J’avais promis à mes lecteurs d’écrire un texte concernant la France après mes multiples écrits sur le Proche Orient. J’hésitais à le faire car j’avais peur de me lancer dans des commentaires qui pourraient être considérés comme désobligeants.
Une déclaration de notre ministre des Finances a servi de déclic, qui m’a donné une solution : pas de commentaires, reproduire des informations disponibles en partie diffusées récemment.
J’ai, donc, décidé de collationner des informations récemment diffusées en m’abstenant de faire des commentaires qui pourraient amener le lecteur à m’accuser de parti-pris.
1. Le déficit public mesuré en 2023 sera "significativement au-delà" de l'objectif des 4,9% fixé par le gouvernement, a prévenu le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, dans un entretien au quotidien Le Monde, mercredi 6 mars. Il a martelé vouloir réduire la dépense publique, qualifiant l'annonce récente de 10 milliards de coupes budgétaires en 2024 de "frein d'urgence", et non de "coup de rabot". (France Info 06.03.24). Un peu d’arithmétique s’impose : la PIB de la France est de 2.800 milliards d’euros (fin 2023) et si l’on oublie le « significativement » de M. Le Maire, on peut, raisonnablement, prendre le déficit à 5% (loin du plafond de 3 % - Maastricht - qui entrera de nouveau en vigueur après quatre ans de suspension, dès janvier 2024… (BFM-TV,22 déc. 2023) soit une valeur de 140 milliards d’euros. Le 6 mars, donc, la France décide de faire des économies de 10 milliards d’euros soit réduire le déficit de 7%. Soit à 4,65% du PIB, toujours au-delà du seuil « Maastricht »
2. « Selon l'Insee, la France compte 59.000 fonctionnaires de plus en 2023, pour un total de plus de six millions d'agents » (TF1, 07.03.24). Laissons de côté une éventuelle comparaison avec l’Allemagne (29 oct. 2021 — 85 fonctionnaires pour 1000 habitants en France, mais 56 en Allemagne - Le Figaro) et regardons la charge supplémentaire que la France ajoute pour des années à venir. Charge qui viendra, automatiquement, augmenter la dette du pays (comptable pour les années en cours, « hors bilan » pour le reste).
Le salaire médian (Observatoire inégalités, 21.10.23) étant de 2.132€, avec des charges sociales de 45%, un fonctionnaire nouvellement embauché coûtera, pendant 40 ans de service, 20 ans de retraite -hypothèse 50% du salaire- et 10 années de réversion homme/femme selon les espérances de vie, 1.483.872, 255.840, 63.960€, soit 1.803.672€. Et donc, la charge pour les 59.000 fonctionnaires sera, peu ou prou, de 106,417 milliards d’euros qui est à ajouter à la dette du pays (comptable 3.082 milliards et 5.071 milliards hors bilan soit un total d’au moins -années 2022 et 2023 ayant ajoutés de la dette car déficits de l’ordre de 5/6% du PIB- de plus de 8.000 milliards d’euros (Tous Contribuables, 30.09.22).
3. La dette publique de la France (comptable) montre une progression linéaire depuis 2010 avec une pente quasi constante qui dit, clairement, qu’aucun effort réel de la diminuer n’a été fait pendant les 15 dernières années (ni sur les 15 années précédentes en partant de 55,6% du PIB pour arriver aujourd’hui à, à 111,7 % du PIB).
4. Il est utile de souligner que le « décrochage » entre la France et l’Allemagne a commencé en 2011 et que le fameux « quoi qu’il en coûte » ne semble pas pouvoir justifier le décrochage. Un des effets induits par l’augmentation de la dette est, naturellement, son service : le taux moyen pondéré sur les émissions de dette d'État à moyen et long terme ressort à 2,95 %, à comparer à un taux de 1,43 % en 2022 (Agence Trésor).
Tant et si bien qu’à partir de 2024/5 le service de la dette sera (probablement, supérieur à 100 milliards d’euros) un des premiers postes de dépense du budget du pays, avec celles pour l’éducation, la santé ou la défense. Quant à la place de la France dans le monde, pour ce qui est du PIB/habitant, encore 12ème pays au monde en 1996 pour se trouver, aujourd’hui sur la 25 place. Une comparaison pour ce point d’arrivée : Israël=55.535 $, Allemagne=51.383 $ et France=44.408 $ (IMF) – En trente ans la France a subi un déclassement économique.
(N. Baverez – Le Figaro, 24.02.24
5. On considère que, parmi les causes du déclassement économique de la France, la maîtrise de l’immigration (légale et illégale) porte une responsabilité majeure. Certes, les statistiques nous apprennent que le chômage (point clé des trois derniers quinquennats) a baissé pour se stabiliser autour de 7% de la population active.
Mais ce que l’on ne sait pas (occulte-t-on les faits ?) c’est que la réduction du chômage a été obtenue par l’incorporation d’une partie des quelques 2.000.000 de nouveaux immigrants pendant les 5 années de présidence de M. Macron. Certes, la maîtrise de l’immigration en est responsable mais aussi les demandes des patrons du MEDEF pour lesquels les arrivants pèseront sur le coût du travail atténuant, ainsi, l’effet des charges sociales qui est responsable de sa croissance. Le constat est évident : le chômage a été réduit « par le bas », c’est-à-dire par l’incorporation de main d’œuvre non formée, en partie, acculturée, pour des emplois subalternes (hygiène villes, soins à la personne, distribution – Amazon, Deliveroo ou autre UBER).
6. Mais un autre constat, relatif à l’effet cumulé de l’inclusion de nouvelles populations est manifeste pour ce qui est de la natalité :
L’effet cumulatif de l’inclusion des nouvelles populations, selon les projections démographiques (d’habitude maîtrisant d’une manière précise les extrapolations) conduit à constater que les indigènes (les « souchiens ») se soient réduits de plus de 10% sur les 20 dernières années – phénomène reproductible pour les 20 années à venir avec une progression accélérée (pas encore géométrique mais…). Ce qui est moins visible mais se trouve en toile de fond c’est évidemment le reflet de la situation démographique et économique sur le plan culturel : le taux d’illettrisme actuel est de 7% de la population entre 18 et 65 ans et les difficultés en calcul touchent 30% de la même population (Centre d’Observation de la Société).
7. Un autre aspect de la maîtrise de la politique de l’immigration est celui qui montre l’incapacité du pays (l’impossibilité ?) à se séparer des « mauvaises ouailles » - faites le calcul, sur trois dernières catégories de OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) totalisant 416.763 décisions de justice la France expulse 13.723 personnes soit 3,3% de ceux qui ne devraient pas se trouver sur son territoire. L’Allemagne ? « L’Allemagne a un taux d’exécution des obligations de quitter le territoire de 53 % » France Info, 24.02.24
ooooo
La « photo » actuelle de notre pays, qui était en couleurs il n’y a pas si longtemps (à l’échelle historique), est maintenant en « sépia ». Car la somme de ce qui précède a conduit, entre autres, notre pays - un des phares du monde pendant longtemps - à se trouver, pour ce que l’on appelle en anglais « Human Freedom » (composée, en partie de la liberté individuelle et de la liberté économique) actuellement, à la 39ème position mondiale :
Le seul commentaire que je me permets de faire, par rapport à tout ce qui précède, est relatif à l’avenir : pour démontrer qu’il ne se trouve pas derrière elle, la France devrait trouver les ressources nécessaires pour créer un point d’inflexion à partir duquel la pente de notre déclin, aujourd’hui négative, deviendrait positive. Vaste programme, aurait dit le Général…