron veut « sauver la face » de M. Poutine mais il s’agit d’une illusion. Il n’y a pas de de sortie élégante qui ne mènerait pas à un abîme pour M. Poutine. Il ne peut parvenir à un accord de paix tant qu’il n’aura pas démontré – de façon convaincante – que ses échecs initiaux ont été recouvrés. Il doit non seulement paralyser l’armée ukrainienne, mais aussi s’emparer d’une partie importante de l’Ukraine. Et il doit le faire d’une manière qui élimine la guerre économique à laquelle il fait face – autant dire mission impossible !

- M. Scholz qui n’envoie pas d’armes lourdes (bien que promises, urbi et orbi) et retarde tout, autant que faire se peut, en jouant le deuxième violon avec    M. Macron ; au grand dam d’une partie du monde politique allemand et, surtout, de ses partenaires dans la coalition de gouvernement ; pendant trente ans, les Allemands ont fait la leçon aux Ukrainiens sur le fascisme ; lorsque le fascisme est arrivé, c’est les Allemands qui l’ont financé et les Ukrainiens sont morts en le combattant ; on ne sait pas qui va gagner la guerre en Ukraine, mais une nation a déjà subi une immensurable perte de prestige : l’Allemagne ; les dirigeants politiques et commerciaux de la plus grande économie d’Europe n’ont pas seulement tardé à fournir aux Ukrainiens l’aide dont ils ont désespérément besoin, mais pour ce qui est de leurs relations avec la Russie, ils ont été dénoncés comme étant au mieux naïfs - et au pire complices ; la crise du leadership allemand s’est aggravée lorsque Olaf Scholz  a affirmé tenir sa promesse d’envoyer des armes en Ukraine, mais le tabloïd Bild a révélé qu’il avait secrètement refusé tous les équipements lourds demandés par Kiev ; après que Scholz eut rayé les chars et l’artillerie de la liste, une aide d’un milliard d’euros avait été réduite de plus des deux tiers ;

- et M. Draghi qui a concocté un plan de paix (que personne ne lui a demandé) et qui suppose que l’Ukraine accepte de renoncer aux territoires actuellement détenus par la Russie de M. Poutine…

Et ils se mettent à trois pour tenter de convaincre l’Ukraine à accepter la destruction de la moitié du pays, de récompenser l’agresseur pour l’ignominie de ses agissements et, éventuellement, d’attendre quelques années pour qu’il recommence. Ce que cela veut dire c’est que les trois grands de l’Europe font mine de ne pas comprendre que géopolitiquement la Russie n’a pas réussi à prendre le contrôle de l’Ukraine ou à diviser l’OTAN. Le fait politique est que M. Poutine a échoué. Il ne peut pas atteindre ses objectifs stratégiques. Il vient de subir l’élargissement de l’OTAN (Suède et Finlande) en une force solide qu’elle n’a pas eue depuis très longtemps

Ce faisant, de plus, ils certifient la désunion de l’Europe : d’un côté, les pays de l’Est et les pays baltiques, tous vent debout contre la Russie (dont, tous, ont connu le joug pendant plus de 50 ans) et de l’autre, l’Europe de l’Ouest (sans l’Espagne socialiste) pour laquelle la vieille lune du Général (l’Europe de l’Atlantique à l’Oural) est encore de mise pour faire pièce aux Etats Unis.

Alors ? Les guerres ne se terminent que de deux façons : quand une partie impose sa volonté à l’autre, d’abord sur le champ de bataille, puis à la table des négociations, ou quand les deux parties adoptent un compromis qu’elles jugent préférable au combat. En Ukraine, aucun des deux scénarios ne peut se concrétiser actuellement. Le conflit, par l’incapacité de la Russie et le réveil d’une population ukrainienne que rien ne laissait entrevoir, est devenu une guerre d’usure. Sur le plan diplomatique, les Ukrainiens ont peu d’intérêt à accepter l’occupation russe de larges pans de leur territoire. M. Poutine, n’a guère intérêt à accepter quoi que ce soit qui pourrait être jugé comme une défaite.

La conclusion incontournable est donc que cette guerre se poursuivra — et que j’aurai, encore, l’occasion d’écrire que M. Poutine a (aura) perdu la guerre.

 

 

 

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3 juin 2022 5 03 /06 /juin /2022 14:24

A suivre ce qui se passe en Ukraine, au jour le jour, on perd – d’une certaine manière - la vue d’ensemble. On a compris, à présent, que la guerre en Ukraine, en réalité, préfigure la guerre en Europe. Même plus, l’Europe est en guerre. Avec le courage de la Pologne et des pays baltes qui, comprenant les enjeux, assurent un partenariat d’aide évident à l’Ukraine et avec l’esprit de Munich (pour faire simple) des deux plus grands pays de l’Europe, l’Allemagne et la France. Et nous sommes 100 jours après que tout a commencé. Un bilan ?

La barbarie en marche

Pour une fois je commence par la conclusion, évidente depuis des semaines : une mauvaise armée a reçu l’ordre de faire quelque chose de stupide. En clair, occuper deux tiers de l’Ukraine en quelques jours, « dénazifier » une grande partie de ses 45 millions d’habitants, la démilitariser et empêcher son adhésion à l’OTAN et/ou à l’Union Européenne. Comment ? En utilisant le concept de base des armées russes depuis le 19ème siècle - tout détruire sur son chemin à l’aide de la force brute de l’artillerie lourde (et depuis la deuxième guerre mondiale) les bombardements et les fusées, visant, surtout, les infrastructures immobilières civiles pour faire fuir les habitants ou les ensevelir dans les décombres.

Le résultat ? Rien ne parle mieux que la comparaison de la situation au commencement de la guerre avec celle d’aujourd’hui, 100 jours après :

Regardez les prises de terrain en Ukraine de l'armée russe au 25 février et la situation actuelle, 100 jours après. En ayant présent à l’esprit qu’entre les deux dates l’armée russe a perdu :

Tout ça pour ça ? Avant le commencement de la guerre, la Russie détenait indirectement (par supplétifs commandés - une partie de la population russophone ayant créé deux républiques fantoches au Donbass) et directement (après avoir occupé et puis annexer la Crimée) environ 15% (Crimée et Donbass presqu’en totalité) du territoire de l’Ukraine. 30.000 morts (soldats) plus tard et, grosso-modo, probablement 60 à 70.000 blessés (soit la moitié des 200.000 soldats lancés dans une guerre pour laquelle ils n’étaient pas préparés) la Russie détient, aujourd’hui, environ 20% du territoire de l’Ukraine.

Depuis que j’ai commencé à écrire sur la guerre en Ukraine (l’Europe en guerre) je n’arrête pas de dire que M. Poutine a perdu sa guerre. Je précise que, par rapport aux objectifs imposés comme buts de guerre à ses armées, il n’a -pratiquement- rien obtenu. Et pourtant, des voix en Europe (et pas des moindres) s’efforcent de nous convaincre que (a) l’Ukraine ne peut pas gagner la guerre et que (b) il faut trouver une sortie honorable pour M. Poutine (pour la Russie) pour leur éviter « l’humiliation »

Cela étant, la Russie continue. Ce qui est incompréhensible c’est qu’elle continue de ruiner la viabilité économique des régions qu’elle a capturé. L’armée russe vient de détruire l’usine de production d’engrais « azotés » à Severodonetsk le 31 mai ce qui a provoqué la diffusion de fumées toxique d’acide nitrique. L’usine était une ressource économiquement importante pour Severodonetsk et la région de Lougansk et il aurait été prudent de l’épargner et de prendre le contrôle des capacités de production car l’Ukraine est un des grands producteurs d’engrais. Ils ont fait de même en détruisant l’aciérie d’Azovstal à Mariupol, qui avait une importance industrielle considérable pour l’Ukraine et aurait pu être exploitée économiquement par les occupants russes. Ce qui paraît imbécile ce n’est que la conséquence du concept de base de l’armée russe « tout détruire sur son chemin à l’aide de la force brute de l’artillerie lourde »

La Russie continue mais le temps presse pour une nouvelle offensive car l’armée ukrainienne tentera de maintenir/accroître l’avantage obtenu à ce jour et d’aller de l’avant. L’Ukraine agira, probablement, rapidement dans les prochaines semaines, car le moral de la population est excellent. Certes, chaque semaine de statu quo détériore la situation économique de l’Ukraine et pourrait causer des milliers de morts civiles. Mais elle est en train d’obtenir (de ses partenaires occidentaux) des armes de plus en plus lourdes et efficaces auxquelles la Russie n’a pas grand-chose à opposer, à l’exception de fusées hyper barriques ou des missiles de croisière (qui coûtent 1,5 millions d’euros pièce). En clair, la Russie n’a peut-être aucun moyen d’accroître considérablement sa pression militaire sur l’Ukraine. Car pendant ce temps, les pertes s’accumulent, et à l’intérieur de la Russie, l’attitude envers la guerre change lentement – de plus en plus de militaires refusent d’être envoyés en Ukraine, et plusieurs centres de recrutement militaire ont été incendiés dans tout le pays. De plus, l’élément humain affecte, déjà, les capacités de l’armée russe : remplacer les, environ, 100.000 soldats sortis de la guerre (morts et blessés) avec quelques 20.000 mercenaires syriens, le groupe Wagner ou des tchétchènes ne fait qu’augmenter l’insubordination parmi les troupes et, partant, l’inefficacité opérationnelle de l’armée. Un rappel : la perte d’environ 1.400 chars d’assaut veut dire la perte de 6 à 7.000 tankistes. Et si la Russie a encore des tanks (surtout en prenant ceux de la Biélorussie soumise à M. Poutine pour les amener en Ukraine) elle risque de manquer de tankistes.

De plus, pour augmenter le nombre de soldats en Ukraine la Russie devrait décréter une mobilisation ce qui l’obligerait à changer le nom de son opération militaire spéciale actuelle en guerre contre l’Ukraine. Mot proscrit par M. Poutine.

Et puis l’économie. En partant de la conclusion qui figure dans le commencement de ce texte on peut, sans risquer de se tromper beaucoup, que ce n’est pas toujours dimanche en Russie. Surtout si on se souvient que plus de 1.000 sociétés étrangères (et pas des moindres – comme Renault qui employait plus de 150.000 personnes ou McDonald -30.000 personnes) ont déjà quitté la Russie et que les 70% des produits de consommation courante qui venaient de l’étranger viendront de moins en moins. Plus de la moitié (50,2%) des entreprises étrangères ont déjà annoncé leur retrait du marché russe, 21,2% ont réduit leurs opérations actuelles et retenu de nouveaux investissements. (Kyiv School of Economics). De plus, des branches entières de l’industrie manufacturière (automobile, aviation, exploitation minière, y compris la fabrication de tanks) sont en train de s’arrêter faute de composants (surtout électroniques) venant de l’Ouest – Prof. N. Zubarewitch, Université de Moscou, 19.04.22.

