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18 novembre 2022 5 18 /11 /novembre /2022 22:33

Ainsi va la vie… deux élections importantes (Etats Unis et Israël), la guerre en Ukraine - neuf mois la semaine prochaine. Qui eut cru que la barbarie apparaîtrait de nouveau en Europe ? Permettez-moi citer un extrait de Marc Lambron (L’œil du Silence - Femina, 1993) relatif à la deuxième guerre mondiale, en Europe « Europe is a bastard country entendait-on aux bivouacs. Un sergent de Queens m’exposa, un soir, sa vision de l’affaire. Il imaginait deux conservateurs du Metropolitan Museum devenus fous, barricadés chacun dans une aile du musée lançant des raids jusqu’à la destruction finale des statues, des collections et des gardiens. Il ne s’expliquait pas autrement les cathédrales incendiées, les palais rasés, les reliquaires foulés aux pieds.

Rien de changé sauf qu’il n’y a qu’un conservateur - fou, paranoïaque.

 

Les élections américaines de « midterm » ont eu lieu, les résultats sont (presque) totalement connus et la vague républicaine qui devait tout changer ne s’est pas manifestée, loin de là. Néanmoins, la Chambre des Représentants a changé de majorité, elle est maintenant républicaine.

On peut (on doit) remarquer que le vote populaire s’est manifesté en faveur des républicains, le système électoral américain (et ses échappatoires – voter par correspondance, voter avant la date des élections, voter sans pièces d’identité, etc.,) ne leur donnant, néanmoins, qu’une très courte majorité (au minimum 218 mandats sur les 435 de la chambre, au maximum 219/220 selon les dernières projections). Le seul fait marquant, pour l’instant, est constitué par la « coexistence » qui est imposée au Président Biden qui ne dispose plus que du Senat, chambre qui ne peut légiférer que sur ce que celle des Représentants décide. Autant dire, M. Biden sera, en très grande partie un « lame duck » pour les deux années de présidence qui lui en reste. Il me semble, donc, logique de s’abstenir de commentaires relatifs à un avenir qui est, pour l’instant, indéterminé.

En revanche, il me semble utile de commenter les résultats de l’élection israélienne (5ème pendant les quatre dernières années) qui a eu, entre autres, le don de provoquer les diatribes de plusieurs gouvernements, de gauche et/ou de droite de par le monde. Faisons court, une coalition composée, entre autres, de deux partis de droite extrême est soupçonnée de vouloir transformer l’état de droit qu’est Israël en théocratie préparant un régime d’apartheid. Rien de moins. Si l’on veut raison garder on devrait écouter (entendre) la remarque du Président d’Israël, Isaac Herzog (06.11.22) : « Au camp perdant, je dis : le pays n’est ni fini ni détruit. La décision démocratique doit être respectée. Continuez à faire entendre votre voix et à défendre vos positions, comme dans toute démocratie saine. À tous nos frères et sœurs d’Israël et de la diaspora, à tous ceux qui expriment leur inquiétude en Israël et dans le monde - je dis : nous sommes tous engagés dans le destin de l’État d’Israël, nous sommes tous attachés à son existence fondamentale en tant qu’État juif et démocratique qui maintient la primauté du droit, les droits de la personne et les droits civils et le respect de tous les groupes minoritaires qui en font partie. Nous continuerons de protéger nos fondations en tant que peuple, société et pays.» (Traduction MB). Je crois qu’il est utile de se rappeler ce qui s’est passé.

Le système électoral israélien, très critiqué, assure cependant un reflet très représentatif de la mentalité de l’électorat. Et les résultats montrent une réaction écrasante contre le gouvernement Bennett-Lapid, en particulier parmi les sionistes religieux, qui se sont sentis trahis par la décision de Naftali Bennett de prendre leurs voix dans une coalition avec Lapid, la gauche et Ra’am (parti héritier des Frères Musulmans). Ils ont voté pour s’assurer qu’il ne pourrait plus y avoir de répétition de ce qu’ils voyaient comme un abus. De plus, le déclin électoral et la chute de la gauche israélienne ont été causés par deux convictions de plus en plus partagées. La première relative à la politique économique de libre marché de B. Netanyahou, bien que non parfaite, fonctionnait bien mieux que les anciens monopoles socialistes, et la deuxième relative aux décisions anciennes du Parti travailliste, se révélant être responsables d’un échec meurtrier pour le pays dans sa totalité (en simplifiant, les accords « Oslo »). Cela étant, si la gauche israélienne n’a pratiquement plus aucun pouvoir électoral, elle a en revanche un pouvoir politique presque illimité. Il n’y a peut-être pas eu de Premier ministre travailliste depuis 2001, mais la gauche contrôle toujours les rouages de la bureaucratie, des bureaucrates locaux jusqu’aux juges de la Cour suprême. Même si les médias déclarent que les dirigeants des partis de droite extrême sont une « menace pour la démocratie », ce sont les fonctionnaires, les procureurs, les juges, les dirigeants de grandes entreprises  et leurs administrateurs qui dirigent l’essentiel des choses. La politique d’Israël, aujourd’hui, se caractérise par une lutte entre une majorité conservatrice multiculturelle émergente et une minorité de gauche européenne s’accrochant au pouvoir. Et l’on ne devrait pas oublier, tout d’abord, que la plupart des gens qui ont voté pour Ben-Gvir – et probablement aussi pour B. Netanyahou – l’ont fait par peur. Leur vote a été une sorte de réaction retardée aux émeutes israélo-arabes antisémites de mai 2021, qui ont renforcé et amplifié la crainte que des Arabes, citoyens israéliens, n’hésitent pas  d’assassiner des juifs dans leurs lits.

