Le monde, ébahi, assiste (et en France, 80% approuvent, sondage 18.06.25) à la destruction - supposée impossible - de pans entiers du programme nucléaire iranien que des diplomates, blanchis sous le harnais, ont essayé d’arrêter pendant plus de 30 ans). Et ce, par le fait d’un petit pays, vilipendé en permanence car, d’une manière têtue, ne veut pas se laisser détruire par les forces de l'islam en marche et avec la complicité tacite de pas mal de « grandes puissances ». Depuis le 13 juin nous assistons à un miracle.
Deux jours après le pogrome du Hamas en Israël, le 9 octobre 2023, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré qu’Israël « changerait le Moyen-Orient ». Les observateurs n’ont peut-être pas fait attention, ou ils ont peut-être pensé que c’était juste de la rhétorique. Mais au cours des 20 mois de conflit brutal qui ont suivi, les Israéliens ont fait beaucoup pour atteindre cet objectif. Avec la récente attaque contre l’Iran, qui a eu lieu il y a quelques jours à peine, ils viennent de porter un coup fatal à « l’Axe de la Résistance » en s’attaquant à la « tête de l’octopus » qui développait, depuis 40 ans, un programme nucléaire pouvant lui permettre de répondre à toute velléité de destruction de son régime théocratique. Enhardi par l’hésitation des démocraties occidentales et, surtout, celle de Washington, chaque jour qui passait sans action était un jour où l’Iran gagnait du terrain. Pendant ce temps, Israël sonnait l’alarme depuis des années. Ses services de renseignement ont découvert à plusieurs reprises des sites secrets iraniens, des stocks cachés et des opérations secrètes. La fenêtre pour agir se fermait. Le temps des demi-mesures était passé. L’AIEA venait de condamner, pour la première fois en vingt ans le non-respect par l’Iran de ses obligations découlant du Traité de non-prolifération.
Fast forward. Juin 2025. En quelques jours, des frappes préventives israéliennes ont brisé le bouclier défensif de l’Iran. Les systèmes de défense aérienne de l’Iran ont été rapidement éliminés, ouvrant le ciel, sans entrave, à la puissance aérienne israélienne. Simultanément, des frappes de précision et des opérations secrètes ont décapité des nœuds clés du commandement du Corps des Gardiens de la révolution islamique (IRGC), des bases de missiles, des installations nucléaires et d’autres cibles militaires. Les bâtiments en surface et souterrains de Natanz, la pièce maîtresse du programme d’enrichissement de l’uranium de l’Iran, sont en ruines, leur destruction confirmée par l’organisme de surveillance atomique de l’ONU.
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Plus de 30 hauts dirigeants militaires ont été tués et des politiques et religieux iraniens auraient fui vers des lieux sûrs en Russie : un signal dramatique d’effondrement de la confiance des dirigeants dans leur régime.
Cela s’est passé le 6/13 (notation américaine) rappelant les 613 commandements de la liturgie hébraïque dont 365 indiquent ce qui est interdit. En n’oubliant pas le 614ème inscrit par E. Fakenheim « Tu ne donneras pas à Hitler une victoire posthume en laissant mettre en danger une nouvelle fois la survie du peuple juif. »
Les appels pathétiques de notre président pour « une solution diplomatique au sujet du programme nucléaire de l’Iran » (Conférence de Presse, 14.06.25) comme les éructations d’un J-L. Mélenchon niant la volonté de l’Iran de détruire Israël, laisse le monde ébahi car cela fait plus de 40 ans que la diplomatie n’a rien obtenu. Ce qui a conduit l’AIEA de sonner l’alarme il y a dix jours : tout démontrait qu’il ne restait plus beaucoup de temps avant qu’ils soient capables d’avoir la bombe. A lire https://urls.fr/kbdiQq
L’Iran était censé porter un coup si douloureux qu’Israël (et les Etats-Unis) n’envisageraient plus jamais d’attaquer, bien qu’il chercherait également à limiter le potentiel d’escalade, sachant les dégâts que ses ennemis pourraient lui infliger. La quadrature de ce cercle, cependant, peut s’avérer difficile. La plupart de l’arsenal de missiles du Hezbollah, créé pour un tel scénario, a été détruit, tandis que l’Iran n’a qu’une capacité limitée à reconstituer son propre arsenal de missiles à la suite de la frappe aérienne israélienne d’octobre 2024. De plus, les défenses aériennes et balistiques israéliennes et de la coalition limitent considérablement la capacité de l’Iran à nuire à Israël. Une complication supplémentaire pour l’Iran - qui a menacé de frapper les pays qui aident Israël - est que des attaques contre l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ou des tentatives de fermer le détroit d’Ormuz l’isoleraient probablement davantage à l’échelle internationale et seraient contraires aux intérêts de la Chine car ses achats de pétrole (plus de 50%) passent par là. Fermer le détroit paralyserait également l’économie déjà chancelante de la République islamique, puisque presque toutes ses importations et exportations de pétrole passent par cette voie d’eau.