Non, ce n’est pas toujours dimanche pour cette pauvre Russie que M. Poutine, sujet sans doute, à un rêve de grandeur, vient de se transformer, rapidement, en paria de la communauté mondiale des pays développés. Ce qu’elle sera pour les années à venir.

Et c’est dans ce paysage sombre, que M. Poutine s’est créé tout seul, qu’une partie de l’Europe vaut lui sauver la face ! Pour ne pas l’humilier.

D’un côté, le Chancelier allemand qui, tout en protestant en public de sa solidarité avec l’Ukraine, a retardé/réduit les fournitures d’armes (mais il a livré de fusées anti-char datant de1970 –stocks de l’Allemagne de l’Est avant la réunification) mais promet d’en livrer en juillet des armes lourdes …

D’un autre côté, le positionnement de la France, qui appelle encore à la négociation avec la Russie, n'est-il pas celui déjà pris pour les accords de Munich, avec la suite que l'on sait ? En clair, qu'attend réellement notre Président d'une négociation dans laquelle l'une des parties n'a aucune demande légitime ? Entre l’Ukraine agressée et la Russie qui détient illégalement une partie du territoire de son voisin quelle est la ligne de partage à laquelle la France voudrait arriver ? Il ne nous l’a pas encore dit. Curieux, non ?

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2 juin 2022 4 02 /06 /juin /2022 15:29
En suivant, au jour le jour, ce qui se passe en Ukraine on oublie, il me semble, le pourquoi du comment. Car, enfin, ce que M. Poutine a fait, par delà le crime pire qu’une erreur, restera non seulement une tâche indélébile sur la réputation de la Russie mais, partant, pourra changer le comportement des pays qui voudraient disposer d’une arme nucléaire ou celui des pays qui en ont et qui ne voudront pas en renoncer. Même si des « assurances » leur sont données par de grandes puissances nucléaires.

By Steven Pifer | June 1, 2022 Bulletin of Atomic Scientists (thebulletin.org)

On June 1, 1996, two trains arrived in Russia transporting the last nuclear warheads that had been deployed in Ukraine when the Soviet Union collapsed. That concluded the process in which Kyiv gave up what was then the world’s third-largest nuclear weapons arsenal—exceeding Britain, France, and China combined. The Ukrainian government did so in large part because of Russia’s assurances that it would respect Ukraine’s sovereignty and territorial integrity, and refrain from the use of force against Ukraine.

Twenty-six years later, Russia is more than three months into a massive invasion of Ukraine. This has understandably led Ukrainians to question the wisdom of giving up those nuclear arms, and Vladimir Putin’s war has dealt a blow to future efforts to arrest nuclear proliferation.

Ukraine’s path to denuclearization. When the Soviet Union collapsed at the end of 1991, Ukraine found itself with about 4,400 nuclear warheads on its territory—1,900 strategic and 2,500 non-strategic or tactical warheads—as well as the SS-19 and SS-24 intercontinental ballistic missiles (ICBMs) and Blackjack and Bear bombers to deliver the strategic warheads. Russia quickly arranged the transfer to its territory of Ukraine’s non-strategic weapons, which was completed in May 1992. But the strategic weapons remained.

The government of then-newly-independent Ukraine was inclined to become a non-nuclear weapons state. Ukraine’s July 1990 declaration of state sovereignty said that the country would not accept, produce, or purchase nuclear arms. But, before giving final assent to their removal, Ukrainian officials set out a number of questions to be addressed. First, nuclear weapons were viewed as conferring security benefits, and Kyiv sought guarantees or assurances for its security after they were gone. Second, Ukrainian officials wanted compensation for the value of the highly-enriched uranium contained in the warheads. Third, as a successor to the Soviet Union for purposes of the 1991 Strategic Arms Reduction Treaty (START), Ukraine would have to eliminate the ICBMs, ICBM silos, bombers, and other nuclear infrastructure on its territory—but Kyiv was unsure how to cover the costs of doing so given its uncertain economic prospects.

Ukrainian and Russian officials negotiated in bilateral channels on these questions in 1992-1993. They kept US officials apprised, in part because Kyiv hoped the United States would join in providing security guarantees or assurances. Washington agreed to do so, but insisted on the term “assurances” instead of “guarantees,” as the latter implied a commitment of military force that US officials were not willing to provide to Ukraine in the event of a violation of its sovereignty or territorial integrity.

In September 1993, following a meeting between Ukrainian President Leonid Kravchuk and Russian President Boris Yeltsin, the two sides reported that the issues over the transfer of the strategic nuclear warheads to Russia for their elimination had been resolved. However, this agreement collapsed within days.Fearing Kyiv and Moscow alone might prove incapable of reaching agreement, US officials subsequently decided to engage more directly. The United States was also concerned about the entry into force of START after the Russian government had conditioned it on Ukraine acceding to the Non-Proliferation Treaty (NPT) as a non-nuclear weapons state. Russian officials welcomed US participation, because they understood that Washington shared their goal of getting the nuclear weapons out of Ukraine. Ukrainian officials also welcomed US participation, believing they would have support from the United States on certain issues.

Following trilateral discussions in Kyiv in mid-December 1993, US officials saw the possibility of coming to closure and invited Ukrainian and Russian officials to Washington in early January 1994. Negotiations there produced the Trilateral Statement, signed by Kravchuk, Yeltsin, and US President Bill Clinton on January 14, 1994, in Moscow.

Terms of the deal. The Trilateral Statement reflected a number of points, including Ukraine’s commitment to accede to the NPT as a non-nuclear weapons state “in the shortest possible time,” agreement on the simultaneous “transfer of nuclear warheads from Ukraine [to Russia] and delivery of compensation [for the value of the highly-enriched uranium in the strategic nuclear warheads] to Ukraine in the form of fuel assemblies for nuclear power stations,” as well as the US commitment to provide assistance to help Ukraine eliminate the strategic delivery systems on its territory as required by START.

The Trilateral Statement also contained the specific security assurances that the United States, Russia, and the United Kingdom would provide to Ukraine once it acceded to the NPT. Security assurances included commitments “to respect the independence and sovereignty and the existing borders” of Ukraine and “to refrain from the threat or use of force” against Ukraine. These commitments were later reflected in the Budapest Memorandum of Security Assurances signed in December 1994.

In addition to signing the Trilateral Statement, the three leaders exchanged confidential letters. These reflected Kyiv’s agreement that all remaining nuclear warheads would be transferred to Russia for elimination by June 1, 1996, and Moscow’s agreement to provide compensation to Ukraine for the non-strategic nuclear warheads that had already been removed.

In February 1994, Russian and Ukrainian officials met bilaterally and agreed on schedules for the transfer of the strategic nuclear warheads to Russia and the transfer of fuel assemblies to Ukraine. They also agreed on the compensation that Ukraine would receive—a debt write-off—for the value of the highly-enriched uranium in the non-strategic nuclear warheads. The first transfers began shortly thereafter.

In November 1994, Ukraine’s parliament—Rada—approved its instrument of accession to the NPT. That set the stage for Clinton, Yeltsin, newly-elected Ukrainian President Leonid Kuchma, and British Prime Minister John Major to receive Ukraine’s instrument of accession to the NPT and sign the Budapest Memorandum of Security Assurances on December 5, 1994. Ukraine and Russia completed the respective transfers of nuclear warheads and fuel assemblies a year-and-a-half later.

Russia’s betrayal and its consequences. In February 2014, however, Putin’s Russia—in a gross violation of its own commitments laid out in the Budapest Memorandum—used military force to seize Crimea from Ukraine and subsequently annexed it. Shortly thereafter, in March 2014, Russian security and military forces became involved in the conflict in Donbas in eastern Ukraine—a conflict that claimed approximately 14,000 lives prior to February 2022, when Russia launched a full-scale invasion of its western neighbor.

Had Ukraine kept nuclear weapons, its relations with the United States, Europe, and organizations such as the European Union and NATO would most likely not have developed as they have over the past 25 years, and Kyiv would have had a huge problem with Moscow—but the underlying facts of the case would have looked different. Consequently, Ukrainians understandably now look back and question the wisdom of giving up nuclear arms. Would Russia have acted as it did in 2014 and 2022 had Ukraine kept some of its nuclear warheads? Russia’s betrayal of its security commitments to Ukraine—not to mention the brutality of the war that the Russian military has waged—will almost certainly make Kyiv leery of any future agreement with Moscow.

Meanwhile, consistent with what US officials had told their Ukrainian counterparts at the time of negotiating the security assurances, Washington has provided significant military assistance to Ukraine, including anti-armor missiles, armored vehicles, heavy artillery, and large amounts of ammunition—an assistance package worth more than $4.5 billion since January 2021 alone. In addition, in May 2022, the US Congress passed another multi-billion-dollar package of military aid and economic support for Kyiv. The United States has also worked with the European Union and other states to impose major economic sanctions on Russia.

The war is a tragedy for Ukraine, which has suffered the deaths of thousands of soldiers and civilians and immense physical damage. But it is arguably also a disaster for Russia, which has lost many more thousands of soldiers, will suffer great economic pain as a result of Western sanctions, and faces a rejuvenated—and very likely soon to enlarge—NATO.

Non-proliferation efforts may turn out to be another important casualty of the war. Russia’s blatant disregard for its 1994 commitments to Ukraine has discredited security assurances in the toolkit of non-proliferation efforts. What Russia (which has the world’s largest nuclear arsenal) has done to Ukraine (a country that gave up its arsenal) likely will rank high in the mind of those in future countries who consider whether to acquire, or to give up, nuclear weapons.

 

 

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29 mai 2022 7 29 /05 /mai /2022 17:27

L'invasion russe de l’Ukraine : des victoires tactiques mais un désastre stratégique. La presse française, pourtant, de plus en plus, semble partisane (comme l’Allemagne d’O. Scholz) d’une victoire de la Russie ou d’un pat. Les nouvelles sont rédigées avec des messages subliminaux « l’Ukraine reconnaît » la situation difficile dans le Donbass » (Le Monde), «l'armée russe confirme la conquête de la localité clé de Lyman» (Le Figaro). Curieux, non ?

Mais il n’y a pas que l’Ukraine. J’oubliais : ce soir, notre Président a un « dîner de travail » avec l’Emir du Qatar : Doha joue un rôle central dans le jihad mondial contre les États-Unis et le monde libre, tout en arrosant leurs dirigeants de cadeaux qu’ils sont heureux de recevoir. Grand propriétaire en France, en ayant parmi ses serviteurs Dominique de Villepin, c’est dire. Le Qatar dicte surtout la ligne éditoriale d’Al Jazeera, LE porte-parole du jihad mondial. « Le Qatar est un ennemi acharné de l’Occident et un danger pour Israël. Il est temps que nous voyions la lumière et agissions en conséquence ». CG-Israël Hayom 27.05.22.

