La guerre de 12 jours (deux fois plus qu’en 1967) a été arrêtée par le cessez-le-feu qu’a imposé M. Trump. Qui, d’évidence, favorise l’Iran (on se demande pourquoi; encore que ... H. Kissinger /R. Nixon ont arrêté Sharon et IDF à 100km du Caire - 1973). Cette nouvelle guerre rappelle des blessures jamais cicatrisées. Ce qui me remémore les mots de David Grossman « Tragiquement, Israël n'a pas réussi à guérir l'âme juive de sa blessure fondamentale. La sensation amère de ne pas se sentir chez soi dans le monde. (AF, TOI, 07.10.24)
Mais ce qui s’est passé depuis le 13 juin mérite que l’on le regarde de plus près.
Avant toutes choses il me semble qu’il faudrait Redde Caesari quae sunt Caesaris : « Il n’y a pas deux dirigeants dans le monde occidental qui soient plus universellement détestés et méprisés par les grands et les bien-pensants, que Donald Trump et Bibi Netanyahu. Le premier ministre israélien est le seul leader, vraiment, à avoir pu repousser l’axe de la « résistance » de manière très sérieuse. Et Trump lui a accordé un soutien critique » Walter Russel Mead, WSJ 29.06.25.
Certes, nous serons tous plus intelligents when the dust settles. Jusque-là, souvenons-nous de deux ou trois choses d’une certaine importance. N’oublions pas, surtout, que toute tragédie (classique) suppose l’unité de lieu, de temps et de l’action.
Pour ce qui est du lieu : tout se passe dans le Proche Orient, aujourd’hui (depuis hier…) entre un petit pays de 22.500 km2 et 10 millions d’habitants et un autre, grand de 1.642 millions de km2 et de 90 millions d’habitants. Les PIB/habitant constituent, cependant, un facteur de divergence majeur : celui du petit pays est 15 fois supérieur à celui du grand. Bien que disposant d’une histoire plusieurs fois millénaire, bien que naguère ils entretenaient des relations plus que cordiales dont les racines se trouvaient dans les premiers siècles de l’histoire du monde, les voilà antagonistes, l’un ayant inscrit sur le frontispice de sa constitution l’ardente obligation de détruire l’autre. Ce n’est pas par hasard.
L’un, c’est la République Islamique de l’Iran, dont le régime s'est établi par un coup d’état avec l’aide de la France (contente de pouvoir faire quelque chose dans un pays où l’influence anglaise et puis américaine prévalait) et de son intelligentsia (de gauche, naturellement) qui est allée jusqu’à considérer le chef usurpateur comme « un vrai saint » (Michel Foucault, « la joute entre le roi et le saint » Nouvel Obs, 16.10.78). Le saint avait réussi de convaincre ses suiveurs de l’absolue nécessité de détruire, d’abord, Israël et, ensuite l’Amérique.
Depuis 46 ans, les Ayatollahs de l’Iran fondent la légitimité de leur régime sur les appels à détruire Israël et à chasser les États-Unis du Moyen-Orient. Le temps paraît long (à l’échelle des évènements relatés par les chaînes d’information en continu) mais il ne l’est pas dans la référence au temps d’une religion qui, de plus, vise la conquête du monde.
D’abord Israël. Pourquoi Israël ? Loin de l’explication qui prévaut depuis des années pour les bien-pensants du monde entier. Qui, brièvement, se référant au fait que ce pays aurait occupé plus de terre que celle qui lui avait été accordée par la communauté des nations il y a presque 100 ans, demande qu’il la cède, au départ, et ensuite qu’il l’évacue en totalité (du fleuve à la mer). Loin, car en réalité ce dont il s’agit est l’existence d’un système de valeurs (égalité femme-homme, liberté de penser et d’expression, droit à la propriété, etc., - autant d’inspirations pour 1789 ou pour les pères fondateurs des Etats-Unis) qui contrevient absolument à celui que « le saint » a voulu imposer à son pays et souhaitait faire de même pour tout le Proche Orient et, in fine, le monde. Je fais court, promoteur de la première grande division de l’Islam (chiite) qui gouverne religieusement 10% de tous les croyants (les sunnites 90% si on laisse de côté deux ou trois autres sectes) le saint et son successeur considèrent qu’Israël et son système de valeurs, par son exemple et sa réussite, est un ferment révolutionnaire pour la domination du « vrai » islam sur le Proche Orient et, partant, pour la conquête du monde. Ce en quoi il n’avait pas tort, il suffit de voir l’évolution des régimes islamiques dans plusieurs pays arabes du Proche Orient. En clair, il ne s’agit pas d’un conflit territorial mais d’un danger existentiel pour le monde musulman. Que faire d’autre qu’essayer de le détruire ? Quant aux Etats-Unis, les origines directes du conflit remontent à la révolution de 1979 qui a remplacé la monarchie alliée aux États-Unis par une théocratie anti-américaine. Depuis lors, la République islamique d’Iran a juré de mettre fin à l’impérialisme américain après avoir éradiqué Israël.