« Quoi qu’il arrive, le régime iranien a sans aucun doute perdu son conflit de plusieurs décennies avec Israël. Il devra soit abandonner son idéologie politique fondamentale et chercher à s’intégrer au reste de la région par le biais d’un engagement diplomatique et économique, soit redoubler d’efforts sur ses convictions, en se repliant davantage sur lui-même. Ali Khamenei et le IRGC ont perdu ; le statu quo régional qu’ils ont établi est terminé » Foreign Affairs, 18.06.25. Et M. Trump, impossible à déchiffrer quant à ce que les Etats Unis feraient éventuellement, déclare « Les États-Unis ont soutenu fermement Israël. Ils ont fourni des munitions vitales et ont aidé la défense aérienne d’Israël. On a maintenant déployé des moyens aériens et navals supplémentaires au Moyen-Orient. Les pays européens ont été beaucoup plus faibles, y compris le Royaume-Uni et d’autres (comme la France – MB) appelant à la désescalade exactement au mauvais moment. Bien sûr, Israël n’écoutera pas ce défaitisme, mais c’est la pire approche. (BBC, 17.06.26). Cela étant, si les Etats Unis interviennent, Israël leur sera redevable. Certes, l'aide en équipements et munitions a été essentielle durant les années mais Israël s'est toujours battue seule contre ses ennemis. Puisque Tsahal a fait savoir qu'ils savent quoi faire pour Fordow ... je crois, pour eux, qu'ils ne devraient pas attendre les Etats Unis.
Israël 22.500 km2 et 10 millions d’habitants, Iran 1.642.000 km2 et 90 millions d’habitants. Certes, les PIB sont presque équivalents (Israël 513 milliards $, Iran 404) ce qui fait, en PIB/habitant, plus de 11 fois en faveur d’Israël. Mais le petit pays fabrique même ses chars d’assaut : Merkava V, 3ème meilleur tank parmi les 10 premiers du monde :
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Le programme nucléaire iranien dont on connaît des noms comme Natanz ou Fordow ou Arak est dispersé sur une myriade de localisations
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Mais les renseignements concernant ce programme, suivi par Israël depuis des lustres, lui ont permis de concentrer ses attaques là où les effets étaient les plus importants pour la suite des opérations. A commencer par les bases de missiles pour empêcher qu’elle se trouve sous les 3.000 missiles iraniens régulièrement rappelés pour lui faire peur (dissuasion). Bien que le système de défense d’Israël n’ait pas d’équivalent dans le monde avec ses trois étages de destruction de missiles arrivants, son efficacité n’est que de 90/95% ce qui laisse, quand-même, quelques missiles tirés par l’Iran uniquement sur des cibles civiles, produire de dégâts importants. Mais des pertes humaines réduites. Suivi, au jour le jour, voilà le résumé à hier soir :
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Israël, sans doute pour ne plus être accusée de ne pas respecter les lois de la guerre (comme on le fait pour Gaza) à limité ses frappes uniquement aux objectifs militaires.
Ceux qui condamnent Israël pour la guerre à Gaza s’opposent, en réalité, au droit de légitime défense d’Israël. Israël a fait tout ce qu’il pouvait pour l’éviter, y compris ignorer ce que faisait le Hamas et planifier. C’est pourquoi Tsahal n’était pas préparé pour la guerre lorsque le Hamas a attaqué Israël le 7 octobre. Une fois que la guerre a commencé, cependant, Israël n’avait qu’une seule option : gagner. Pour Israël, c’est une guerre de survie contre les groupes terroristes arabes et musulmans palestiniens, localement, régionalement et dans le monde entier. En commençant par l’Iran et ses objectifs les plus importants :
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Mais aussi les résidences civiles des militaires du premier cercle tués dans leurs lits.
Le monde, ébahi, assiste à la destruction d’un pouvoir considéré inattaquable. Exploit israélien qui dépasse d’un ou deux ordres de grandeur ce que ce pays a fait avec le No.1 des « proxis » iraniens, le Hezbollah.
Imprévisible, comme il est, M. Trump vient de dire à l’Iran que la seule solution, pour ne pas tout perdre, c’est une capitulation : destruction du programme nucléaire, idem bases et fabrication de missiles balistiques et interdiction d’armer des « proxis » au Proche-Orient ou ailleurs. Que le « Guide Suprême » de la théocratie iranienne a rejetée, avec mépris. Pauvre de lui, il ne sait vraiment pas ce qui peut lui arriver.
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Que de mauvaises options : Attaquer les bases USA ? DJT pourra tout détruire car attaqué. Un accord avec DJT ? Plus mauvaises conditions que ce qu’ils auraient pu avoir (destruction totale projet nucléaire, idem missiles, idem interdiction armement proxis). Un saut rapide vers la bombe ? DJT (« Iran n’aura jamais une bombe nucléaire) » détruira tout. Rien ? Le régime ne pourra jamais arriver au statu quo ante (militaire, économique, etc.,). On ne sait pas ce que l’Iran fera mais… cela vaut la peine d’admirer le fait que l’attaque israélienne a laissé un régime épouvantable avec seulement des options terribles et, peut-être, créé une voie étroite vers une meilleure situation pour la région et le monde.
Quant à notre Président… pourquoi ne fait-il pas siennes les paroles de M. Merz : « Israël fait le sale boulot pour nous tous » (AFP,17.06.25).