 

En commençant sa guerre contre l’Ukraine (il est utile de le rappeler) Monsieur Poutine a martelé les raisons qui lui ont fait la  lancer, transformées en objectifs pour son armée : dénazifier l’Ukraine, la démilitariser, empêcher son admission en OTAN ou dans l’Union Européenne et surtout, pas d’OTAN dans les pays limitrophes, certains anciens du Pacte de Varsovie. De plus, « libérer » la population russophone du Sud de l’Ukraine oppressée comme elle était (selon lui) par les nationalistes ukrainiens et le gouvernement de nazis juifs, toxicomanes de surcroît, de Kiev. Trois mois après, Monsieur Poutine a l’OTAN à sa porte, virtuellement en Ukraine, et sur une autre frontière de plus de 1.300 km, la frontière avec la Finlande, et il a réussi, par son incompréhensible décision, à faire abandonner à la Suède ses 200 ans de neutralité. Et maintenant que les Suédois et les Finlandais sont en train de faire partie de l’OTAN, il a vraiment mis la Russie dans une bien pire position stratégique qu’avant l’invasion. Si ce qu’il a fait n’est pas la bourde la plus improbable qu’un dirigeant russe pouvait faire, on ne voit pas ce que l’on pourrait dire d’autre. Sauf que les dirigeants de deux pays de l’Europe tiennent à ce que l’on n’humilie pas M. Poutine et/ou la Russie, si d’aventure, on arrive à un cessez-le-feu préalable à une négociation.

Notre Président : …Nous ne sommes pas en guerre avec la Russie… et il sera nécessaire de ne jamais céder à la tentation de l’humiliation. (Strasbourg, 09.05.22, Conférence “le Futur de l’Europe”). Et le Chancelier allemand, Monsieur Scholz dont la stratégie est de faire semblant de soutenir l’Ukraine en public tout en agissant, presque, contre l’aide en arrière-plan (refus de livraison d’armes lourdes, retards aux livraisons promises, etc.,). A tel point que l’on commence à se demander en Allemagne si son appartenance au « gang » Schröder, Merkel et autres qui, pendant des années ont suivi une politique de rapprochement avec la Russie comme « soldats » de M. Poutine n’est pas la vraie raison de ses agissements. Ne pas humilier Monsieur Poutine ?

Au cours des derniers mois, le siège de Marioupol, ville importante du Donbass, a vu la destruction la plus complète d’une ville européenne depuis le bombardement de Dresde. Et aussi de nombreux crimes de guerre - l’armée russe a rasé la totalité du parc de logements de la ville. Les combats auraient tué des dizaines de milliers de civils, et la plupart des habitants de la ville, près d’un demi-million, ont fui, alors même que des dizaines de milliers d’autres restent coincés dans des sous-sols et des bunkers sous des ruines sans accès à l’eau, à l’électricité ou aux soins de santé de base. Aujourd’hui, le Donbass appartient au passé parce la Russie l’a détruit industriellement. Ses villes et ses villages sont détruits et Marioupol n’existe plus. C’est à ne rien comprendre : la Russie détruit des régions avec une population russophone pour la défendre contre les nationalistes ukrainiens. Ne pas humilier Monsieur Poutine ?

Ce qui est remarquable c’est la nonchalance avec laquelle des pays comme la France ou l’Allemagne – tout en martelant leur « aide » militaire à l’Ukraine – regardent la destruction, systématique, des infrastructures, notamment immobilières, par la Russie en Ukraine. Comme si rien n’était.

Mais ceci explique en partie cela. Car, nous dit-on, pour éviter de « provoquer » la Russie - et donc d’éviter la perspective d’une éventuelle frappe nucléaire russe - nous devrions empêcher l’Ukraine de vaincre l’armée russe. De plus, instille-t-on, cette guerre est en réalité, une guerre entre la Russie et les Etats Unis. La preuve ? Ils viennent d’approuver des dépenses de 40 milliards de $ pour l’Ukraine. Nous, l’Europe, devrions limiter la quantité et le type des armes que nous envoyons, retenir des renseignements et faire pression sur le président Volodymyr Zelensky pour qu’il accepte des compromis. C’est ce que notre Président fait depuis le commencement de la guerre, ouvertement, c’est ce que l’Allemagne (pour des raisons tenant à l’histoire et à la fameuse Ost Politik) fait en cachette. Et si, dès que l’Ukraine donnait des signes de faire obstacle aux visées de M. Poutine, l’Europe se considérait, viva voce, solidaire de l’Ukraine, prête à l’aider, disposée (voir déclarations solennelles de Mme Van Leyden et M. Michel) à accepter, rapidement, l’Ukraine comme candidat à la rejoindre, en catimini les deux compères qui mènent la barque européenne (MM. Macron et Scholz) tiraient les freins. Notre Président inventait, pour les besoins de la cause, une « Communauté Européenne Politique » pour accueillir l’Ukraine (comme si l’actuelle n’avait rien de politique) et M. Scholz disait, ouvertement, qu’il n’est pas partisan pour l’accélération du processus de candidature de l’Ukraine.

Et pendant ce temps des gens meurent pour défendre leur liberté, pour maîtriser leur territoire et, surtout, pour vivre leur langue, leur culture et leur histoire. Et la Russie s’est arrogé le droit d’empêcher tout cela pour les 45 millions d’ukrainiens et pour le pays de 600.000 km2.

Mais il ne fait aucun doute que M. Poutine a perdu sa guerre, pour ne pas dire que l’Ukraine est en train de gagner. La Russie a perdu la bataille de Kiev et s’est retirée presque entièrement du nord de l’Ukraine le mois dernier. Cela signifie que même si la Russie obtient des gains territoriaux limités dans l’Est ou le Sud, elle aura payé un prix exorbitant que ces gains ne valent pas. L’Ukraine survivra en tant qu’État indépendant, il est devenu évident même pour ceux qui, en Europe, sont prêts, pour sauver leur tranquillité (et l’approvisionnement en gaz à bas prix) à s’accommoder du contraire. Même les efforts plus limités de la Russie dans l’Est se font attendre. L’offensive russe dans le Donbass semble s’enliser. L’Ukraine semble également passer à l’offensive, en particulier autour de Kharkiv. Et on nous répète, ad nauseam qu’il ne faut pas humilier Monsieur Poutine.

La Russie ? Les multiples axes d’attaque de l’enclenchement de la guerre suggéraient que l’armée russe visait à capturer rapidement la capitale de Kiev, déposer le gouvernement démocratiquement élu, et occuper peut-être, quelques deux tiers de l’Ukraine de l’Est. L’Armée russe a échoué. Ses forces ont atteint la périphérie de Kiev, mais ont reculé à fin mars. La poussée de l’armée russe vers Odessa s’est enlisée autour de Mykolaïv pendant trois semaines. En mai, les forces russes attaquant Kharkiv, la deuxième plus grande ville d’Ukraine située à seulement 30 km miles de la frontière russe, sont repoussées, n’étant entrées qu’à la périphérie de la ville. Regardez quelques chiffres concernant les pertes principales de l’Armée russe pendant les trois mois (au 29.05.22) depuis le commencement de la guerre :

Cette guerre est devenue un désastre pour la Russie : des dizaines de milliers de soldats tués et blessés (entre deux et trois fois plus que des morts), des pertes d’équipement majeures, l’isolement international, des sanctions qui infligent de réelles douleurs économiques, et un OTAN galvanisé, revigoré, réarmé (100 milliards d’euros pour son armée annoncés par l’Allemagne) qui accueillera bientôt la Finlande et la Suède dans ses rangs. Sans oublier ce qui se passe sur le plan économique et, partant, géopolitique. Et ce que nos dirigeants professent c’est  Ne pas humilier Monsieur Poutine ?

En faisant ce qu’ils font, MM. Macron & Scholz (principalement) semblent ne pas comprendre/admettre que seul l’échec peut persuader M. Poutine et les Russes eux-mêmes, de remettre en question le sens et le but d’une idéologie coloniale qui a appauvri et ruiné leur propre économie et société, ainsi que celles de leurs voisins, pendant des décennies. Ce fut ainsi pendant le 19ème siècle quand Alexandre II a tiré les leçons de la défaite de la guerre de Crimée. Le pays, qui s'étendait déjà sur 12,5 millions de km² et comptait 60 millions d'habitants, était handicapé par son fonctionnement archaïque. Des réformes structurelles (élections locales, collecte de l’impôt, etc.,) ont été mises en train par le tsar. Ou après la guerre russo-japonaise de 1904/5 quand Nicolas II crée une assemblée (douma) élue dotée de pouvoirs législatifs. Ou après la guerre de 14/18 quand elle est obligée de signer le traité de Brest-Litovsk par lequel elle cédait à l'Allemagne l’Ukraine, la Biélorussie, les Pays Baltes, la Finlande et la Pologne. Certes, après la révolution (1917) tout a été changé en corsetant l’expression des libertés (devenues « bourgeoises ») et en veillant à tout ce qui était essentiel (et pas essentiel) par le biais d’une police politique (Tcheka devenue KGB devenue FSB et dont M. Poutine a été un membre remarqué -si non remarquable).

Politique coloniale car, n’oublions pas, M. Poutine a fait que la Russie se trouve en Syrie, au Mali, en Amérique Latine. Si la guerre actuelle se transforme en conflit gelé par une sorte de compromis imaginé pour sauver la face de M. Poutine ceci ne mettra pas fin aux desseins d’agression russes ni n’apportera une paix permanente. Alors ?

Alors, notre Président, font savoir les gazettes, déclare « Avec le Chancelier Olaf Scholz, nous nous sommes aujourd'hui entretenus avec le Président Vladimir Poutine. Toute solution à la guerre doit être négociée entre Moscou et Kiev, dans le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine. (France Info 28 mai 2022, 17h42). En clair, on s’en lave les mains… Après avoir dit, pendant trois mois, qu’il était absolument nécessaire de parler à M. Poutine, après avoir fait des promesses d’intervenir (mal prises par l’Ukraine), le Président de l’Europe jette l’éponge…
Et on met les freins pour tout ce qu’il faut à l’Ukraine pour tenir devant la soldatesque russe et à son artillerie. La peur de voir l’Ukraine «gagner» justifie le leitmotiv ne pas humilier Monsieur Poutine ».

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L’invasion de l’Ukraine par Monsieur Poutine semble n’être rien d’autre qu’un échec catastrophique pour la Russie. Peut-être que M. Poutine s’en rend compte maintenant, cherchant une solution pour sauver les apparences. Mais il y a peu de choses qui suggèrent que l’Ukraine est prête à accepter ce que les bonnes âmes qui dirigent l’Union Européenne lui demandent (des concessions territoriales concernant un territoire ukrainien, occupé illégalement par la Russie). Pourquoi l’Ukraine devrait-elle payer pour les erreurs de M. Poutine? Pour ne pas l’humilier ?

La trahison de l’Europe en marche, vous dis-je, je crois qu’il faut laisser humilier Monsieur Poutine car autrement rien ne changera.

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18 mai 2022 3 18 /05 /mai /2022 08:37

La guerre qui devait durer trois jours dure depuis trois mois. C’est, je crois, le moment de crayonner les perspectives possibles pour son éventuelle fin en regardant, pour commencer, où nous en sommes aujourd’hui.