Fast forward. Pour éradiquer Israël (aucun membre de l’ONU n’a trouvé utile/nécessaire, jusqu’ici, de proposer l’exclusion de l’Iran car sa Charte interdit absolument une telle velléité) l’Iran a dépensé, dit-on, plus de 2.000 milliards de $ pour (a) créer un glacis (Hamas, Hezbollah, Houthis, Syrie) devenu « cercle de feu » autour d’Israël et (b) un programme nucléaire lui permettant d’avoir l’arme ultime lui assurant un maximum de dissuasion et une capacité d’influence. Étant entendu qu’à toute tentative d’Israël de résister ou d’attaque de l’Iran le « cercle de feu » entrerait en action et le détruirait, l’Iran se trouvant à l’abri de ses capacités nucléaires. Cela a pris du temps mais les planètes s’arrangeaient de plus en plus intimement et des tentatives multiples (autant d’essais, comme les guerres au Liban, celles avec le Hamas à Gaza, etc.,) montraient le progrès de la capacité des proxis. Une erreur d’appréciation, un grain de sable (7 octobre 2023) a remis en question la construction patiente, logique, de l’Iran visant la destruction d’Israël. Déjouant les pronostics de l’Iran, Israël a détruit (ou significativement réduit) les capacités militaires du Hamas, du Hezbollah et des Houthis. Le paysage sécuritaire israélien a considérablement changé au cours des 20 derniers mois. Avant le 7 octobre, il faisait face à des menaces sur plusieurs fronts : le Hamas à Gaza, le vaste stock de missiles du Hezbollah au Liban, le potentiel de troubles en Cisjordanie et l’utilisation par l’Iran de la Syrie comme couloir terrestre. Aujourd’hui, le Hamas est l’ombre de lui-même, le Hezbollah a été mis en retrait après avoir perdu plus de la moitié des munitions dont il disposait et un tiers (ou plus) de ses combattants, le régime d’Assad en Syrie a été remplacé par un adversaire de l’Iran. En conclusion de quoi… Israël et les États-Unis viennent de mener une campagne militaire à l’intérieur de l’Iran dans le but déclaré de détruire sa capacité nucléaire — bien que l’effondrement du régime, qui n’était pas un objectif déclaré, serait un résultat bienvenu pour les deux. L’infrastructure militaire et nucléaire de l’Iran a été gravement endommagée par des frappes aériennes sans égal pour leur précision compte tenu de la qualité et des opérations de renseignement israéliennes. Quant au programme nucléaire iranien, le Chef d’état-major de l’armée israéliennes vient de déclarer « Selon les évaluations de la haute direction du renseignement de Tsahal et de nos experts nucléaires, l’attaque contre le programme nucléaire n’était pas seulement une attaque ponctuelle, mais un coup systémique. Nous avons détruit les principales installations, usines, industries et centres de connaissances. Le succès accumulé nous permet de dire que le projet nucléaire iranien a subi un coup sévère, large et profond et a été retardé de plusieurs années. Eyal Zamir, 25.06.25
Une évaluation professionnelle (R. Kemp, ancien commandant des troupes anglaises en Afghanistan) « La guerre de 12 jours d’Israël contre l’Iran pourrait avoir surpassé la guerre des Six Jours (1967). Ce que les États-Unis et Israël ont déjà fait en Iran est ce que nous avons fait de mieux dans nos interventions militaires post-guerre froide. https://www.youtube.com/watch?v=1NzJUI-sTx4. L’Iran semble avoir perdu ses installations d’enrichissement et d’armement nucléaires, ses principaux commandants militaires et scientifiques spécialistes nucléaires, ainsi qu’une grande partie de sa capacité de production et de lancement de missiles. S’il y a quelqu’un dans