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24 janvier 2019 4 24 /01 /janvier /2019 17:27

On assiste, médusé, aux émissions des chaînes de TV ou, même, aux « questions pour un champion » dans lesquelles notre Président se trouve face à des centaines de maires dont les questions, affirmations ou contre-vérités nous déboussolent. Car, quand même, que se passe-t-il dans notre pays depuis ce jour funeste de novembre 2017 quand 300.000 de nos compatriotes se sont mis sur le dos le gilet  jaune qu’ils avaient dans leur voiture ?

Je vais faire simple et essayer d’aller droit au but : on assiste à une guerre d’usure car confrontés à un problème qui n’a pas de solution.

Guerre d’usure – chaque samedi des citoyens, plus ou moins civilisés, font savoir à la communauté nationale qu’ils ne sont pas contents ni de leur sort ni de ce que les «instances légitimes» du pays ont fait, font ou feront pour satisfaire leurs revendications. Revendications économiques qui, aussi légitimes qu’elles puissent paraître, se heurtent frontalement aux pénuries budgétaires dans lesquelles le pays se meut depuis une quarantaine d’années. Il devient, de plus en plus, évident que ce que les «instances légitimes» du pays peuvent faire – à part de promettre des lendemains qui chanteront une fois que les réformes, faites à moitié ou au tiers, produiront leurs résultats – ne sont que des cataplasmes sur des jambes de bois, tout au moins considérées comme telles par ceux qui réclament  « justice ».

Non, il n’est  pas facile de vivre avec des subventions de quelques centaines d’euros par mois quand on est devenu chômeur de père en fils. Non, il n’est ni facile ni sain de « tenir les murs » quand on fait partie de la tranche de la population de 15 à 34 ans que les anglo-saxons appellent les NEET (Not in Éducation, Employment or Training) : 2,85 millions (dont 40% viennent de la « diversité») soit 18,1% d’un groupe qui comporte 15,75 millions dans notre pays (OCDE – Enquête Emploi INSEE, 2017). Comme il n’est ni sain ni facile pour le pays d’avoir à supporter, peu ou prou, 6 millions de chômeurs (France Métropolitaine).

 

Et puisque c’est comme cela, les Gilets Jaunes, avec la sympathie (ou le support) de plus de la moitié des français obligent les « instances légitimes » du pays de prendre une posture défensive qui trouve, même parmi les siens, des justifications essentiellement à caractère moral. Car, enfin, on ne peut pas dire du mal des gens pauvres qui souffrent et qui le font savoir.

Et puisqu’il n’est pas possible de dire du mal on essaye d’expliquer, convaincues comme sont « les instances légitimes » que tout est question de pédagogie.

Pédagogie ? Ce serait vrai, peut-être, s’il s’agissait d’un problème pour lequel on explique comment  le résoudre. Mais s’il n’y a pas de solution ?

La France, un problème sans solution – Rien n’est  simple, plein de  facteurs pour un problème/équation à inconnues multiples, je vais en choisir un pour tenter d’expliciter le propos. Les retraites.

Depuis quarante ans on vit dans le cadre d’un modèle social qui trouve ses origines dans la naissance de « l’état-providence » dont le catalyseur s’est trouvé être une période faste, «les trente glorieuses». Ce modèle comportait (été fondé), d’une manière consubstantielle, une croissance économique pérenne élément essentiel pour le développement d’une société apaisée dans laquelle les conflits sociaux se règlent par le dialogue entre les partenaires sociaux. La croissance pérenne avait comme corollaire une capacité -pérenne à son tour- d’assurer chaque tranche d’âge d’une fin de vie cohérente avec sa catégorie socio-professionnelle. Le tout se traduisant par « la retraite par répartition» - ceux qui travaillaient réglant les pensions de ceux qui partaient à la retraite. On arrive au premier terme du problème sans solution.

