Trois points attirent l’attention et suscitent la crainte et l’espérance : Etats Unis et la politique de D. Trump, l’Europe et la guerre à ses confins, le Proche-Orient (pour l’essentiel, Israël et Iran). Guerre commerciale, guerre tout court, comprendre la(es) stratégie(s) du(es) guerrier(s) mérite d’y passer un peu de temps, surtout si on se rappelle Su-Tzu (-544 JC) qui disait « Connais l’adversaire et surtout connais-toi toi-même et tu seras invincible »
A tout seigneur, toute honneur : D. Trump a réussi à mettre à mal les marchés financiers du monde entier faisant perdre, accessoirement, aux Etats Unis plus de 5.000 milliards de $ (capitalisation sociétés) et à lui-même quelque 500 millions de $. Se connaissant, bien, lui-même et connaissant bien ceux auxquels il s’en prenait, il devait avoir des raisons précises pour faire faire ce qu’il a fait.
Sauf erreur de ma part, ce que DT veut c’est (1) réduire les impôts de ses compatriotes, (2) réindustrialiser le pays (pour des raisons autant économiques que sociales) et (3) vendre plus aux autres [et réduire à zéro le déficit commercial systémique du pays qui en 2024 atteignait 903 milliards de $ (Larsen Political Economy, 07.04.25)]. En fixant des droits de douane (sous un prétexte valable) il obtiendra (a) des sous pour réduire les impôts, (b) fera produire aux States moins cher (prix pour l’extérieur augmentés par droits de douane) et (c) vendra plus aux autres (car ils auront réduit leurs droits de douane).
C’est « la stratégie du guerrier » et si on ne sait pas si ce qu’il fait lui permettra d’obtenir les résultats espérés, sa stratégie semble parfaitement sensée. Le considérer idiot ou incapable, me semble un peu excessif. Curieux : les deux Prix Nobel d’économie (Krugman et Stieglitz) toujours prêts à critiquer sa politique économique dans le NYT, se taisent pour le moment. Le français Jean Tirole (plus raisonnable que les deux autres) aussi.
Si les résultats de ce qu’il est en train de faire sont au rendez-vous il atteindra son but : une réindustrialisation rapide, la croissance de l’emploi dans le secteur privé pour absorber les centaines de milliers de personnes mises à pied par des bureaucraties gouvernementales gonflées (2,9 millions de fonctionnaires fédéraux et 19,5 millions des états) promoteurs de politiques budgétivores via des agences et associations diverses et multiples et absolument pas contrôlées. Fait remarquable, les marchés n’ont pas vu venir l’histoire des tarifs, même si DT n’a jamais caché son intention de les introduire s’il le fallait. À maintes reprises, il a souligné que les États-Unis ne seraient plus « saignés à blanc » en se référant plus d’une fois, à Bruxelles. Des secteurs clés tels que l’industrie automobile (un coup dur pour l’Allemagne), les semi-conducteurs et les centres de données d’IA sont sur le point de faire un retour en force sous la bannière « Made in the USA » Des réactions ?
Étant donné que la plupart des grandes économies du monde ont d’importants excédents commerciaux avec les États-Unis, elles risquent de perdre plus que les États-Unis dans une guerre commerciale prolongée. Par conséquent, ces pays seraient probablement plus disposés à faire des concessions et à régler le conflit rapidement pour éviter de causer de plus grands dommages économiques à leur propre économie. En fin de compte, ils seraient fortement incités à négocier avant que les coûts pour leur économie ne dépassent ceux des États-Unis.
Quant à la méthode utilisée pour en arriver là… après avoir fait peur avec des tarifs douaniers allant jusqu’au ciel, après que le monde entier ait constaté qu’il faisait exactement ce qu’il a promis pendant sa campagne, il a accordé royalement une pause de 90 jours pour que divers pays viennent négocier. Aux dernières nouvelles ils sont 75 l’ayant déjà annoncé. Mais pour que l’attente soit propice à la réflexion, des tarifs de 10% ont essentiellement, d’ores et déjà, été acceptés par tout le monde.
Cela étant, il y a, me semble-t-il, une explication supplémentaire pour ce que DT vient de faire : le monde entier (y compris les Etats-Unis) dépend pour une multitude des « chips » de Taiwan : IA, « command-control » industries, robots, armement moderne, drones, ordinateurs, etc., Il semblerait que les EU ont appris que la Chine a fixé à 2027 l’invasion de l’Ile. Au-delà des facteurs économiques, le danger est là, il faut affecter sérieusement la situation de la Chine avant : si les EU réduisent significativement leurs achats à la Chine (guerre commerciale) cette dernière entrera dans une récession majeure. Et renoncera, peut-être, à l’aventure Taiwan.