le monde qui sait de quoi il parle, en la matière… c’est bien David Albright (Institute for Sciences and International Studies) « L’opération historique Rising Lion d’Israël et l’opération Midnight Hammer des États-Unis ont ciblé de nombreux sites nucléaires iraniens, causant des dommages massifs à son programme nucléaire et le faisant reculer de manière significative. Après 12 jours d’opérations militaires, une étude des dommages qui en résultent est appropriée. L’Institut a obtenu des images satellites commerciales à haute résolution des principaux sites nucléaires, y compris le complexe nucléaire de Natanz, site de Fordow, le complexe nucléaire d’Esfahan (Ispahan), Lavisan 2 (également connu sous le site de Mojdeh, ancien emplacement du siège du SPND et d’autres installations), le nouveau siège de SPND, le site de fabrication de centrifugeuses Karaj à TABA/TESA, l’usine de production d’eau lourde et de réacteur à eau lourde (D20) IR-40 Arak, et Sanjarian (un ancien site d’AMAD qui avait récemment montré des signes de réactivation). L’imagerie montre différents niveaux de dommages et/ou de destruction sur chaque site. Cette analyse est enrichie par des rapports de l’Agence internationale de l’énergie atomique et de l’IDF, ainsi que par des informations dans les archives de l’Institut sur l’Iran.
Les attaques peuvent être divisées en deux catégories de base, celles contre la capacité de l’Iran à fabriquer de l’uranium (ou du plutonium) de qualité militaire et celles visant à fabriquer l’arme nucléaire elle-même en utilisant de l’uranium de qualité militaire.
Dans l’ensemble, les attaques d’Israël et des États-Unis ont effectivement détruit le programme iranien d’enrichissement par centrifugation. Il faudra beaucoup de temps avant que l’Iran atteigne la capacité qu’il avait avant l’attaque. Cela dit, il y a des résidus tels que les stocks d’uranium enrichi à 60 pour cent, 20 pour cent et 3 à 5 pour cent et les centrifugeuses fabriquées mais pas encore installées à Natanz ou Fordow. Ces pièces non détruites constituent une menace car elles peuvent être utilisées à l’avenir pour produire de l’Uranium enrichi à 90%»
Certes, ce n’a pas été comme une lettre à la poste. Iran a riposté en envoyant ses missiles (4/6 tonnes l’unité, dont 500kg de charge explosive) uniquement vers des cibles civiles (villes et villages) et Israël a perdu 29 des siens. Chacun est un monde pour ce petit pays. Mais compte tenu de l’ampleur et de la portée de cette guerre, il paraissait impossible que ce ne soit pas bien pire (des prévisions de l’armée, dit-on, allaient jusqu’à 4.000 morts). Le système anti-missiles d’Israël (trois couches, Dom de Fer, La fronde de David et Arrow2/3) a été parfait pour les drones (un seul est entré en Israël sur les plus de mille envoyés) mais n’a arrêté les missiles qu’à env. 88%. Il est, cependant unique dans le monde.
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Mais, il semblerait qu’Israël a détruit plus de la moitié des missiles balistiques à longue distance, plus de 60% des lanceurs et toutes (ou presque) les usines (métaux, chimie, etc.,) pouvant en fabriquer.
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Ce qui a fait dire à R. Grossi (patron de l’IAEA) : « Différence entre la nuit et le jour » entre les capacités nucléaires de l’Iran avant et après les frappes israéliennes et américaines. Il est clair qu’il y a un Iran — avant le 13 juin, l’Iran nucléaire — et un maintenant. Je pense que le programme nucléaire iranien a été considérablement retardé », (Fox News).