Trois mois et ça continue. L’armée russe est en train de connaître un fiasco militaire et moral en Ukraine. Mal dirigés, mal approvisionnés, mal motivés et mal équipés, les soldats échouent face à un ennemi considéré comme beaucoup plus faible. Ils ont dû se retirer de leurs positions près de la capitale de Kiev. Ils viennent de se retirer des environs de Kharkiv, deuxième ville de l’Ukraine et ont laissé l’armée ukrainienne arriver à la frontière des deux Etats. Et ce qui avait été prévu comme blitzkrieg s’est transformé en une guerre d’usure. Car l’armée russe s’est découverte être une armée « Potemkine ». Les causes ? La corruption systémique et le mensonge aux dirigeants civils et militaires qui est l’état normal des affaires dans une autocratie kleptocratique. Des équipements essentiels ont été volés, vendus ou tout simplement jamais fournis. La dictature de M. Poutine avait rétabli et réaffirmé les traditions soviétiques de ne jamais prendre d’initiative, d’attendre toujours les ordres, de faire le moins possible pour satisfaire les chefs et de ne pas prendre de responsabilités. L’obéissance et l’évitement des responsabilités sont allés si loin que, confrontés à des défenseurs ukrainiens acharnés et à des problèmes logistiques et toute sortes d’autres imprévus, les soldats et les commandants russes se sont retrouvés incapables de réagir.

Avant d’essayer de crayonner un avenir probable pour ce qui se passe en Ukraine (et en Europe), il me semble utile de faire le point sur la situation actuelle. Comme toujours, regardons les chiffres :

Que comprend-on quand on compare le total des pertes (24.02 – 17/05, colonne 17.05) avec les pertes du dernier des trois mois de la guerre (colonne ∆/30j.)? L’armée russe perd deux types d’équipements (les tanks et les drones) en nombre plus important que la moyenne des pertes depuis le commencement de la guerre. Les pertes des systèmes d’artillerie, les véhicules blindés, les véhicules divers sont quasi constantes tandis que beaucoup moins d’avions sont perdus. En clair (i) l’aviation russe n’est plus autant active car elle n’a pas la maitrise du ciel (qui semble être celle de l’Ukraine, avions, missiles Stinger, S-300), (ii) les diverses tentatives d’offensives pour conquérir du territoire utilisent toujours des tanks, cibles préférées des drones ukrainiens et des missiles anti-char (Javelin, NFL, Panzerfaust, et même Milan !) et (iii) l’utilisation des missiles de croisière (comptez 1,5 millions de $ l’exemplaire…) et de l’artillerie lourde conduit à la destruction systématique d’infrastructures immobilières sans faire de différence entre théâtres, hôpitaux, écoles, musées, immeubles administratifs ou d’habitation. Ce qui permet à l’armée russe de réduire ses pertes en soldats car ayant vu se réduire (morts, blessés, etc.,) ses forces de 25 à 30% des effectifs initiaux, elle se retire de certaines zones car incapable de maintenir sa présence (autour de Kharkiv, par exemple, où ne pouvant pas résister à une contre-offensive ukrainienne elle s’est retirée derrière la frontière des deux Etats !). Mais ce qui résulte, aussi, de la comparaison évoquée, c’est que tant que l’Ukraine est assurée d’une fourniture suffisante d’armes par les pays qui se sont déclarés solidaires d’elle, le poids de l’incertitude concernant l’issue du conflit pèse sur la capacité de la Russie de faire face à ce qui lui serait nécessaire pour continuer la guerre. Mais là …

 

« Les fabricants d’équipements russes relativement high-tech, qui ont travaillé en coopération avec des fournisseurs mondiaux et des entreprises technologiques mondiales souffriront le plus. Cela ne se fera pas rapidement, mais toute l’industrie liée aux équipements pétroliers et gaziers suivra également cette tendance.

Il y a beaucoup de composants importés et les fournitures de la Chine ne pourront pas tout remplacer, parce que l’équipement de haute technologie le plus avancé pour l’industrie pétrolière et gazière a été entièrement importé ou contenait une proportion très élevée de composants importés.

Je crois que beaucoup de gens seraient surpris d’apprendre que nous cultivons même des pommes de terre à partir de semences importées. E. Zubarewich, Professeur Economie Université de Moscou (Memri, 18.04.22).

Les sanctions économiques imposées au pays à la suite de son invasion ont eu déjà des effets dévastateurs, susceptibles d’être ressentis par les citoyens russes pour les décennies à venir, selon un rapport du 14 mars de la CNBC (www.cnbc.com). Selon ce rapport l’économie russe pourrait reculer de 30 ans au fur et à mesure que le rouble russe s’effondrerait (maintenu aujourd’hui artificiellement car, pratiquement, non convertible), certains estimant que le niveau de vie de la Russie pourrait être abaissé sérieusement pour les cinq prochaines années. Le tout conduisant à un décrochage total des perspectives russes et ukrainienne. Les Russes disent approuver la guerre dans les sondages, mais ils ne font rien en tant que citoyens pour aider leur pays à la gagner car ils la considèrent dans leur for intérieur, injustifiée. La société civile russe, telle que    M. Poutine l’a amenée à être, est largement, sans doute, contre l’injuste d’agression par lui décidée. Lorsque l’Ukraine émergera de la guerre défensive avec une société civile renforcée, la Russie sera plongée de plus en plus profondément dans l’abîme d’un régime autocratique. Les Ukrainiens apprennent qu’il faut se réunir en tant que citoyens pour résoudre les problèmes concernant l’intérêt supérieur du pays et que cela mène au succès. Les Russes constateront qu’il n’y a pas de grand bien dans une dictature diabolique et que le fait de s’unir en tant que citoyens mène à la prison ou pire encore.

Un mot encore. Les soucis de la Russie ne font que commencer. Economie fondée, essentiellement, par l’exploitation de ressources naturelles (pétrole, gaz, charbon, métaux rares, etc.,) elle est, cependant, d’une complexité plus grande que celles des pays occidentaux : important l’essentiel des produits high-tech nécessaires pour l’armement, par exemple, ou pour les voitures ou 70% des produits alimentaires (?!) l’économie russe est structurellement complexe. C’est le moment de se souvenir de Sénèque (1er siècle ap. JC) qui avait énoncé un concept valide pour nos jours. On le comprend en regardant la « courbe de Sénèque » qui dit « un système de plus en plus complexe se développe lentement dans le temps mais si des facteurs perturbateurs importants interviennent il va décliner à grande vitesse ».

L’économie russe qui, depuis le changement de régime, s’est développée constamment, va se voir (en partie) détruite d’une manière rapide suite à ce qu’elle endure, suite aux sanctions et aux pertes subies à partir de l’agression dictée par M. Poutine. C’est écrit sur les murs !

Bon, militairement et économiquement les choses ne se passent pas bien pour la Russie. Que faut-il en conclure ?

La raison nous commande d’accepter qu’il n’y a que trois perspectives possibles pour ce que l’on constate aujourd’hui : (a) la Russie gagne la guerre, (b) la Russie perd la guerre, (c) la Russie (et l’Ukraine) acceptent un « pat » (référence échecs) :

 

A. Rien ne peut faire croire à une telle éventualité mais, n’insultons pas l’avenir. Sortie exsangue de cette guerre, la Russie (surtout si M. Poutine reste en place jusqu’en 2036, comme la nouvelle constitution lui en donne le droit) n’aura de hâte que de pousser ses avantages : un climat de guerre (froide ? chaude ?) prenant comme otages les pays baltes, la Pologne ou la Roumanie, imposant à l’Europe (avec l’accord tacite de ses dirigeants, surtout allemands et français) un climat guerrier et utilisant tous les moyens possibles pour des chantages économiques (énergie, matières premières, import/export, etc.,). Mais, d’un autre coté, occuper l’Ukraine lui demanderait des ressources (personnel, équipements, armement, etc.,) dont elle ne dispose (et ne disposera) pas. Et si elle continue, comme aujourd’hui, de transformer les villes de l’Ukraine en désert, elle ne trouvera même pas la possibilité d’y rester. Le « génocide » qui s’ensuivra, car il y a quand même plus de 40 millions d’ukrainiens, ne pourra jamais être « digéré » par les 145 millions de russes qui seront réduits à vivre comme leurs grands-parents pendant la deuxième guerre mondiale. Bien sûr, le chantage nucléaire (déjà annoncé par M. Poutine et M. Lavrov) face à une Europe dont les penchants « munichois » se manifestent chaque fois qu’un danger sérieux se profile à l’horizon a de quoi, naturellement, nous faire peur : vivre en Europe sous la menace nucléaire d’une Russie aux abois, ce ne sera pas une partie de plaisir. Et espérer qu’une Europe armée militairement pourra s’opposer, frontalement, aux 6.000 engins nucléaires russes (auxquels on oppose, aujourd’hui, les 300 français) c’est prendre des vessies pour des lanternes, n’est-ce-pas ?

 

B. L’éventualité d’une perte de la guerre pour la Russie, curieusement, semble faire plus peur en Europe que celle de la trouver victorieuse. Mais rappelons-nous que M. Poutine a mal jugé l’état du pays qu’il agressait : il n’attendait pas d’être libéré par les soldats russes. Tant que la Russie sera considérée, à juste titre, comme ayant agressé un pays qui ne la provoquait pas, un voisin pacifique, lui infligeant des souffrances humanitaires massives et de nombreux crimes de guerre, l’indignation (presque) universelle sera un obstacle à toute politique étrangère russe à l’avenir, qui essayera de revenir à une forme, disons, d’impérialisme au moins visant l’horizon géographique proche. Et, ce que l’on voit déjà, la destruction de toute approche démocratique pour la société civile russe dans le cadre d’une économie de subsistance d’une effrayante permanence. Certes, il lui restera l’éventuelle aide des pays comme la Chine ou les « non-alignés » (Inde, Pakistan, Égypte, Brésil). L’Europe ? Elle était convaincue, au départ, que la guerre allait se terminer rapidement, avec une frappe foudroyante qui décapiterait le gouvernement ukrainien ou le ferait capituler, après quoi Moscou imposerait la neutralité à l’Ukraine ou établirait une suzeraineté russe sur le pays. Une violence minimale aurait conduit à des sanctions minimales pour montrer que l’Europe n’accepte pas le changement des frontières par la violence. Mais les choses s’étant mal passées pour la Russie, avec le courage que lui inspire une certaine pusillanimité, l’Europe    s’est trouvé, tout d’un coup, prête à faire front au  crime de              M. Poutine. Tout en se disant, face à cette éventualité (esprit de Munich) avec en pointe, Olaf Scholz et Emanuel Macron, qui (on se demande pourquoi) promeuvent une attitude, coute que coute, qui vise à sauver la face de M. Poutine pour que les choses s’arrangent. Pour ne pas humilier ni la Russie ni M. Poutine. Qui n’en a pas besoin, qui s’en fout comme d’une guigne de ce que ses deux défenseurs lui proposent. Et que l’Ukraine, par la bouche de V. Zelelenski reprouve ouvertement : « Macron voulait voir des résultats dans la médiation entre nous. Il ne les a pas trouvés de notre côté. Il ne les a pas obtenus de la Fédération de Russie et m’a suggéré certaines choses liées aux concessions sur notre souveraineté afin d’aider Poutine à sauver sa face. Je ne pense pas que ce soit très correct. Nous ne sommes pas prêts à aider quelqu’un à sauver quelque chose et à perdre nos territoires pour cela. » (VZ – interview avec RAI-Italie, Interfax-Ukraine 13.05.22)

 

C. Trouver les éléments possibles pour un « pat » ? Les difficultés majeures évoquées auxquelles la Russie aura à faire face pourraient dicter à M. Poutine soit (x) de clamer « victoire » en annexant les deux républiques fantoches du Donbass » et en décrétant un cessez-le-feu que l’Ukraine pourrait accepter, détruite à moitié (ou à trois-quarts) comme elle est, soit (xx) « céder » à l’insistance de multiples intervenants et faire une pause pour retrouver des ressources pour continuer la guerre. Tout en menaçant d’utiliser des armements dont personne ne dispose (comme il le dit à répétition).

