Le bateau de Thésée. La France. Le bateau de Thésée est une expérience de pensée philosophique concernant la notion d'identité. Elle imagine un bateau dont toutes les parties sont remplacées progressivement. Au bout d'un certain temps, le bateau ne contient plus aucune de ses parties d'origine. La question est alors de savoir s'il s'agit du même bateau ou d'un bateau différent. (Wikipédia)
Que nous arrive-t-il ?
Le cinquième gouvernement depuis les dernières élections législatives, vient de durer 14 heures, champion toutes catégories depuis que les républiques existent en France. Le gouvernement le plus court de l’histoire française moderne, qui, bien qu’il fût censé être fondé pour, en partie, résoudre la crise de la dette de la France, les ministres du gouvernement des 14 heures auront droit à jusqu’à 30.000 euros en indemnités de départ. M. Lecornu, pour ses efforts, se verra accorder une décennie de chauffeurs et de secrétaires payés par le contribuable en tant qu’ancien premier ministre, bien que de très courte durée. Le maître d’œuvre de cet exploit : un Président qui fait semblant de tout diriger mais qui ne dirige rien. Ce n’est pas ce qui l’empêche de pérorer « à l’international » en faveur de l’Ukraine et d’une éventuelle contribution à sa guerre car les chars russes ne sont qu’à 30 heures de Paris. Ou contre Israël, en faveur de la « Palestine » et du Hamas obligé, comme il est, au sponsor de ce dernier qui détient 10/15% du CAC 40 et des étoiles du capitalisme français.
Il fut un temps où le schéma était simple : l’Italie était le mauvais élève éternel de l’Europe, chancelant d’une crise de la dette à l’autre, ses gouvernements se désintégrant avant même que l’encre sur leurs ordres d’investiture n’ait eu la chance de sécher. La France souriait dans l’éclat de sa stabilité - la Constitution gaulliste de 1958 donnait à son président un pouvoir exécutif un peu autoritaire ; elle jouissait d’une situation fiscale solide et d’une tradition de centralisme qui, alliée à une présidence appelée « monarchique », gardait à distance le chaos de la 4ème République. M. Macron, a réussi le tour inverse : mener la Cinquième République, normalement assimilée au pouvoir exécutif et au calme politique, au stade du chaos permanent. Six premiers ministres en moins de deux ans, une présidence qui « gouverne » par une improvisation constante et une Assemblée nationale divisée au point d’être méconnaissable. La France de M. Macron prouve que l’arrogance, le détachement et l’improvisation peuvent défaire même les architectures politiques les plus fortes. On dira qu’il n’est pas seul responsable. Peut-être. "Il n'y a pas de mauvais régiments, seulement de mauvais colonels." Napoléon.
Aujourd’hui, c’est l’Italie, dirigée par Giorgia Meloni (de droite, supposée même d’extrême), qui dégage calme et crédibilité, tandis qu’Emmanuel Macron est responsable d’une nation qui s’achemine vers le chaos, ses institutions se disloquant, ses finances suspendues à un fil, et sa société en décomposition. C’est la France, maintenant, qui semble trébucher devant de multiples obstacles. Le budget de Rome pour l’année en cours prévoit un déficit de près de 3,3 % du PIB, bien en voie d’atteindre les niveaux exigés par Bruxelles. La France, en revanche, s’attend à un déficit budgétaire astronomique de 5,8 % cette année, avec des promesses d’ajustement repoussées à 2029, si loin dans le futur qu’elles semblent totalement hors de propos. Les taux à 10 ans de la dette française dépassent désormais ceux de la Grèce, il y a quelques années en presque faillite. (France Info, 15.09.25).
On se souvient que François Fillon, lors de la campagne de 2017, avait pris l’engagement de supprimer 500.000 postes de fonctionnaires en cinq ans, soit alors 10% des 5,4 millions d’agents publics, présents dans les trois versants: fonctions publiques d’État, territoriale, et hospitalière. Face à lui, Emmanuel Macron avait promis de supprimer 120.000 postes. En réalité, les effectifs de fonctionnaires auront augmenté de 178.000 postes pendant le premier quinquennat Macron (2017-2022), selon le site spécialisé Fipeco. Et de plus de 70.000 sur les trois dernières années. Au prorata de la population si la France s’alignait sur l’Allemagne, elle aurait 1,79 million d’agents publics en moins. Philippe Juvin, Rapporteur au Budget, Le Figaro 02.10.25.
