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9 juin 2009 2 09 /06 /juin /2009 19:57

On a du mal à comprendre ce qu’il y a derrière la tentative des USA à « tordre les poignets » d’Israël. Le monde assiste impuissant à une explosion nucléaire faite par la Corée du Nord et suivie d’une menace explicite quant à une guerre nucléaire si quelqu’un s’avisait à prendre des sanctions à son encontre. Le monde assiste impuissant à une guerre civile au Pakistan et ne s’émeut pas quand son président déclare, urbi et orbi, « si le monde ne nous aide pas pour sauver la démocratie, les armes nucléaires pourraient tomber entre les mains des talibans ». Le monde assiste impuissant à la reconstitution des forces des talibans en Afghanistan ou la présence de forces armées de 46 pays ne suffit ni pour enrayer la chute du régime pro-occidental ni pour arrêter d’appeler la guerre une « guerre des Etats Unis ». Le monde assiste impuissant au renouvellement de la conquête de la Somalie par des « forces islamistes ».

Et pourtant, la première puissance du monde veut obtenir d’Israël l’arrêt, non pas de la mise en place de nouvelles « colonies » en Cisjordanie (ce qu’Israël a accepté) mais … l’arrêt de la construction de maisons. Constructions nécessaires pour tenir compte de la croissance naturelle des habitants à l’intérieur des grands blocs qui, d’évidence, dans tout règlement du conflit seront intégrés à Israël (sur la base d’un échange de territoire, principe accepté déjà depuis Camp David en 2000). Pour ce faire, la Secrétaire d’Etat ment en affirmant que les précédents ententes entre Israël et les Etats Unis n’engagent pas l’actuelle administration. Pour ce faire, le président des Etats Unis n’hésite pas, dans un discours au Caire (dont une partie est ensuite répétée à Buchenwald) de dire, implicitement, que la création d’Israël est un fait colonial. Dont le développement, donc, doit s’arrêter de suite.

Mais, pour faire passer la pilule, on regorge de déclarations quant au fait que les Etats Unis sont comptables de la sécurité d’Israël et qu’en cas d’attaque nucléaire iranienne, il y aura une riposte. On croit rêver … Riposte ?

Comme la libération des camps de la mort par les troupes américaines quand l’Allemagne avait presque fini la mise en place de la solution finale … Car le gouvernement américain de l’époque n’a pas voulu bombarder les voies d’accès aux camps avant que les condamnés à la disparition y arrivent. Riposte ? Une fois qu’Israël sera détruite et de nouveaux six millions de juifs anéantis ? Aussi macabre que cette perspective puisse être, elle est néanmoins risible ! Remarquez, notre bon pays aussi a fait la même promesse par la bouche de son président sans réaliser, lui non plus, l’inanité du propos digne d’un Dieudonné.

On ne le dira jamais assez, l’opposition des arabes (et maintenant des chiites iraniens, libanais ou autres musulmans) n’est pas liée à la « terre ». On ne le dira jamais assez, elle n’est pas liée aux frontières. Elle est existentielle car l’islam ne peut pas admettre qu’une parcelle de la terre qu’il a conquise depuis des siècles revienne à ses premiers occupants, historiquement parlant.

D’évidence, la pression des Etats Unis sur Israël au sujet d’un aspect particulier des « colonies » cache en réalité la volonté d’obtenir, coûte que coûte, l’acceptation par le nouveau gouvernement israélien d’un état palestinien. Remarquez, on pourrait dire que l’on enfonce des portes ouvertes : depuis Oslo (1993), Camp David (2000), la « feuille de route » (2005) le principe des deux états « vivant en paix et sécurité, côte à côte » a été admis par Israël. Et le nouveau gouvernement a répété, à satiété, que s’agissant d’un pays démocratique tout nouveau gouvernement est lié par les actes de son précédent. Sauf que … depuis 2005 ce qui a changé c’est qu’Israël a quitté Gaza et a vu ce territoire se transformer en tête de pont iranienne pour l’attaque d’Israël. C’est difficile, donc, de crier sur les toits « on est d’accord pour deux états » tant que l’on ne sait rien du deuxième : Fatah ou Hamas ? Abbas ou Meshaal ? Disposant d’une armée et du droit de faire venir sur son territoire d’autres armées ? Tirant des fusées (vous vous souvenez, au départ « artisanales » …) sur Tel Aviv et les villes côtières? Pas tout à fait la paix et encore moins la sécurité.

Mais, il y en a plus. Israël a accepté la « feuille de route » (avec des réserves) et ensuite à quitté Gaza parce qu’un arrangement (en partie écrit et en partie oral) avait été conclu avec la précédente administration américaine. Voir la présente renier son engagement ne peut que (a) faire comprendre aux divers dirigeants du monde ce que vaut une assurance américaine et (b) donner le droit à Israël de renier, à son tour, les engagements pris à l’époque.