In cauda venenum… Tout ce qu’il fait il l’a promis pendant sa campagne. C’est suffisamment rare pour le noter, il fait ce qu’il a dit. Il est en train de vouloir « changer les choses » (on verra si c’est en bien ou pas) à comparer avec nous où depuis 40 ans on n’arrive même pas à changer les droits à la retraite…
Et l’Europe ? À partir des années 1990, l’UE a rêvé de construire un gouvernement que seul un bureaucrate orwellien pourrait aimer, avec des barrières non tarifaires à l’entrée qui n’avaient jamais été imaginées précédemment.
Aujourd’hui, un non-européen cherchant à vendre la plupart des produits sur le marché européen doit nommer un représentant autorisé en Europe, déposer l’approbation de marque CE de chaque numéro de modèle, dépenser l’argent pour refaire son outillage afin de mouler les codes et logos d’approbation de l’UE dans son produit, et respecter des contraintes scandaleuses sur les matériaux qu’il utilise, tant pour le produit que pour l’emballage. A part cela… des accords commerciaux avec droits de douane nuls avec des pays dont les règles sociales, économiques, légales n’avaient rien avoir avec celles de l’Europe. Depuis 30 ans l’Europe se repeuple et décline par rapport à son équivalent mondial, les Etats Unis. Deux graphiques nous disent tout :
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Le PIB en 1990 des Etats Unis était, pratiquement, égal à celui de l’Europe, il est en 2023 de 50% supérieur. Et le PIB/habitant (Etats Unis 340 millions, Europe 460 millions) est le double. Croit-on vraiment à Bruxelles en ce qu’on nous raconte ? Une guerre depuis trois ans que l’adversaire ne peut pas gagner et que l’Europe ne peut pas perdre absorbe des tonnes d’argent. On nous parle de l’IA et des investissements que l’on doit faire : notre président (qui se veut, aussi, président in spe de l’Europe) parle de 109 milliards d’euros. Aux Etats Unis on investit 1.000 milliards de $. Il est probable qu’aucun de gnomes de Bruxelles n’a lu le rapport de 400 pages de Mario Draghi concernant l’économie européenne (septembre 2024).
Mais regardez la comparaison Europe – USA sur les principaux sujets :
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L’Europe, qui abrite certaines des économies les plus grandes et les plus avancées du monde, a connu près de trois décennies de stagnation économique, se classant derrière les États-Unis sur tous les plans… sauf sur celui des réformes « sociétales ». Malgré un niveau de vie élevé, des salaires compétitifs et une excellente éducation, le continent est confronté à des problèmes auto-infligés en matière d’innovation, d’immigration, d’industrie, d’intégration et d’énergie.
Notre pays souffre des mêmes maux, notre déclin semble sans retour possible mais ce qui anime ceux qui nous gouvernent c’est d’empêcher qu’un tiers des votants aux élections puissent jouer quelque rôle que ce soit dans la conduite des affaires. Follow the Money, un journal d’investigation, rapporte qu’entre 2019 et 2022, 139 législateurs européens, soit près d’un sur cinq, ont probablement mal utilisé l’allocation qui avait fait trébucher Mme. Le Pen en France. Dans l’affaire du Rassemblement national, les procureurs ont soulevé des allégations liées à des transactions datant de 2004. Dans la plupart des affaires du Parlement européen, la controverse a pris fin après que les législateurs ont eu remboursé l’argent « mal utilisé ». Le Monde rapporte que Mme. Le Pen a remboursé 330.000 € en 2023 sans aveu de culpabilité. Pourtant, les procureurs français et trois juges ont maintenant fait condamner Mme. Le Pen et également imposé une amende de 2 millions d’euros à son parti. Mais pour (a) empêcher une imaginaire récidive, et vu (b) le risque d’ordre public si elle est élue en 2027 aux élections présidentielles (?!), elle est frappée de 5 ans d’inéligibilité pour qu’elle ne puisse pas s’y présenter. Cette décision (juridique ? politique ?) aura des répercussions sur la politique française et influencera la bataille des narratifs sur l’état de la démocratie en Occident. Il va légitimer davantage l’affirmation déjà répandue - promue par l’administration américaine - selon laquelle les élites ont pris le dessus sur les systèmes politiques occidentaux et l’ont fondamentalement faussé contre la volonté des peuples.