On le sait, les Français payent plus de taxes, en pourcentages par rapport aux revenus, que les citoyens de n’importe quel autre pays développé. Cela étant les deux tiers des Français reçoivent plus qu'ils ne paient d'impôts, notamment en services publics : défense, justice, police, routes, éducation, santé. 54,7% des Français ne payent pas d’impôts sur le revenu (Google, 24.09.25). Le revenu médian étant de 2.500€/mois ils ne payent que la TVA, essentiellement sur la nourriture, soit 10%. Mais l’école est gratuite, l’hôpital aussi, l’hygiène des villes aussi… faites le compte et vous verrez qu’en réalité 50% (au moins) des Français reçoivent plus qu’ils contribuent. A propos des retraites (420 milliards/an, présentés comme une charge insupportable)) - c’est une escroquerie car il s’agit de l’argent que les gens avaient confié à l’État (ou aux sociétés agrées) pour fructifier pendant les 35/40 années de leur activité salariée pour le leurs rendre quand ils seront à la retraite.
Des éléments fondamentaux de la France - organisation de l’état, situation économique - en train de disparaître. Le drame touche aussi l’enseignement (autrefois considéré le meilleur du monde et principal « ascenseur social »), le système de santé (autrefois aussi considéré le meilleur du monde) et la démographie du pays (qui autrefois acceptait des immigrés et en faisait autant de français et qui ne sait plus le faire car les immigrés sont trop nombreux et de civilisation différente). Le bateau de Thésée nous dit que nous sommes en train de vivre dans un pays différent qui va avoir du mal à s’appeler France. Car trop de ce qui l’a composé est en train de changer ou disparaître.
Mais il y a plus. M. Macron a décidé de s’allier à ce qu’il y a de plus rétrograde dans le monde arabe, de ce qu’il y a de plus dangereux pour le monde occidental de tradition judéo-chrétienne, j’ai nommé le Qatar. S’agit-il de raisons personnelles ? S’agit-il de la politique constante pro-arabe du Quai d’Orsay depuis 100 ans ? Difficile à choisir.
Surtout dans les circonstances actuelles du Proche Orient. Car le Qatar n’est pas seulement un État du Golfe. Le Qatar est le Hamas et Hamas est le Qatar. C’est le DAB de la terreur, le patron du Hamas et de son aile politique, les Frères musulmans, l’usine idéologique du djihadisme moderne. Que le Qatar, complice du massacre du 7 octobre, soit traité comme un partenaire potentiel par la France est tout simplement grotesque.
Pas seulement. Devant un Israël qui a accédé au plus haut niveau technologique du monde et qui semblait arriver, enfin, à convaincre des pays arabes qu’une coexistence pacifique était possible, le bras armé du Qatar, le Hamas a réussi d’arrêter le progrès de ce qui apparaissait tellement prometteur. Israël a mal jugé le Hamas en supposant qu’il ne ferait rien de fou de peur de provoquer une réponse israélienne dévastatrice. Mais le calcul du Hamas n’était pas celui d’Israël. Son objectif était (est) la destruction d’Israël et si cela signifiait sacrifier Gaza pour que l’Iran, le Hezbollah et d’autres se joignent à lui et déversent des tirs de l’enfer sur l’État juif pour le consumer, alors, soit.
Et devant la réponse – dure - d’Israël au pogrome du 7 octobre 2023 la France s’est associée au Qatar pour arrêter (ou au moins ralentir) l’élan d’Israël en promouvant, d’une manière urgente, la reconnaissance d’un État palestinien, une absurdité pratique qui a été élevée au rang de cause morale la plus urgente et juste de la planète. Sans ignorer qu’une telle reconnaissance de l’État palestinien à ce moment-là, saperait les intérêts sécuritaires occidentaux, récompenserait le terrorisme, enhardirait l’islamisme radical et déstabiliserait les perspectives de paix. Et qui, de plus, n’a de fondement juridique aucun, tout en se référant au « droit international » Mais « Le droit international n’est pas un pacte de suicide. Ipso facto, Israël n’a aucune obligation légale d’accepter la création d’un état ennemi irrédentiste à partir de son propre corps encore vivant. Bien que vocalisé dans des rythmes sobres d’autorité morale, la reconnaissance d’un État palestinien par la France et plusieurs autres grands États passe complètement à côté de questions plus vastes. Au lieu d’accepter des prescriptions politiques ad hoc tirées de sources non juridiques, la communauté des États doit faire preuve de « bonne foi » (une attente fondamentale de la Convention de Vienne sur le droit des traités) en respectant les règles fondées sur le droit. Sous le mandat britannique, en confirmation des décisions prises lors de la conférence de paix de San Remo d’avril 1920, toute la Palestine était réservée à l’établissement d’un « foyer national juif ».En 1922, bien qu’aucune partie de la Palestine mandataire n’ait jamais été désignée pour la création d’un autre État arabe, la Grande-Bretagne a illégalement découpé la Transjordanie sur 78 % de son territoire mandataire. Transjordanie est devenue la Jordanie en 1949, juste un an après la déclaration de l’État d’Israël. Le 15 mai 1948, un jour après que l’État d’Israël fut déclaré par David Ben-Gourion Tel-Aviv, Azzam Pacha, secrétaire général de la Ligue arabe, a prévu la guerre planifiée par les forces arabes combinées : « Ce sera une guerre d’extermination et un massacre mémorable. » (Louis René Beres, Ph.D. Princeton, JP-27.09.25). La résolution ultérieure de l’ONU sur le partage (1947) ne comprenait que 22 % des terres initialement promises à établir un foyer national juif. Dans l’intérêt d’un début pacifique, les autorités nationales juives ont accepté la masse terrestre réduite sans droit (essentiellement la moitié du cinquième résiduel) en échange de l’établissement d’un État juif.
