On vit une époque formidable, n’est-ce-pas ? Quelques guerres, par-ci, par-là, mais dont la paix est proche, un continent (Europe) en train de se réveiller de la léthargie induite par la conviction que le bonheur viendra d’ailleurs (« l’immigration massive » étant une chance) et que la paix - dont il s’est doté après au moins, cinquante millions de morts et un génocide sans équivalent - sera éternelle. Comment ne pas se souvenir de Pangloss (disons Voltaire) qui nous a éclairé par un brillant syllogisme prenant appui sur Leibniz : « le monde est créé par Dieu qui est parfait, donc, ce monde est parfait et tout va bien »
Certes, il y a M. Macron, qui voit son influence s’affaiblir au fur et à mesure que la France ne devient plus que l’ombre de soi même, convoquer des réunions d’urgence à Paris, soi-disant pour discuter de l’Ukraine et/ou du réarmement de l’Europe. A l’ordre du jour il y aura sûrement la façon dont les grands de l’UE vont faire face au tsunami national-conservateur frappant de l’extérieur aussi bien que de l’intérieur. Car l’arrivée du nouveau sheriff de Washington est en train de changer pas mal d’aspects géopolitiques qui semblaient immuables.
Oui, il y a M. Macron. Mais la population française avance dans l’âge. Les baby-boomers nés pendant l’époque des taux de natalité record de 1955 à 1969 prennent leur retraite, tandis que la main-d’œuvre au travail diminue. Cela conduit, inexorablement, à une crise des retraites aussi imminente que permanente, car les remèdes envisagés sont aussi efficaces que les cataplasmes sur des jambes de bois. Mais la réforme d’un système (imaginé il y a 80 ans quand l’économie de marché se mettait en place) lié à l’inflation salariale (nombre de salariés créant de moins en moins de valeur + nombre de chômeurs assistés) est politiquement explosive avec des électeurs plus âgés et influents via des élections encore libres. Mais les cerveaux d’acier qui nous commandent, depuis des années, ont imaginé une solution imparable : l’immigration pour sauver l’économie française (et, aussi, nous disent-ils, pour payer les retraites futures). Peu leur chaut, cependant, que remplir le pays d’immigrants culturellement incompatibles avec ce que la France a été ne fera qu’empirer les choses. Et on assiste, déjà à une sorte de colonialisme inversé – qui a vu des millions de personnes quitter les anciennes colonies françaises pour la métropole. Accessoirement, ce processus a créé un déséquilibre entre la France et ses anciens territoires, car des milliards d’euros reviennent aux anciennes colonies de l’activité économique des immigrants en France, qui, cerise sur le gâteau, constituent un terreau d’où se recrutent, plus que souvent, les narco-trafiquants, la criminalité et le terrorisme islamiste.
Bon. Mais ce qui préoccupe M. Macron et nos élites c’est tout à fait autre chose. La guerre aux confins de l’Europe, avec une puissance nucléaire qui veut, coûte que coûte, engloutir un pays de 600.000 km2 habité de 40 millions d’habitants, ne peut pas les laisser indifférents. L’Europe pacifique doit s’armer pour faire face à, éventuellement, une nouvelle agression. Si la France et quelques autres pays de l'UE avaient une armée digne de ce nom, on n'en serait pas là. Mais la France n'a plus les moyens d'avoir une armée de combat. Avec des prélèvements de plus de 50% sur le PIB pour distribuer « socialement » plus d’un tiers de celui-là, la France se gausse de notre fameux système "social" qui ne marche plus et l’a ruinée économiquement ce qui l’a considérablement affaibli. On a tendance à occulter nos échecs ou à les justifier par des raisons autant incompréhensibles que fallacieuses. Mais une sorte d’atmosphère « va-t-en-guerre » est en train de se diffuser en conduisant à faire peur aux gens qui ne savent plus à quel saint se vouer. On est loin du temps où M. Hollande et consorts nous expliquaient, hier, qu'on pouvait retirer les dividendes de la paix. Atmosphère va-t-en-guerre ? Le gouvernement a annoncé que tous les ménages en France recevront un manuel de survie dans les prochains mois. Le guide de 20 pages expliquera ce qu’il faut faire en cas de conflit armé, de catastrophe naturelle, d’autre pandémie ou de fuite radioactive. Ne souriez pas : en cas de fuite radioactive, il est conseillé de fermer toutes les portes. Comme de faire des stocks de denrées habituelles. Vous verrez, on va encore manquer de papier toilette comme pendant le COVID. Pour ce qui est du coût du projet, un journaliste s’est renseigné auprès d’une imprimerie et a appris qu’un livret de 20 pages distribué à 30 millions de ménages coûterait environ 6 millions d’euros. Qu’est-ce que 6 millions d’euros pour un pays déjà endetté à hauteur de 3.300 milliards d’euros ?