En 1981 F. Mitterrand impose une  promesse de campagne «la retraite à 60 ans». Il ne fallait pas sortir de Saint Cyr pour comprendre que la réduction du nombre d’actifs allait créer une distorsion dans l’équilibre «cotisations/pensions». Il  s’agit du premier élément du problème sans solution : «En 2000 en France, seuls 20 % des hommes âgés de 60 à 64 ans étaient actifs contre 70 % en 1960 (Laffargue 2008, p. 313)» Le deuxième élément, la croissance économique du pays n’a pas été pérenne :

Des études savantes montrent qu’en deçà d’une croissance annuelle de 1,8%  l’économie française ne peut pas créer suffisamment d’emplois pour remplacer les départs à la retraite et absorber, éventuellement, une partie du chômage.  Regardez la courbe de la Banque Mondiale et vous comprenez qu’un gouffre s’est créé, patiemment, depuis les années 70. De moins en moins de gens au travail, de plus en plus de retraités (pour de plus en plus de temps car l’espérance de vie  augmente) et de plus en plus de chômeurs le tout avec une croissance en berne (on l’appelait même, «croissance négative» quand l’économie s’amenuisait). Très bien mais… les gens à la retraite devaient recevoir leurs pensions pour lesquelles ils avaient cotisé pendant leurs années de travail. Sauf que ceux qui travaillent aujourd’hui sont de moins en moins nombreux… En 1960 on trouvait en France 4 personnes qui travaillaient pour une à la retraite. 50, 60 ans après on trouve, peu ou prou, 1,4 personnes qui travaillent pour une à la retraite (14 millions de retraités, 21 millions d’actifs). Que doit-on faire? Augmenter l’âge de départ à la retraite ou augmenter les cotisations de ceux qui travaillent ou réduire les pensions de ceux qui sont à la retraite. Cela s’appelle faire des réformes. Comme en Nouvelle Zélande ou au Canada ou en Allemagne. Pour des raisons multiples et variées la France ne les a pas faites.

Vint Monsieur Macron. En laissant de côté ce qui n’est pas essentiel  (comportement, cursus, éloignement du «peuple») il s’est mis en tête de prendre autant de décisions que nécessaires pour tenter de rendre au pays le lustre qui était le sien jadis. Sachant qu’en réussissant, la France pourrait de nouveau prétendre être «premier violon» en Europe. Savait-il, avait-il réalisé, soupçonnait-il que ce qu’affronte le pays est un problème sans solution ?

Pour faire simple on dit «les Gilets Jaunes» (ou les masses qu’ils représentent) se trouvent sur une autre planète que «les instances légitimes». Effectivement, on voit des gens (dans les émissions de TV)  qui proposent comme unique solution pour améliorer leur sort  «de changer l’impôt». Avec presque deux tiers  (58%) des foyers fiscaux qui ne payent pas l’IRPP, avec 25% des foyers qui payent 70% du total (ce qui  en dit long sur sa progressivité) l’IRPP collecte 80 milliards d’euros et représente moins de 4% du PIB du pays. Mais… la France étant la seule au monde à avoir un ISF (Impôt de Solidarité sur la Fortune) avec un rendement de moins de 5 milliards d’euros… M. Macron, à juste titre le supprime (en partie).  Dans le pays qui a donné au monde la révolution de 1789 et de ses épigones (la Russie en 1917, la Chine 1949…)  c’est pire qu’un crime, c’est une faute (Joseph Fouché)… Et voilà des dizaines de milliers de Gilets Jaunes qui battent le pavé tous les samedis et crient, avec force, «rendez l’ISF»

Et personne pour leur dire que l’ISF abandonné (3,4 milliards d’euros) repris et distribué aux 65 millions de français ferait 52 euros par personne et par an soit moins de 5 euros par mois ! Quelle aubaine !

Comme on ne leur dit pas sur quoi la France dépense ses sous. On a réduit le total des dépenses à 1.000 euros et voilà le détail :

Plus de la moitié du budget pour les dépenses sociales (!), 10 fois plus pour la charge de la dette que pour la justice (!), 10% pour l’éducation (qui depuis des dizaines d’années «fabrique» tous les ans 150.000 gosses qui ne savent pas bien ni lire ni écrire ni faire des calculs).

Sauf à me démontrer le contraire, le problème auquel est confronté notre pays est insoluble (sans solution). Avec 6 millions de chômeurs, 6 millions de fonctionnaires, 14 millions de retraités et SEULEMENT 21 millions d’actifs dans l’économie privée, avec une dette de plus de 3.000 milliards d’euros (y compris celle pour la retraite des fonctionnaires) M. Macron n’a pas l’ombre d’une chance de pouvoir faire ce qu’ils souhaitait faire. Et la guerre d’usure que les Gilets Jaunes mènent contre la France (perte de croissance probable d’au moins 1%, déjà) ne fait qu’aggraver, de jour en jour, une situation qui, aussi désespérée qu’elle nous paraît aujourd’hui, le deviendra encore plus pour nos enfants et nos petits-enfants. Sauf si…

 

 

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