Bref, ce n’est toujours pas clair pourquoi Monsieur Obama veut forcer, par des discours publics, la main d’Israël sur ces deux sujets.

Comme par ailleurs il est évident que tant que le Hamas contrôlera Gaza en refusant l’autorité de M. Abbas il n’y aura pas de partenaire pour construire un état pacifique, ils ne restent que deux suppositions.

La première est simple : si le gouvernement israélien succombe à la pression américaine sa majorité se disloque ; s’il résiste en disant clairement non, il s’aliène le principal allié d’Israël, les Etats Unis. Dans les deux cas, à terme (court …) nouvelles élections avec l’espoir (pour Monsieur Obama et son staff de juifs de gauche) que Tzipi Livni sera élue. Et, donc, qu’il sera plus facile d’obtenir d’elle ce que l’on a du mal à obtenir de M. Netanyahu. De plus, Tzipi Livni oubliera tout ce qu’elle et Monsieur Olmert ont proposé à M. Abbas (plus qu’à Camp David huit ans plus tôt …) et que ce dernier à rejeté. M. Abbas qui n’a pas eu du mal à dire, avant de rencontrer Monsieur Obama « J’attendrai tranquillement la chute du Gouvernement actuel ». En quelque sorte, les Etats Unis travaillent à un « changement de régime » : n’ayant pas réussi en Iran … ils pensent que c’est plus facile dans la démocratie israélienne.

La deuxième supposition à un caractère autrement plus large. Monsieur Obama est en train de faire du « capitalisme d’état » en nationalisant (ou en prenant des participations importantes …) à tout va. Il doit, coûte que coûte, trouver des solutions non seulement pour les millions de chômeurs qui apparaissent mais aussi pour la protection sociale de dizaines de millions d’américains (certes, à très, très grande partie des immigrés de date récente ou de deuxième génération mais … américains quand même). Et cela en ayant sur les bras la retraite annoncée des troupes américaines de l’Irak et la guerre en Afghanistan. La retraite de l’Irak laissera ce pays soit en proie à une guerre civile (sunnites, chiites et kurdes) soit à la main mise sur le pays par l’Iran. Le cumul n’étant pas interdit … La guerre en Afghanistan et Pakistan requiert fortement une collaboration profonde avec l’Arabie Saoudite tandis que la sortie de l’Irak suppose l’aide de pays « modérés » la Syrie, l’Egypte, la Jordanie. Et tous ce pays, en chœur, réclament « deux états pour deux peuples » en Palestine …

Et il s’agit plus que de cela. Les néolibéraux de la Maison Blanche pensent que devant la déferlante islamiste on peut ériger un « front modéré » qui sera l’allié des Etats Unis. Rien de nouveau sous le soleil …

Après la première guerre du Golfe (1991) les Etats Unis ont forcé Israël à aller vers Oslo. On connaît les résultats : 15 années pendant lesquelles Israël a eu plus de morts par attentats palestiniens que pendant les 45 précédentes années depuis sa reconstruction. Mais c’était, déjà, du « déjà vu » … Car, pendant le guerre froide, après la campagne anglo-franco-israélienne de 1956, pour s’attirer la bienveillance du monde arabe tout en évinçant les Russes, les Etats Unis ont essayé d’imposer à Israël des concessions territoriales (céder une partie du Néguev) et arrêter les représailles contre les auteurs des attentas venant de Gaza ou de Jordanie.

Mais cette fois-ci, il s’agit d’encore plus : obtenir l’adhésion des « états arabes modérés » contre l’Iran. Et de nouveau, sacrifier les intérêts suprêmes d’Israël tout en l’assurant de lui garantir la sécurité …

Et Israël ? Un des trois pays à s’opposer à la solution des « deux états » (les deux autres : l’Iran et la Libye …), le seul qui se souvient que c’est à la demande des Etats Unis (et de l’Angleterre) que la fameuse résolution 242 ne demande pas son retrait de « tous les territoires » conquis dans la guerre de défense de 1967 mais seulement le retrait « de territoires » tout en lui reconnaissant le droit d’obtenir, par négociation, des « frontières sûrs et reconnues ». Alors ? Les « blocs » qui feront partie d’Israël pourquoi n’auraient-ils le droit de construire de nouvelles chambres pour les enfants qui naissent ?

En un mot comme en cent : l’insistance des Etats Unis de focaliser leur attention, non pas sur l’Iran et sa bombe, non pas sur l’Afghanistan, le Pakistan, la Somalie, le Darfour mais sur « la croissance naturelle » des villes israéliennes en Cisjordanie doit cacher autre chose. De plus, semble-t-il, les Etats Unis ont déjà échafaudé un plan de paix et ont donné six semaines à Israël pour le faire sien. Mais ils ont donné six mois à l’Iran pour voir s’ils veulent arrêter leur programme nucléaire … Sic transit gloria mundi


 



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