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Les « experts stratégiques » (ceux qui se sont trompés depuis le début de la guerre) ont de plus en plus le sentiment que l’Ukraine pourrait gagner la guerre. Ceci fournirait une raison à M. Poutine pour continuer la guerre. Car, par delà ce qui se passe en Ukraine ou, même en Russie, il s’agit de la place de ce pays parmi les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU, statut de grande puissance, nucléaire de surcroît – un acteur, pour l’instant, incontournable dans les relations internationales. Mais, par-delà l’aspect « Orwellien » de l’attitude de la Russie (tout et son contraire pour quoi on a commencé, qui a promis quoi, qui a fait quoi) il lui sera impossible de ne pas constater que ce qu’elle demandait et en vertu de quoi elle a agressé l’Ukraine n’est pas obtenu. Réduire l’importance de l’OTAN, faire sortir plusieurs pays de la zone de confort « otanien » pour qu’ils se trouvent neutres ou dépendants de la Russie, etc.,) n’est plus de mise : Finlande et Suède (neutres depuis des lustres) viennent de demander l’entrée dans l’OTAN. l’Allemagne (tête de pont de la soumission de l’Europe à Monsieur Poutine via les fournitures d’énergie) qui décide de s’armer pour 100 milliards d’euros et qui a suspendu, sine die la mise en marche du fameux Nord-Stream 2. En espérant faire oublier que par sa « Ost Politik » et avec la contribution de Mme Merkel elle a amenée l’Europe dans une impasse.

Cette guerre a mis fin à beaucoup d’incertitudes. L’OTAN est unifiée, l’Europe de l’Est est plus engagée que jamais envers l’alliance. Une (très) éventuelle victoire de M. Poutine ne pourra être que pyrrhique car l’Europe est en train de se séparer de l’énergie russe, et les sanctions paralysantes sur la Russie réduisent sa capacité de créer de nouvelles crises. Un avenir meilleur pour l’Europe ?

 

 

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18 mai 2022 3 18 /05 /mai /2022 08:20

La guerre qui devait durer trois jours dure depuis trois mois. C’est, je crois, le moment de crayonner les perspectives possibles pour son éventuelle fin en regardant, pour commencer, où nous en sommes aujourd’hui.

Trois mois et ça continue. L’armée russe est en train de connaître un fiasco militaire et moral en Ukraine. Mal dirigés, mal approvisionnés, mal motivés et mal équipés, les soldats échouent face à un ennemi considéré comme beaucoup plus faible. Ils ont dû se retirer de leurs positions près de la capitale de Kiev. Ils viennent de se retirer des environs de Kharkiv, deuxième ville de l’Ukraine et ont laissé l’armée ukrainienne arriver à la frontière des deux Etats. Et ce qui avait été prévu comme blitzkrieg s’est transformé en une guerre d’usure. Car l’armée russe s’est découverte être une armée « Potemkine ». Les causes ? La corruption systémique et le mensonge aux dirigeants civils et militaires qui est l’état normal des affaires dans une autocratie kleptocratique. Des équipements essentiels ont été volés, vendus ou tout simplement jamais fournis. La dictature de M. Poutine avait rétabli et réaffirmé les traditions soviétiques de ne jamais prendre d’initiative, d’attendre toujours les ordres, de faire le moins possible pour satisfaire les chefs et de ne pas prendre de responsabilités. L’obéissance et l’évitement des responsabilités sont allés si loin que, confrontés à des défenseurs ukrainiens acharnés et à des problèmes logistiques et toute sortes d’autres imprévus, les soldats et les commandants russes se sont retrouvés incapables de réagir.

Avant d’essayer de crayonner un avenir probable pour ce qui se passe en Ukraine (et en Europe), il me semble utile de faire le point sur la situation actuelle. Comme toujours, regardons les chiffres :

Que comprend-on quand on compare le total des pertes (24.02 – 17/05, colonne 17.05) avec les pertes du dernier des trois mois de la guerre (colonne ∆/30j.? L’armée russe perd deux types d’équipements (les tanks et les drones) en nombre plus important que la moyenne des pertes depuis le commencement de la guerre. Les pertes des systèmes d’artillerie, les véhicules blindés, les véhicules divers sont quasi constantes tandis que beaucoup moins d’avions sont perdus. En clair (i) l’aviation russe n’est plus autant active car elle n’a pas la maitrise du ciel (qui semble être celle de l’Ukraine, avions, missiles Stinger, S-300), (ii) les diverses tentatives d’offensives pour conquérir du territoire utilisent toujours des tanks, cibles préférées des drones ukrainiens et des missiles anti-char (Javelin, NFL, Panzerfaust, et même Milan !) et (iii) l’utilisation des missiles de croisière (comptez 1,5 millions de $ l’exemplaire…) et de l’artillerie lourde conduit à la destruction systématique d’infrastructures immobilières sans faire de différence entre théâtres, hôpitaux, écoles, musées, immeubles administratifs ou d’habitation. Ce qui permet à l’armée russe de réduire ses pertes en soldats car ayant vu se réduire (morts, blessés, etc.,) ses forces de 25 à 30% des effectifs initiaux, elle se retire de certaines zones car incapable de maintenir sa présence (autour de Kharkiv, par exemple, où ne pouvant pas résister à une contre-offensive ukrainienne elle s’est retirée derrière la frontière des deux Etats !). Mais ce qui résulte, aussi, de la comparaison évoquée, c’est que tant que l’Ukraine est assurée d’une fourniture suffisante d’armes par les pays qui se sont déclarés solidaires d’elle, le poids de l’incertitude concernant l’issue du conflit pèse sur la capacité de la Russie de faire face à ce qui lui serait nécessaire pour continuer la guerre. Mais là …

« Les fabricants d’équipements russes relativement high-tech, qui ont travaillé en coopération avec des fournisseurs mondiaux et des entreprises technologiques mondiales souffriront le plus. Cela ne se fera pas rapidement, mais toute l’industrie liée aux équipements pétroliers et gaziers suivra également cette tendance.

Il y a beaucoup de composants importés et les fournitures de la Chine ne pourront pas tout remplacer, parce que l’équipement de haute technologie le plus avancé pour l’industrie pétrolière et gazière a été entièrement importé ou contenait une proportion très élevée de composants importés.

Je crois que beaucoup de gens seraient surpris d’apprendre que nous cultivons même des pommes de terre à partir de semences importées. E. Zubarewich, Professeur Economie Université de Moscou (Memri, 18.04.22).

Les sanctions économiques imposées au pays à la suite de son invasion ont eu déjà des effets dévastateurs, susceptibles d’être ressentis par les citoyens russes pour les décennies à venir, selon un rapport du 14 mars de la CNBC (www.cnbc.com). Selon ce rapport l’économie russe pourrait reculer de 30 ans au fur et à mesure que le rouble russe s’effondrerait (maintenu aujourd’hui artificiellement car, pratiquement, non convertible), certains estimant que le niveau de vie de la Russie pourrait être abaissé sérieusement pour les cinq prochaines années. Le tout conduisant à un décrochage total des perspectives russes et ukrainienne. Les Russes disent approuver la guerre dans les sondages, mais ils ne font rien en tant que citoyens pour aider leur pays à la gagner car ils la considèrent dans leur for intérieur, injustifiée. La société civile russe, telle que    M. Poutine l’a amenée à être, est largement, sans doute, contre l’injuste d’agression par lui décidée. Lorsque l’Ukraine émergera de la guerre défensive avec une société civile renforcée, la Russie sera plongée de plus en plus profondément dans l’abîme d’un régime autocratique. Les Ukrainiens apprennent qu’il faut se réunir en tant que citoyens pour résoudre les problèmes concernant l’intérêt supérieur du pays et que cela mène au succès. Les Russes constateront qu’il n’y a pas de grand bien dans une dictature diabolique et que le fait de s’unir en tant que citoyens mène à la prison ou pire encore.

Un mot encore. Les soucis de la Russie ne font que commencer. Economie fondée, essentiellement, par l’exploitation de ressources naturelles (pétrole, gaz, charbon, métaux rares, etc.,) elle est, cependant, d’une complexité plus grande que celles des pays occidentaux : important l’essentiel des produits high-tech nécessaires pour l’armement, par exemple, ou pour les voitures ou 70% des produits alimentaires (?!) l’économie russe est structurellement complexe. C’est le moment de se souvenir de Sénèque (1er siècle ap. JC) qui avait énoncé un concept valide pour nos jours. On le comprend en regardant la « courbe de Sénèque » qui dit « un système de plus en plus complexe se développe lentement dans le temps mais si des facteurs perturbateurs importants interviennent il va décliner à grande vitesse ».

L’économie russe qui, depuis le changement de régime, s’est développée constamment, va se voir (en partie) détruite d’une manière rapide suite à ce qu’elle endure, suite aux sanctions et aux pertes subies à partir de l’agression dictée par M. Poutine. C’est écrit sur les murs !

Bon, militairement et économiquement les choses ne se passent pas bien pour la Russie. Que faut-il en conclure ?

