Cité à tort et à travers, Émile Coué « psychologue et pharmacien » a formalisé sa méthode de guérison et de développement personnel fondée sur l’autosuggestion en une phrase et engageait ses patients à répéter vingt fois de suite et trois fois par jours :" Tous les jours et à tous points de vue, je vais de mieux en mieux"
Depuis l’élection de BHO, le ban et l’arrière ban du monde occidental, s’adonne béatement à l’utilisation de la méthode Coué : rien n’est plus comme avant, tout ira mieux surtout parce que l’on se le dit vingt fois par jour … Et la méthode fonctionne d’autant mieux qu’elle s’accompagne de la philosophie des trois singes africains : je n’ai rien entendu, je n’ai rien vu, je n’ai rien dit … Enfin, presque, car pour ce qui est de dire, on arrête pas de dire n’importe quoi et son contraire.
L’autisme de la nouvelle administration américaine secrète une nouvelle idéologie, dont le résumé pourrait être « discuter avec les ennemis, inciter à l’apaisement les amis ». La cécité et la surdité aidant, BHO fait semblant de ne pas avoir entendu les menaces proférées par la Corée du Nord contre les Etats Unis et la Corée du Sud. Cela après avoir testé une bombe atomique, tiré des fusées de longue et moyenne portée capables de transporter des charges nucléaires et, presque, avoir donné la preuve d’une prolifération (interdite par l’ONU) de moyens militaires exportés vers la Birmanie. BHO veut « engager » des discussions avec Kim Il Jong, dernier dictateur communiste, qui affame son peuple (qui vit de l’aide internationale) pendant qu’il commande deux yachts à des chantiers navals italiens (Il Sole 24 Ore). De même, aucune rebuffade du « Guide Suprême » ou du clown Ahmedinejad n’a eu l’air de contrarier BHO après avoir, à trois reprises, solennellement, proposé à l’Iran d’entamer des négociations sans conditions préalables. Et la mascarade d’élections en Iran qui apporte la preuve, qu’au moins pour une partie des iraniens, le régime des ayatollahs a perdu sa légitimité, n’a eu l’air d’arrêter les tentatives de cette administration d’un rapprochement avec ce régime non seulement (maintenant) illégitime mais criminel et corrompu. Ni BHO, ni Mme Clinton n’ont rien vu ni rien entendu. Mais … ils parlent.
Parler … Après les passages ignobles du discours du Caire renforcés par la visite de Buchenwald pour démontrer que c’est là que l’on trouve la justification de l’existence d’Israël (et par la même la rendre illégitime car frappée du sceau de l’infamie « coloniale ») il n’a pas arrêté de parler. Ni lui, ni son administration.
Monté en épingle, l’épisode du « gel de la construction dans les colonies » a débordé sur une autre zone : les quartiers à l’Ouest de Jérusalem considérés par BHO comme « territoire occupé » dans lequel les israéliens juifs n’auraient pas le droit d’habiter. On savait que l’Autorité Palestinienne voulait que les territoires qu’elle allait, éventuellement, récupérer soient « Judenrein » - terme inventé en Autriche mais répété à satiété par Hitler pour tous les territoires qu’il avait occupé. Mais personne, jusqu’à BHO, n’a eu l’outrecuidance de « dicter » à l’état d’Israël les règles d’habitation dans sa capitale. Parler … tout de suite les grands défenseurs du droit international (parmi lesquels, naturellement, notre Bernard Kouchner national ne pouvait pas ne pas y être) ont donné l’impression d’être le chœur grec des tragédies antiques pour dire la même chose. Parler … mais pour l’instant uniquement à Israël qui devrait faire ceci, ne pas faire cela, le tout sur fond implicite de menaces à peine voilées. A regarder de plus près, ni BHO ni son administration n’ont parlé à Israël : ils ont parlé d’Israël ce qui est relativement différent. Pendant les six mois depuis qu’il est président BHO a visité une dizaine de pays, dont trois pays musulmans et a parlé à la planète entière mais il n’a pas eu le temps d’aller dire au peuple israélien ce qu’il veut lui dire. Erreur de casting ? Certainement pas. Reflet de ses convictions (affichées ou pas) tiers-mondistes, anti-israéliennes, pro palestiniennes ? Plus que probable.
Naturellement, comme l’enfer, le discours de BHO est pavé de bonnes intentions. Il s’agit d’obtenir un accord de paix général, comme dit son envoyé George Mitchell, « entre Israël et les Palestiniens, entre Israël et la Syrie, entre Israël et le Liban », entre Israël et les pays arabes » Et c’est là que deux des singes disent « rien entendu, rien vu ».
