J’avais promis de revenir sur un des trois sujets que le blog évoque depuis quelque temps. Cette fois-ci je propose que l’on regarde, d’un peu plus près, ce qui se passe actuellement en Israël. Et aussi la façon (toujours la même ?) qu’ont les bien-pensants de ce monde, d’habitude, quand ils se donnent la peine de regarder Israël et ses soucis. Israël, dont la résilience semble, une fois de plus, éblouir le monde : on vient d’arrêter de s’écharper sur un sujet qui détermine le mode de gouvernement du pays pour faire une pause, reprendre les armes pour se défendre d’une nouvelle agression.
Résilience.
Depuis trois mois on assiste au déchirement du tissu national en Israël, consécutif à des élections gagnées par une coalition de droite (ou de droite « extrême » pour faire plaisir à ceux pour qui tous ceux qui trouvent que l’extrême droite commence tout de suite après les radicaux-socialistes). Les ténors d’une opposition représentant, allez, disons-le, une caste riche/ou presque, se réclamant du centre/gauche effrayée par la perspective d’une impossibilité de gagner des élections ont fait sortir le « peuple » dans les rues 18 samedis à la suite. Le ferment qui a fait monter la mayonnaise a été la volonté de la coalition gouvernementale de procéder à une reforme judiciaire qui devrait enlever certains pouvoirs à des structures non élues en faveur des représentants élus par le peuple. Reforme qui, en principe, faisait l’unanimité de la classe politique avant qu’elle soit réellement mise en place par l’actuelle coalition gouvernementale. Très rapidement on avait compris, qu’en réalité, ce que les ténors de l’opposition voulaient c’était de faire tomber le gouvernement.
Que n’a-t-on entendu ? Que la démocratie allait disparaître, que les investissements dans les start-up allaient s’arrêter, que l’économie allait subir des pertes de dizaines de milliards de shekels, que les avoirs des gens riches/sociétés allaient quitter Israël. Le tout, bien entendu, promu, répété, diffusé par des médias, toutes au service d’une doxa prédominante prévoyant -à terme- la disparition de l’Etat d’Israël tel que l’on l’a connu (New York Times- T. Friedman, L(i)Monde et d’autres).
Est-ce qu’un pays avec une culture florissante et qui a réussi de réaliser sa raison d’être en accueillant plus de 800.000 Juifs des pays arabes/musulmans, un million de Juifs de l’Union soviétique, et des centaines de milliers de Juifs d’Ethiopie, la Syrie, le Yémen et toutes les communautés discriminées du Moyen-Orient allait soudainement perdre/faire disparaître l'identité de cet État ? Est-ce qu’un pays de près de dix millions - plus de sept millions de juifs et deux millions de citoyens arabes israéliens - qui s’est développé tout en supportant six guerres défensives et moult conflits asymétriques, pour devenir la nation «start up» avec un PIB par habitant supérieur à celui de l’Allemagne, de la Grande-Bretagne, de la France et du Japon, allait constater que son État et son identité n’allaient plus être les mêmes ?
Le leader de l’opposition, Yair Lapid, a, presque, prévenu qu’il y aura une guerre civile si lui et la minorité ashkénaze/riche/de gauche/laïque (la caste que j’ai évoquée) mécontente, ne gardait pas le droit de déterminer la politique du pays. En clair, promettant la guerre civile, une minorité radicale, laïque et de gauche s’est arrogée le droit de veto sur un gouvernement dûment élu quelques mois auparavant, qui poursuivait les initiatives politiques pour lesquelles il a été élu.
Que n’a-t-on vu ? Des anciens généraux en manque de commandement, une grande partie de «l’académie», des responsables des administrations publiques, bref, tous les «bien-pensants» ont prévu pis que pendre pour le pays à court, moyen et long terme.
Un exemple : pendant les deux dernières semaines les premières pages des journaux annonçaient la certainement probable dégradation du «rating» de l’économie israélienne avec le cortège de difficultés qui allaient en découler. « L’agence de notation Standard and Poor’s (S&P) a déclaré vendredi que la note de crédit d’Israël reste inchangée : Standard & Poor’s (S&P) a confirmé la note favorable d’Israël à AA avec des perspectives «stables» S&P a prédit qu’à partir de l’année prochaine, l’économie israélienne se stabilisera et reviendra au rythme auquel elle s’attendait - avec une augmentation de 3,5 % par an, (Jérusalem Post, 13.05.23) Pour trouver ce qui précède il faut bien chercher dans les pages internes du journal qui, au moins, lui, publie la chose. Rappelons : rating AA c’est mieux que la France, l’Italie ou plusieurs autres pays de l’Europe.