Mais notre Président - qui a beaucoup de temps libre car qu’il n’a plus ni gouvernement ni majorité parlementaire « à sa botte » n’arrête pas de faire entendre sa voix dès que quelque chose se passe au Proche Orient. Il semble avoir oublié ce qui s’est passé le 7 octobre 2023 mais il a choisi une des deux lectures mises en exergue par L’(i)Monde : Les deux lectures antagonistes du 7-Octobre et de ses conséquences L’(i)Monde 20.03.25.
Je crois que l’on peut faire simple (du moins j’essaye) et dire que pour le Hamas, le conflit ne se terminera pas tant qu’Israël n’aura pas disparu car la destruction physique d'Israël, et la mort du Judaïsme (donc de ses fidèles) sont ses raisons d’être.. Et, mutatis, mutandis, pour Israël, le conflit ne peut s’arrêter tant que le Hamas ne disparaît pas de Gaza. Ce qui signifie que même si des nouveaux cessez-le-feu temporaires peuvent encore être obtenus dans les jours ou les semaines à venir, la guerre continuera. Mais en mettant de côté les intérêts et les intentions du Hamas, de M. Netanyahu et de M. Trump (considérés actuellement comme les seuls a avoir la capacité de décider de la marche des choses), un cessez-le-feu à Gaza ne peut jamais durer pour une raison fondamentale : aucun des deux camps ne veut tolérer la poursuite de l’existence de l’autre. Pendant des décennies, le groupe terroriste a pillé Gaza et sacrifié son peuple dans la poursuite d’une guerre messianique, sans fin, pour éliminer l’État juif. Avant le 7 octobre, les Israéliens considéraient cette aspiration comme irréaliste et croyaient qu’ils étaient en sécurité derrière leur barrière de haute technologie et l’armée la plus puissante du Proche Orient. Après le 7 octobre, ils ne le peuvent plus.
Mais le monde est concerné par le sort des 2 millions de gazaouis (beaucoup moins que par celui des 10 millions d’israéliens dont presque 8 sont juifs). On sait que le déplacement des réfugiés à travers les frontières est une conséquence régulière de la guerre. Six millions de Syriens, soit près du quart de la population d’avant-guerre, ont fui leur pays pendant la guerre civile. Un nombre encore plus grand a quitté l’Ukraine, même si la majeure partie de son territoire est libre des hostilités. Plus de 1,5 million de personnes ont fui l’Afghanistan depuis la prise de contrôle par les talibans en 2021. 14 millions de « déplacés » au Soudan. Pourtant, depuis le 7 octobre, l’Égypte a bouclé, pratiquement, toute la population de Gaza qui est la seule au monde à ne pouvoir se réfugier ailleurs pendant que l’organisation à laquelle elle a confié les clés du territoire habité il y a 20 ans poursuit sa guerre contre Israël. L’Egypte, pays arabe d’un million de km2, Gaza, 365 km2.