Israël émerge clairement vainqueur. Il a décimé l’infrastructure nucléaire de l’Iran, paralysé ses capacités de production de missiles balistiques et atteint une supériorité aérienne complète sur l’Iran, qui se trouve à 2.000 kilomètres. Pas de troupes au sol. Pas d’invasion terrestre. Juste une précision aérienne stratégique pure. Il a éliminé des cibles clés du régime, frappé profondément au cœur de l’Iran, même à sa frontière orientale à 2.500 km de Tel Aviv !), démantelé des infrastructures militaires vitales, et éliminé des centaines de leurs éléments de la police secrète Bassidji et des milliers de leurs soldats IRGC. Beaucoup de leurs scientifiques nucléaires chevronnés. Éliminés. La capacité de l’Iran à menacer directement Israël a été réduite d’années en années. La veille d’un cessez-le-feu imposé par les Etats-Unis, ces derniers sont arrivés pour aider Israël : des bombes hors calibre sur Fordow et Natanz et des missiles de croisière sur le site d’Ispahan. D.J. Trump est allé contre les prévisions de certains de ses aides qui prévoyaient « presque certainement » des milliers de morts américains (Tucker Carlson) et/ou "déclencher la Troisième Guerre mondiale" ». 12 jours d’action israélienne ont fait que l’Iran a fortement signalé qu’il veut arrêter le combat. Avec son économie affaiblie, ses chefs militaires, le Hezbollah et le Hamas, décimés, et avec le Moyen-Orient qui s’oriente vers une certaine modernisation -des rapports divers indiquent qu’Israël et la Syrie sont en contact quotidien, cette dernière envisageant ouvertement d’adhérer aux accords Abraham- l’Iran est dans une position précaire. En revanche, la bourse américaine a dépassé le niveau d’avant sa chute à cause de l’annonce par DJT de sa décision concernant les droits de douane.
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Des investissements massifs seront nécessaires à l’Iran pour reconstruire ses installations, telles que Fordow, à un moment où son économie peut difficilement se permettre de telles dépenses. Pour aggraver les choses, l’opération israélienne Rising Lion a tué au moins 14 scientifiques nucléaires iraniens et plusieurs membres clés de la direction militaire du pays. L’idée que l’Iran sera capable de reconstruire facilement son infrastructure et de retrouver sa force d’antan est fantaisiste.
Allez, in cauda venenum, Netanyahu (en hébreu natan=donne, yahu vient de Yahve, disons « donné de Dieu ») peut être méprisé internationalement par beaucoup de gens de droite et de gauche, mais c’est son leadership et la détermination de l’IDF et du Mossad qui a rendu le monde plus tranquille, à l’écart d’un régime qui non seulement brutalise ses propres citoyens, mais répand le chaos et la destruction dans toute la région et le monde.
Bon. Israël devrait pouvoir respirer un peu, non ? Non, car le Hamas détient toujours 49 otages (pas plus de 19 vivants, probablement) et parce que tous ceux qui sont contre Israël n’arrêtent pas de lui demander un « cessez-le-feu » avec le Hamas. En oubliant de réclamer, avant toute chose, la libération des otages. Et sans se soucier du sort des gazaouis qui resteraient sous le joug du Hamas. Parmi ceux-là, notre Président est la voix la plus forte car n’ayant plus grande chose à faire en France il consacre une bonne partie de son tempos (comme la LFI, J-L. Mélenchon et son égérie R. Hassan) à vilipender Israël. En prétextant qu’il y aurait « famine à Gaza ». Mais pas seulement : les antisémites habituels (Espagne, Irlande, Belgique, Slovénie) n'arrêtent pas non plus.
Selon le COGAT, on aurait fourni à la population de Gaza 1.820.000 tonnes de produits depuis le 7 octobre 2023 dont 1.240.000 de produits alimentaires. Et voilà une statistique (décès déclarés) méritant la réflexion :
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Si vous rencontrez M. Macron donnez-la lui, peut-être elle le fera réfléchir ; encore que pour montrer combien la France a aidé Israël, écoutons son ministre des Armées : « La France a intercepté moins d’une dizaine de drones tirés par l’Iran sur Israël pendant le conflit entre les deux pays, a déclaré le ministre des Armées Sébastien Lecornu. » (Ouest France, 26.06.25). Sur les plus de 1.000 drones et plus de 600 missiles balistiques tirés par l’Iran la contribution de notre pays a été essentielle. Le ridicule ne tue plus.