Pendant ce temps, notre Président fait bénéficier le monde entier de ses compétences géopolitiques : en particulier pour tout ce qui concerne l’Ukraine et la Russie et, surtout, pour le Proche Orient auquel il consacre une partie de son temps, surtout en tant qu’adversaire « bien intentionné » d’Israël. Il vient de faire savoir que la France reconnaîtra un « état palestinien » en juin de cette année. Ce que, après le 7 octobre 2023, la très, très grande majorité (de gauche, de droite, de centre…) d’israéliens refuse.
Israël. Au bout de trois guerres (2014, 2021, 2023) Israël gagne trois places dans le classement des pays les plus heureux : de la 11ème à la 8ème tandis que la France descend de la 29ème place à la 33ème.
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Je ne pense pas me tromper de beaucoup quand je professe, pour mes amis, un discours différent de ce que la vulgate dominante nous sérine, jour après jour (pays au bord de la rupture, gouvernement d’extrême droite, manifestations journalières pour la libération des 59 otages restant - dont 35 supposés morts - et contre BN, les tentatives de changer - aux marges - le régime juridique du pays, et, bien sûr, l’opposition à la formule géniale, qui va tout résoudre, « la solution à deux états ») et qui se résume à trois constatations concernant les ennemis immédiats d’Israël. Hamas, pratiquement, détruit militairement et Gaza échappant à tout contrôle futur par les mêmes, Hezbollah, pratiquement, réduit à une formation de guérilla avec un quart (ou tiers) de l’armement dont il disposait (et un Liban qui pourrait être amené par l’Administration américaine dans une extension des Accords Abraham), et la Syrie dont les moyens militaires (bases, aviations, armement) ont été détruits après sa conquête par des jihadistes qui se présentent en costumes trois pièces aux cerveaux d’acier de l’Occident qui, contre toute raison, les croient devenus (presque) acceptables. Quant à l'Iran, sponsor de toutes les aventures djihadistes au Proche Orient ... il a montré qu'il ne connaissait pas son adversaire (Israël) qui lui a tondu la laine sur le dos, so to speak) : ses "proxies" en très mauvaise posture, lui-même (presque) sans défense pour ses sites essentiels, monnaie (le rial) à 1 million pour un $, crise économique et obligé d'accepter (ce qu'il a toujours refusé) des négociations avec l'Amérique (le grand Satan) de M. Trump sous la menace de bombardements en cas d'impossibilité d'avoir un accord visant la destruction de son programme nucléaire. Durée des négociations imposée par Monsieur Trump deux mois. Car en octobre 2025 une grande partie de conditions de l'accord JCPOA de M. Obama (toutes pas respectées) perdent leurs valeurs.
Israël, en guerre depuis 19 mois, ce pays, à nul autre pareil, affiche un comportement économique enviable : croissance pour 2025 de 3,8% (17.02.25, Min. des Finances), démographie positive (indice de fécondité 3,09 enfants/femme), dépenses pour R&D de 5,4% du PIB (CBS) quand la guerre depuis octobre 2023 a couté 67 Milliards de $ (Anadolu, 13.01.25) soit 13,5% du PIB ! Depuis le début de l’année 2025, les investisseurs étrangers ont acheté des actions d’une valeur de 5,2 milliards de NIS à la bourse de Tel Aviv, et la TASE note que les investissements étrangers sont maintenant à leur plus haut niveau sur cinq ans. Depuis le début d’avril, en achetant des actions pour plus de 900 millions de NIS (220 millions €). Certes, tout n’est pas rose. En Syrie voisine, l’installation de djihadistes convertis en politiciens acceptables avec l’aide (et sous le contrôle) de la Turquie annonce des difficultés futures. D’autant que le contempteur en chef actuel d’Israël (le sultan d’Ankara) est considéré comme un bon ami de D. Trump. Bien qu’il vient, en priant Dieu à la fin du Ramadan le 30 mars “May Allah, for the sake of his name … destroy and devastate Zionist Israel,”
Mais, peut-être sait-il, espérons, (stratégie du guerrier) ce que MM. Sinwar, Nasrallah ou Khamenei ont appris : “ Don’t start a war with Israel. It won’t work out well for you” (Mc.Gurk, NSC, Administration J. Biden).