La raison nous commande d’accepter qu’il n’y a que trois perspectives possibles pour ce que l’on constate aujourd’hui : (a) la Russie gagne la guerre, (b) la Russie perd la guerre, (c) la Russie (et l’Ukraine) acceptent un « pat » (référence échecs) :

 

  1. Rien ne peut faire croire à une telle éventualité mais, n’insultons pas l’avenir. Sortie exsangue de cette guerre, la Russie (surtout si M. Poutine reste en place jusqu’en 2036, comme la nouvelle constitution lui en donne le droit) n’aura de hâte que de pousser ses avantages : un climat de guerre (froide ? chaude ?) prenant comme otages les pays baltes, la Pologne ou la Roumanie, imposant à l’Europe (avec l’accord tacite de ses dirigeants, surtout allemands et français) un climat guerrier et utilisant tous les moyens possibles pour des chantages économiques (énergie, matières premières, import/export, etc.,). Mais, d’un autre coté, occuper l’Ukraine lui demandera des ressources (personnel, équipements, armement, etc.,) dont elle ne dispose (et ne disposera) pas. Et si elle continue, comme aujourd’hui, de transformer les villes de l’Ukraine en désert, elle ne trouvera même pas la possibilité d’y rester. Le « génocide » qui s’ensuivra, car il y a quand même plus de 40 millions d’ukrainiens, ne pourra jamais être « digéré » par les 145 millions de russes qui seront réduits à vivre comme leurs grands-parents pendant la deuxième guerre mondiale, Bien sûr, le chantage nucléaire (déjà annoncé par M. Poutine et M. Lavrov) face à une Europe dont les penchants « munichois » se manifestent chaque fois qu’un danger sérieux se profile à l’horizon a de quoi, naturellement, nous faire peur : vivre en Europe sous la menace nucléaire d’une Russie aux abois, ce ne sera pas une partie de plaisir. Et espérer qu’une Europe armée militairement pourra s’opposer, frontalement, aux 6.000 engins nucléaires russes (auxquels on oppose, aujourd’hui, les 300 français) c’est prendre des vessies pour des lanternes, n’est-ce-pas ?
  2. L’éventualité d’une perte de la guerre pour la Russie, curieusement, semble faire plus peur en Europe que celle de la trouver victorieuse. Mais rappelons-nous que M. Poutine a mal jugé l’état du pays qu’il agressait : il n’attendait pas d’être libéré par les soldats russes. Tant que la Russie sera considérée, à juste titre, comme ayant agressé un pays qui ne la provoquait pas, un voisin pacifique, lui infligeant des souffrances humanitaires massives et de nombreux crimes de guerre, l’indignation (presque) universelle sera un obstacle à toute politique étrangère russe à l’avenir, qui essayera de revenir à une forme, disons, d’impérialisme au moins visant l’horizon géographique proche. Et, ce que l’on voit déjà, la destruction de toute approche démocratique pour la société civile russe dans le cadre d’une économie de subsistance d’une effrayante permanence. Certes, il lui restera l’éventuelle aide des pays comme la Chine ou les « non-alignés » (Inde, Pakistan, Égypte, Brésil). L’Europe ? Elle était convaincue, au départ, que la guerre allait se terminer rapidement, avec une frappe foudroyante qui décapiterait le gouvernement ukrainien ou le ferait capituler, après quoi Moscou imposerait la neutralité à l’Ukraine ou établirait une suzeraineté russe sur le pays. Une violence minimale aurait conduit à des sanctions minimales pour montrer que l’Europe n’accepte pas le changement des frontières par la violence. Mais les choses s’étant mal passées pour la Russie, avec le courage que lui inspire une certaine pusillanimité, l’Europe s’est trouvé, tout d’un coup, prête à faire front au crime de         M. Poutine. Tout en se disant, face à cette éventualité (esprit de Munich) avec en pointe, Olaf Scholz et Emanuel Macron, qui (on se demande pourquoi) promeuvent une attitude, coute que coute, qui vise à sauver la face de M. Poutine que les choses s’arrangeront. Pour ne pas humilier ni la Russie ni M. Poutine. Qui n’en a pas besoin, qui s’en fout comme d’une guigne de ce que ses deux défenseurs lui proposent. Et que l’Ukraine, par la bouche de V. Zelelenski reprouve ouvertement : « Macron voulait voir des résultats dans la médiation entre nous. Il ne les a pas trouvés de notre côté. Il ne les a pas obtenus de la Fédération de Russie et m’a suggéré certaines choses liées aux concessions sur notre souveraineté afin d’aider Poutine à sauver sa face. Je ne pense pas que ce soit très correct. Nous ne sommes pas prêts à aider quelqu’un à sauver quelque chose et à perdre nos territoires pour cela. » (VZ – interview avec RAI-Italie, Interfax-Ukraine 13.05.22)
  3. Trouver les éléments possibles pour un « pat » ? Les difficultés majeures évoquées auxquelles la Russie aura à faire face pourraient dicter à M. Poutine soit (x) de clamer « victoire » en annexant les deux républiques fantoches du Donbass » et en décrétant un cessez-le-feu que l’Ukraine pourrait accepter, détruite à moitié (ou à trois-quarts) comme elle est, soit (xx) « céder » à l’insistance de multiples intervenants et faire une pause pour retrouver des ressources pour continuer la guerre. Tout en menaçant d’utiliser des armements dont personne ne dispose (comme il le dit à répétition).

 

 

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15 mai 2022 7 15 /05 /mai /2022 11:26
La guerre continue, les dirigeants du monde (G7 et/ou autres) s’agitent beaucoup mais  sans résultats visibles, on nous fait croire que les « canaux diplomatiques » sont ouverts et que, par exemple, notre Président parle -constamment- à M. Poutine. Pourquoi faire ?
Il m’a paru intéressant de mettre sur le blog un article du Dr. A. Motyl, Prof Universitaire américain, spécialiste de l’Ukraine et de la Russie.

 

Comment l’Ukraine peut-elle « parler » avec la Russie alors que l’objectif de Poutine semble être de s’assurer que l’Ukraine n’existe pas? Imaginez que nous sommes en 1944 en Europe, et un dirigeant allié dit ce qui suit : «Nous aurons une paix à bâtir demain, n’oublions jamais cela. Nous devrons le faire avec les Juifs et les Allemands autour de la table. La fin de la discussion et de la négociation sera fixée par les Juifs et les Allemands eux-mêmes. Mais cela ne se fera pas dans le déni, ni dans l’exclusion les uns des autres, ni même dans l’humiliation. »

Je suppose que la plupart des gens conviendront que la proposition est absurde, obscène et vouée à l’échec. Comment Adolf Hitler et un représentant de la communauté juive pourraient-ils parler de quoi que ce soit? Hitler est déterminé à anéantir les Juifs, et les Juifs veulent survivre. Une réunion des esprits est impossible dans de telles conditions à somme nulle.

Remplacez les Juifs par l’Ukraine et les Allemands par la Russie, et vous aurez la déclaration faite par le président français Emmanuel Macron à Strasbourg le 9 mai. Bien que le génocide russe en Ukraine soit loin d’être aussi destructeur que l’Holocauste, après tout, la guerre ne dure que depuis trois mois — la logique de la négociation est identique dans les deux cas. Tout comme les Juifs ne pouvaient négocier avec les Allemands qu’après la défaite, les excuses et la renonciation de ces derniers à l’antisémitisme et au nazisme, l’Ukraine ne peut négocier avec la Russie qu’après sa défaite, ses excuses et sa renonciation à l’anti-ukrainisme et au nazisme.

Jusqu’à ce que cela se produise, la Russie de Poutine restera un État fasciste, voyou, déterminé à détruire l’Ukraine et les Ukrainiens et à étendre son empire à toutes les nations contrôlées auparavant par la Russie soviétique. Comme un député du Conseil Municipal de Moscou l’a récemment dit, la Russie doit « dénazifier » aussi l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Moldavie et le Kazakhstan.

Les décideurs russes ont répété à maintes reprises que l’Ukraine est une construction artificielle et que les Ukrainiens n’existent pas. Un député de la Douma a déclaré que « la notion même de l’Ukraine ne devrait pas exister à l’avenir ». Il dit que ses opinions sont « radicales », alors qu’en fait, elles sont répandues dans la Russie d’aujourd’hui. Ainsi, la maison d’édition éducative « Lumières» a ordonné à ses employés de supprimer les  références à l’Ukraine et à Kiev des textes parce que, pour reprendre les mots d’un éditeur, «nous devons faire croire que l’Ukraine n’existe pas». Et, il y a quelques semaines, un publiciste russe a proposé un plan détaillé de l’extermination de la nation ukrainienne.

Des soldats russes ont tué, violé et pillé, commettant ainsi de multiples crimes de guerre. En même temps, les Russes ont détruit et pillé près de 200 sites du patrimoine culturel ukrainien. Deux exemples : un musée dédié au philosophe ukrainien du XVIIIe siècle, Hryhory Skovoroda, a été bombardé au début de mai ; quelques jours plus tard, une cache d’anciens bijoux et objets en or scythe a été volée dans un musée à Melitopol.

Des dizaines de milliers de civils ukrainiens ont été tués à Marioupol; des milliers d’autres sont morts dans d’autres villages, villes et villes ukrainiens. Des centaines de milliers de personnes ont été « nettoyées ethniquement » et expulsées de force vers la Russie. Des milliers d’enfants ont été enlevés.

Les actions de la Russie aujourd’hui ne sont guère différentes de celles du début des années 1930, lorsque Moscou a lancé une campagne anti-ukrainienne reconnue comme un génocide par Rafael Lemkin, l’érudit judéo-polonais qui a inventé le terme. À l’époque comme aujourd’hui, Moscou visait à détruire physiquement les Ukrainiens ainsi que leur « tradition, traditions et musique folkloriques, la langue et la littérature nationales, l’esprit national ». Alors comme maintenant, si les plans de Moscou réussissent, « l’Ukraine sera aussi morte » — pour citer Lemkin - «comme si tous les Ukrainiens avaient été tués, car elle aura perdu cette partie qui a gardé et développé sa culture, ses croyances, ses idées communes, qui l’ont guidée et qui lui ont donné une âme, qui, en somme, en a fait une nation plutôt qu’une masse de personnes. »

Compte tenu des objectifs clairement génocidaires de Poutine en Ukraine, de quoi les Ukrainiens et les Russes sont-ils censés parler? En effet, de quoi le Président Macron ou ses homologues occidentaux pourraient-ils parler avec Poutine? Du nombre d’Ukrainiens qu’il devrait tuer? Le nombre de missiles qu’il devrait abattre sur les villes ukrainiennes? Le rythme du génocide? La construction de ghettos?

Tout comme Hitler, Poutine doit d’abord être vaincu et son pays doit être débaptisé avant qu’un dialogue raisonnable puisse avoir lieu entre la Russie et l’Ukraine, ainsi qu’entre la Russie et l’Occident. Cela ne signifie pas que la diplomatie doit cesser : des miracles se produisent. La défaite ne signifie pas non plus l’effondrement ou la destruction de la Russie. Mais cela signifie, au minimum, le retrait de la Russie de l’Ukraine et, sans doute plus important, le départ de Poutine. L’Occident ne devrait pas se faire d’illusions la Russie demeurera une menace pour la paix mondiale, et la reprise de la guerre -avec l’Ukraine ou avec d’autres États post-soviétiques - sera presque inévitable. La présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, avait tout à fait raison de dire que la Russie « est aujourd’hui la menace la plus directe pour l’ordre mondial ».

Elle aurait pu ajouter qu’elle le restera tant que Poutine restera au pouvoir. Ce n’est qu’après son départ qu’il sera possible, comme le recommande un commentateur russe, pour la Russie « d’admettre sa défaite, de conclure la paix et de passer aux réformes dès que possible ».