Alors … les diatribes, les commentaires d’un Joseph Borell pour l’Europe ou de fonctionnaires de l’Administration Américaine doivent être vues dans leur substrat : c’est que beaucoup de ceux qui jugent Israël ne se soucient tout simplement pas des angoisses israéliennes. Pour eux, Israël est fautif (de quoi ?) et mérite, dès lors, les violences que les Palestiniens et des Arabes israéliens commettent. Lisez Le Monde.

Ces derniers propos doivent être nuancés. En effet, Israël est en train de devenir un des grands de l’énergie (surtout gaz) et, à ce titre, on lui accorde quelques passe-droits. Autant dire, la vulgate dominante anti-israélienne en Europe est mise un peu en sourdine car l’Europe a besoin de remplacer le gaz russe. En effet, la compagnie qui explore les eaux territoriales d’Israël vient de trouver un gisement de 13 « billions » (13.000 milliards) de m3 :

Un peu d’arithmétique : la consommation de l’Europe en 2021 (Google) a été de 400 milliards de m3 = 0,4 Billion m3 soit 32,5 ans pour le nouveau gisement, le bassin israélien total représentant env. 100 Billions m3 !

Cependant, la France (comme souvent) veut faire cavalier seul et essaye de s’approvisionner en achetant à l’Azerbaïdjan. Mais, « en même temps » elle invoque le droit à la défense de l’Arménie qui subit, assaut après assaut, de l’Azerbaïdjan. Et voilà Mme Aliyeva [Commissaire aux droits de l’homme - Médiateur de la République d’Azerbaïdjan) déclarant le 16.11.22 au sujet d’une résolution du Sénat français « Le monde n’a pas oublié la violence et la cruauté de masse commises par la France contre les Algériens. La France a mené une terrible guerre contre le peuple algérien pendant plus de cent ans et a mené une politique de génocide qui a causé la mort de 1,5 million d’Algériens. Malheureusement, j’aimerais souligner qu’au lieu d’apprendre de l’histoire, les membres du Sénat français veulent créer de nouvelles sources de conflit en incitant l’inimitié religieuse nationale à adopter cette résolution », a-t-elle déclaré ». Et on leur achète plein de gaz : on a changé un bossué pour un bossu…

Le gaz. Donc la guerre en Ukraine. Elle continue, la semaine qui vient elle aura duré depuis neuf mois et les échecs de M. Poutine, de la Russie, continuent à s’additionner. Depuis le début de l’invasion russe le 24 février, l’Ukraine a libéré un total de 74.443 km² de territoires occupés par les forces russes, selon les données de l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW). Avec la retraite de Kiev et la fuite/débandade de Kharkiv, la retraite de Kherson a marqué la troisième défaite humiliante pour les forces russes dans leur guerre de neuf mois en Ukraine. Naturellement, le commandant en chef, l’homme qui, à la fin du mois de septembre, a proclamé que « les résidents de Donetsk, Lougansk, Zaporizhzhia et Kherson deviennent nos citoyens pour toujours », M. Poutine, a laissé son Ministre de la Défense annoncer la chose, lui, il était absent.

L’invasion russe entre maintenant dans une nouvelle phase inquiétante. La décision de Moscou de priver la population civile ukrainienne de chauffage et d’autres services essentiels pendant la saison hivernale met des dizaines de millions de vies en danger. Avec des missiles de croisières et des drones iraniens la Russie vient de détruire env. 50% de l’infrastructure énergétique de l’Ukraine et laisser quelques 10.000.000 d’ukrainiens sans chauffage, en partie sans eau et sans les services utilisant l’électricité. De nombreux Ukrainiens considèrent l’utilisation de l’hiver comme une répétition du génocide du début des années 1930 perpétré par les autorités soviétiques, qui ont provoqué une famine artificielle et affamé à mort plus de sept millions d’Ukrainiens dans le but d’écraser leurs ambitions à une certaine indépendance. La famine organisée par Staline est connue dans l’histoire comme l’Holodomor, qui signifie « mort par la faim ». Les Ukrainiens, avec leur sens de l’humour proverbial, donnent maintenant à la campagne de bombardement de M. Poutine un nom étrangement semblable et l’appellent le « Kholodomor » ou la « mort par le gel ». Tristement célèbre, les dirigeants occidentaux des années 1930 ont soit minimisé ou complètement ignoré le génocide de Staline. Les dirigeants mondiaux actuels feront-ils la même erreur? On en a bien peur car les « réalistes » n’arrêtent pas d’instiller la conviction que l’Ukraine ne pouvant pas gagner la guerre contre la Russie, à quoi bon la soutenir ? Qu’elle renonce à un cinquième de son territoire, à sa souveraineté et tout sera fini !

Depuis trop longtemps, le camp « réaliste » refuse de prendre au sérieux les avertissements des voisins de la Russie. Les politiciens et les commentateurs de Pologne, des États baltes, d’Ukraine et d’autres pays ayant une expérience directe de l’impérialisme russe ont eu du mal à se faire entendre dans les capitales occidentales et ont souvent été accusés de « russophobie ». Il est maintenant temps de reconnaître cette erreur et d’accepter que ceux qui cherchaient à sonner l’alarme sur la résurgence de l’impérialisme russe avaient raison depuis le début. Au vu et au su du monde entier qui n’en peut mais… la Russie, puissance disposant de 6.000 têtes nucléaires et d’un arsenal complet de fusées de toute nature, continue son génocide en Ukraine.

Mais la Russie de M. Poutine sait qu’elle ne peut pas gagner cette guerre même si elle est appelée « opération militaire spéciale ». Il devrait se souvenir que « le gâteau dont on a rêvé est un rêve non pas un gâteau » (aphorisme, Lénine).

 

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