De plus, ce qui perturbe actuellement Israël jusqu’à créer une dichotomie apocalyptique de sa population c’est le sort des 59 otages (dont 34 probablement déjà morts) que le Hamas détient encore et qui en joue de pour prolonger la guerre en espérant qu’Israël acceptera un jour ses conditions : rester en place en premier lieu. Les otages. On ne peut pas ne pas penser à Schrödinger : ils peuvent être aussi bien vivants que morts. Comme pour son chat, décider ce que l’on doit faire c’est, moralement, incompatible avec ce que le judaïsme est. C’est le terrible dilemme auquel Israël a été confronté depuis le début de cette guerre. Comment une nation peut-elle équilibrer l’impératif qu’elle ressent de sauver certains de ses citoyens de la captivité, de la torture et de la mort, avec l’impératif de ne pas condamner encore plus de ses citoyens au même sort et d’assurer plutôt leur sécurité ? Pendant plus de 15 mois l’Administration Biden et, pratiquement tous, les gouvernements occidentaux ont fourni au Hamas, indirectement mais sciemment, les moyens de continuer de combattre : retenir l’aide militaire à Israël, lui demander de ne pas mener d’opérations dans les principaux bastions du Hamas comme Rafah, s’attendre à ce que le nombre de victimes civiles soit nul, et lui imposer des pauses fréquentes dans les combats en raison de préoccupations humanitaires fondées presque toujours plus sur une perception fallacieuse que sur les données vérifiées à Gaza. Les troupes de l’IDF ont même été contraintes de limiter l’ampleur de leurs opérations dès le début de la guerre, prolongeant ainsi le conflit et permettant au Hamas de se regrouper. Néanmoins, le Hamas n’est plus la force redoutable qu’il était au début du conflit. En octobre 2023, le Hamas possédait cinq brigades, 24 bataillons, des dizaines de milliers de roquettes, des positions défensives fortifiées et une direction bien formée avec des décennies d’expérience. Aujourd’hui, le Hamas a été significativement dégradé en une force de guérilla avec un leadership presque inexistant, une puissance de feu réduite et une capacité limitée à mener des opérations à grande échelle. Même s’il est toujours dangereux (trois fusées tirées pendant les deux derniers mois), le Hamas n’a plus de structure de commandement centralisée, des armes lourdes ou les bastions défensifs qu’il possédait autrefois.
Pourtant, Hamas continue à ne pas vouloir libérer des otages quelques aient pu être les offres d’Israël ou de l’Administration américaine. Ce qui était absolument prévisible car jusqu’au dernier otage détenu c’est le Hamas qui mène le jeu tant Israël (pour des raisons morales attaviques et leur utilisation ignoble par l’opposition à son gouvernement) ne peut que réagir à ses demandes (toutes, jusqu’ici, inacceptables). Le dernier cessez-le-feu a pris fin il y a plusieurs semaines — Israël ne l’a pas rompu. Le Hamas a manipulé les médias en prétendant accepter un accord qui n’a jamais existé, en accumulant de la nourriture (tout en accusant Israël d’organiser la famine) en refusant de libérer des otages ou de se rendre : le Hamas a choisi la poursuite de la guerre.
17 mois après le 7 octobre 2023, enfin une enquête (indépendante, inattaquable, exceptionnellement détaillée, avec des milliers de sources d’information identifiées) sur ce qui s’est passé réellement vient de sortir :
October 7 Was a Savage Rupturing of Our Civilization Brendan O'Neill, SPIKED 20.03.25. Le rapport de la commission parlementaire du 7 octobre, supervisé par l’historien Lord Roberts (7 October Parliamentary Commission Report) est un document horrifique et essentiel. Il témoigne, dans des détails sombres et méticuleux, du carnaval de violences antisémites perpétré par le Hamas et ses alliés le 7 octobre. C’est un compte rendu médico-légal, plus de 300 pages, de chaque crime commis par ces armées d’antisémitisme en ce jour le plus sombre. Et il donne des noms et rend hommage aux Juifs et à d’autres qui ont été abattus. Nous l’avons fait pour que les générations futures ne soient pas induites en erreur quant à la véritable ampleur et à l’horreur du massacre, dit Lord Roberts. Ce rapport est un navire de vérité dans les eaux gorgées de déni et d’apologie... Un détail du rapport parlementaire britannique sur la barbarie du 7 octobre devrait refroidir le sang de tous ceux qui le lisent – un bébé assassiné et deux êtres brulés ensemble jusqu’à en faire un magma
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Car c’est l’écho le plus clair du 7 octobre, parmi les milliers d’échos évidents des atrocités nazies du siècle dernier. Ce rapport ne laisse aucun doute : le 7 octobre était plus qu’un acte de terrorisme, plus qu’un crime de guerre – c’était une rupture sauvage de la civilisation humaine elle-même.
Si vous rencontrez notre Président suggérez-lui de lire les 318 pages du rapport britannique. Et envoyez-le au (i)Monde.