 

Par Alexander Motyl (https://www.19fortyfive.com/2022/05/putins-russia-has-one-goal-to-ensure-ukraine-doesnt-exist) - traduction MB/Reverso

Dr. Alexander Motyl is a professor of political science at Rutgers-Newark. A specialist on Ukraine, Russia, and the USSR, and on nationalism, revolutions, empires, and theory, he is the author of 10 books of nonfiction, including Pidsumky imperii (2009); Puti imperii (2004); Imperial Ends: The Decay, Collapse, and Revival of Empires (2001); Revolutions, Nations, Empires: Conceptual Limits and Theoretical Possibilities (1999); Dilemmas of Independence: Ukraine after Totalitarianism (1993); and The Turn to the Right: The Ideological Origins and Development of Ukrainian Nationalism, 1919–1929 (1980); the editor of 15 volumes, including The Encyclopedia of Nationalism (2000) and The Holodomor Reader (2012); and a contributor of dozens of articles to academic and policy journals, newspaper op-ed pages, and magazines. He also has a weekly blog, “Ukraine’s Orange Blues.”

 

 

 

 

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8 mai 2022 7 08 /05 /mai /2022 08:33

L’Ukraine, encore et encore. D’autant plus que, curieusement, on commence à afficher une sorte de peur concernant l'éventualité non pas que M. Poutine perde sa guerre mais que M. Zelenski gagne la sienne. Ou que l’on arrive à une sorte de « pat » que les joueurs d’échecs redoutent car il laisse les choses non définies. Mais il n’y a pas que l’Ukraine. Il y a eu l’élection de notre Président (qui en doutait ?) et on attend avec la même fièvre fictive la nomination de M. Mélenchon comme premier ministre. Franchement, vraiment, comment peut-il y croire ? Et aussi les 74 ans d’Israël.

Il n’empêche nous sommes au seuil de 75 jours de guerre. En ce n’est pas fini. Mais on peut regarder de près ce qui se passe.

Et ça continue. Les changements sont plus lents, on a le sentiment que les besoins de l’armée russe (effectifs, systèmes d’armes, munitions, logistique, etc.,) sont tellement difficilement vite reconstituables que cela se ressente dans son manque de progrès sur la nouvelle cible : la conquête intégrale du Donbass.J’ai trouvé intéressant de regarder non seulement les pertes totales de l’armée russe depuis le 24 février mais aussi celles, incluses, des 20 derniers jours en me disant que l’on devrait ainsi comprendre mieux ce qui se passe. Regardez le tableau suivant :

Il nous permet de constater que (a) la perte des tanks (colonne 1) est supérieure pendant les 20 derniers jours (17,5/j) à la moyenne depuis le 24 février (15,4/j) ce qui est le cas aussi pour les drones (9,7/j vs 4,7/j). Autant dire que les outils que les ukrainiens utilisent (fusées anti-char et armes anti-air) sont d’une efficacité remarquable à laquelle l’armée russe n’a pas encore trouver parade. Et quand on sait qu’un char russe vaut de 3 à 5 millions de $ … (www.pourleco.com). Comme elle n’a pas trouvé parade contre les missiles anti-bateaux NEPTUNE qui ont réussi deux exploits : faire couler le navire amiral Moskva (un de deux exemplaires de la flotte russe) et la frégate Amiral Makarov (un des trois bâtiments identiques de la flotte russe). On ne sait pas combien de marins en sont morts ou disparus mais cela doit être une saignée à laquelle la marine russe (première ? deuxième ? du monde ?) ne s’attendait pas.

Quant à la perte de 199 avions (bombardiers, avions de chasse, etc.,) on reste pantois comprenant que l’armée russe n’a toujours pas acquis la maîtrise de l’air au dessus des champs de bataille. Peut-être une des raisons pour lesquelles elle s’adonne à la destruction des infrastructures immobilières et/ou logistiques visant à mettre à terre les villes des frères de sang mais « qui se sont laissé nazifier ». On peut, raisonnablement, inférer que M. Poutine ne doit pas être heureux quand il apprend le nombre de généraux tués (de 8 à 12 selon les sources) ou celui des officiers supérieurs (plus de 300) par delà les pertes de matériels et des effectifs. Car la perte de généraux et d’officiers supérieurs en dit long sur le fonctionnement effectif de cette armée considérée jusqu’à hier comme la deuxième armée du monde.

 Est-ce ce qu’on peut conclure de la photo publiée il y a six jours ?

Apparemment, oui : agrippé à la petite table VVP regarde et écoute son Ministre de la Défense (regardez comme il est assis sur son fauteuil…) qui lui dit, probablement, que les choses ne vont pas bien.

Eh, oui, les choses vont vraiment mal : en se retirant du Nord (Kiev), en avalant l’échec de 45 jours de guerre, l’armée russe s’est regroupée au Sud Est pour conquérir le Donbass. Mais ça empire : « La contre-offensive ukrainienne au nord et à l’est de la ville de Kharkiv a obtenu de nouveaux gains au cours des dernières 24 heures et pourrait pousser avec succès les forces russes hors de portée de l’artillerie de Kharkiv dans les prochains jours. Les forces ukrainiennes ont capturé plusieurs colonies au nord et à l’est de Kharkiv au cours des dernières 24 heures, réduisant la capacité des forces russes de menacer la deuxième plus grande ville d’Ukraine. Cette opération ukrainienne se transforme en une contre-offensive réussie et plus large » (ISW – https://www.understandingwar.org, 06.05.22). Effectivement, les forces russes n’ont fait aucun progrès sur l’axe d’Izyum mais ont poursuivi des opérations offensives inefficaces dans les oblasts de Kharkiv, Donetsk et Lougansk sans obtenir de gains territoriaux significatifs au cours des dernières 24 heures. Autant dire, les choses vont très mal.

Quant au front intérieur russe, les sanctions commencent à mordre l’économie : avec une baisse de l’export des produits d’énergie due aux sanctions, la Russie pourrait bientôt devoir commencer à fermer des puits de pétrole parce qu’elle manque d’espace de stockage, et que le nouvelles installations construites à la hâte ne sont pas encore disponibles.

Selon l’Agence Internationale de l’Energie, les sanctions occidentales pourraient réduire les exportations russes de quelque 3 millions de barils par jour ce trimestre ce qui, fait dire à M. Barkindo (Secrétaire Général OPEC- Vienne) « Nous pourrions potentiellement voir la perte de plus de 7 millions de barils par jour (bpj) des exportations russes de pétrole et d’autres liquides, résultant des sanctions actuelles et futures ou d’autres mesures volontaires » Soit quelques 700 millions de $/jour de manque d’entrées pour l’économie russe, équivalent à env. 60% du volume total des exports. Effectivement, M. Poutine peut commencer à se faire des cheveux (bien qu’il n’en ait plus beaucoup).

Alors ? Comment arrêter la marche vers une fin apocalyptique (si M. Poutine se résout à utiliser une arme nucléaire) ? Même le Pape a renoncé : LE PAPE : Corriere del Sera 04.05.22 « D’abord je dois aller à Moscou, d’abord je dois rencontrer Poutine (…). Je fais ce que je peux. Si Poutine ouvrait la porte… » Lui-même en tout cas la maintient grande ouverte, quitte à reprendre certains des griefs nourris par Moscou quant aux causes de la guerre lorsqu’il mentionne « les aboiements de l’OTAN à la porte de la Russie », qui auraient pu pousser le pouvoir russe « à mal réagir et à déclencher le conflit » – « une colèreajoute-t-il, dont je ne sais dire si elle a été provoquée, mais peut-être facilitée » Bon, on savait bien que ce Pape inclinait vers la gauche mais on ne pensait pas qu’il inclinait vers l’Est aussi. Appréciez le langage utilisé, il en dit des tonnes.

Puisqu’il s’agit d’un pot pourri, laissons un peu de côté l’Ukraine : Israël vient de fêter son 74ème anniversaire et fait montre, sans honte, d’une situation insolente démographique, économique et géopolitique singulière dans le sein de l’OCDE : sous-emploi moins de 4%, ∆PIB=5,1% pour 2022 après 7,1% en 2021, PIB/habitant=43.466 € dépassant celui de l’Italie et celui de la France (countryeconomy.com). Certes, les attentas terroristes continuent, comme on continue de prétendre qu’Israël veut détruire la mosquée du Mont du Temple (même le roi de Jordanie se dit préoccupé, lui dont le trône est en réalité garanti par Israël devant les tentatives de la Syrie, de l’Irak ou même des palestiniens à le faire sauter). Et on prétend que les israéliens qui vont sur l’Esplanade de mosquée « souillent » l’endroit (Bisher Khasawneh, Premier Ministre Jordanien, 18.04.22).

Qui « souille » quoi ?

Et pendant que l’on déprime un peu partout dans le monde, la startup nation continue à innover pour son bien ou celui de tous. Deux exemples :

- une révolution pour l’éclairage des villes y compris abris de pluie et de soleil

- une révolution dans la défense contre des projectiles (mortier, fusées, drones, etc.,) – les intercepteurs du Dôme de Fer coûtent dans les 50.000$, la destruction par faisceau Laser de petits objets revient à 3,50 $ ! Un vrai « game changer »

Mais quelque chose est en train de changer, quand même : le sultan d’Ankara a entrepris sa marche à Canossa, car il s’est rendu compte qu’après avoir attaqué au vitriol Israël (comme l’Arabie Saoudite ou les Emirats) il s’est trouvé exclu des deux nouvelles alliances : Grèce-Israël-Egypte (gaz et pétrole) en Méditerranée et Israël-Egypte-UAE, itou pour ne pas parler des accords Abraham quand il a menacé les Emirats Arabes de rompre les relations diplomatiques. Et, façon danse du ventre, il est passé d’appeler en mai 2021 Israël d’État terroriste cruel (JP 05.05.22) à souhaiter le bien-être et la prospérité de son peuple en mai 2022 (idem).  Qui veut que les résidents d’un      « État terroriste cruel » se portent bien et prospèrent ? Curieux, non ?

Mais pourquoi s’occuper d’Erdogan ? En France, notre Président a transmis ses vœux à Israël d’une manière vraiment chaleureuse, personnelle et diplomatique https://youtu.be/ivdbcEot7GU?t=63. Naturellement, vous le ne l’apprendrez pas des médias français : aucun n’a repris le texte du Président et peu ont annoncé l’évènement. Pourquoi ?