Bon, comme on dit… et la caravane passe ! Les réserves de devises étrangères d’Israël continuent d’augmenter (201,895 milliards de $ - Globes, 07.05.23). Et hier on apprenait que l’UAE et le Maroc envoient des participants à Biomed Israël (Israel’s Leading Event in the Life Science & Technology Industries » ; NANOX obtient l’autorisation de la FDA pour le cloud-based X-Ray System ; Philips acquiert la société israélienne DiA Imaging Analysis ; Elbit Systems remporte un contrat de systèmes d’entraînement de 71 millions de dollars au Royaume-Uni ; Israël Aerospace dévoile un sous-marin sans pilote ; Israël Aerospace remporte un contrat (Estonie) de 100 millions d’euros pour des munitions ; le salaire moyen en Israël augmente de 7,9% (le tout Globes, 07.05.23).
Depuis, presque, deux semaines Israël fait face à un nouveau conflit asymétrique – un supplétif de l’Iran installé à Gaza (territoire qu’Israël a évacué sous les applaudissements de la communauté internationale en 2005 et qui, pensait-on, allait devenir le Singapour de la Méditerranée mais qui n’était devenu qu’une prison, pour plus de 2 millions d’êtres, gardés par le Hamas qui dispose - dit-on- de dizaines de milliers de roquettes) qui vient d’envoyer plus de 1.000 roquettes sur les agglomérations civiles de Sderot, Ashkelon, Tel Aviv et même Jérusalem. Heureusement, un tiers sont tombés là d’où on les a fait partir, 40 % dans des terrains vagues et le reste détruit à 95% par le fameux Dôme de Fer. Qui, malheureusement, a raté une fusée iranienne (portant inscriptions en perse) contenant 500K d’explosifs ! Et les gnomes de Bruxelles, New York ou d’ailleurs demandent à Israël que sa riposte soit «proportionnée»… quelle galéjade !
Le chef du «machin» (comme disait le Général) : Le Secrétaire général condamne la perte de vies civiles, y compris d’enfants et de femmes, qu’il considère comme inacceptable et qui doit cesser immédiatement. Israël doit respecter ses obligations en vertu du droit international humanitaire, y compris l’usage proportionné de la force, et prendre toutes les précautions possibles pour épargner les civils et les biens de caractère civil dans la conduite des opérations militaires. (10.05.23).
L’(i)Monde, chapeau d’un article : «Israël tue un nouveau chef du Jihad islamique à Gaza, 34 personnes tuées depuis mardi par des missiles israéliens » et ensuite «Depuis le début de son opération qualifiée de « préventive », mardi, l’armée israélienne a bombardé 254 cibles du Jihad islamique palestinien, des sites ou des membres du groupe» Et ce n’est seulement que dans l’avant dernier paragraphe (il y en a sept), dans les dernières 7 lignes du texte que l’on apprend « D’après l’armée, 973 roquettes ont été tirées vers Israël dont 296 ont été interceptées par le système de défense antiaérien.» Quand j’écris ce texte il y a eu déjà plus de 1.300 missiles tirés sur les civils israéliens. C’est une nouvelle tentative de génocide d’une population juive. Heureusement, le Dôme de Fer et l’incompétence des agresseurs…
On devrait se demander (en paraphrasant Cato le Censeur) Quousque tandem abutere Palestina patientia nostra, non ?
Quousque tandem ? Jamais, jusqu’à la fin du monde car « Le problème avec les Palestiniens, c’est qu’ils sont prisonniers de leur refus d’Israël en tant qu’État juif, indépendamment des frontières. Ils étaient contre avant la naissance de l’État et ils étaient contre par la suite. C’est pourquoi ils ont rejeté la partition de la Palestine en 1947 et pourquoi ils se sont battus contre Israël lorsque la Judée-Samarie était entre les mains de la Jordanie, et pourquoi l’OLP a été créée en 1964, trois ans avant la guerre des Six Jours. La Palestine qu’ils voulaient libérer était Tel Aviv et Haïfa. Leur fantasme de vouloir détruire Israël, qui s’est poursuivi même après les accords d’Oslo en 1993, ne se terminera jamais par un choix politique palestinien, mais pourrait se dissoudre à la suite de nos accords de paix avec les États arabes. S’il disparaît, des conditions réalistes de paix avec eux seront en place. »
En annonçant la prochaine visite de la Chef du Gouvernement italien B. Netanyahou a continué : La relation a toujours été complexe. Depuis que les légions de Titus ont détruit le Temple de Jérusalem, donnant naissance à la diaspora, à quand au 19ème siècle le jeune mouvement sioniste de Theodore Herzl vit dans le Risorgimento et à Garibaldi un exemple inspirant précisément pour l’unification et la libération d’un peuple entier. Précisément en raison de cette tradition ancienne et forte entre Rome et Jérusalem, je crois que le moment est venu pour Rome de reconnaître Jérusalem est la capitale ancestrale du grand peuple juif depuis 3000 ans. Comme les États-Unis l’ont fait dans un geste de grande amitié ». (BN- La Repubblica, 09.03.23)
Les paris sont ouverts : compte tenu de ce qui se passe actuellement en Israël, Madame Giorgia Melloni sautera-t-elle le pas ? L’Italie sera-t-elle le premier pays de l’Europe à reconnaître ce qui est évident ? Attendons voir.
Et si vous avez le temps regardez le clip https://urlz.fr/lQO9… deux ans, déjà, rien de change…