Le Hamas et le Fatah sont animés du même dessein « la destruction d’Israël par la lutte armée ». Le Hamas le dit clairement, le Fatah se cache derrière l’Autorité Palestinienne qui, elle, officiellement, accepte l’existence d’Israël. Enfin, pas comme état juif (Saëb Erekat , responsable des négociations avec Israël : « nous ne reconnaîtrons un état juif même pas dans mille ans »). Mais BHO et son administration n’entendent rien. Ils ne voient rien non plus : le Fatah va tenir son congrès (le premier depuis plus de 20 ans) à Bethlehem et on sait déjà que la majorité des 1.500 délégués présents vont s’opposer à la renonciation à la « lutte armée » contre Israël. En se rappelant, quand même, que leur charte prévoyant la « libération » de la Palestine par étapes n’a jamais été modifiée nonobstant le simulacre de vote en présence de Bill Clinton à Gaza en décembre 1998 … Et Marwan Barghouti (étoile montante des « jeunes » du Fatah se trouvant en prison en Israël avec une condamnation de 5 fois « la perpétuité » pour attaques terroristes mortelles) d’écrire aux délégués « vous ne devez renoncer à la lutte armée contre Israël, y compris les attentats-suicide, même si l’on perd le support de l'Occident » Pour être certain que la lutte contre Israël continuera, Mahmoud Abbas (« l’homme de paix ») a fait savoir qu’il proposera comme « dauphin » « le défenseur de la lutte armée contre Israël » Maher Abu Ghneim (habitant l’étranger depuis 40 ans …) qui arrivant au Pont Allenby a déclaré « je rentre pour continuer la lutte jusqu’à ce que chaque grain de la terre palestinienne soit libéré et se trouve sous le drapeau palestinien ». Ne pas entendre …
Mais ni BHO, ni son administration n’entendent ce qui se passe et ne voient pas d’obstacle pour demander à Israël d’accepter la « solution de deux états ». Ce qui est hallucinant c’est de voir (entendre, car il parle …) l’envoyé Mitchell dire au palestiniens qu’ils devraient « "s'abstenir" de prononcer des mots ou de faire des actions qui pourraient rendre des négociations, utiles et productives, impossibles » Lapsus freudien ? Il ne leur dit pas de modifier leurs conceptions ou de renoncer au terrorisme, ni de ne plus considérer (comme tout musulman qui se respecte) les juifs comme descendants de porcs et de singes … mais tout simplement de s’abstenir de le dire pour que les négociations soient productives. Pour produire quoi ? D’évidence, la destruction d’Israël.
Allons, donc, va-t-on dire … Rien de moins que la destruction d’Israël ? Et si c’était vrai ? Demander à Israël, dans les conditions actuelles (Gaza/Hamas, Cisjordanie/Fatah) d’accepter la création d’un état palestinien tout en voulant ignorer que cet état se transformera (comme Gaza) en tête de pont de l’Iran, c’est vouloir la destruction d’Israël. Lui demander de ne plus construire à Jérusalem, pour ses habitants, c’est reprendre à son compte les demandes des palestiniens (Jérusalem comme capitale, retour aux lignes d’armistice de 1949 – que d’aucuns appellent « les frontières de 1967 ») et aller s’incliner devant le roi d’Arabie Saoudite et dire que l’on accepte son initiative de paix (y compris le « retour des réfugiés » qui y est spécifiquement inscrit), c’est vouloir la destruction d’Israël. Ou alors c’est faire fi de la réalité existante.
Et c’est bien ce qui se passe : en ne voyant rien et en n’entendant rien (comme les deux singes) on nie la réalité. Et si l’on parle, à la différence du troisième singe … c’est croire que la réalité changera pour se calquer sur les décisions de BHO et de son administration. Bertholt Brecht avait trouvé la formule qui a fait florès : « puisque le peuple n'est pas d'accord avec le Comité Central, le Comité Central a décidé de changer le peuple » Autisme pour saisir la réalité, méthode Coué pour la changer, voilà un cumul de qualité … Le seul hic, remarqué sans doute par Israël, c’est qu’à vouloir faire sienne la narrative palestinienne il sera difficile d’être pris ensuite pour un « honnête courtier » entre les parties opposées.
Mais la politique voulue par BHO n’a aucune chance de devenir réalité. D’un côté, comme toujours, les palestiniens et les pays arabes vont dire non à tout ce qui leur est demandé. On le sait déjà du Hamas comme du Hezbollah comme de tant d’autres. D’ici quelques jours on le saura aussi pour le partenaire de paix de Cisjordanie (le Fatah) qui à la fin de son congrès répétera ce que l’on sait : la lutte armée contre Israël tout en passant par des étapes pacifiques … D’un autre côté, chat échaudé craint l’eau froide … et voyant ce que les assurances de l’ancienne administration valent pour la nouvelle, Israël s’abstiendra de faire quoi que ce soit qui va à l’encontre de sa survie. De plus, son souci est ailleurs, l’Iran.
Et si rien ne vient du côté palestinien et/ou arabe, eh bien, on attendra encore 500 ans avant que ce conflit trouve une solution. En attendant, Israël gouvernera toujours une population arabe disposant de, pratiquement, tous les droits des citoyens israéliens. Et le fameux mur de séparation, le seul au monde à être condamné comme étant un « mur de l’apartheid » (les autres murs ? Maroc/Polisario 2.700 km, Inde/Pakistan 3.300 km, Arabie Saoudite/Yémen 900 km, Pakistan/Afghanistan 2.400 km, USA/Mexico 1.700 km, Espagne/Ceuta, etc.,) servira de rempart aux assassins suicidaires, une des dernières contributions du monde musulman (extrémiste …) au bonheur de l’humanité.
En attendant aussi qu’un seul pays arabe, au moins, gouverne une population juive avec des droits égaux aux citoyens arabes dudit pays.
BHO a obtenu (comme Jimmy Carter en son temps …) un mandat de quatre années, pas de raison pour qu'il ne continue pas à appliquer la méthode Coué ... Putain … encore trois ans et demi …
Jusque-là, comme disait Bertold Brecht, il y a des moments où c'est un crime de se taire ou de « parler des papillons ».