La guerre au Nagorno-Karabakh, la difficulté pour l’Europe pour aider l’Arménie car l’Azerbaïdjan, son agresseur, lui fournit le gaz qu’il n’a pas mais qu’il achète à la Russie à 100 pour vendre à l’Europe à 150, l’invasion de populations d’origine africaine et de culture musulmane en train de déstabiliser des pays de culture judéo-chrétienne, la Pape admonestant à Marseille (?!) l’Europe et la France à cause des milliers de morts sans sépulture autre que la Méditerranée - aurais-je oublié un des évènements récents ? Si, les « cinq colonnes à la une » de la presse quasiment mondiale nous annonçant la volonté des Etats-Unis d’obtenir la paix entre l’Arabie Saoudite et Israël. Pour laquelle, dit-on, ils doivent payer un prix important.
Et si, en réalité, on s’efforce à nous faire prendre des vessies pour des lanternes ?
«Mon Dieu, gardez-moi de mes amis.
Quant à mes ennemis, je m'en charge !»
Voltaire
A la stupéfaction (feinte ou réelle) des Chancelleries occidentales on apprend, depuis quelques mois, qu’une « normalisation » des relations entre l’Arabie Saoudite (et/ou le « monde arabe ») et Israël fait des progrès. Sous les auspices (intéressés ?) des Etats-Unis, le « meilleur allié d’Israël », qui, dit-on, sont en train d’étudier les demandes de l’Arabie Saoudite, soit – un traité de défense (genre article 5 des statuts de l’OTAN ou similaire à ceux consentis au Japon et la Corée du Sud), la possibilité d’acheter des équipements militaires « up-to-date » et le démarrage d’un programme nucléaire « civil » comportant une capacité d’enrichissement d’uranium. Et, aussi, du progrès vers la solution du conflit israélo-palestinien vers la création d’un état palestinien, vieille lune de la « communauté internationale » depuis au moins 50 ans.
Et on nous dit que les Etats-Unis, qui veulent la paix entre les deux principales puissances proches-orientales (Arabie Saoudite et Israël), sont prêts à étudier les demandes de l’Arabie Saoudite. Pour tout un chacun, c’est simple : les Etats-Unis veulent aider Israël à faire la paix avec le monde arabo-musulman et sont prêts à « payer » le prix demandé par l’Arabie Saoudite. Naturellement, les Etats-Unis demandent à Israël de payer, aussi, un prix : aller vers la « solution à deux états » qu’ils s’efforcent de faire avaler à Israël depuis George Bush et avec l’aide de tous les bien pensants du monde (y compris la France et l’Europe) sans que les Israéliens en aient très envie.
Il ne faut pas être grand clerc pour se rendre compte du fait que la logique qui nous est proposée n’est que le travesti d’une toute autre approche géopolitique que l’Administration de J. Biden (après celle de B. Obama) veut, en réalité, imposer à son allié israélien.
Regardons les choses de plus près. Les Etats Unis après plusieurs interventions dont le succès (euphémisme) n’est pas apparu évident (Irak, Afghanistan, par exemple) et devant le développement spectaculaire de la Chine (qu’ils ont favorisé sinon aidé) arrivée deuxième puissance mondiale menaçant la domination de ce qui était la superpuissance mondiale avaient décidé de :
(a) laisser l’Europe à ses démons (états en bisbille, union sans vrai contenu car peuples ayant perdu leur souveraineté en faveur de « fonctionnaires » non élus, territoire sans frontière en état de conquête par des populations de culture et civilisation différente, etc.,),
(b) de réduire, autant que faire se peut, leur présence au Proche-Orient (car les contraintes écologiques inventées de toutes pièces, souhaitent la disparition à court terme, des énergies fossiles que ce territoire détient en quantité primordiale pour le monde) et
(c) « pivoter » vers l’Asie autant pour faire pièce à la Chine que tirer profit et de la croissance démographique y relative et de son développement technologique sans égal (Corée du Sud, Taiwan, Singapour …).
A l’intérieur de ce chamboulement géopolitique, les Etats-Unis (les administrations B. Obama et J. Biden) avaient choisi, l’Iran comme partenaire possible, à cultiver en vue d’avoir une position décisive vis-à-vis de la puissance réactionnaire et rétrograde qu’est l’Arabie Saoudite et du facteur difficilement domptable qu’est Israël. D’où le fameux JCPOA de 2015 qui, soi-disant, lui interdisait la marche vers « la bombe ». Que l’Iran, sous le prétexte de la sortie des Etats-Unis de l’accord (administration D. Trump qui avait compris qu’il s’agissait de « reculer pour mieux sauter ») a cessé de remplir les obligations qui en découlaient. En devenant le principal facteur de déstabilisation du Proche Orient, une fois qu’il ait réussi à contrôler, directement ou avec des supplétifs, le Liban, la Syrie, le Yémen, Gaza et les organisations palestiniennes ne trouvant devant elles, à part Israël que l’Arabie Saoudite, en train d’avancer ses changements fondamentaux vers un développement civilisationnel dans lequel l’existence d’Israël (puissance économique, technologique, militaire) ne lui posait aucun problème : au contraire, elle peut lui être bénéfique.
En clair, accepter les demandes de l’Arabie Saoudite et rester, donc, l’aile protectrice qu’ils étaient depuis 78 ans (Pacte de Quincy, F-R. Roosvelt – Ibn Saoud, 14.02.45). Comprenons bien que ce dont il est question c’est une affaire entre les Etats Unis et l’Arabie Saoudite. U-ni-que-ment !
Mais il y a encore chose : l’administration J. Biden sait pertinemment que demander au Congrès (Chambre des Représentants et Sénat) d’approuver un traité de défense avec l’Arabie Saoudite risque, probablement, d’essuyer un refus. Intelligente comme elle est, elle a trouvé une parade : proposer le même genre de traité à Israël en faisant augmenter, sensiblement, les chances d’obtenir l’approbation. Du billard à trois bandes : si Israël accepte un tel traité (devrait-elle ?) elle perdra, d’évidence, sa capacité de décision, disons sa souveraineté. Y compris la possibilité d’avoir accès à des armes up-to-date car… à quoi serviraient-elles si les Etats-Unis défendent, eux, Israël ?
Mais les Etats Unis, premier allié d’Israël, réalisent qu’une opportune ouverture apparaissait pour faire rendre gorge à cette dernière. Ils ont demandé à l’Arabie Saoudite de « normaliser » ses relations avec Israël et ont fait savoir à cette dernière que l’Arabie Saoudite pose comme condition pour le règlement avec les Etats-Unis qu’Israël accepte et mette en place la « solution à deux états » c’est à dire la création d’un état palestinien. Ce qu’Israël et, surtout son gouvernement actuel, ne peut accepter. Ce même gouvernement que les Etats-Unis désapprouvent car une partie de ses membres sont « d’extrême droite » Du billard à trois bandes, car si Israël accepte son gouvernement éclate et c’est bien ce que les Etats-Unis espèrent. Soyons clairs, l’ami américain fait du chantage à Israël, chantage qui - on vient de l’apprendre - n’est pas induit par l’Arabie Saoudite. Patatras, trois sources différentes viennent de faire savoir que « Israël/Arabie saoudite : un accord sur les rails « même sans concession majeure aux Palestiniens » (I24 – 29.09.23).
Et Israël ? Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m'en charge !