Parce que depuis la fin des années 1980, toute la vie politique française repose sur une fiction. En France, quiconque s’oppose à l’establishment progressiste, quiconque s’oppose à la politique d’immigration, quiconque critique, disons, la violence - ou la suppression de la liberté d’expression des femmes - dans l’islam, quiconque parle en bien d’Israël, est considéré comme l’équivalent du neveu d’Adolf Hitler. Et comme dans le clip du Président il dit et veut du bien à Israël …

 

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30 avril 2022 6 30 /04 /avril /2022 20:03

Nous voilà au troisième mois de la guerre en Ukraine, en train d’observer une situation totalement différente de ce que M. Poutine annonçait le 24 février en lançant son « opération militaire spéciale » visant à libérer le peuple frère ukrainien de la main mise sur son destin d’une bande de toxicomanes nazis, certains juifs de surcroît, en 3 ou 4 jours. Nous avons eu droit à tout : de la paranoïa, de la folie furieuse, du manque d’informations réelles, pour l’impétrant - une certaine culpabilité de l’Occident/OTAN pour nos bien-pensants et dernièrement « une affaire entre les Etats Unis et la Russie en Ukraine interposée » à laquelle l’Europe devrait faire attention et trouver une solution qui convienne à M. Poutine. En clair, lui donner ce qu’il demande et faire taire l’Ukraine dont le PIB aura été réduit de moitié cette année et dont les structures industrielles, immobilières, de transport ont été systématiquement détruites par une armée russe dont le plan de bataille se résume à « raser les villes, torturer, violer, tuer les habitants et occuper ensuite » Et comme plusieurs fois le siècle dernier, les Etats Unis habitués à venir en aide à l’Europe, tout en étant ceux qui vont accorder une aide pratiquement illimité à l’Ukraine, sont, déjà, accusés d’être en train de se livrer - somme toute – à une confrontation avec la Russie dont l’Ukraine et l’Europe auront à supporter les conséquences.

 

Il me semble que l’on devrait regarder de plus près les tenants et aboutissants de ce à quoi nous assistons. Au moins pour le moment.

 

On vient d’entrer dans le troisième mois d’une guerre qui aurait dû durer, selon son initiateur, « 3 à 4 jours ». Les commentateurs des radios et des TV commencent à nous fatiguer à force de dire les mêmes choses car clairement leur connaissance de la chose guerrière ou de la situation réelle du champ de bataille est nulle. Cela, surtout après qu’avec une unanimité, que personne n’avait mis en cause, pendant les trois mois avant le déclenchement de la guerre, ils avaient contesté la réalité de la menace formulée avec assiduité par M. Poutine. Unanimité ? Non, seuls les Etats Unis s'évertuaient à dire le contraire au grand dam des « sachants » qui les traitaient de va-t-en-guerre. Pas seulement les commentateurs mais aussi des dirigeants éclairés de l’Europe. Je ne citerai pas de noms…

Les historiens, si toutefois la planète restera ce qu’elle est, étudieront le comment, le pourquoi, le quand de ce à quoi nous assistons. Entre temps, les « influenceurs » en répétant ce qu’ils disent depuis que l’on a constaté qu’ils se sont trompés, avec la même unanimité instillent deux idées de force : (a) Poutine est coupable mais il faut trouver une solution pour qu’il s’en sorte honorablement et (b) il ne faut pas oublier que l’OTAN (donc l’Ouest) y est pour quelque chose dans la « réaction » de la Russie. Et avec cela, une conclusion qui s’est déjà installée : l’Ukraine c’est une confrontation entre la Russie et les Etats Unis, et cela nous dépasse. Je laisse de coté, tout en le rappelant, que chaque fois qu’il y a eu une guerre en Europe (pas civile) on a eu besoin de faire venir l’Amérique : 14-18, 39-45 et la dernière fois en 1999 en Serbie.

Pour ce qui est de (a) on voit « l’esprit de Munich » à l’œuvre. C’est dommage, surtout en France, notre pays ayant oublié qu’il y a belle lurette qu’il n’a plus gagné une guerre, la dernière qui ne disait pas son nom, au Mali, ne faisant pas exception. Quant à la 2ème guerre mondiale c’est le génie du Général qui, avec l’aide de Churchill qui aimait la France comme son pays, et la complicité de Roosevelt, nous avait persuadés d’avoir été parmi les gagnants. Pour ce qui est de (b) ce n’est que l’ignorance de ceux qui promeuvent un mensonge qui, répété ad nauseam depuis vingt ans devrait devenir vérité d’Evangile. Car à aucun moment, aucun Président des Etats Unis ou de France ou Premier Ministre Anglais, Canadien ou autre n’a fait une déclaration/promesse y correspondant. En revanche, le fameux Mémorandum de Budapest, signé en 1994, qui garantissait la sécurité de l’Ukraine qui renonçait à son armement nucléaire est violé, d’évidence, par la Russie. Avez-vous déjà entendu Poutine ou l’Occident le mentionner ? Bien sûr que non. La raison ? Pour Poutine qui ment comme il respire, aucune raison de l’évoquer. Pour les Biden, Johnson, Macron, Borell, Scholz - le mentionner demanderait soit la solidarité économique/militaire avec l’Ukraine soit l’admission de leur irresponsable couardise complice de Poutine (MB). Mais, les deux idées devenues les vulgates du moment ont, en réalité, volens nolens, une raison majeure : occulter le fait que ce qui arrive est, principalement, la faute de l’Europe, et surtout celle de l’Allemagne.

Suivez ma logique :

La deuxième guerre mondiale avait comme objectif, pour le Reich d’obtenir un Lebensraum et il a donné la priorité à l’Est avec le succès que l’on connaît. Fast forward – l’Allemagne, avec l’argent des Etats Unis et à l’abri de tout danger venant de l’Est, devient 40/50 ans après la 2ème guerre mondiale le pays le plus puissant de l’Europe. Elle accepte, comme partenaire, la France pour « diriger » l’Europe mais a aucun moment elle ne dévie de ce que ses intérêts lui commandent : le Lebensraum est toujours nécessaire pour le développement implacable de l’industrie allemande et le seul possible (à l’époque) c’est l’Est, la Russie. Deux Chanceliers (M.Schröder devenu VP de Gazprom et Mme Merkel) sont pendant 22 ans les meilleurs partenaires de la Russie et de M. Poutine. Si j’osais, je dirais que Mme Merkel a été le meilleur soldat de M. Poutine car, à cause d’elle, aucune action sérieuse n’a jamais été entreprise contre celui-ci pendant ses multiples écarts par rapport, par exemple, au principe de l’inviolabilité des frontières (Géorgie, Abkhasie, Ossetie, Crimée, etc.,). Malheureusement, avec la complicité de la France qui - probablement- pour garder son « rôle » de primum inter pares en Europe, nonobstant son déclin économique, social, culturel des 40 dernières années, a accepté tout ce que l’Allemagne voulait. Y compris, après 2005, le renoncement à sa souveraineté en faveur du « machin » de Bruxelles (que le Général me pardonne le plagiat). Comme tous les pays de l’Europe SAUF l’Allemagne car sa Cour Constitutionnelle a le droit à la parole et donc s’opposer à ce que Bruxelles peut décider.

Si vous avez suivi ma logique vous ne pouvez pas ne pas admettre que ce que M. Poutine a fait, il a pu le faire par la volonté de l’Allemagne : (i) l’Europe n’était personne politiquement/stratégiquement, (ii) l’OTAN en « état de mort cérébrale » aucun état ne lui payant pas 2% de son PIB, (iii) entièrement sous la mainmise de la Russie pour son énergie (50% de sa consommation de gaz, 60% pour l’Allemagne). En clair, sachant ce qui précède, M. Poutine (après le désengagement ubuesque des Etats Unis de l’Afghanistan) a, raisonnablement, considéré qu’il pouvait, sans risque, lancer son opération phare de reconstruction de l’empire russe (la Russie, disait-il, « c’est un pays et une civilisation »). En clair, il a fondé sa décision sur trois hypothèses - l’Ukraine (dirigée par « une bande de toxicomanes qui ont nazifié le pays ») ne pourra pas résister plus de 3 ou 4 jours, les pays de l’Europe ne seront pas solidaires entre eux et par rapport à l’Ukraine, des sanctions économiques n’auront que des effets mineurs (vu la prépartion russe à une telle éventualité). Et, de plus, l’Amérique du « vieillard cacochime » élu en 2020, occupée comme elle est avec le wokisme, la théorie du genre et autres ejusdem farinae se tiendra à l’écart pour s’occuper, essentiellement, de son pivot vers l’Asie, vers la Chine.

Mais la guerre c’est comme l’amour, on sait quand ça commence… et nous voilà au troisième mois quand on constate que les hypothèses de M. Poutine ont été infirmées par les faits. La Russie (x) a fait montre d’un premier échec au bout de six semaines (ne pouvant pas conquérir Kiev, retraite du Nord de l’Ukraine), (y) elle essaye (l’issue n’est pas certaine) de conquérir rapidement, complètement, les deux républiques fantoches du Donbass et (z) elle prépare des actions en vue de conquérir la totalité d’une bande de terrain au Sud, jusqu’à Odessa pour interdire à l’Ukraine l’accès à la mer Noire (interdire tout export au pays qui assure 20/25% des besoins mondiaux de céréales – blé, maïs, orge, etc.,). Et selon des informations récentes elles préparerait le terrain pour arriver en Moldavie, pays limitrophe de la Roumanie qui fait partie de l’OTAN : ayant justifié sa guerre, entre autres, par le fait que l’OTAN pouvait arriver à la frontière de la Russie, le voilà qu’il essaye, lui, d’arriver à la frontière de l’OTAN ! Comprendre qui peut.

Bon, pendant tout cela une autre discussion a lieu : l’Amérique a tort, dit-on, de prévoir des aides de 20 milliards de $ d’armement. Remarquez, la Pologne (le mal aimé de Bruxelles) a fourni pour 1,6 milliards d’euros – la France pour 100 millions d’euros (?!) et l’Allemagne des équipements et des munitions de l’Allemagne de l’Est (fabriqués des années 70 jusqu’à l’unification). Mais ce que les Etats Unis font, disent certains, en donnant la possibilité à l’Ukraine de combattre et de ne pas laisser la Russie gagner, ne fera que prolonger le conflit au désavantage du monde entier. Capito ? De nouveau l’esprit de Munich qui s’instille, insidieusement, et vas-y, il faut trouver une solution pour sauver la face de M. Poutine. Car pour l’instant, sur le champ de bataille il est plutôt mal parti.

Regardez : depuis le 24 février les russes auraient perdu 1.008 tanks, 2.445 véhicules blindés, 155 hélicoptères, 232 drones, 190 avions, 8 bateaux (dont un « amiral », joyau de la flotte russe), 27 systemes missiles sol-air. Et 2300 soldats ces dix derniers jours faisant monter leurs pertes à 23.200 morts (et, probablement au moins le double de blessés). Mais ce qui est remarquable (pas souvent remarqué) c'est que le premier fournisseur d’armement de l’Ukraine est la Russie : son armée à abandonné ou laissé l’armée ukrainienne capturer ces 10 derniers jours :

Les 20 milliards des Etats Unis ? Avant que les armements en question n’arrivent sur le front, la Russie fournit, gratuitement, à l’Ukraine, une partie de ce dont elle a besoin pour se voir interdire de gagner la guerre qu’elle a, d’une manière irresponsable, lancé le 24 février 2022.

Triste conclusion quant à l’intelligence de l’espèce humaine, non ?

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