Les dirigeants européens devraient se rappeler qu’ils ne sont plus des puissances coloniales ; imposer des résultats dans le conflit israélo-palestinien sans négociations non seulement tient de l’hypocrisie mais aussi risque de provoquer un grave retour de bâton pour la propre stabilité de l’Europe et mettra en lumière les désaccords au sein de l’Europe à un moment critique où l’unité est essentielle. Agir de manière cavalière pour la création d’un état palestinien creuse un fossé entre l’Europe et les États-Unis, à un moment où l’unité est essentielle pour faire face aux défis communs du terrorisme islamiste, de la guerre Russie-Ukraine ou aux ambitions de la Chine envers Taïwan ou la course de l’Iran vers la bombe atomique. Sans oublier le clown espagnol déguisé en Premier Ministre qui regrettait ne pas avoir d’arme nucléaire pour menacer Israël de disparition s’il ne cède pas au Hamas.
En organisant comme un spectacle de cirque cette reconnaissance, notre Président et ses partenaires, le Qatar et/ou l’Arabie Saoudite, feignaient ignorer (ou intentionnellement) qu’un terreau antisémite mondial était en train de se développer et n’attendait que de nouveaux ferments. Mais on dit qu’Israël perd la guerre de l’information. Perdre une guerre de relations publiques ? Mais ce n’est pas à propos des relations publiques. Cela remonte à quelque chose de plus fondamental : la haine des Juifs. Il y a quelque chose de vraiment sombre et inexplicable dans la haine des Juifs. Depuis 3500 ans, la tache de haine des Juifs semble faire partie de l’ADN de l’humanité. Donc, il n’y a rien de nouveau ou de surprenant à ce qu’Israël perde une guerre de RP qu’elle ne pourrait jamais gagner. Et parce que les Palestiniens sont incapables de gouverner pacifiquement un état qu’ils ne veulent même pas, Israël doit payer le prix en termes d’opprobre international, d’annulation des matchs de football et de basket-ball, d’expulsion d’associations scientifiques et universitaires, d’interdiction de participer à des courses cyclistes ou concours d’Eurovision et ainsi de suite pour les années à venir. Un état dans lequel, en cas d’élections le Hamas gagnerait facilement en Judée/Samarie et à Gaza (bénéficiant, selon de multiples enquêtes d’opinion du support de plus 80% de la population). Car les Palestiniens ne font pas confiance M. Abbas et son entourage. La corruption, le népotisme et la mauvaise gestion des finances de l’Autorité Palestinienne ont créé la méfiance et le ressentiment chez de nombreux Palestiniens et sont parmi les raisons pour lesquelles ils préféreraient les djihadistes du Hamas, avec lesquels ils s’identifient étroitement.
Et il y a plus. En 2024, les États membres de l’UE ont signalé 58 attaques terroristes. Parmi celles-ci, 34 ont été menées à bien, 5 ont échoué et 19 ont été déjouées. Au total, 449 personnes ont été arrêtées pour des infractions liées au terrorisme dans vingt États membres. Le Mossad a aidé à déjouer une cinquantaine d’attaques. INN, 07.10.25.
Attaqués sur leurs territoires, des dirigeants des plus importants états trouvent un moyen pour désamorcer des épreuves de force dans leurs pays avec des segments de population adoubés aux causes du « palestinisme » - condamner Israël pour ce qu’elle fait et pour ce qu’elle ne fait pas.
Et comme si tout cela ne suffisait pas, le plus puissant homme du monde passe son temps à menacer le Hamas (pour rendre les otages, déposer les armes, disparaître). Qui n’en peut, mais. Car il a derrière lui le Qatar. Sans que celui-là ne s’excuse pour son rôle direct dans le pogrome du 7 octobre qui est une tache morale et une bévue stratégique. Cela pourrait passer pour l’une des concessions les plus dangereuses de son administration, car cela renforce un récit faux : que nous pouvons négocier avec les jihadistes, et en sortir sains et saufs. Mais le Qatar vient d’offrir un cadeau de 400 millions de $ à l’homme le plus puissant du monde. Et promet d’investir plus de mille milliards de $ aux Etats Unis.
Que nous arrive-t-il ?